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par Nakor
Vala
J'ai entamé la première intégrale et bouclé le premier roman, Les rêves de la mer. Il s'agit d'un livre assez introductif, et d'un abord délicat. Le récit est en effet éclaté, nous découvrons par petites touches les deux civilisations, à travers le parcours de plusieurs personnages (ils alternent souvent). Comme le suggère le titre, le récit est clairement onirique, contemplatif, et comme la mer il procède parfois par des aller-retour. Je préfère indiquer ces éléments car la découverte de ce cycle risque d'en déstabiliser/frustrer plus d'un (j’ai cru comprendre que la suite est plus aisée). Il faut accepter de s'y consacrer pleinement (j’ai eu la chance d’avoir une semaine où je suis disponible ; sans cela il est possible que j’aie écourté/reporté cette lecture, quelle erreur !), sans avoir toutes les cartes en main, en se laissant bercer par cette langue riche et fort évocatrice. Il est clair que l'auteur s'attache à approfondir son univers plutôt qu'à nous divertir facilement avec des effets et une action forte.
Une fois ces conditions acceptées il devient plus aisé de s’immerger, et la mayonnaise prend vraiment. La plume de l’auteur est subtile, sans virer à l’affectation ; elle parvient en quelques lignes à nous installer dans un univers étrange et à suivre les pérégrinations (physiques et mentales) de personnages bien marqués. La dimension purement SF est pour le moment assez maigre, je crois qu’un lecteur de Fantasy y trouverait largement son compte. Les idées-idéaux de l’auteur sont amenés avec suffisamment de tact pour ne pas encombrer/orienter le récit. Bien qu’il soit introductif et qu’il persiste de grandes zones d’ombres, ce tome déplie un univers très prometteur, et mystérieux (quelle est cette mer??!!), propice à des réflexions puissantes sur la rencontre, l’héritage, la modernisation, ou la mort. Difficile de ne pas sentir les belles références, Le Guin (Terremer notamment), Tolkien. Je rapprocherai cette belle lecture de ma découverte du cycle des Contrées de Jacques Abeille avec Les jardins statuaires ; qu’il est bon de se laisser porter par une langue si belle et de suivre le cheminement d’auteurs qui prennent leur travail au sérieux, cherchant à faire œuvre et non à (re)produire.