CleitosMontoya a écrit :...
Ton ressenti est un retour qui revient souvent sur le premier tome. A tel point que j'avais fait un paragraphe sur le sujet sur
mon guide de lecture malazéen (plus du tout à jour) :
Je n’ai pas trouvé les Jardins de la Lune si fantastique que ça, je dois quand même continuer ?Quand on fait autant monter la sauce autour d'une œuvre qu'on a pu le faire sur le site, il est évident que l'on se risque à des commentaires parfois déçus concernant Gardens of the Moon : brouillon, des personnages froids et peu attachants, un final que certains lecteurs rapprochent d'un deus ex machina... Il arrive donc que des personnes se posent la question de continuer la lecture du cycle, surtout si c'est pour se lancer dans au moins 10 tomes. L'idée de ce paragraphe n'est pas d'essayer de faire croire que ces personnes ont tort, mais d'expliquer pourquoi le cycle malazéen peut plaire même à des lecteurs dubitatifs après avoir fini Gardens of the Moon.
Notons avant toute chose que beaucoup de monde a apprécié ce premier tome et n'a pas eu besoin de l'argumentaire suivant pour sauter sur les autres tomes. Bref, Gardens of the Moon n'est pas foncièrement un mauvais premier tome (on a tous entendu le fameux "T'inquiètes, ça devient trop bien après 1000 pages" et on sait que c'est rarement vrai), même s'il est facile de faire ressortir des défauts de manière très objective, mais c'est surtout un tome très peu représentatif de ce que propose le reste du cycle malazéen.
En ce sens, j'aime à le comparer au Pistolero, le premier tome de la Tour Sombre de Stephen King : un côté très étrange qui fait que ça passe ou ça casse, mais des tomes suivants à la tonalité très différente qui passent beaucoup mieux auprès de la majorité des lecteurs.
Écrit 8 ans avant Deadhouse Gates, Gardens of the Moon souffre des erreurs de jeunesse de Steven Erikson. Si le côté abrupt des premières pages est voulu et assumé et si la logique du dénouement nous apparaît finalement très claire en poursuivant la lecture sur quelques tomes, difficile de nier que les personnages restent assez distants et que le roman est surtout tiré par son intrigue et son univers mystérieux.
Bonne nouvelle, dès le tome 2, la donne est tout autre : Erikson maîtrise beaucoup mieux ses personnages et la différence se sent vraiment. Le ton n'est plus le même, l'histoire ne prend plus le pas sur la psychologie et les deux se mêlent beaucoup mieux. A tel point que je pense maintenant que la plus grande force d'Erikson est de nous faire nous attacher tellement aux personnages que ses éléments tragiques sont d'autant plus puissants. Je trouve personnellement qu'il a transformé son plus gros défaut en sa plus grande qualité : les personnages un peu pantins de Gardens of the Moon sont devenus certains des plus beaux personnages de la fantasy (Coltaine, Itkovian ou Beak pour ne citer qu'eux).
Pour résumer :
- Vous avez lu Gardens of the Moon, vous avez aimé, vous allez adorer la suite.
- Vous avez lu Gardens of the Moon, vous n'avez pas aimé, essayez de redonner une chance à Erikson un peu plus tard avec Deadhouse Gates. Si vraiment ce deuxième tome ne vous plaît pas (ne vous forcez pas à le terminer, même si la fin est superbe), la série n'est pas pour vous. Si le déclic se fait, sautez sur Memories of Ice.
Retenez qu'un défaut que vous trouvez à Gardens of the Moon restera un défaut de Gardens of the Moon et a de grandes chances d'être corrigé dès le deuxième livre. Une critique de Deadhouse Gates ou Memories of Ice pourra par contre s'appliquer à toute la saga.
Sachez aussi que vu le nombre de techniques de foreshadowing qu'il y a dans le premier tome, une relecture peut faire ressortir de nouvelles saveurs. C'est un livre très particulier à relire.