Merci, Thys, d'avoir ouvert ce sujet

Avant de répondre à mon tour à la question, j'ajouterais entre parenthèse (je déborde toujours dans les sujets, pardon) que ton meilleur ami a raison à propos de Cioran : le lire est très revigorant ; aux moments les plus noirs de ma vie, j'y ai trouvé paradoxalement la force de vivre et de rire à gorge déployée ; l'humour, noir ou pas, la dérision est un antidote. D'ailleurs, Cioran était un homme qui, en privé, aimait rire et vivre, cela se ressent assez dans ces vociférations

Quant à la question. Je suis très satisfaite lorsque tu parles de nostalgie, car c'est ce que je ressens très précisément. Le mot est pour moi le juste mot. Je ne suis pas, à ce jour, une grande lectrice de fantasy, j'ai découvert le SDA, il y a quelques mois (novembre ou décembre dernier), puis Pullman et maintenant "Stardust" et "La trilogie des elfes" de Fetjaine, c'est peu comme culture en ce domaine. Le plaisir que j'ai pris et prends à lire ces livres me rappelle incontestablement celui que j'avais enfant. Ce n'est pas le même plaisir (immense pourtant) que celui que je prends en lisant de la littérature "classique" (dont je me nourris abondamment). Donc j'ai cherché à savoir ce qui différenciait ces plaisirs et voici mon analyse : je dirais qu'il y a une nostalgie de l'enfance, dans mon cas, nostalgie peut-être même de l'idée de l'enfance, plus que de l'enfance elle-même... A voir. L'enfance est le monde de TOUS LES POSSIBLES. Plus tu vieillis, plus les possibles s'amenuisent et le monde rétrécit nécessairement. Chaque choix est la destruction d'un possible. Enfant, tu peux devenir n'importe qui ; les années passant, tes premiers choix guident les suivants et en empêchent d'autres... C'est le premier point. Dans le monde de la fantasy, peut-être comme dans les contes de fées traditionnels de notre enfance, y a -t-il un univers plus vaste que celui de la vie prosaïque... même s'il a ses règles et ses limites internes. Je ne dis pas nécessairement que l'on recherche une consolation, même inconsciente, dans ce genre littéraire, mais il y a peut-être un peu de cela... dans ce "break" dont tu parles... je ne sais. Peut-être que cette lecture donne de l'inspiration à notre vie quotidienne en stimulant notre imagination, qui à son tour peut enrichir notre pensée et nos actes et élargir notre monde... Deuxièmement, et c'est lié : la littérature de fantasy raconte des histoires, de véritables histoires, ce qui n'est pas toujours le cas de la littérature "traditionnelle" (cf. le nouveau roman, c'est l'extrême, mais cette étape a laissé des séquelles dans la littérature française). Or, le premier plaisir de lecture, celui qui remonte à l'enfance était celui des histoires, avant le style, avant la beauté des mots. On retrouve ces histoires dans la fantasy, les soeurs de nos premières histoires lues ou entendues. Voilà, pour l'heure, c'est un peu embrouillé. Je vais y réfléchir davantage
