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Ne sachant trop où placer ce sujet (ce n'est pas vraiment de la SF malgré le classement des quatre premiers ouvrages d'Antoine Volodine), je le laisse cependant ici.J'ai déjà lu quelques livres de Volodine : son premier roman, Biographie comparée de Jorian Murgrave, mais aussi Des Anges Mineurs, et presque tous les livres de Bassmann (Avec les moines-soldats, Haïkus de Prison et Les Aigles puent, mais pas encore Danse avec Nathan Golshem). Je devrais bientôt m'attaquer à Macau de Volodine et à Ecrivains.Je vous laisse avec les diverses critiques des ouvrages que j'ai lu, qui vous en apprendront bien plus sur le sujet du post-exotisme
Critique de Biographie Comparée de Jorian Murgrave :"L'arrestation de Jorian Murgrave a été accueillie par les peuples du monde avec un sentiment de soulagement auquel votre journal a fait largement écho. C'est pourquoi rein n'explique l'ignorance dans laquelle vous maintenez votre public depuis cette date. Vos colonnes restent à peu près vides sur tout ce qui concerne l'incarcération du murgrave et le résultat des interrogatoires auxquels il aura sans doute été soumis."Sur Terre, un nom occupe tous les esprits : Jorian Murgrave. Originaire de Szeczka, une planète détruite par la guerre, cet extra-terrestre a de quoi effrayer : dix-huit pattes, un unique œil et des pinces capables de décapiter à tout va, il ne semble pas très amical. D'autant plus qu'on le prétend coupable de crimes rituels atroces sur ses biographes, des hommes fascinés par le non-terrestre et qui se sont mis en tête de regrouper tous les documents que le xénomorphe a semés dans son périple. Malgré l'engagement de brigades spéciales pour le traquer puis son emprisonnement dans la forteresse de Kostychev où on le soumet aux plus atroces supplices, rien ne parvient à anéantir Murgrave. Seule l'intervention des biologues pour s'introduire dans ses rêves effrite ce sentiment d'invincibilité. Mais en fait, qui est Jorian Murgrave ?En 1985, un auteur mystérieux fait son apparition dans la collection Présence du futur de Denoël. Connu sous le pseudonyme d'Antoine Volodine, cet écrivain français a essuyé de nombreux refus avant d'atterrir dans le milieu de la science-fiction. Il faut dire que pour l'époque, Volodine a de quoi surprendre. Avec Biographie comparée de Jorian Murgrave, il présente un livre inclassable et qui flirte avec l'expérimental. Résigné à le classer en SF, l'auteur publiera par la suite trois autres romans dans la même collection dont le lauréat du Grand Prix de l'imaginaire 1987 avec Rituel du mépris. Bien plus tard, en 2003, Antoine Volodine a imposé son style et son propre genre - le fameux post-exotisme - avec des ouvrages aussi marquants que Des Anges Mineurs ou Dondog. C'est cette année-là que choisit Denoël pour ressortir l'intégrale des quatre volumes parus chez la défunte collection Présence du Futur. Sobrement intitulé Volodine, il regroupe Un navire de nulle part, Rituel du mépris, Des enfers fabuleux et Biographie comparée de Jorian Murgrave. Commençons donc par ce dernier.L'intégrale de la collection Des Heures Durant pose un petit problème au lecteur néophyte d'Antoine Volodine, celui de ne pas présenter les quatrièmes de couverture originales... Anecdotique me direz-vous ? Pas si sûr. Biographie comparée de Jorian Murgrave est un roman qui épouse totalement le concept d'étrangeté. Un véritable OLNI. Le lecteur attentif et persévérant pourra tirer de ces quelques 224 pages la substantifique moelle de l'intrigue. Les autres auront tôt fait de chercher la quatrième de couverture de Présence du futur. Il faut l'avouer, comme premier roman, Antoine Volodine accouche d'une œuvre dure à aborder et surtout labyrinthique. Contrairement à ce que laisse supposer le titre, il ne s'agit pas d'un livre à la trame linéaire. Il se compose d'abord de minces chapitres rassemblant des lettres, des avertissements, des préfaces et un tas de petits documents venant entourer les gros morceaux que sont les chapitres gravitant autour de Murgrave lui-même. Dans ceux-ci, l'extraterrestre n'apparait jamais directement, il change de nom et souvent de forme. Ces histoires laissées en arrière par celui que l'on prétend être un monstre se révèlent obscures, parfois même opaques. La volonté d'Antoine Volodine s'appréhende du point de vue du conteur. Tous ces récits ressemblent à des contes, des fables mettant en scène Jorian Murgrave sans jamais le nommer et retraçant de façon toute symbolique sa vie et ses pensées. On apprend de son enfance sur Szeczka dans une école qui tient plus de la prison et de l'abattoir que de l'établissement scolaire, ou encore de ses idées politiques dans un récit surréaliste et oppressant. Seul le chapitre sur Kostychev fait exception en se livrant à un autre exercice, celui de l'intrication du rêve et de la réalité. Non content de le torturer continuellement, les hommes pourchassent Murgrave dans ses rêves pour le faire plier. Ainsi, on se retrouve mêlé à ce jeu atroce qui se livre dans la tête de l'extra-terrestre et qui brouille ses souvenirs et ses pensées. Comme vous vous en doutez, le résultat est pour le moins surprenant. Volodine n'a pas encore la maîtrise qu'il affiche aujourd'hui et se prend parfois à son propre piège de l'obscurantisme. Pourtant, la plupart du temps, il réussit son pari et impressionne. On recoupe de ce fait nombre d'éléments qui permettent de se faire une idée plus précise sur le supplicié. On ébauche dès lors, comme les brigades terriennes et les biographes cherchant à percer les secrets du Murgrave, un profil et une histoire.Outre la forme de l'ouvrage, c'est le ton adopté par Volodine qui surprend. Dès son premier roman, le français met en place la majorité de ses obsessions que l'on retrouvera dans ses œuvres ultérieures. La première de celles-ci porte sur la souffrance. Comme beaucoup de personnages qu'Antoine Volodine inventera, Jorian Murgrave subit la torture des humains qui prennent un plaisir malsain à le détruire physiquement. L'insupportable séquence dans Kostychev rappelle les pires atrocités commises par l'homme. Cet ersatz de prison politique fusionne l'horreur moderne de la torture méthodique avec celle moyenâgeuse du cadre de la forteresse. Le résultat glace le sang. Mais cette souffrance se retrouve aussi avec l'enfance fantasmée de l'extra-terrestre sur sa planète en guerre, dont le récit ressemble à un conte pour enfant passé dans un jet d'acide et de sang. Rien n'est drôle chez Volodine. Autre obsession, celle de positionner son intrigue dans un monde du style URSS ou post-soviétique saupoudré d'un soupçon d'Asie. Le principal journal s'intitule Vsemirnaïa Pravda, les noms des protagonistes et des lieux ont une consonance toute asiatique, Kostychev renvoie au goulag... Bref, pas d'Amérique ou d'Europe là-dedans. Comme il se plaira à le faire par la suite, l'écrivain installe son récit dans un univers post-apocalyptique profondément noir et désespérant. Les humains vus par Jorian Murgrave apparaissent loqueteux et plus proches de l'insecte ou du déchet. Les villes aperçues reflètent la guerre continuelle avec ses relents de misère et de radioactivité. L'humanité est piégée dans sa propre agonie par sa propre faute. L'ironie du roman tient dans cette constatation que Murgave fuit sa planète détruite par la guerre pour tomber sur un monde tout aussi ravagé appelé Terre. De ce fait, il est pourchassé et torturé simplement pour être un extra-terrestre et les hommes focalisent leurs peurs sur lui. On ne sait jamais clairement si l'extra-terrestre est bon ou mauvais mais ce qui est sûr, c'est que les Terriens sont des monstres. Dernière idée importante de Biographie comparée de Jorian Murgrave, la politique et la révolution. Antoine Volodine foudroie ces concepts notamment au cours d'un récit surréaliste d'une prise d'hôtel de ville vide par une unique personne. Non seulement la révolution ne mène nulle part mais en plus elle n'a aucun sens. La lutte ne mène qu'à un endroit, la mort ou une condition pire encore. Dès lors, plus d'espoir.Jorian Murgave n'a plus à espérer. Cependant, aussi monstrueux d'apparence qu'il soit, Antoine Volodine le rend plus humain que les hommes croisés dans le récit. L'auteur semble tirer de la souffrance de la créature une sorte d'espoir indéfinissable, celle d'un être qui s'échappe de son corps par le rêve. On retrouvera cette notion dans de multiples romans de l'écrivain, on pense notamment au héros Des Anges Mineurs et ses narrats. Le rêve, ultime échappatoire, sera aussi le lieu de mise à mort de l'extra-terrestre. Puisque l'homme détruit tout, sa planète, sa civilisation, son humanité, pourquoi ne pas en finir en détruisant aussi le rêve, la dernière liberté ? On se doute dès lors que cette noirceur extrême, cette vision au vitriol de l'homme et la déroutante forme du récit ne pouvaient qu'effrayer nombre d'éditeurs de l'époque. Un peu comme un certain K.W. Jeter avec son Dr Adder. Pourtant, et malgré ses défauts de jeunesse, son manque de clarté et sa densité simplement trop importante, Biographie comparée de Jorian Murgrave marque le lecteur. Et il ne sera que le premier roman d'un auteur devenu aujourd'hui incontournable."Il décrivait les mythes des anciens Terriens, les histoires merveilleuses des hommes qui apprenaient à dépasser les limites de leur petitesse, à faire reculer les atteintes de la peur et du désespoir. Je me rappelle son front inspiré, son sourire à la bienveillance étudiée, l'élégance de ses gestes. Et aussi quelques-uns des récits qu'il évoquait. Aujourd'hui les légendes revivent à leur manière : aujourd'hui les hommes sont habillés de lambeaux graisseux; ils terrassent de très, très petits dragons avec des morceaux de planches."Inclassable récit au propos aussi noir que la suie, Biographie comparée de Jorian Murgrave surpasse ses défauts par une originalité de forme et de ton sidérante. En 1985, Antoine Volodine publiait son premier roman et aujourd'hui encore celui-ci reste une œuvre à explorer, à arpenter, à sonder. Même si l'on n'en ressort pas indemne...
Critique des Anges Mineurs :"Une petite partie des cadavres avait commencé à s'animer avec maladresse sur le plancher. Peut-être les organismes réagissaient-ils à la lumière, aux odeurs de silex broyé, ou aux sonorités qu'avaient émises nos bouches. Ces bêtes qui bougeaient ne me disaient rien qui vaille."Le monde a changé. Les villes tombent en ruines, la mer ressemble à du mazout et les restes de l'humanité se meurent. Afin de secouer les hommes, d'étranges vieilles immortelles créent de toutes pièces Will Scheidmann, leur héraut. Pourtant, il va bien vite les décevoir. En rétablissant le capitalisme, il se pose à l'encontre de tous les enseignements de ses "grands-mères". Jugé et condamné à mort, Scheidmann est attaché à un poteau en attendant sa dernière heure. Pendant son supplice, il se met à divaguer en créant quarante-neuf narrats, de courts textes qui racontent le monde comme jamais. Et la fin des hommes peut enfin advenir...Connu sous de multiples pseudonymes, Antoine Volodine a d'abord commencé dans la collection Présence du Futur de Denoël avec des titres comme Biographie comparée de Jorian Murgrave ou encore Rituel du mépris. Suite au succès de ces romans atypiques et à son passage chez Gallimard, l'auteur parvient à publier ses livres chez l'éditeur Seuil. Des Anges Mineurs fut le premier ouvrage à intégrer la collection mais aussi le premier à décrocher le Prix du Livre Inter en 2000. Roman singulier dans sa forme, il constitue pourtant une somme remarquable des obsessions de l'écrivain.La principale originalité Des Anges Mineurs concerne évidemment le choix du narrat. Ce terme inventé par Antoine Volodine désigne des textes de quelques pages à peine. Mis bout à bout, ils forment un ensemble d'instants surréalistes qui composent au final un tableau impressionniste du monde dans lequel évolue Will Scheidmann. Avec un choix aussi radical et original, Des Anges Mineurs ne peut que diviser entre ceux qui seront violemment repoussés par ce procédé et ceux qui l'adopteront immédiatement. Forcément hermétique, le choix du narrat permet cependant à Volodine de parcourir le monde du post-exotisme dans différentes directions, en nous présentant une multitude de personnages (au moins un par narrat) pour faire vivre son univers et plonger dans sa noirceur. Si l'on ne trouve pas que des hommes dans ces protagonistes - des animaux prennent aussi la parole -, ils ont tous en commun de se confondre avec Will Scheidman qui semble les inventer au fur et à mesure de son agonie. On obtient ainsi un chœur qui restitue toute la poésie macabre d'Antoine Volodine.Des Anges Mineurs se conçoit comme l'archétype du roman volodinien. D'abord, par son refus de guider le spectateur dans le temps et l'espace. Tout au plus aurons-nous quelques bribes de repères, tantôt dans une ville à l'abandon, tantôt en évoquant l'âge de Scheidmann. Ensuite, par son cadre : nous sommes dans l'univers post-exotique avec ses camps et ses prisons, où tout, des personnages aux lieux, a une consonance russo-asiatique. Enfin et surtout, par les thèmes qui occupent le devant de la scène. De façon encore plus criante qu'auparavant, Volodine s'attaque au capitalisme pour en faire l'ennemi direct de l'humanité, cause des maux de l'homme. Pourtant, le système n'est plus. Il semblerait qu'une révolution quelconque ait entraîné sa chute. Cependant, point de salut. La compétition financière et l'exploitation de l'homme ont été remplacées par l'oisiveté et l'immobilisme, les hommes, recevant l'argent nécessaire pour vivre ou presque, s'enfoncent dans le néant de l'inactivité. Comme dans nombre des romans du français, la révolution n'a fait que changer un paradigme insupportable pour un nouveau. Il semblerait que le communisme soit condamné à échouer également. Pour faire bouger les choses, le héros vient remettre sur pied une société capitaliste mais sans succès. La seule conséquence en sera son arrestation par ses génitrices. Celles-ci ajoutent une touche clairement fantastique, chamanique pour tout dire, dans le récit. Immortelles pour une raison obscure, elles s'érigent en ultimes protectrices de la société. Mais les vieilles dépérissent et ne parviennent plus à sortir de leur sénilité. Comme le monde qui les a vues naître, elles s'acheminent inéluctablement vers la fin.Ce qui marque avant tout autre chose, c'est cette subtile alchimie dans le style de Volodine pour mélanger l'horreur la plus absolue et une poésie totalement inattendue. Dans ces pages, on retrouve une galerie de personnages perdus mais attachants, désespérément humains. Certains attendent un être cher, d'autres simplement qu'on les délivre de leur solitude. C'est celle-ci qui constitue le point le plus important Des Anges Mineurs. Tous semblent seuls et abandonnés. Car l'homme, en fin de compte, y est condamné comme Scheidmann sur son lieu d'exécution et qui s'invente des ailleurs pour y échapper. Inlassablement, il rêve sa vie. On ne pourra manquer de penser à Jorian Murgrave dans Biographie comparée de Jorian Murgrave ou encore au narrateur de Les aigles puent. Dans l'univers d'Antoine Volodine, l'homme souffre et pour l'exprimer, combattre, il s'échappe par les histoires ou par les rêves. Une sorte d'ultime espoir au cœur du désespoir. Ainsi, privé des narrats étranges de Scheidmann, le monde se meurt définitivement."D'après mes calculs, j'ai existé dans le noir pendant vingt milliards d'années, j'ai quarante-huit ans, et j'ai eu, en tout et pour tout, un seul ami, ce Wulf Ogoïne. J'ignore si je retrouverai un jour cette inexistence noire d'autrefois, ou si on me fourrera de force dans autre chose, et j'ignore si, dans cet autre chose, je pourrai de nouveau être avec mon ami Wulf Ogoïne."Roman à la forme singulière, Des Anges Mineurs apparait également comme un condensé des thèmes chers à Antoine Volodine. Profondément noire et pourtant poétique, d'une perspicacité acérée au sujet de l'homme et de la politique, l'œuvre du français, aussi hermétique soit-elle, détonne largement dans la production littéraire actuelle. Rien que pour cela, il faut tenter l'expérience du post-exotisme. Du moins avant que le monde ne touche à sa fin...
Critique d'Avec les Moines-Soldats (sous le pseudonyme de Lutz Bassman) Premier livre de l'auteur fictif Lutz Bassmann, Avec les moines-soldats est sorti en même temps que Haïkus de Prison. Bassmann fait parti de l'entreprise d'Antoine Volodine (pseudonyme d'un auteur français) de décrire un monde et de fonder un genre à part entière (le post-exotisme) par la voix d'auteurs imaginaires dont il assume le rôle (on compte, Manuela Draeger, Elli Kronauer et donc Lutz Bassman comme écrivains post-éxotiques, tous présentés dans le livre Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze).Outre l'originalité et l'ambition impresionnante du projet en soit, Volodine s'avère un écrivain aussi prolofique (jetez un coup d'oeil à la bibliographie du monsieur !) que talentueux.Par Bassman, on rentre dans un monde étrange, et désespéré. On suit au travers de 7 textes des moines-soldats, membres d'une mystérieuse Organisation, et qui tente de faire survivre une humanité agonisante par des actions obscures.On retrouve dans le roman toutes les obsessions de l'univers Volodinien avec un univers post-soviétique, des individus asiatiques ou slaves et surtout une humanité à l'agonie. Chaque nouvelle dresse un portrait lugubre du monde, le lecteur n'est jamais guidé, ni dans le temps, ni dans l'espace, il est largué en plein milieu d'un monde où les épaves de navires bordent les mers, où les crabes se débattent dans le mazout, où la révolte prolétarienne a défait le capitalisme avant de sombrer à son tour dans le totalitarisme. Echec des révolutions, monde en déliquescence, souffrance, camps de concentration et autres horreurs se côtoient au fur et à mesure que l'on avance dans ce récit parfois abscons mais pétris d'une poésie noire indescriptible. Bassman présente des personnages désertés par leur humanité, formatés et devenus instruments, des individus sans aucune empathie pour le lecteur. On se retrouve un discours impressionnant sur la vacuité de la lutte et de l'existence, du mensonge des messages de révolution et de lutte des classes ainsi qu'une interrogation constante sur le symbolisme (Monge qui recouvre les épaules d'une fillette qui s'avère être une araignée géante, ce crabe qui n'en finit pas d'agoniser dans le mazout, cette répétition de l'intervention de Brown).Toujours écrit d'une façon sidérante, comme si Bassmann/Volodine écrivait en fils spirituel d'un Céline soviétique, Avec les moines-soldats pose une autre pierre de la scène post-exotique, qui s'étoffe avec les Haïkus de Prison (une forme originale pour une relecture post-exotique de la divine comédie, juste génial) et Les Aigles Puent (un joyau de pur noirceur, qui laisse KO).A découvrir, mais attention, Bassmann n'est pas pour tout le monde !
Critique d'haïkus de Prison (sous le pseudonyme de Lutz Bassman) :"Le crépuscule est imminentles mouches sont posées sur le murceux qui ont une religion marmonnentDehors un projecteur est en pannece soir on ne verra pas passerles chauve-souris."Enfermés et oppressés, les personnages de ce monde n'ont même plus de noms. Ils sont l'Idiot, l'Anthropophage, le Bonze ou encore le Russe. Leur univers se compose de murs de béton et de barbelés, de privations et de violences. Successivement emprisonnés puis convoyés pour finir dans un camp de l'horreur, ces pauvres êtres nous apportent leurs voix par ces quelques haïkus, ces courts poèmes japonais formant pour l'occasion autant de moments choisis à propos d'existences brisées.Nous avions déjà plongé dans le monde noir et glauque de Lutz Bassmann à l'occasion de cette rentrée littéraire 2010 grâce à son roman Les aigles puent. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, Lutz Bassmann est un des multiples visages littéraires du post-exotisme et un pseudonyme du français Antoine Volodine (autre pseudonyme lui-même...). Dans ce genre à part du post-exotisme, on trouve des auteurs apportant à Volodine autant de voix que de forces (on citera Manuela Draeger ou Elli Kronauer). C'est ainsi qu'en 2009 sont parus - aux mêmes éditions Verdier - deux livres : le roman Avec les moines-soldats et le recueil poétique Haïkus de prison. Voyons voir tout d'abord ce que donne la poésie japonisante par le prisme de Bassmann...A l'instar des aigles puent, Haïkus de prison prend place dans un monde asphyxiant et où le mot "humanité" a l'air d'avoir définitivement perdu son sens."L'histoire" se divise en 3 grandes parties avec d'abord la vie quotidienne dans une prison, puis un interminable voyage par train pour terminer dans un camp d'internement. Bassmann s'inspirait déjà énormément de notre XXème siècle dans son dernier roman, mais avec Haïkus de prison, la filiation avec un certain régime fasciste et des camps de concentrations est flagrante. L'obsession de l'auteur apparait donc clairement : les horreurs du siècle dernier. Comme toujours, le lieu n'est jamais vraiment défini et le temps encore moins, si l'on excepte cette notion d'interminable dans le voyage ferroviaire. Le monde ainsi dressé en ressort terrorisant et cauchemardesque. Il rappelle bien vite les plus mauvais instants du régime nazi. Si certains prisonniers sont bel et bien des criminels - le Boucher ou les tueurs de vieilles -, d'autres se retrouvent là pour des divergences d'opinions politiques ou religieuses, ou simplement parce qu'ils sont idiots... Curieusement, cette déshumanisation par l'enfermement et la torture autant physique que mentale s'oppose à la volonté de Bassmann de nous les présenter comme des hommes, de simples hommes avec leurs peines, leur bêtise et leur espoir. Il ne suffit pas d'enlever le nom d'un homme pour en faire une bête, le narrateur le refuse et met leurs histoires sous forme d'haïkus. On retrouve au fil des poèmes d'autres petites choses comme une Organisation, sorte de chimère inventée et réinventée, cellule de résistance ou groupuscule terroriste, qui n'accomplit jamais rien. La révolution ne mène nulle part. On croise également un Secours Rouge forcément corrompu et détourné systématiquement. On retrouve beaucoup de choses qui nous renvoient à notre monde... comme quoi, la réalité n'est jamais loin des textes de Bassmann.La principale originalité de ces quelques quatre-vingt-sept pages, c'est la forme adoptée par Lutz Bassmann pour nous dépeindre cette histoire tragique. Les haïkus sont des poèmes de trois lignes et c'est leur enchaînement qui bâtit le récit. Le rythme s'en trouve haché et le tout forme une espèce de canevas, de collage d'innombrables petites saynètes ou pensées. L'incongruité de la chose réside notamment dans l'opposition entre un monde et un propos extrêmement noirs et une forme d'expression poétique et rythmée. Il faut dire que Bassmann profite de cette structure pour lancer des traits d'humour -forcément noir - ou pour capturer des moments comme une autre forme ne lui aurait pas permis. On rit ainsi facilement avant de repasser immédiatement dans les tréfonds de l'horreur. Le paradoxe créé n'en est que plus saisissant. A vrai dire, il faut vraiment que le lecteur essaye de lire quelques pages pour tester sa sensibilité à l'égard de ces haïkus, tant le résultat apparaît étrange. Ce qui est certain, c'est que le talent, lui, se montre constant."La porte s'ouvrependant un instant on a cruque les soldats n'étaient pas férocesPersonne ne fanfaronnepourtant on a réussià atteindre le bout du monde"Venant renforcer l'imaginaire de Bassmann en adoptant une forme pour le moins inattendue, Haïkus de prison n'en reste pas moins symptomatique de la vision sombre de l'auteur. Rongé par le spectre génocidaire et par le fascisme, Haïkus de prison prophétise plus qu'il ne poétise. Méfions-nous de laisser ces instants de poésie macabre bien à l'écart de notre réalité tout en se souvenant qu'une étincelle d'humanité peut se cacher même dans les endroits les plus noirs.
Critique de Les aigles puent (sous le pseudonyme de Lutz Bassman) :"Il s'était affaissé parmi les scories, et il conservait les yeux clos, même quand de nouveau il toussait et vomissait. La migraine lui avait enlevé toute envie de se relever et même de continuer à vivre. Il sentait contre son visage des débris tièdes, contre ses mains ou sous lui des morceaux d'on ne sait quoi, indéfinissables, souillés de matières collantes, des surfaces vaguement meubles, vaguement souples, des charbons. Tout était tiède."Du goudron. Une sorte de goudron. Une mélasse noirâtre qui recouvre tout. La ville se tenait ici, avec ses ghettos et ses camps de réfugiés, ses immeubles décrépis et ses abris en béton. Mais l'infâme glue l'a fait disparaître. Au milieu de l'apocalypse, Gordon Koum amuse les morts. Ces femmes et ces hommes, ces enfants et ces vieux qui ont brûlé ici. Ici Maryama Koum, sa femme. Ici a brûlé Sariyia, Ivo et Gurbal Koum, ses trois enfants. Tant d'autres également. La liste en serait bien trop longue. Alors Gordon Koum s'emploie à faire rire les cadavres qui se fondent dans cette boue du diable. Sa voix de ventriloque se donne au rouge-gorge mort en face de lui et à cette poupée qu'il appelle un golliwog. Seuls et ensemble à la fois, ils se racontent les existences des habitants de la défunte cité. Il faut briser le silence. Sinon, cela serait insupportable.Lutz Bassmann publie son troisième ouvrage chez les éditions Verdier. Après Avec les moines-soldats et Haïkus de prison, Les aigles puent reviennent dans ce ton si unique qu'affectionne l'écrivain letton. Ou français. Sous ce pseudonyme s'en cache un autre, celui du français Antoine Volodine. Ecrivain résolument à part, exceptionnel pour les uns, insupportables pour les autres, il a entrepris de bâtir un univers pour ses livres mais pas n'importe comment. D'abord par le post-exotisme, ce genre singulier qui ne tient pas dans les limites de la science-fiction et encore moins dans celle de la littérature générale. Pour le nourrir, il a inventé des auteurs post-exotiques. Lutz Bassmann compte parmi eux. On y retrouvera aussi Elli Kronauer et Manuela Draeger. Ainsi depuis Biographie comparée de Jorian Murgrave publié en 1985, l'auteur français construit son monde pierre par pierre. Pour tenter de l'approcher, commençons par la fin.Avec Les aigles puent, le lecteur entre dans un monde sans espoir ou presque. Il faut le dire tout de suite, ceux qui ne supportent pas la noirceur peuvent arrêter ici leur lecture. Le monde de Bassmann s'affirme comme totalement et profondément désespérant. D'abord parce qu'on y a aucun repère, ni spatial, ni temporel. On ne nous expose ni l'époque ni le lieu. Nous sommes dans une ville en ruines, cela devrait suffire. Dès les premières pages, on nous jette dans l'horreur, celle d'une apocalypse suffocante. Gordon Koum y sera notre guide. Assassin à la solde d'un énigmatique Parti, il revient sur le lieu de vie de sa famille. Si la mort l'a épargné et l'a fait survivre, il se jette à corps perdu dans les décombres qui s'étendent devant lui. Le ciel n'est plus, la ville non plus. Tout semble mort et lui-même le sera bientôt. Victimes d'un bombardement de cet ennemi infâme qui les extermine, les untermenschen ("les sous-hommes") n'existent plus. Leurs corps se sont mêlés dans cette boue qui recouvre tout. En agonisant, il contemple une poupée miraculeusement épargnée et l'agonie d'un rouge-gorge. La nature se meurt sous ses yeux. Le ton est donné. Le récit sera noir et sans concession. On assiste ensuite aux hommages de Gordon Koum. Un Gordon Koum qui sombre dans la folie et dans les abysses de la mort. Le lecteur l'accompagne dans ses derniers instants pour découvrir des bribes d'un monde atrocement meurtri.A travers des hommages et des histoires pour faire rire les morts, Lutz Bassmann dresse un portrait abominable d'un monde pas si inconnu. Celui-ci ne peut que rappeler notre monde, notre passé. Dresde, Manille, Caen, Varsovie, Hiroshima ou Nagasaki. Les révolutions prolétariennes. Le Parti communiste et l'URSS. Les ghettos, les pauvres ou encore ces innombrables sans-abris. Tout le noir et l'indicible du siècle passé et de ceux à venir se rassemblent dans Les aigles puent. Le lecteur est confronté à l'homme, à son extrême cruauté. Mais au milieu de tout cela, on y trouve des perles d'humanité. Des récits fous et véritablement surréalistes. On apprend à connaître Golkar Omonenko dont l'amour envers son fils l'a poussé aux plus folles actions. On pénètre l'angoisse de Benny Magadane à l'encontre de ces hommes qui le pourchassent inlassablement. On s'émerveille devant la persévérance folle d'un homme terriblement seul avec Gorguil Tchopal. Tout cela et tellement d'autres choses. Entre les lignes de cette suite de récits, de moments choisis, Lutz Bassmann dessine des portraits humains qui semblent nous jeter à la face leur misère et leurs espoirs. Ils murmurent au-delà de la mort. Il suffit qu'on se souvienne. Mais c'est loin d'être tout puisque par ces entrefaites, l'écrivain esquisse son monde par petites touches. On y découvre un Parti, un groupe appelé Avenir Radieux, des saints et une guerre. Des races et des animaux. Des hommes et de l'amour. On comprend rapidement que les révolutions servent bien peu l'homme en définitive et que leur échec s'avère inévitable, que le sexe et l'amour peuvent se flétrir et s'évanouir. Au moins dans ce monde là.Depuis le début de ses écrits, Volodine (Ou Bassmann mais peu importe) reconnaît les influences de Céline sur ses travaux. Dans Les aigles puent, celle-ci ne peut être remise en question. A l'instar de l'immense auteur de Voyage au bout de la nuit, Bassmann use des mots pour faire passer le dégoût. Son récit suinte avec un style vraiment unique. Principale particularité, les nombreuses reprises et échos du texte. Une première version d'une phrase est reprise plusieurs fois et enrichit d'autres passages au fur et à mesure. Ainsi, le propos change du tout au tout, pour le pire. Comme une façon d'avouer l'inavouable. De se résoudre à vomir ce tissu d'immondices qui nous détruit de l'intérieur. Autrement, le style devient poétique, une poésie macabre qui réussit à toucher, à émouvoir ou à répugner. C'est indéniable, Bassmann fait partie des écrivains au style bien trempé."Ici Maryama Koum a brûlé.Ici Maryama Koum a brûlé avec ses trois enfantsIci Maryama Koum a brûlé avec ses trois enfants, Sariyia Koum, quatorze ans, Ivo Koum et Gurbal Koum.Ici Maryama Koum, fière et intraitable, a brûlé pendant des heures avec ses heures avec ses trois enfants, Sariyia Koum, quatorze ans, Ivo Koum, quatorze ans également, et Gurbal Koum, leur aîné."Récit désespéré et mené de main de maître, Les aigles puent fait partie de cette classe de romans aussi inclassables que géniaux. C'est un peu la rencontre entre le monde âpre de La route de Cormac McCarthy et le très soviétique Yama Loka Terminus de Léo Henry et Jacques Mucchielli. Le tout servi par une plume impeccable et implacable qui cerne les hommes, leurs peines, leur folie, leurs espoirs mais aussi et simplement leur humanité. Un cri de désespoir dans un monde absurde.D'autres ici ont-ils déjà essayé le post-exotisme ?

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Je n'ai pas essayé le post-exotisme mais ta description ainsi que ce que j'ai pu en lire sur wikipedia me donne envie de me pencher dessus.
Antoine Volodine parle du post-exotisme comme d’une pratique littéraire et comme d’une totalité concrète, faite de voix et de textes dont l’origine est une communauté d’écrivains emprisonnés. Il explique qu’en dépit de sa terminaison en –isme, le post-exotisme est un ensemble romanesque et non un mouvement littéraire ayant clairement ou non des ambitions d’avant-garde. Il répète qu’il faut voir dans le post-exotisme « un objet poétique marginal et rien d’autre ».
Source WikipediaAlors il ne s'agirait pas vraiment d'un genre, même si après tout d'autres écrivains (réels) peuvent s'y mettre, et je rangerai bien Bilal dans cette "catégorie".Mais une question : Tous les livres d'Antoine Volodine sont-ils bien identifiables en librairie ou faut-il chercher à chaque fois le roman de l'auteur fictif Manuela Draeger, Elli Kronauer ou Lutz Bassmann ?

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J'ai lu le "rituel du mépris" qui était vraiment pas mal. Dans " les enfers fabuleux", Volodine, un peu grisé poussait le jeu un peu trop loin et je n'y ai pas compris grand chose. Par contre " des Anges Mineurs" était très bien. Quant à Dondog, c'était assez décapant aussi.

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Antoine Volodine publie ses livres sous son pseudonyme propre ou sous le pseudo de Bassmann/Kronauer/Draeger, comme si ces trois derniers existaient vraiment. Donc tu dois aller les chercher comme n'importe quel auteur existant.Maria Soudaïeva est également un pseudonyme de Volodine, il est même marquer comme traducteur du livre.

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Hello !Je suis fan inconditionnel de Volodine que je lis depuis maintenant 13 ans. Je crois avoir lu à peu près tout ce qu'il a publié sous le nom de Volodine, comme sous ses divers pseudos (pas loin de 30 bouquins, si je ne m'abuse).J'ai même eu la chance de le rencontrer lors d'une dédicace à Orléans, il y a quelques années. Il sort très peu. C'est un véritable ours et l'occasion est rare... Je me souviens avoir fait le voyage exprès.Goûter Volodine c'est s'y plonger corps et âme pour peu que son univers post-exotique vous parle.Je reste à votre écoute si vous souhaitez que nous en parlions mais en tout cas, ne passez pas à côté !

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Hum difficile à dire.J'ai commencé sans ordre précis avec Les Aigles Puent.Des Anges Mineurs semblent être aussi une bonne porte d'entrée.Au contraire Biographie Comparée de Jorian Murgrave c'est un peu abrupt.C'est difficile comme question, je pense qu'il faut aller par le pitch de départ qui t'attires le plus (moi c'était les Aigles Puents, Y'a aussi Ecrivains qui a une excellente réputation)

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Hum euh... d'après mes souvenirs c'est un peu entre les deux. Je sais pas d'ailleurs si on peut qualifier Volodine de simple dans aucun de ses livres. L'univers est tellement extrême qu'il faut adhérer je pense.Mais si t'aime les trucs totalement pessimiste et ultra-noir, tu trouveras pas plus noir ailleurs (et j'ai lu du Di Rollo pourtant ^^)

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J'ai replongé un peu du côté de Volodine en commençant Ecrivains, qui a une réputation flatteuse.En fait c'est une sorte de recueil de nouvelles avec 7 textes, chacun centré sur un écrivain post-exotique. J'en suis au quatrième et c'est fabuleux. Je suis resté assez bouche bée devant le second, celui de Linda Woo, splendide. On retrouve un univers si particulier, ultra-glauque, sans aucune once d'espoir, et avec des fulgurances morbides étonnantes. Je viens de quitter la troisième nouvelle dans un asile psychiatrique et Volodine est un grand malade, le dialogue entre les deux fous tortionnaires, c'est dingue.Au passage, Duarcan, tu me demandais des livres accessibles sur l'univers de Volodine et jusqu'ici (et je peux me tromper par la suite), Ecrivains me semble le plus accessible sans rien perdre en qualité, notamment d'écriture.Depuis le temps, certaines personnes ont tenté l'expérience post-exotique de Volodine ici ?

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Les deux critiques vont venir, mais j'ai donc bouclé Ecrivains et Le Post-exotisme en dix leçons : leçon onze.Je confirme que le premier est - dans ce que j'ai lu jusqu'ici - la meilleure porte d'entrée sur l'univers de l'auteur, et c'est, en plus, un excellent livre.Le second, par contre, c'est l'exact opposé, c'est hyper-hermétique, c'est un vrai Manifeste de mouvement littéraire (Volodine va à fond dans sa logique, c'est incroyable). C'est parfois chiant, parfois longuet, même si dans le concept c'est super-couillu. C'est typiquement le volume à réserver aux fans de Volodine et de son post-exotisme, j'ai trouvé ça fascinant dans un sens, mais franchement difficile en même temps.

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Au passage, énorme roman de Volodine lui-même avec Terminus Radieux pour Août.Taïga sombre et immense, steppes infinies… La scène se passe d’abord après l’irradiation complète de la Sibérie et l’écroulement de la Deuxième Union soviétique, puis des siècles plus tard. La région, dévastée par des accidents nucléaires, est à jamais inhabitable. Entourés de paysages grandioses, des soldats fantômes, des morts vivants et d’inquiétantes princesses s’obstinent à poursuivre le rêve soviétique. Désormais le centre du monde a un nom, Terminus radieux, un kolkhoze dont la pile atomique s’est enfoncée sous terre. Solovieï, le président du village, met ses pouvoirs surnaturels au service de son rêve de toute-puissance : vie et mort, amour éternel, renaissance. Assisté par l’immortelle Mémé Oudgoul, il règne en maître sur le destin des hommes et des femmes qui ont atterri là. Non loin du kolkhoze passe une voie ferrée où circule un unique convoi, toujours le même. Prisonniers et militaires cherchent en vain le camp où leur errance prendra fin. Mais, là encore, Solovieï ordonne l’histoire. Il leur faudra attendre des milliers d’années pour que s’éteigne sa présence dans leur cauchemar.624 pages de bonheur en perspective !

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Eh bien je puis dire maintenant du post exotisme de Volodine que l'ai profondément détesté :sur le fond - le post soviétisme déprimant -, et sur la forme - originale mais terriblement ... chiante.Oui Volodine s'interdit de guider le lecteur dans l'espace et dans le temps, et il faut suerpour réussir à avoir de l'empathie pour ses personnages.Bardo et Des anges mineurs sont bien trop éloignés de mes envies en littérature maisje reconnais que j'ai touché du doigt un Auteur, qui développe son oeuvre - unique -et que le monde se sépare en deux : ceux qui détestent et ceux qui adorent.C'est de toute façon une expérience à tenter : si vous adhérez, une pile de bouquinsVous attend !