Une de mes lectures du week-end.En guise de teasing, ce qu'en dit Bruno Para sur Noosfere :
Dæmone est la réédition largement remaniée et augmentée d'un roman précédemment paru en 2001 au Bélial', Les Cinq derniers contrats de Dæmone Eraser. Thomas Day s'explique dans l'entretien en fin d'ouvrage (que complète une bibliographie comme toujours indispensable d'Alain Sprauel) : la première mouture n'était pas assez claire sur les motivations des différents personnages, et il a travaillé sur la fluidité du roman. La fin précédente, un éclatement du temps qui se traduisait par un artifice un peu gratuit, deux colonnes narratives simultanées, a été gommée, et il a ajouté un prologue et un épilogue qui expliquent les agissements de Lhargo, mais sinon le cœur du livre est identique du point de vue du déroulement de l'action. Il y a également un travail de polissage du texte, avec suppression de termes un peu trop « marqués » (spatiodollars). Dæmone Eraser s'appelle de son vrai nom David Rosenberg ; il exerce la profession de Gladiateur, et excelle même dans sa catégorie. Il est déjà mort une fois, mais son esprit avait été passé au marbre, et il est donc revenu sous l'identité de Dæmone, encore plus fort, comme pour oublier le sort qui s'est abattu sur sa vie personnelle : sa femme Susan est morte alors qu'elle était enceinte. Son corps repose dans un cercueil cryogénique au domicile de Dæmone, qui ne peut se résoudre à lui dire au revoir. Aussi, lorsque Largo l'extraterrestre lui propose un marché permettant à terme de revoir Susan, Dæmone se jette sur l'occasion à corps perdu. Et ce même si sa part du marché consiste à éliminer cinq personnes dont il ne connaît rien... La trame globale du roman – cette mission amenant un homme à tuer cinq personnes – rappelle inévitablement la Geste des Princes-Démons, de Jack Vance, mais en diffère fondamentalement dans la motivation : pour Kirth Gersen, il s'agissait d'accomplir sa vengeance ; pour Dæmone, ce n'est qu'une monnaie d'échange lui permettant de redonner un sens à sa vie. Il n'a donc rien à perdre, et ses actes s'en ressentent fatalement : tout est guidé par son amour fou pour Susan, ce qui entraîne d'ailleurs Thomas Day sur un terrain où on n'a guère l'habitude de le voir, l'amour n'étant pas souvent le moteur premier des motivations de ses protagonistes ; il s'acquitte néanmoins de la tâche avec une certaine réussite. Parmi les autres influences du roman, l'auteur se réclame ouvertement de Sam Peckinpah ; on ne saurait lui donner tort, mais on peut aussi déceler sans mal une forte influence du cinéma asiatique, notamment hong-kongais et coréen, dans la maîtrise des scènes d'action. Car c'est bien là le but de l'auteur : procurer au lecteur un vrai plaisir de lecture, une série B qui se dévore (selon les termes de Day). Mission réussie : une fois le livre ouvert, on ne le lâche plus, et ce d'autant que Day a le bon goût de ne pas rallonger la sauce. La première version était sans doute trop courte, mais celle-ci, avec ses deux-cents pages environ, divertit sans radoter tout en restant crédible. Au final, Dæmone se révèle une jolie remise au goût du jour d'un des tout premiers romans de Thomas Day, un juvenile pop corn qui retrouve une certaine innocence, légèrement pervertie quand même (n'oublions pas que c'est Day qui tient la plume, et qu'il ne peut s'empêcher d'y ajouter un contenu sexuel explicite). On attendra donc avec une certaine impatience les prochains récits du cycle des Sept Berceaux – sur les vingt-six prévus par l'auteur, certains sont d'ores et déjà publiés – dont Dæmone constitue une mise en bouche plutôt savoureuse.
Et Manu B sur Scifi-universe :
"Dressé sur ses membres postérieurs, ses quatre antérieurs rangés le long des plaques pectorales et abdominales, Lhargo contemple la douce lumière de son soleil natal, Ijina, l'Oeil en Feu..."David Rosenberg est appelé Daemone Eraser dans le métier. Son métier? Gladiateur. Son truc: descendre dans l'arène et tuer son adversaire. Mais le boucher/guerrier cache une blessure qu'il traîne depuis quelques années. Sa femme est plongée dans le coma et l'enfant qu'elle portait est mort. David aussi est mort, mais son esprit numérisé a été restauré et injecté dans un corps cloné. Autant dire que le vrai David Rosenberg n'existe plus et qu'il ne reste qu'une version beta de lui-même. Il entretient sa peine immense en s'infligeant tous les jours le spectacle de contempler son épouse. Son corps préservé est exposé dans son appartement. Il peut ainsi attiser sa tristesse et sa solitude. Il a cependant à son service deux gardes du corps. L'un, Gilrein est un homme-chat, pilote émérite et spécialiste dans le traitement de données. Illégal, si nécessaire. L'autre est une überkriegerisch, humanoïde proche de l'être humain mais modifié pour le combat rapproché. Une machine de guerre douée pour le sexe également.Un jour, le guerrier Lhargo, un Alèphe, l'une des créatures les plus secrètes mais les plus influentes des sept systèmes, l'approche et lui propose un marché tout ce qu'il y a de faustien: il peut ramener sa femme à la vie en échange de l'exécution de cinq contrats. Une vie contre cinq...C'est sous le titre Daemone que le roman Les cinq derniers contrats de Daemone Eraser est réédité aux éd. Le Belial', dix ans après sa première parution. Cette nouvelle édition, pour ceux qui avait lu la version originale, est notamment augmentée de plusieurs parties qui concernent Lhargo et le passé de Daemone, ce qui donne une perspective nouvelle à l'histoire. Violence, sexe et dépaysement en perspective.Ce roman est un hommage aux romans des années 60 et 70. C'est l'auteur qui l'écrit dans la courte interview qu'il accorde à Olivier Girard à la suite du roman. En effet, on retrouve du Jack Vance dans ces aventures aux environnements exotiques. On se ballade aux quatre coins de l'espace, que ce soit sur un océan d'acide ou dans les favelas de Coban au Guatemala. L'idée est bien de dépayser le lecteur en le plongeant dans un décor très différent.On trouve aussi des créatures qui sortent du quotidien. On pense aux pulps lorsque Thomas Day nous décrit le Kaïlinh de 9800 tonnes, une sorte de dragon marin ou bien aux androïds Nexus 6 de Philip K Dick (Blade Runner) à l'évocation des überkriegerisch.Et que dire du cafard cosmique Lhargo ?Les cinq derniers contrats de Daemone Eraser est un space opera assez brutal, un mot un peu fort, en vérité, plutôt viril, qui sent la sueur, le sexe et le sang mais il y a quelque chose de subtil qui n'apparaît qu'en fin de roman. Et fait, on commence à connaître l'auteur: rien n'est gratuit chez lui, même dans la violence.On apprend (peut-être ?) aussi que ce roman fait partie d'une future fresque de SF assez ambitieuse que composent déjà un certain nombre de nouvelles (parmi les 90 qu'Alain Sprauel a dénombrées...) où apparaissent quelques uns des personnages. A suivre de très près, donc.EN CONCLUSION: Thomas Day a écrit de la science-fiction. Si, si. Les cinq derniers contrats de Daemone Eraser fait partie de ses premiers romans. Retravaillée, complétée, sa réédition vous permettra de (re)découvrir que l'auteur français savait aussi écrire du bon space opera survitaminé, dans la grande tradition des westerns galactiques.
Mon avis après la pause
