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Sans business, pas d'éditionEldwyst a écrit :Ce qui est marrant c'est qu'on ressent clairement le côté "business", beaucoup plus que les autres éditeurs, mais sans pour autant délaisser le côté "passion" de la fantasy. J'avais déjà eu une plutôt bonne impression de Marsan dans le podcast de toute manière

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Je comprend mieux avec ton explication justi merci
. En fait je pensais que Stéphane Marsan était jaloux du succès du Trône de Fer, alors que lui-même édite du Goodkind (un peu le fer de lance de la maison). Il faut des blockbusters, puisqu'ils permettent ensuite de prendre des "risques".Néanmoins pas de méprise, j'apprécie Bragelonne et un certains nombre de leurs ouvrages
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Bragelonne en a fait l'expérience. Donc Stéphane sait de quoi il parle.A cause de la trop forte promotion de Goodkind, ils ont sacrifié un certain nombre de série et se son mis une partie de leur public à dos. Des lecteurs échaudés se sont détournés de Bragelonne parce qu'ils s'en méfiaient. Cette stratégie leur a clairement fait du tort.Ils ont décidé d'en changer et de se focaliser sur les mid sellers. C'est une bonne chose. La best sellerisation entraîne une surproduction puisque le public ne se focalise que sur quelques titres et le reste n'est pas lu et paradoxalement le marché ne va si bien que ça.Donc baser l'offre sur le mid seller c'est ce qu'il y a de plus intelligent à faire. Parce que ce sont des œuvres qui se vendent sur le long terme et non des succès à court terme.- Le force marketing d'un best-seller se retourne aussi trop souvent contre le reste des productions au sein d'une même maison d'édition.
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Dans le même temps, pour ce qui est du trône de fer, combien de lecteurs le sont pour l'occasion, parce qu'ils ont vu la série ? (sur le forum de la garde de nuit, depuis 2012 l'essentiel des gens qui s'inscrivent le font "après avoir vu la série", les gens qui le font "après avoir lu les livres sont devenus des exceptions).Je ne suis pas sûr que des lecteurs venus par le média télévisé sur une série évènement restent des lecteurs de fantasy. donc le tort fait à la concurrence me paraît relativement faible.
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Je ne pense pas qu'il s'agit de tort fait à la concurrence.Je pense qu'il s'agit de chiffres faussant la perception du marché et la viabilité de celui-ci.Un trompe-l’œil, un mirage qui donnent aux acteurs du dit marché des attentes trop fortes sur leurs produits.Et qui permet des discours catastrophistes ("le marché perd 40 % on va tous mourir !") qui sont, me semble-t-il dans ma grande naïveté, exagérés et alarmistes.Ce que je pense qui est remarquable ici, c'est qu'une grosse boîte reconnaisse que le modèle "un best-seller pour couvrir les frais du reste" est obsolète et contre-productif sur le long terme.Strannik a écrit :Je ne suis pas sûr que des lecteurs venus par le média télévisé sur une série évènement restent des lecteurs de fantasy. donc le tord fait à la concurrence me paraît relativement faible.
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J'aime vraiment Marsan, il n'y a pas à dire : ce côté chef d'entreprise et fan de ce qu'il publie est assez atypique.Et au moins on a des chiffres pour voir un peu comment ça se passe chez les éditeurs. Je sais qu'en France, on n'aime pas donner des chiffres, donc c'est plutôt intéressant.Perso, autant l'annonce de Pevel me laisse froid, autant Mage de Bataille, avec son côté Warhammer, m'intrigue!
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Ce n’est pas faux, bien qu’à mon avis, cela soit plus simple de gérer des problèmes de riche.Maintenant, je ne suis pas professionnel.Stéphane Marsan qui l’est, fait sans doute référence à cette phrase : « Cela fait quelques années que les Éditions Pygmalion se sont recentrées, en imaginaire, sur les auteurs phares de la ligne. » (Robin Hobb et George R.R. Martin).Sur la sienne (de ligne), il est lucide, déclarant : « Nous n’avons ni les moyens ni l’envie d’être ultra dépendant à 70% d’une seule série, comme d’autres éditeurs. »Lucide d’accord, mais ce qui m’a fait réagir, c’est le fait de se positionner en tant qu’extra-lucide. Et de tirer des conclusions pour l’ensemble d’une profession où il n’est qu’un acteur parmi d’autres. Et ramenant tout à de simples histoires de pourcentages faussés par « le Trône de fer (qui), d’une façon paroxystique, a avalé les parts de marché tel un trou noir. »Pour le coup, on croirait entendre un dirigeant d’une équipe du ventre mou de D1 se plaignant de l’hégémonie du PSG. On ne peut rien contre la mainmise des « gros » ; c’est une dérive du monde actuel. Cela ne l’empêche pas d’exister ni d’aimer ce qu’il fait. Pourquoi donc ce vrai-faux langage syndical ? :unsure:Car cela m’a paru une réponse peu banale à la rituelle question d’Elbakin : « Alors que 2015 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ? ». Là, c’est vraiment à chaud !Quant à l’avis de Strannik : « Je ne suis pas sûr que des lecteurs venus par le média télévisé sur une série évènement restent des lecteurs de fantasy. », je le partage entièrement.Combien de cadeaux de Noël par des grands parents qui se disent qu’ « au moins il (elle) lira quelque chose.» (Au lieu d’acheter le tee-shirt) ! :PJe ne pense donc pas qu’une vente de plus d’un « Trône » signifie une vente de moins pour un autre titre. Même si la bourse des lecteurs n’est pas extensible.justi a écrit :Le best-seller peut être vu comme une bénédiction, tout comme une malédiction...
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Pour compléter mon message précédent, je voudrais juste faire remarquer qu'il y a le PSG TDF et les autres.Je parle des profits bien sûr.Il faudrait donc, de mon humble avis, refaire les pourcentages de vente en l'excluant des calculs.Et on se rendrait compte que le bateau est loin de couler.D'autant qu'il suffit de se promener dans une grande librairie quelconque pour constater que le rayon Fantasy n'est pas indigent. Même si tout le monde ne tire pas son épingle du jeu.
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Ce n'est pas toujours le plus enthousiaste, mais certainement le plus cash.Merwin Tonnel a écrit :"Marché en net recul", "mid-sellers", pourcentages à gogo, "parts de marché", "best-sellerisation du marché de l’imaginaire", "chiffre d’affaire en hausse", etc. C'est vraiment pas le même état d'esprit que les autres éditeurs.

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La réponse de Stéphane Marsan est intéressante, d'autant qu'elle tranche dans la forme par rapport aux précédentes. Dans sa manière de répondre, j'ai le sentiment que ses propos s'adressent autant à "nous", qu'aux éditeurs susceptibles de les lire. Toujours est-il que cette intervention permet de profiter d'un point de vue et d'une analyse à même de faire voir les choses sous un autre angle. Je ne suis pas un grand fan de la maison d'édition, malgré tout, ils ont des auteurs au sein de leur catalogue que j'apprécie particulièrement. On peut également constater que leurs manières d'appréhender les choses, leurs envies de les faire évoluer (numérique, GF 10€, réseaux sociaux...), apportent une certaine vigueur dans un milieu où les idées, même si elles ne sont pas figées, mettent du temps parfois, à se déplacer.Pour le numérique par exemple, sauf erreur de ma part, ils ont quand même bien lancé le pas; prix "cassés", offre découverte...Pour m'occuper du rayon SFFF en librairie, je trouve que la notoriété de Brag' plus leurs "mid-sellers", apportent une sorte de garantie de CA au rayon. Plus le rayon tourne bien, plus je peux l'étoffer, et donc d'une certaine façon, cela profite aussi aux autres éditeurs. Cependant, j'ai le sentiment que cet impact (chez moi) de Bragelonne a tout de même tendance à diminuer, et que cette forme de "dépendance" est plutôt à la baisse.

Y'a aussi le fait que Bragelonne est la maison d'édition qui dépote le "plus" de nouveautés (SFFF) à l'année. Du coup, la nouveauté est visible, ce qui accroît leur rayonnement tout en maintenant un certain taux d'occupation en rayon. D’où l’intérêt aussi de se consacrer au "mid" plutôt qu'au "best". Suffit de voir Pygmalion, qui s'est gavé avec GOT, pour autant on a pas vu plus de Pygamlion dans les rayons en librairie (?). C'est aussi pour cela que ça ne sert pas les intérêts sur le long terme. En tout cas, merci à Stéphane Marsan pour s'être prêté au jeu. Plus qu'à souhaiter une bonne et belle année de l'imaginaire 2016 aux; lecteurs, éditeurs, auteurs, libraires, traducteurs... Je m'en vais de ce pas, chatouiller la barbe d'un certain Rothfuss, qui sait, peut-être pourrais-je nous glaner, quelques informations ou deux !Anarion a écrit :En tout cas, parmi les 2-3 librairies que je fréquente, Bragelonne est régulièrement mis en avant et bien fourni.


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Il faut voir que Bragelonne est aujourd'hui présent en Maison de la presse. Ce n'est pas la même rentabilité que dans la grande distribution. Les supermarché demandent des taux de rentabilité énorme. Si un exemplaire n'est pas vendu en une semaine il est retourné. Le positionnement en super et hyper les a forcé à développer le coté best seller pour répondre aux attentes des chaînes et de la grande distribution. Si il n'existait que les librairies indépendantes et les maisons de la presse, on pourrait développer beaucoup plus les mid sellers et long sellers.
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C'est un modèle économique. C'est le plus courant, le plus souvent adopté et celui qui paraît le plus logique.Maintenant, il existe d'autres modèles, permettant l'existence et la visibilité d'une maison d'édition spécialisée. Sans aller jusqu'à la "permaculture éditoriale" chère à Fabien Lyraud (qui est attirante mais peut-être un peu utopique), je pense qu'on peut exister sur le marché avec une série de midsellers. Cela nécessite une vision claire du marché, de ses forces et de ses faiblesses, une qualité constante dans les titres, une ligne éditoriale bien définie et un peu de chance. Soit à la fois ce côté "fan" qui permet de sentir les tendances et de repérer les bons bouquins, couplé à ce côté "businessman" qui fait causer ici-même. Une boîte d'édition, c'est autant des plans financiers que des lectures passionnantes. Faut pas l'oublier !Benedick a écrit :Les boîtes d'édition spécialisée ont besoin d'un best-seller qui coûte peu en investissement pour amorcer la pompe avant de se diversifier.Si il y avait pas eu Gemmell au début, Bragelonne n'aurait pas l'opportunité de faire dans le "mid-seller".
C'est aussi une question de taille critique. La taille critique d'une maison d'édition l'oblige à étendre son marché, par exemple en grandes surfaces. N'oublions pas que chez les éditeurs indépendants, Bragelonne, ses 80 nouveautés/an et ses tirages à 25000 exemplaires sont une exception !Fabien Lyraud a écrit :Si il n'existait que les librairies indépendantes et les maisons de la presse, on pourrait développer beaucoup plus les mid sellers et long sellers.
C'est même très clair, à mon avis.Orion a écrit :Dans sa manière de répondre, j'ai le sentiment que ses propos s'adressent autant à "nous", qu'aux éditeurs susceptibles de les lire.

On en revient au vrai problème du best-seller sur le terrain. Les moyens financiers et humains consacrés au TdF ont phagocyté ceux qui auraient été attribués à d'autres titres.La taille critique de la structure Pygmalion a été dépassée par le succès du titre.Du coup, le TdF existe et existe même bruyamment. Mais Pygmalion, beaucoup moins...Orion a écrit :Pygmalion, il se sont gaver avec GOT, pour autant on a pas vu plus de Pygamlion dans les rayons en librairie (?). C'est aussi pour cela que ça ne sert pas les intérêts sur le long terme.
Peut-être parce qu'avant le TdF, c'est Bragelonne qui était accusé d'être le PSG de l'maginaire ? Que Bragelonne a été méprisé pour ses best-sellers et sa politique éditoriale.Alors qu'ils ont continué à étendre leur gamme éditoriale et à augmenter leur nombre de nouveautés régulièrement. Et qu'eux ont pris des risques sur plein d'auteurs (Bragelonne c'est aussi des auteurs comme Hannu Rajaniemi. Un exemple parmi d'autres mais qui, à l'époque de sa sortie, m'a stupéfié).Et qu'on constante que ce n'est pas vraiment la politique suivie par les PSG d'aujourd'hui.Kik a écrit :Pour le coup, on croirait entendre un dirigeant d’une équipe du ventre mou de D1 se plaignant de l’hégémonie du PSG. On ne peut rien contre la mainmise des « gros » ; c’est une dérive du monde actuel. Cela ne l’empêche pas d’exister ni d’aimer ce qu’il fait. Pourquoi donc ce vrai-faux langage syndical ?
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Et c'est en visant les grandes surfaces que l'on va massivement se positionner sur un lectorat féminin ( la clientèle des grandes surfaces étant massivement féminine) et sacrifier complétement le lectorat masculin. Et on se retrouve avec un lectorat féminin qui représente 80% des lecteurs. Les hommes fréquentent moins les grandes surfaces et plus les maison de la presse. Quand j'étais jeune il y avait même des bars tabac où l'on trouvait du livre de poche. Si l'on veut développer le marché on ne fera pas l'économie d'une réflexion sur la reconquête du lectorat masculin.C'est aussi une question de taille critique. La taille critique d'une maison d'édition l'oblige à étendre son marché, par exemple en grandes surfaces.