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par Yuna
Lige
La dark romance je ne sais pas. N’étant pas lectrice de ses titres phares qui ne m’attirent pas vraiment. Par contre même si c’est gay, c’est très lu par les femmes le BL, et Fantasy ou non comme beaucoup d’amatrices de BL, j’aime parfois des titres où la relation centrale peut s’en rapprocher au sens où c’est un peu de la « romance d’horreur ». Exemple : un titre comme le manhua Killing Stalking.
Ou bien en Fantasy, dans les mangas de Kaori Yuki sur Ludwig qui revisitent les contes classiques avec un tournant sombre, j’ai beaucoup apprécié à quel point la relation de Ludwig avec certaines femmes était tordue (genre aimer Blanche Neige précisément parce qu’elle est morte et ne peut donc jamais faire ce qui l’insupporte d’une femme, à savoir s’autoriser à lui dire non et du coup se désintéresser d’elle complètement quand elle revit). C’est traité cela dit comme sombre et avec une distance critique sur le personnage qui est fantasmé et montré séduisant mais pas vraiment idéalisé surtout pas dans les premiers tomes où l’autrice semble prendre un malin plaisir à en faire le pire connard arrogant imbu de lui même et patriarcal (en plus d’être necrophile) qui est beau, le sait et en profite à mort possible. Elle parait faire exprès de parodier l’attrait exercé par ce type d’homme, ou encore j’aime parfois des fanfictions de divers univers fantasy que j aime bien s amusant à mettre ensemble le héros et le méchant où le ennemy to lovers prend aisément un tournant violent et honnêtement je trouve leur attrait souvent mal compris de l extérieur du lectorat qui s’en scandalise.
C’est moins que les femmes qui lisent ça désirent un homme violent et plus que la violence fictive fait aisément monter l excitation dans les titres érotiques, plus proche d’un fantasme de viol ou d’un jeu bdsm que d’une vraie envie de se faire enlever et violer par un mafieux russe ou des trucs de ce genre. J ai l’impression que les analyses externes à ce fantasme paniquent moralement un peu trop en le prenant à l excès au sens littéral. Beaucoup trouvent simplement ces dynamiques violentes plus intéressantes et excitantes en fiction pour faire tourner les pages sans le désirer dans la vie réelle. Et oui, ça choque ceux qui comprennent pas l’attrait qui demandent souvent une justification et la réponse de vouloir des romances d’horreur est assez commune donc je crois que tu touches juste. Cela dit, je peux me tromper.
De plus, dans certains cas j’ai vu qualifié de dark romance des choses où les relations étaient plus complexes et réalistes que les romances sirupeuses usuelles mais n’avaient rien de violent ou si il y avait des problèmes ça se corrigeait dans le respect au fil des histoires avec juste de l imperfection crédible des protagonistes et des malentendus, ce genre de choses, du coup j’ai peur qu’à trouver tout ce qui est pas tout rose en la matière problématique on finisse par efface la complexité et se retrouver avec des romances roses bonbons idéalisées à l extrême, peut être plus dangereuses encore finalement.
Et puis, il me semble aussi y avoir une fascination pour les personnages violents et tordus capables d’atrocité et de la curiosité « malsaine » pour leur fonctionnement et psychologie, leurs motivations qui est assez similaire dans ça avec le roman policier. Alors pourquoi personne n’en croit que les lecteurs de polar sont des tueurs en série en puissance mais tant de gens croient que les lectrices de dark romance sont destinées à finir femme battues plus que celles qui n’en lisent pas. Je ne sais pas. Il se peut que j’ai tort mais par intuition je n’y crois pas vraiment. Pas plus que l’on ait vu une montée du nombre d’homme en couple avec une tueuse en série quand Yuno Gasai de Mirai Nikki a popularisé le fantasme de la yandere. C’est un peu le même fantasme au masculin mais ça choque moins, alors peut être que le choc a une part de misogynie et paternalisme à croire qu’on sait mieux que les amatrices ce qui est bon pour elle. J’ai peut être tort mais les arguments opposés pour l’instant ça ne me convainc pas.
La fantasy est uni-âge. Vous pouvez vous y mettre à la crèche, et elle vous suit jusqu'à la mort.
Terry Pratchett.