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J'ai un avis plus mitigé sur cette œuvre que sur les autres livres de Gene Wolfe. Cela vient probablement du fait que je n'ouvre pas un livre de cet auteur comme je le ferais avec n'importe quel ouvrage : Soldat des Brumes fut une claque magistrale, le Livre du nouveau soleil de Teur m'a impressionné et le Livre du long soleil de Teur fut une lecture enlevée et agréable tout en restant, comme toujours, écrit avec une maestria et une précision du vocabulaire qui laisse songeur. Gene Wolfe s'est souvent sans ses œuvres imposé des contraintes spécifiques d'écritures, qu'elles soient liées à un narrateur omniscient ou au contraire amnésique journalier. Le postulat de départ, une lettre d'un jeune de notre monde ayant grandit trop vide, jeté dans un monde 'secondaire' complexe, ayant des pans entiers de sa mémoire dans l'ombre ou les brumes, écrite à son frère longtemps après les évènements... entraine là aussi une tonalité particulière.Si l'on ne saurait qualifier le héros de niais l'écriture m'a parue, dans la première moitié du premier volume, naïve sur le plan stylistique, notamment lorsque le narrateur racontait les évènements (cela n'était donc pas le cas avec la plupart des dialogues). Un constat qui m'a surpris car je n'aurais pas pensé l'attribuer à Gene Wolfe. J'ai sentit une évolution progressive mais il m'a semblé qu'il y avait en cela une volonté de réalisme, de coller à son héros et au parcours qui fut le sien. Cela m'a toutefois procuré quelques difficultés au départ pour rentrer totalement dans une histoire qui a finit par me happer et qui laisse une fois de plus transparaître -mais qui s'en étonnerait?- la culture d'un auteur s'appropriant un fond mythologiques d'origines diverses pour en proposer une vision originale, notamment dans sa vision des mondes et livrer un diptyque plus subtile qu'il n'y parait au premier abord. Si il ne s'agit pas du meilleur livre de l'auteur à mon goût il fait partie du haut du panier pour ce qui est du genre.