20
par Malkus
Istar
J'ai l'impression que dans certaines oeuvres de fantasy, sans le vouloir directement, on a tendance à utiliser des images exotiques pour pallier à une sorte (peut-être) de manque d'ouverture, justement. Si toute "cette" littérature (celle qui s'enracine dans un passé "européen") ne se tourne pas vers l'ailleurs, c'est qu'elle met en résonnance des époques lointaines de nos civilisations avec notre présent, notre présent où des auteurs littéraires "construisent" des mondes, sur un mode qui renvoie quand même souvent au rêve, et en cela, j'entends " à l'opposé" de la réalité quotidienne ! Je pense que même si les civilisations occidentales y sont plus souvent représentées, ce n'est pas tant lié à une volonté de ne pas voir l'autre, mais plutôt de le voir sous une image idéalisée, en rameutant de l'exotisme, par exemple. C'est qu'aujourd'hui, dans notre monde bordélique, c'est si difficile de faire la synthèse de "qui on est", ou encore de "qui est l'autre", qu'on pourrait penser qu'en se réfugiant dans un ailleurs "d'avant la chute" (notre monde post-historique?), on y côtoie des civilisations très opposées, qui ont encore leur métissage plein de promesses à inventer. C'est davantage (je crois) la "beauté" du possible sous jacente, que l'attrait immédiat pour la description d'une société hyper complexe (qui est celle dans laquelle nous vivons) qui guide les aspirations de certains auteurs. Chapeau à ceux qui se lancent selon cette dernière option, d'ailleurs.Je pense que la complexité, tant qu'elle n'est pas un moteur principal dans un récit, ne sera qu'esquissée, même si c'est à renfort de traits pertinents, et de caractérisations subtiles. Quant aux livres où on est, de base, dans une civilisation complètement étrangère à la notre, il me semble, c'est ce que tout le monde plus haut s'accorde à dire, qu'il y en a un certain nombre. Je vois mal ce qui pourrait valoir à la fantasy une quelconque étiquette raciste : même si, je ne peux pas m'empêcher de faire un peu le lourdaud, il me semble que pas mal d'oeuvres anglo-saxonnes ont pour principe de viser un public plutôt large, et que ce genre de considérations rentre en ligne de compte pour beaucoup dans la volonté de "stéréotyper".Et puis l'exotisme, ça pourrait se présenter comme un rappel plus net des différences, tout en étant un appel au rêve. C'est donc peut-être un peu simpliste, aussi, d'en vouloir à l'exotisme, qui est peut-être parfois pavé de bonnes intentions. Mais à parler de pavés et de bonnes intentions, on voit se profiler une autre expression moins nuancée. C'est certainement un sentiment empathique à manier avec des pincettes ! Maintenant, je ne sais pas exactement ce qui était reproché au juste, je lis ici et là que Durham s'applique à rendre compte d'une mosaïque culturelle assez diversifiée, tout ça ... donc ce que j'ai dit ne s'applique pas à ces auteurs-là !