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Waouh ! Edifiante discussion ! Il y a matière à podcast ! :lol:Je remarque que vous avez oublié la question des commodités. C'est quand même un des grands soucis des voyages... J'imagine que les pauses-pipi doivent être une interlude obligatoire au voyage et peuvent prendre un bon moment, surtout si vous voyagez nombreux (il y a tou-jouuurs quelqu'un qui part au petit coin tous les quarts d'heure dans les voyages organisés !). Et si vous prenez la peine de creuser des latrines à chaque campement, ça doit encore rallonger le temps pour s'installer.

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En même tant, ça dépend du contexte. Si les personnes font un juste un voyage, genre ils partent voir des cousins ou vont dans une ville pour je-ne-sais-quelles-raisons, à ce moment là le temps entre les marches est moins compté. Les personnages prennent leur temps dans la non-urgence et du coup l'auteur n'a pas forcément besoin de tout détaillé. Ils mangent à leur faim, car ils trainent assez de nourriture dans leur carriole ou bien ne craignent pas de s'arrêter pour réapprovisionner et ils ont bien le temps de préparer le campement et de faire la cuisine !Et l'autre contexte est plus rapporté à une fuite ou même à l'urgence d'être quelque part à tel moment. Dans ce cas-là, même si les personnages ont certains besoins, je ne pense pas qu'ils se posent trop de questions. Ils prennent à manger de ci de là, en chassant ou en achetant (pour l'argent, j'avoue que ça peut être embêtant, l'auteur peut prévoir le coup en utilisant un système monétaire différent !), mais surtout je pense que leur but, que ce soit fuir un ennemi ou se rendre en urgence quelque part monopolise leur esprit. A ce compte-là, on peut dire que d'être fixé sur un objectif bien précis leur évite de penser que leur corps à mal là, ou à faim ou encore à envie d'une p'tite pause. Ils mangent s'ils peuvent, dorment, mais dans l'urgence ne se préoccupent pas d'autre chose que leur objectif.C'est un angle que l'on peut envisager, mais bon n'ayant jamais eu à fuir ou à me rendre dans une ville pour coincé un méchant, je peux pas vous si sur le trajet j'avais assez à manger !!! :lol:
« Le Seigneur Ogion est un grand mage. Il te fait beaucoup d’honneur en te formant. Mais demande-toi, mon enfant, si tout ce qu’il t’a enseigné ne se résume pas finalement à écouter ton cœur. » - Tehanu, Ursula K Le Guin

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Foradan a écrit :Ceux qui viendront à l'elbakin party auront un extrait de mes réflexions sur "à quelle vitesse se déplace un personnage à cheval, en fonction du cheval et de la longueur de sa barbe". :)
Voilà ce que j'appelle un teaser classieux ! :respect:

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Hum? J'ai relevé toutes les allusions à Terry Goodkind mais n'ai rien lu me faisant penser à G.R.R. Martin. Une telle association, si elle est faite, doit générer en moi une sorte de blocage préventif.

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Ecrivez coffee, coffee. Ecrivez tables, tables. Si vous appelez un cheval un bong-bong, vaudrait mieux que ce soit parce que ce p..... de truc n’est pas un cheval : il a un cou de girafe, six pénis et des tympans lance-flammes. Ça, vous pouvez l’appeler comme vous voulez, même bong-bong.
Je cite ça pour illustrer un avis sur "pourquoi les jours de la semaine dans ce pays imaginaire sont lundi, mardi...?"Parce c'est une semaine de 7 jours et que si on veut connaître les différents calendriers, ils sont en appendices^^La référence à Martin, c'est pour le point 8 ? Ser Pounce et les adorables direwolves ?

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Il clash un peu pour (se) faire plaisir. :)Si on veut éviter les clichés qu'il dénonce, c'est assez facile en fait.Franchement, on peut être agacé par certains schémas de la fantasy mais l'avantage de la fantasy c'est qu'on peut trouver chaussure à son pied. Suffit de chercher.Y a toujours des trucs qu'on aime pas dans les livres qu'on aime. Un peu comme les gens :lol:Et puis les clichés c'est un cycle de schémas surexploités pour une culture donnée. Là, il critique le fantasme de la noblesse et de leur éducation. Mais c'est un peu la tendance inverse chez les américains depuis des lustres. Les nobles sont des sales dépravés et seule l'assassin de la rue/barabare de la forêt vont sauver la nation. :lol:

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Les prophéties... pour un auteur, s'en passer, ce serait comme pour un vigneron présenter un vin en bouteille plastique à un concours d'œnologie. :(Bon, à chaque fois que j'en rencontre, c'est traité de façon intelligente. Oui, ça doit exister, mais jamais rien lu qui ressemble à un code-barres qui passe devant une caisse...

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K. a écrit :Hum? J'ai relevé toutes les allusions à Terry Goodkind mais n'ai rien lu me faisant penser à G.R.R. Martin. Une telle association, si elle est faite, doit générer en moi une sorte de blocage préventif.
C'est dans cette phrase là :
Il y a au moins deux principaux auteurs de grosse fantasy que je pourrais nommer (bien, l’un est indéniablement important et l’autre dont le spectacle du prochain grand truc est une sorte d’enterrement dans le cimetière de sa propre horreur.)

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Kik a écrit :Les prophéties... pour un auteur, s'en passer, ce serait comme pour un vigneron présenter un vin en bouteille plastique à un concours d'œnologie. :(Bon, à chaque fois que j'en rencontre, c'est traité de façon intelligente. Oui, ça doit exister, mais jamais rien lu qui ressemble à un code-barres qui passe devant une caisse...
Venant de finir le dernier tome du cycle l'ange de la nuit de Brent Weeks, je m'y retrouve tout à fait dans les propos de Lynch ... Page X, Le prophète (Dorian) fait une prophétie, page Y, on a une difficulté et on invoque la prophétie de la page X pour surmonter l'obstacle. C'est une façon de faire qui n'est pas à mon goût, une solution de facilité pour faire avancer l'intrigue. Mais heureusement, les prophètes & prophéties ne sont pas toujours utilisés de la sorte et peuvent être bien mieux exploités :)

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En ce qui me concerne, j'avoue que je ressens depuis un petit moment un sentiment assez étrange : d'une part, j'en viens à souhaiter, voire à regretter les clichés de la bonne vieille fantasy old school des années 90, au point de lire maintenant certaines oeuvres que je n'avais pas découvertes à l'époque, ou de soupirer d'aise lorsque je tombe sur une oeuvre contemporaine qui réutilise tout ou partie de ces codes...Et de l'autre, je me sens parfois dépassé par le besoin absolu d'originalité pour l'originalité, que je ressens parfois comme un besoin de se démarquer par principe qui fait parfois passer l'auteur lui-même à côté du plaisir simple de nous offrir une belle histoire. A moins que ce soient tout simplement les mentalités elles-mêmes qui aient changé, et que je n'aie pas suivi le mouvement (c'est très possible!).J'ai découvert récemment la Moïra de Loevenbruck ou la trilogie des elfes de Fetjaine, et j'ai pris (et prends) un plaisir coupable à les lire malgré leurs défauts et leur classicisme. Idem pour "le livre des mots" de J.V.Jones ou "l'arcane des épées" de Tad Williams, qui sont de beaux gros condensés de clichés quand on y pense.A contrario, des oeuvres plus "modernes" ou "originales", reconnues par un large public, ne me procurent pas le même plaisir, quand le titre et le pitch de l'intrigue ne suffisent pas à me rebuter (et, autant le dire, Scott Lynch fait partie de cette dernière catégorie).Au passage, je suis intimement convaincu que chaque époque a ses clichés, et que certains auteurs "dans le vent" actuellement ne font en réalité que s'inscire dans les clichés de leur époque sans le savoir. Sachant que, selon moi, les clichés actuels sont justement l'amoralité, le réalisme dur et adulte, les intrigues politiques tordues, le sexe et les anti-héros "qui ont compris comment fonctionne la vie".Bref, un peu le contraire des cycles de fantasy initiatiques des années 90 : exit le marmiton orphelin idéaliste fils caché du roi local sur la tête duquel pèse une prophétie, qui va sauver le monde (et la princesse aventureuse brisant les conventions sociales qui l'étouffent) grâce aux conseils de son vieux sage de mentor... Et bonjour le paria salaud, pragmatique et désenchanté, en général voleur, assassin, mercenaire ou noble dépravé et/ou mouton noir de sa lignée qui survit dans un monde corrompu et amoral parce qu'il est moins naïf que les autres...Je pense que cette "mode" est en lien avec l'époque que nous vivons, tout simplement.Edit : tiens, du coup, je me reconnais totalement dans les propos de Sam Sykes, cités précédemment! :D

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Certains points (le 2, le 4 ou le 8) pour moi ne sont pas vraiment ce que j'appellerais des clichés, mais plutôt une forme de paresse de l'auteur pour faire une intrigue qui tient vraiment la route, quelque chose qui va casser la suspension d'incrédulité et me faire sortir de l'histoire en me disant "mais pourquoi le méchant ne profite pas de la situation pour accomplir ses sombres desseins ?" ou "mais bien sûr que ça tombe bien !".Pour moi, un cliché c'est plutôt un stéréotype de personnage (le-vieux-mentor-qui-apprend-tout-au-héros-et-meurs-avant-la-fin, l'orphelin-élu-de-la-prophétie, la-princesse-rebelle-qui-tombera-amoureuse-du-héros-forcément) ou un thème usé jusqu'à la corde, sans que ce soit nécessairement synonyme de paresse intellectuelle : un cliché peut être bien exploité, ou détourné pour en faire quelque chose de neuf (cela dit, est-ce encore un cliché alors ?).Personnellement, que l'on retrouve certains thèmes de façon récurrente ne me dérange pas forcément. Par contre, depuis quelques temps j'attends d'une histoire qu'elle m'invite à réfléchir, qu'un livre (ou une BD, ou un film, peut importe le support) ne reprenne pas systématiquement certains schémas de notre société comme s'ils allaient de soi, ou m'assène à grand coup de massue "voilà les gentils" et "voilà les méchants". Pour rebondir sur le message d'Aion, la version censée être moderne "tout est uniformément grisâtre, l'important est d'être plus cynique intelligent que les autres et d'en tirer profit" ne vaut pas mieux à mon avis : le cynisme tout seul ne conduit pas à la réflexion.
Aion a écrit :Bref, un peu le contraire des cycles de fantasy initiatiques des années 90 : exit le marmiton orphelin idéaliste fils caché du roi local sur la tête duquel pèse une prophétie, qui va sauver le monde (et la princesse aventureuse brisant les conventions sociales qui l'étouffent) grâce aux conseils de son vieux sage de mentor... Et bonjour le paria salaud, pragmatique et désenchanté, en général voleur, assassin, mercenaire ou noble dépravé et/ou mouton noir de sa lignée qui survit dans un monde corrompu et amoral parce qu'il est moins naïf que les autres...
Le fameux assassin à capuche ! Au fait, je me demande quel serait l'équivalent féminin d'un tel personnage, qui remplacerait donc la "princesse aventureuse brisant les conventions sociales qui l'étouffent" des années 90 ?

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Le fameux assassin à capuche !
Pas forcément! :D Parfois, il n'a pas de capuche, parfois c'est une femme, parfois c'est plus un bandit ou un mercenaire qu'un assassin, et parfois c'est un nain noble paria ou une reine arriviste et incestueuse qui se prend pour un génie alors qu'elle n'est qu'une pourrie gâtée qui mérite des claques.Sinon, pour l'équivalent féminin, je ne sais pas trop. Si c'est le personnage central du livre, je pense que certaines oeuvres existent, mais comme je ne les ai pas lues, je ne peux pas me prononcer. Quant à l'équivalent de la future conquête du héros (ou vice-versa), je ne sais pas si le concept peut exister dans des univers dans lesquels, comme tu dis, tout est gris et c'est du chacun pour soi. Puisque l'amour est une valeur positive qui se vit à deux.
Pour moi, un cliché c'est plutôt un stéréotype de personnage (le-vieux-mentor-qui-apprend-tout-au-héros-et-meurs-avant-la-fin, l'orphelin-élu-de-la-prophétie, la-princesse-rebelle-qui-tombera-amoureuse-du-héros-forcément) ou un thème usé jusqu'à la corde, sans que ce soit nécessairement synonyme de paresse intellectuelle : un cliché peut être bien exploité, ou détourné pour en faire quelque chose de neuf (cela dit, est-ce encore un cliché alors ?).
Entièrement d'accord! J'ajoute que l'utilisation d'un cliché n'est pas forcément synonyme d'ennui pour le lecteur, bien au contraire. C'est parfois même une source de plaisir (tout comme pour l'auteur, d'ailleurs).Pour moi, le vrai drame serait de devenir blasé, au point de ne plus trouver chaussure à son pied, et de ne plus prendre plaisir à la lecture ou à l'écriture.