Excellente saison comme d'habitude.
J'ai quelques questions :
- Pourriez-vous parler un des 4 des livres de conseils d'écriture ? Il y en a peu en français mais je pense aux deux livres d'Orson Scott Card ainsi que le bouquin de Stephen King.
- Peut-être un passage sur les ateliers d'écriture ? Est-ce qu'ils sont utiles ?
- Pour info, il existe des logiciels pour trouver les répétitions, et qui analysent les textes (répétitions de mots mais aussi d'expressions. Peut-être que ça peut en aider certains.
textalyseret
repetitiondetector-
Est-ce que vous pourriez aborder la question de la fin... des corrections ? Comment évaluer le moment où le texte est prêt pour la soumission ? Je suppose que ça vient avec l'expérience, mais ça m'a toujours paru très difficile. Soit parce qu'on peut avoir l'impression que tout est déjà bien (erreur fatale)... soit (et ça a tendance à être mon cas) parce qu'on n'arrive pas à se satisfaire du texte et qu'on a toujours l'impression qu'on pourrait changer quelque chose. Avec la crainte de finir par faire comme le peintre du Chef-d'oeuvre inconnu de Bal
zac qui bousille son propre tableau en voulant trop le perfectionner (le mieux est l'ennemi du bien, etc.).
Pour te répondre à mon humble niveau (je n'écris que des nouvelles et ce, depuis fin 2017) : j'ai deux bêta-lecteurs très sérieux, des proches certes mais qui n'hésitent pas à me dire quand c'est nul, incompréhensible etc... J'ai même déjà abandonné un texte grâce à leurs avis pertinents. Je l'ai réécrit depuis et il est bien meilleur. Je pense que c'est une question de confiance en soi. Je ne relis jamais mes textes une fois qu'ils ont été corrigés et revus par mes deux béta. Je reçois leurs révisions, je relis, je retouche et ensuite je fais relire une seconde fois. Si tout va bien, je ne relis pas, je ne retouche plus. Pourquoi ? Parce que si je relis, je vais sans cesse retoucher et finir par me dire que c'est nul. Je pense qu'il y a un moment où il faut avoir confiance en son texte.
Ca passe ou ça casse, ce qui m'importe c'est le prochain texte qui devra être meilleur. Je ne vais pas m'éterniser 10 plombes sur une nouvelle car je n'ai qu'une vie d'une part, d'autre part j'ai envie d'écrire le plus vite possible mes idées. Pourtant je suis lent : en un an je n'ai pondu que 8 nouvelles (dont trois de seulement une page et demi) et quelques poèmes.
Mes deux premiers textes sont atroces, et même si je pourrais les améliorer (malgré les révisions) , je n'ai pas envie de le faire car je ne suis plus dans le "mood" de ces récits. Je vais surement trop retoucher et le texte perdra de son sel. Une fois que j'ai couché à l'écrit mes obsessions je me sens libéré et je peux (je dois) passer à autre chose. De ce fait, quand une nouvelle est terminée après une ou deux relectures, les bêtas et les révisions, je ne relis plus.
Attention car je ne suis pas professionnel et je ne souhaite pas le devenir , du coup ça change beaucoup de choses. Forcément que quelqu'un qui a cette ambition doit peaufiner ses textes. Mais trop pousser la révision à l'extrême peut dénaturer une œuvre (mais peut-être aussi la rendre meilleure et c'est bien ça le problème, on peut pas le prédire).
Il y a des amateurs (dans tous les domaines) qui gardent leurs créations dans des tiroirs, de peur de les partage, peur des critiques négatives et je pense que ce n'est pas une bonne solution. Il faut se confronter aux autres pour s'améliorer. Quand on pratique un sport en club, on a un prof qui nous juge via l'observation. Ensuite, il nous corrige, et là tout les autres membres du club voient et jugent aussi et on s'en moque. On progresse comme ça. Alors que dans l'art, on a l'impression qu'il y a une question d'ego trop importante du coup, on a souvent peur d'être détruit par des critiques. Soit on a trop confiance en nous, soit pas assez.
Et le pire, c'est que ceux qui ont peur de partager pensent qu'ils sont nuls et que donc ils ne méritent pas d'être lus sauf que cette manière de penser peut aussi être motivée par l’inconscient qui dirait, en gros, " je suis meilleur, je pense avoir des capacités mais les autres ne comprendraient pas donc je ne partage pas car je ne veux pas qu'on me face tomber de mon propre piédestal". La peur d'être banal, de ne pas être révolutionnaire ou original. La peur d'être mis au rang des écrivains médiocres. C'est un peu le même principe en sport : des gens qui se croient forts mais ils n'ont jamais fait de compétition (pas besoin = j'ai peur de voir la vérité en face, qu'il y a plus fort que moi et qu'en fait, je ne suis pas exceptionnel).
Conclusion : ne pas trop se prendre au sérieux, relativiser et comprendre une chose : on dit souvent que rien n'est jamais parfait or c'est faux. Tout peut être parfait selon le point de vue et les critères de chacun.
Pour moi, le roman la Route de Cormac Mccarthy est parfait. C'est mon roman favori, je l'ai lu plusieurs fois et je ne trouve rien à jeter ou à redire. Pourtant, je sais pertinemment que pleins de gens n'aiment pas trop. Et j'ai lu des critiques négatives intéressantes mais rien à faire, pour moi c'est parfait. En fait, je pense que si rien n'est parfait, alors comment peut-on savoir ce qu'est la perfection ? La perfection, c'est comme la beauté, elle se trouve dans l’œil de celui qui la regarde.
Et il y a forcément au moins UN lecteur dans le monde qui considérera que ton texte est un chef d'oeuvre. Bon ok, ça risque d'être ta maman ou ton papa. Mais quand même.

