Encore un billet de Sir Ian...
16 Septembre 2003 Je devais finir le tournage jeudi quand on m'a demandé de rester à Wellington quelques jours de plus pour des ré-écritures, qui devaient avoir lieu vendredi et samedi. Donc, lundi devenait mon dernier jour. Une équipe de cameramen de South Bank Show, le vieux programme artistique du week-end à Londres, s'est levée tôt pour me rencontrer, dans le noir, à 5 heures 45 du matin, alors que je gravissais les marches de métal jusqu'au maquillage où Rick Findlater attendait pour me mettre les attributs de Gandalf une toute dernière fois. Je suis heureux qu'il y ait maintenant un film montrant le maquillage, un travail de maître. Il est devenu évident pendant la journée que mon nouveau tournage allait devoir s'étendre jusqu'à mardi, donc le jour suivant nous nous sommes rassemblés pour filmer le début du dernier dernier jour - sauf que ça ne l'était pas, et que nous n'avons vraiment fini que le jour suivant...le mercredi 2 juillet 2003. C'était une journée chaude pour l'hiver, l'un de ces jours au ciel bleu qui ponctue les orages qui parcourent la Nouvelle-Zélande du sud au nord à cette époque de l'année, quand le vent tire sur les perruques et que les tentes du réfectoire du studio mettent à l'épreuve leurs attaches, essayant de s'envoler pour rejoindre les jets de l'aéroport d'à côté. J'ai fini en milieu d'après-midi devant un écran vert près de la caméra, filmant un gros plan de Gandalf se batttant contre des forces invisibles (qui d'ailleurs n'existent pas) - des orcs sans doute, mais je confesse que je n'en suis pas vraiment sûr. Ca peut être étonnemment épuisant de tourner et de bouger dans ces lourdes robes, même lorsque c'est sur place, fendant et tranchant les airs alors qu'un réalisateur immobile, en train de regarder un écran de TV qui retransmet l'action à quelques mètres de là, vous crie des encouragements. "Plus vicieux! Derrière toi! Encore - frappe-le encore! Ca doit être un effort! C'est épuisant! Un dernier effort!". Puis heureusement, après quelques minutes où je sentais mes bras prêts à tomber, Peter me dit "Excellent Ian! D'accord?" en se levant de son fauteuil renforcé (construit il y a des années pour une visite de Harry Knowles de Ain't It Cool News) et en se précipitant vers moi pour me serrer la main. "Et s'en est fini avec Ian McKellen!". Il y a des accolades avec Andrew Lesnie et son département de cameramen, quelques applaudissements de l'équipe, une autre accolade avec Caro, la toujours patiente première assistante du réalisateur, qui organise tout le monde sur le plateau. Je retourne dans ma caravanne, pas très ému mais conscient que maintenant tout est vraiment fini, à part le doublage qui sera fait dans deux mois, de retour à la maison, à Londres. La fin a été tellement longue à venir. Sur beaucoup de films, la fin du travail d'un acteur est marquée par un bouquet de fleurs ou une bouteille de pétillant, mais les Kiwis ont un plus grand sens de la fête et de la cérémonie, et mon tour est venu trois heures après dans Minas Tirith, alors que la nuit tombait et qu'une foule de 150 membres de l'équipe buvait de la bière ou du champagne, Peter nous parlait depuis l'un des batiments. Il a d'abord parlé de Billy Boyd, mon compagnon de départ, le premier hobbit à avoir été choisit et le dernier à finir. On a offert des cadeaux à Pippin, lancé une blague ou deux et puis le tour de Gandalf est venu. Peter a raconté comment j'ai eu mon rôle. Comment nous nous sommes rencontré chez moi à Londres, comment Fran Walsh, lui et moi nous sommes tout de suite appréciés. Comment quelques semaines plus tard, m'étant vu proposé et ayant accepté le rôle de Gandalf, j'ai du l'appeler et annuler parce que la date du premier X-Men chevauchait celle du début du Seigneur des Anneaux. Comment, la même nuit, j'ai dîné au restaurant de poisson Sheekey?s à la table voisine de Bob Shaye, le fondateur de New Line Cinema qui finançait la trilogie. Comment Bob a refusé d'accepter mon "non" comme réponse. Il y a eu des discussions hauts placées entre New Line et la Fox, entre les producteurs et les réalisateurs (incluant une proposition de dernière minute de Bryan Singer, le directeur des X-Men, trop consensuelle pour être posée par écrit, disant qu'il en aurait fini avec moi à la fin de l'année de manière à ce que je puisse commencer le millénaire en Nouvelle-Zélande), et tout s'est arrangé. Barrie Osborne, avec son plus grand sourire, m'a présenté la superbe épée de Gandalf et alors, sur un écran blanc, a été projeté une présentation de quatre minutes du Gris et du Blanc, des extraits des films, moi en train d'oublier mes répliques, ou jurant, ou me pavanant dans les premiers essais de Gandalf pour voir comment rendrait les costumes et maquillage à l'écran. A ce moment, j'ai ressenti l'émotion. Bien qu'il n'y a pas eu besoin de larmes. Je serais de retour pour la première le 1er décembre. Je ne pouvais pas dire au revoir à tout le monde, je devais attraper mon avion. Debout avant l'aube le jour suivant, je me suis calé dans mon siège et j'ai essayé de voir les studios alors que nous décollions, et c'est alors que j'ai réalisé "J'avais oublié de prendre l'épée de Gandalf avec moi!". Ian McKellen, July 2003