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Comme annoncé dans le topic consacré à Memories of Ice, je vais maintenant me consacrer à traduire House of Chains.Attention, encore une fois, ce topic va être bourré de spoilers sur le Malazan Book et ceux qui n'ont pas lu ce tome 4 en VO risquent de se faire révéler des pans de l'intrigue !Bien sûr, que les choses soient claires, rien de rien n'est encore décidé vis-à-vis d'une reprise de l'édition française du Malazan Book, mais encore une fois, il y a une piste sérieuse et donc un espoir sérieux pour que ça se fasse. Un espoir suffisant pour que je ne lâche pas l'affaire. Et en pratique je ne l'avais d'ailleurs pas vraiment lâchée puisque, pour tout vous dire, le premier livre consacré à Karsa Orlong est déjà retranscrit ^^En pratique, je vais procéder de la même façon que pour Memories of Ice en avançant chapitre par chapitre et en vous laissant le temps de réagir d'uin post à l'autre. Pour tout dire, la partie consacrée à Karsa Orlong ne pose pas de gros problèmes d'adaptation car il n'y a quasiment aucun nom propre à traduire / à inventer, ou du moins pas des noms importants ou récurrents. Ça se corsera à nouveau dès le Livre 2, mais on aura l'occasion d'en reparler. Néanmoins, on peut déjà parler de quelques considérations générales sur ce livre et sur quelques expressions de ce brave Karsa, des expression très importantes car elles reflètent la manière "particulière" qu'il a de voir le monde et qui, par ailleurs, se répètent tout au long du cycle. On passera au prologue et sur les divers point de détail chapitre par chapitre ensuite.- lowlands : basses-terres. Autres possibilités : plaines, basse-terre, bas-pays, planures, planices, planicies, campestries, ilaniesJ’ai préféré conserver le sens littéral car, dans le contexte, remplacer “lowlands” par plaines, même si ce n’est pas une faute, conduit à une perte de sens. Les basses-terres ne sont pas que de simples plaines, il s’agit d’un territoire adjacent à celui des Teblors, et il y a implicitement, dès le début dans le texte original, un sentiment d’inimité entre les “lowlands” et les “highlands” (jamais citées telles quelles). Quant à employer un synonyme de plaines qui indique, justement, qu’il ne s’agit pas que de simples plaines, on retombe sur le problème des “flats” de Memories of Ice que j’avais traduits en “piémonts”. Le terme étant déjà utilisé… eh bien il ne reste plus grand chose, et tout est moche. Vous vous rappelez de “planure” et de “pénéplaine” ? Autant il serait logique d’employer l’un de ces termes, autant en pratique, ce n’est juste pas possible. Enfin, quand à Basse-Terre, la commune de Guadeloupe, elle n’a pas de s à ses déterminants.- lowlander : basse-terrien (basse-terriens).Autres possibilités : bas-terrien, planurien, planier, plainier, planais, planiciens, planicéens, campestriers, ilaniens, ilanéens.Découle de Basses-Terres. Les habitants de la commune de Basse-Terre en Guadeloupe s’appelant les Basse-Terriens, j’emploie la même logique sans le s à Basse car un qualificatif pluriel sur un nom singulier, ça ne passe pas.- warleader : chef de guerreAutre possibilité : commandeurJ’ai tourné le problème dans tous les sens, mais rien à faire, je ne pourrais pas faire de distinction en français entre “warchief”, le chef de guerre Barghast (par exemple) et “warleader”, le chef de guerre Teblor. Commandeur… le terme existe déjà en français et n’a pas du tout le même sens. Donc tant pis, je cède.- Witness ! : Sois (-en) témoin ! Soyez (-en) témoins ! Sois / Soyez témoin de ce qui va suivre !Ah, ce witness ! Je me rappelle de mes réflexions au moment où je traduisais Memories of Ice, mais en fait, après plusieurs essais, les “Voyez ! Portez témoignage !” sonnaient lourd. En définitive, dans le contexte et avec le vocabulaire de Karsa, avec son orgueil et sa suffisance, “sois témoins” passe vraiment très bien, avec quelques variantes de temps à autres selon le contexte.- Lead me / Lead us, Warleader : Commande-moi / Commande-nous, Chef de Guerre. Autres possibilités : Guide-moi, Mène-moi, Précède-moi, Devance-moi, Montre-moi la voie, Dirige-moi, Sois mon guide.C’est l’expression qui m’a donné le plus de fil à retordre, et c’est là qu’on se rend compte que l’anglais possède vraiment des nuances qui sont inexistantes en français. Parce que “lead”, ça veut dire tout à la fois commander, mener, diriger, guider et précéder, et cette expression “lead me”, dans la bouche des Teblors, elle veut clairement dire tout ça à la fois. Le synonyme français n’existe pas, c’est clair. Il m’a fallu aller quasiment à la fin du chapitre 2 avant de me décider pour “commande-moi”. A ce moment-là, Torvald Nom, toujours très taquin, emploie cette maxime de façon détournée et moqueuse pour demander à Karsa de lui montrer la voie qui leur permettra de s’enfuir. Or Karsa, qui prend tout au pied de la lettre, s’offusque de ce terme, précise qu’il est chef de guerre et laisse entendre que “lead me” revient à s’abandonner complètement aux ordres de son chef. Là-dessus, un Sunyd ajoute “il n’y a pas de vains mots dans la bouche d’un Teblor”. Plus tôt, dans le chapitre 1, Karsa reproche sans cesse à Bairoth de n’être qu’un “suiveur” et de ne jamais avoir su prendre les choses en main, de n’avoir jamais désiré être un meneur, un “leader”. Dans ces deux nuances, il y a la notion de chef, de commandement, qui me semble indispensable dans la retranscription de l’expression. Après, en planchant sur mon dico français, j’ai remarqué que le verbe “commander”, lorsqu’il était transitif direct (commander qqch / qqn), avait aussi le sens de “mener à la bataille”, or cette nuance n’existe pas du tout en anglais où le verbe “command” ne veut dire que “ordonner”. D’où le choix, logique finalement, de “Commande-moi / Commande-nous”. Par ailleurs, quand l’expression prend une nuance un peu différente dans le texte original (notamment lorsqu’elle prend la nuance de conduire / montrer le chemin / passer en tête), je la conserve telle quelle et je rajoute un synonyme. Par exemple, la phrase rituelle des Teblors “Lead us, Warleader, to Glory”, devient “Commande-nous, Chef de Guerre, et conduis-nous vers la gloire”. Lorsque Torvald Nom demande à Karsa de le précéder sur une échelle et de lui montrer la voie, j’ai opté pour “Commande-moi, maître, et montre-moi la voie” dit d’un ton ironique et moqueur. Voilà voilà...- Too many words : Trop de motsInitialement j’avais du mal avec cette traduction trop concise et qui appelle une suite, genre “trop de mots sortent de ta bouche”. Et finalement j’ai opté pour la concision, parce que Karsa Orlong est la concision faite barbare. Mais j’ai conservé la formulation plus développée la première fois que Karsa sort cette expression, à titre d’introduction et parce que le contexte s’y prête bien. Ensuite, je reprends encore cette version allongée deux fois parce que Torvald Nom fait une vanne qui, là aussi, appelle une phrase complète. Par la suite et jusqu’à la fin du cycle, le “trop de mots” devient automatique. On aurait pu opter aussi pour “trop de paroles”, mais la réplique est moins cinglante.