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Hop, James Wan de retour avec The Conjuring :James Wan a finit par se faire un nom. Avec des films aussi réussis que Saw ou Insidious, sans parler de l'excellent mais moins connu Death Sentence, l'américain s'est peu à peu imposé dans le ciné de genre et récemment dans le milieu de l'horreur. En attendant de nous livrer son second volet d'Insidious, il présente avec The Conjuring un film fantastico-horrifique situé dans les années 70 où des démonologues, Ed et Lorraine Warren, se retrouvent confronter à un cas épineux et terrifiant. La famille Perron a récemment emménagé dans une nouvelle maison, et rapidement, leur vie s'est transformée en cauchemar. Pour combattre l'entité qui les menace, les Warren vont devoir pousser leurs limites. Pas de doute donc, fantômes et démons il y aura, frissons et cris de terreur en sus. Mais The Conjuring peut-il se hisser dans la cour des grands ?Découpé entre le fil narratif de la famille Perron et quelques scènes de présentation des époux Warren, The Conjuring met un peu de temps à décoller. Immédiatement pourtant, Wan installe une ambiance pesante et brumeuse. Outre son clin d'oeil à Dead Silence au début, le réalisateur instille peu à peu la peur dans l'esprit du spectateur avec des trucs ultra-classiques mais toujours efficaces et de façon assez bien dosée. On pense au tirage de pied dans le lit, aux portes qui claquent et qui grincent ou encore au chien terrifié par la maison. Bien entendu, rien d'original, mais Wan a l'intelligence de ne pas en faire le coeur de ses mécanismes de terreur. Ainsi le sort du chien se retrouve vite expédié et les choses s'emballent graduellement. Dans toute la première partie, et grosso-modo jusqu'à la scène d'arrivée au motel, The Conjuring s'avère terrifiant, réellement terrifiant.James Wan n'emploie que peu le jump-scare et mise beaucoup sur le hors-champ, le non-dit et l'invisible. Ayant bien assimilé que c’est l'imagination du spectateur qui va le plus l'effrayer, il s'appuie sur le talent de ses acteurs pour nous angoisser voir nous tétaniser. Archétype de ce genre de trouille ultra-efficace, la scène de la chambre double où l'une des deux soeurs voit une chose que nous ne percevons pas dans l'ombre de la porte et où le jeu de Joey King fait quasiment tout. D'autres idées excellentes émergent de cette partie, le jeu de cache-cache avec les tapes dans les mains qui offrent quelques très gros frissons ou encore le miroir de la boîte à musique. De même, Vera Farmiga et Patrick Wilson donnent leur plein potentiel pour incarner le couple Warren. La prestation de Farmiga lors de l'arrivée à la maison maudite s'avère crispante à souhait en jouant sur la subtilité et encore une fois le hors-champ. Du reste, on saluera également le jeu de Lili Taylor, une ex de Six Feet Under, qui remplit parfaitement son rôle de mère courage pris au piège.Par la suite, Wan reprend un peu son procédé d'Insidious pour les séances de chasses aux démons. Ici, les apparitions se multiplient mais en jouant sur les différents plans dans ses scènes, le réalisateur continue à réussir son pari. Pourtant, les choses se gâtent un tantinet. D'abord, par des incohérences qui agacent tellement elles semblent être des erreurs de débutants : la chute des cadres qui ne réveille personne, Ed qui met deux heures à aller à la cave... bref, des petites choses qui sortent un peu de l'action.Reste que jusque là, sans non plus déborder d'originalité, le film assurait très bien son contrat et filait clairement la trouille. Mais Wan, assez inexplicablement, s'achemine vers un dernier tiers autour d'un exorcisme. C'est-à-dire un des plus gros clichés de films d'horreur, vu, vu et revu. Inévitablement, l'américain n'apporte rien de neuf, et se loupe en beauté puisque la tension ne maintient plus son niveau antérieur. Les acteurs y croient pourtant, la musique et les sons restent vraiment flippant mais on connait déjà tout et la fin s'annonce clairement rapidement. En fait, The Conjuring rate le coche à peu de choses près. C'est d'autant plus dommage que le duo des Warren restent séduisant de bout en bout mais, à la surprise générale, restent inexploité. Une des séquences les plus scotchantes du film reste celle dans la maison des Warren avec Annabelle. Toute cette partie aurait largement mérité d'être étoffé tout comme les conséquences de l'exorcisme précédent sur Lorraine. Malheureusement Wan introduit les choses mais les laisse tomber au profit d'un épilogue facile et heureux. Certes, c'est censé être tiré d'une histoire vraie (bien évidemment !) mais pourquoi donc n'a-t-il pas retrouvé son audace d'Insidious et sa fin autrement plus glaçante ? Assez simple mais très bien construit, The Conjuring constitue un très bon morceau d'horreur. Malheureusement, la déception sera aussi de mise tant la fin semble saboter l’énorme potentiel du métrage. En l'état, il vous restera un film honnête et palpitant, à défaut d'être mémorable. C’est déjà ça de gagner.Oh et merci pour l'excellente critique de Snowpiercer. J'adore déjà Bong Joon-Ho (Memories of Murder, une de mes plus grosses claques) mais là forcément, j'y vais !

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Non, j'ai pas vu Assault On Wall Street. C'est récent ?Là, j'ai rattrapé beaucoup de mon retard avec d’affilée RED 2, Kick-Ass 2, The Conjuring, Jobs, Michael Kolhaas, Percy Jackson, The Innkeepers.

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@Littlefinger : Assault On Wall Street est sorti en 2013. Autre titre : Bail Out: The Age of Greed.Le réalisateur est Uwe Boll, réalisateur allemand célèbre pour sa collection de Razzies du pire film (King Rising...). :(Mais là, pour une fois, j'ai trouvé que c'était correctement filmé, sans que ce soit pour autant transcendant, entendons-nous bien. Et pour une raison finalement assez simple : si le traitement du sujet tire un peu vers la caricature, le sujet réel lui-même est tellement une caricature de l'impuissance du citoyen anonyme broyé par un certain système que Boll s'en tire plutôt pas mal. Sauf sur la fin, à mon avis, mais on peut aussi comprendre que, dans ce type de société, quand un type pète les plomb il fasse griller le compteur avec. :huh:

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Hum, oui à voir mais bon Uwe Boll, vu l'oeuvre de ce type, je ne suis pas pressé. Peut-être quand j'aurais un peu de temps ! Fin Boll qui filme correctement, c'est déjà un sacré exploit en soi !Au passage, la critique de Kick-ass 2 :Il faut bien avouer qu'avec la quantité de film de super-héros, difficile de trouver de l'originalité. Pourtant, l'adaptation du comics de Mark Millar, Kick-ass, par le génial Matthew Vaughn avait réussi à surprendre tout le monde,Barré, fun, décomplexé et bénéficiant d'une réalisation de qualité, ce premier volet jouait sur le vigilante pour magnifier le quidam ordinaire et livrait un personnage mémorable avec Hit Girl interprétée par la non moins mémorable Chloë Grace Moretz. Inévitablement, une suite a vu le jour, toujours adapté du comics de Millar mais avec cette fois le jeune Jeff Wadlow aux commandes. En rassemblant les excellents acteurs du premier volet, à savoir Aaron Taylor-Johnson, Christopher Mintz-Plasse et Chloë Grace Moretz tout en y ajoutant des seconds rôles inattendus avec Jim Carrey ou John Leguizamo tout en continuant sur la lancée décalé du premier, Kick-Ass 2 pouvait-il réitérer l'exploit ?Nous voici donc bien après les événements du premier volet et Kick -Ass alias Dave Lizewski doit s'entraîner pour être au niveau du phénomène de vigilantes qu'il a créé. Pour se faire, c'est Mindy Macready qui assure sa formation. Hit-Girl, désormais privée de son mentor de père, doit choisir entre sa vie de justicière et celle de jeune-fille. Alors que Kick-Ass rencontre d'autres citoyens masqués et notamment le Colonel Stars and Stripes pour former une sorte de ligue de justice, l'ex-Red Mist découvre l'attrait du mal en prenant les traits du Motherfucker pour venger la mort de son père. Pas la peine de dire qu'avec un tel pitch, difficile de s'ennuyer. En partant dans tous les sens, Kick-Ass brouille un tantinet les pistes et tout s'enchaîne très vite. Cet aspect décousu semble être le résultat de l'inexpérience du réalisateur. On arrête pas d'aller et venir entre les trois arcs principaux, à savoir Kick-Ass et la formation de la Ligue, Hit Girl et sa nouvelle vie sans parler du MotherFucker et de ses acolytes.Pourtant, le film arrive tout de même à fonctionner. Grâce à la folie intrinsèque des événements et à l'humour omniprésent et savamment dosé, Wadlow tire son épingle du jeu et arrive rapidement à prendre le spectateur au piège. Si le personnage de Kick-Ass semble faire du sur-place pendant une grande partie du film, c'est bien sa rencontre avec d'autres vigilantes qui apporte du neuf. La galerie présentée réjouit et c'est bien évidemment le Colonel Stars and Stripes, interprété par un Jim Carrey méconnaissable mais excellent, qui fascine le plus. De l'autre côté, la réincarnation de Red Mist en Motherfucker tire quelques francs éclats de rire et sa relation avec son homme de main fonctionne très bien. Le gros soucis reste pourtant que l'arc s'avère mal géré et mal explicité, la formation de sa propre ligue parait brumeuse et celle-ci arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Heureusement que le personnage délicieux de Mother Russia pallie quelque peu à cet état de fait.Sans surprise, c'est l'arc gravitant autour de Hit Girl et de Mindy qui réussit le mieux. La "rencontre" de Mindy avec le monde du lycée fait des merveilles et donnent quelques scènes mémorables telles que la "révélation" Union J ou encore la confrontation à la cafétéria, aussi jouissive qu'extrême. Chloë Grace Moretz assure toujours le show, pétillante, fraîche et touchant, c'est bien elle qui amène le peu d'émotions de Kick-Ass 2. On touche là au gros problème de Kick Ass 2, bien que fun et jouissif, il manque cruellement de substance. Là ou Vaughn épatait avec la relation Big Daddy-Hit Girl, Wadlow n'a rien à proposer, comme son manque de génie et d'audace niveau réalisation, il manque de la sensibilité à son film et des thèmes aussi intéressants que la relation entre Dave et son père ne sont qu'à peine effleurer. Inévitablement, le premier volet reste supérieur, et c'est dommage tant les possibilités apparaissaient grandes (ne serait-ce que la relation Dave-Mindy, finalement vite expédié au profit de sa rencontre avec Night Bitch).Fun et humour, ce sont les maîtres mots de Kick-Ass 2 qui, s'il ne bénéficie plus de la fraîcheur du précédent opus peut se targuer d'aligner une galerie de personnages bien loufoques et quelques scènes réjouissantes. Malgré une légère tendance à la violence gratuite et un manque cruel de fond, la présence d'Hit-Girl et de vigilantes tous plus déjantés les uns que les autres font de ce second volet un divertissement trépidant et recommandable.

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Littlefinger, tu es un cinévore.Je t'admire et tu me fais envie et peur à la fois.Je suis en train de chercher les autres films de Bong Joon-Ho, ça fait longtemps que je veux m'y mettre. J'espère que The Snowpiercer plaira à tous !

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@alana : Je sais, je suis quelqu'un d'effrayant, tu me verrais du haut de mon mètre 69, tu tremblerais !Pour Bong Joon-Ho, il en a fait trois de mémoire : Memories of Murder, The Host et The Mother (que je n'ai pas encore vu).

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La critique de Jobs de Joshua Michael Stern :Les biopics arrivent ! Après Mark Zukerberg dans le Social Network de David Fincher et avant les films consacrés à Diana ou Nelson Mandela, voici celui consacré au gourou des fanboys d'Apple, Steve Jobs. Confié à un illustre inconnu en la personne de Joshua Michael Stern, le long-métrage dispose de deux heures pour dépeindre le génie de la firme à la pomme. Incarné par l'inattendu Ashton Kutcher et épaulé par une galerie de seconds couteaux tels que Dermot Mulroney ou Josh Gad sans parler de J.K Simmons ou Matthew Modine, Jobs a de quoi susciter l’intérêt. Mais qu'en est-il réellement ?Jobs commence par introduire son "héros" à l'aune d'un de ses plus gros succès, l'Ipod, avec sa façon bien particulière de présenter les choses. Immédiatement, Kutcher semble immerger dans son personnage. Bien vite, Stern revient à l'étudiant Jobs, avant Apple et ses multiples succès. On passe rapidement sur la personnalité de jeune rebelle à la cool pour se concentrer sur son premier partenariat avec un certain Steve Wozniak et le lancement depuis son garage des premiers Apple. Stern nous fait découvrir la personnalité de Jobs mais aussi sa malice pour la négociation ainsi que son ambition. Au fur et à mesure que l'histoire de développe, Kutcher affirme sa maîtrise et séduit le spectateur par une prestation au final assez sobre mais solide.Le soucis principal de Jobs, c'est que contrairement à The Social Network, le long-métrage n'a pas grand chose à dire à part qu'il faut se différencier et toujours chercher une façon de penser différente. Jobs n'a en fait que peu de portée et ne reste qu'une peinture relativement satisfaisante de l'homme derrière Apple. De ce côté, Stern n'a pas hésité à aller vers les recoins les plus controversés de Jobs, son perfectionnisme too much ou sa mégalomanie envahissante par exemple. Avant d'être un génie, Steve Jobs était avant tout un sacré enfoiré, excusez du peu. Mais malgré ce genre d'anicroches dans la légende, le personnage séduit et l'on finit, bon gré mal gré, à s'y attacher. L'autre point contestable du long-métrage se cherche dans les moments clés retenus. Stern s'attarde par exemple étrangement autour du projet Lisa mis traite de l'énorme déconfiture Windows/Bill Gates en une scène de quelques minutes...De même, on se saura rien de la seconde moitié de vie de Jobs, rien sur les iMac, iPod, iPhone. De façon assez incompréhensible, toute la fin de carrière se voit purement et simplement zappé, comme si le succès de Jobs n'avait aucune importance et que seules les pérégrinations antérieures comptaient. Un choix des plus contestables. Avec plus ou moins de bonheur, Stern tente de présenter la vie sentimentale de Jobs. Sans réellement convaincre tant le traitement semble artificiel. Plus approfondies, ses relations amicales convainquent davantage et constituent peut-être le plus gros point fort du film notamment avec les deux personnages de Steve Wozniak et Mike Markkula. Les deux acteurs qui les incarnent, respectivement Dermot Mulroney et Josh Gad, impressionnent. Ce dernier éclipse d'ailleurs Kutcher dans les scènes qu'il lui sont dévolues, une petite surprise.Toujours intéressant et pas désagréable, Jobs n'arrive pourtant pas à la cheville de son illustre aîné générationnel. Plombé par des choix scénaristiques discutables et par un manque criant d'audace (un comble pour un film sur Jobs) au niveau de la réalisation et du propos, le film de Joshua Michael Stern laisse une impression mitigée. A réservé aux curieux.

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Littlefinger a écrit :L'autre point contestable du long-métrage se cherche dans les moments clés retenus. Stern s'attarde par exemple étrangement autour du projet Lisa mis traite de l'énorme déconfiture Windows/Bill Gates en une scène de quelques minutes...De même, on se saura rien de la seconde moitié de vie de Jobs, rien sur les iMac, iPod, iPhone. De façon assez incompréhensible, toute la fin de carrière se voit purement et simplement zappé, comme si le succès de Jobs n'avait aucune importance et que seules les pérégrinations antérieures comptaient. Un choix des plus contestables.
Je me suis fait la même réflexion à la fin du film : "quoi, c'est tout.... ???"Je n'ai pas compris le réalisateur a choisi d'arrêter le film à ce moment et pourquoi il n'a pas parlé des gros succès commerciaux d'Apple.

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Ah, je me sens moins seul Durthu, ça m'a vraiment frustré, un peu comme si on s'en foutait de l'ascension de Jobs. Bon, cette fois, une critique d'un DTV vraiment excellent, qui devrait plaire à certains ici avec Citadel de Ciaran Foy :Après avoir tourné dans un petit nombre de festivals et y avoir glané quelques flatteuses renommées, le premier long-métrage de l'Irlandais Ciaron Foy, Citadel, n'aura finalement pas eu les honneurs d'une sortie en salle sous nos latitudes. Pourtant, ce ne serait pas la première fois qu'un Direct-To-Video serait largement à la hauteur du reste de la production cinématographique mais qu'il se retrouverait boudé à l'arrivée. On se souvient de l'excellent Stake Land ou du génial The Woman sans parler du très glauque The Loved Ones. Sans grand budget et avec beaucoup d'ingéniosité, Citadel rejoint pourtant facilement cette catégorie de films qu'on aurait adoré découvrir en salle.A la croisée d'un thriller psychologique et d'une autopsie post-traumatique, le début de Citadel percute d'emblée son public. Tommy voit sa femme enceinte se faire agresser devant lui, impuissant derrière la porte de l'ascenseur bloqué, par des gamins de la cité. Après le décès de sa compagne, il se retrouve seul avec sa petite fille, Elsa et s'enfonce dans l'agoraphobie et l'état de stress post-traumatique. Malheureusement, les mystérieux jeunes reviennent enlever son enfant et il va devoir affronter la citadelle qu'il a quitté pour la retrouver. Assez étrangement, on crois pendant un certain temps que le long-métrage de Foy va tourner autour de l'état psychologique de son principal protagoniste...mais pas tout à fait.En fait, le réalisateur irlandais ne se contente pas d'exposer la déliquescence psychique de son héros. Incarné par le jeune Aneurin Barnard, Tommy acquiert une vraie épaisseur. Cela d'abord par le talent consommé du jeune Barnard, réellement bluffant dans son numéro de traumatisé un peu flippant, mais aussi par le jeu constant de Foy avec le fantastique. Celui-ci prend peu à peu le pas sur le reste, installé de façon tout à fait insidieuse, il établit le parallèle entre la lente descente paranoïaque du personnage et la vision de véritables monstres au coeur de la cité. Celle-ci joue d'ailleurs un vrai rôle, celui de catalyseur émotif d'une part pour lé héros et surtout renforce l'atmosphère du métrage d'autre part. Car Citadel bénéficie d'une excellente réalisation, glauque et poisseuse (notamment dans la dernière partie) avec quelques séquences que ne renierait pas Silent Hill. Toujours saturé par un filtre jaune décrépit, l'image n'a rien de réjouissante, à l'image de la vision du héros qui se détériore au fur et à mesure que le long-métrage avance.Foy fait le pari de basculer dans l'horreur grâce à la vision des "enfants" de l'immeuble. Très bien maquillés, ceux-ci bénéficient également d'une attention sonore particulière qui rend les quelques passages avec leur présence tout à fait terrifiantes. Tout en jouant sur le glauque de la situation, Ciaran foy embrouille le spectateur, brouille les cartes et rapidement il est difficile de faire la part des choses entre le délire paranoïaque de Tommy et la réalité des choses. Les enfants monstrueux existent-ils vraiment ? Le prêtre et le gamin aveugle sont-ils des fragments de sa personnalité ou de vraies personnes ? En traitant tout au premier degré, l'Irlandais laisse le choix au spectateur. On notera d'ailleurs au passage que James Cosmo (Game of Thrones) compose un prêtre extrémiste réjouissant. En fait, à l'instar d'un Friedkin, Ciaran Foy fait en sorte de mêler réalité et peurs pour les fondre dans un même bloc quasi-indissociable, le résultat reste impressionnant pour un coup d'essai.Bien entendu, on peut considérer aussi Citadel comme un pur film d'horreur et faire abstraction du reste. Certes le film marche moins bien mais il n'en reste pas moins très efficace. De fait, il ne manque pas grand chose au long-métrage mais certains arcs sont assez mal gérés, comme celui avec Marie, finit abruptement et qui ne sert pas vraiment le reste de l'histoire. De même, le passage dans le bloc d'immeuble aurait mérité plus de temps et surement plus de visions horrifiques (la faute à un budget limité ?). Cependant, Citadel joue également sur un second sous-texte, social cette fois, assez intelligent. En choisissant de montrer les jeunes des cités comme des monstres inhumains, de faire en sorte que l'environnement contamine les enfants et en prenant le pari de tout brûler, le film fait preuve d'une certaine audace. Une sorte de nihilisme presque aussi terrifiant que le fantastique qui habite l'histoire. Premier essai pour Ciaran Foy et petit coup de maître pour l'Irlandais qui signe avec Citadel un film certes imparfait mais audacieux, glauque, intelligent et original. Voici un nouveau venu à surveiller de près.

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Vu Pawn Shop Chronicles (Prêteur sur Gages).Avec entre autres Vincent d'Onofrio, Brendan Frazer, Elijah Wood, Matt Dillon...C'est plus ou moins un film à sketchs dont les intrigues (?:huh: s'entrecroisent), avec comme fil conducteur une bague qui rend fou (mais pas Elijah Wood, pour une fois, même s'il est quand même bien dégravité), deux néo-Nazis qui le sont devenus parce que les saucisses fumées qu'on sert aux réunions de la Fraternité Blanche sont irrésistibles, un Elvis de pacotille, un mari qui se remarierait bien s'il n'y avait pas cette foutue bague de son premier mariage qui réapparaît au mauvais moment chez le prêteur sur gages (mari propret sur lui qui ensuite évoque un peu le Bruce Campbell des Evil Dead 2 et 3 ).Bref un film déjanté à souhait, plutôt bien réalisé, avec quand même, parfois, du mou dans la corde (et le scénar), mais qu'on peut très bien savourer si on prend le temps et qu'on apprécie ce genre de délire. Moi, j'ai bien aimé. :p

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Profité d'un passage à Londres pour aller voir The World's End dans de bonnes conditions (comprendre : en VO), et au final c'est peut-être mon préféré de la troupe (ce qui n'est pas peu dire vu tout le bien que je pense de Shaun of the Dead, Hot Fuzz et Spaced).Y'a comme d'hab plein de niveaux de lecture, des détails dans tous les coins de l'écran, c'est toujours super ludique, blindé de dialogues à double-sens, avec une BO d'enfer et en plus c'est hyper touchant.Parcours sans faute pour Edgar Wright.

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Bon....plus de critiques pour le moment car plus de PC .Donc, rapidement Alabama Monroe une petite perle extremement émouvante, tres poetique, un gros coup de coeur.Pain & Gain, un sacré morceau de rigolade et bien plus intelligente qu'il n'y parait . Et Riddick, une bonne déception.

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J'ai plutôt entendu du mal de Riddick par des amis (dont plusieurs fans) qui sont allés le voir.. pas horrible horrible non plus mais pas terrible, semble-t-il.Sinon, quelqu'un aurait-il vu le dernier OVNI en date, à savoir Artémis, cœur d'artichaut, où la déesse Artémis va à la fac à Caen et trouve une colloc' ? Il m'intrigue, ce film...

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Vu Alabama Monroe. Gros coup de coeur aussi, le film m'a emporté et m'a parfois pris aux tripes.Le contexte musical Bluegrass est poignant et donne une belle dimension aux propos du film.Les acteurs bousculent vos sentiments, le montage (récit non linéaire) est prenant, enfin chapeau au réalisateur pour ce film fort et poétique, puissant et doux, d'une réalité qui vous remue les émotions.Je ne vais pas souvent au cinéma depuis quelques années, mais celui-ci fait parti des fortement marquants.

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En effet, Eorlingas.Les deux acteurs sont formidables, ce sont également des chanteurs d'un talent évident.Le métrage mêle la Flandres et l'univers Country, décalage bienvenu et frais.La narration entrelacée épouse à merveille son sujet et la poésie constante malgré l'horrible drame emporte le tout.Si vous pouvez le voir, allez-y. Et prenez une douzaine de paquets de mouchoirs.

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Le film est sorti chez nous (Belgique) sous le titre "Broken Circle Breakdown"(par ailleurs, le film étant flamand, je ne vois à priori pas de raison de changer le titre :huh:). J'ai adoré également. Les prises de vues tout comme la BO sont superbes. Hij heeft de hardste thema gekozen, de kanker van en kindje. Maar het is een echt mooie film met een poetisch sfeer! ;) Allez le voir les gens ! Vive la Belgique ! (Fin du message promotionnel)

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Je suis allée voir Rush de Ron Howard et je le recommande!Pourtant, je ne partais pas conquise car je ne tiens pas cinq minutes devant de la F1 à la télé, je ne suis pas spécialement fan des acteurs et du réalisateur. Il n'y avait que le nom du scénariste Peter Morgan pour m'inspirer un peu confiance. Finalement ça va être un de mes coups de cœur de l'année. Le film relate la rivalité entre l'Anglais James Hunt (Chris Hemworth), playboy bon vivant, populaire et tête brûlée qui court surtout par goût du risque et l'Autrichien Niki Lauda (Daniel Brühl), hyper sérieux, qui accepte que les chances de mourir sur le circuit soit de 20% mais ne voit pas pourquoi il devrait risquer sa peau au-delà et ne court pas vraiment par passion mais parce qu'il se sait bon dans ce domaine, donc autant y faire sa carrière. Les deux acteurs campent très bien leur personnage et on ne cherche pas à ce qu'il y ait un gentil et un méchant même si bien sûr selon les affinités on pourra accrocher davantage à l'un ou l'autre concurrent. Au départ j'étais à fond derrière Lauda parce que les beaux gosses qui se la jouent m'agacent profondément, mais finalement Hunt est plus intéressant que cette apparence de bellâtre le laisse supposer tandis que Lauda peut être franchement antipathique. Puis je me suis reprise de sympathie (et d'admiration) pour Lauda
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sans que cela ne nuise à Hunt.Les scènes de courses sont très réussies, on est vraiment au cœur de chaque affrontement et comme j'étais totalement ignorante de l'histoire de Hunt et Lauda, il y avait pas mal de suspense, et les scènes entre les courses ne sont vraiment pas des bouche-trous.Mon seul petit bémol se situe dans la dernière scène entre Hunt et Lauda, je comprend la volonté d'une entrevue pour conclure mais j'ai trouvé que le dialogue ne faisait que résumer et expliquer ce que le film avait parfaitement su faire comprendre pendant les deux heures précédentes.Voilà, donc même si le thème du film vous rebute, je conseille vraiment de lui laisser sa chance, je ne regrette pas de l'avoir fait.

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J'vous ai manqué ? lolMon avis sur Prisoners, le dernier bébé du génial Denis Villeneuve :Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le père d'Anna, Keller, participe à toutes les battues pour retrouver sa fille tandis que l'inspecteur Loki se charge de l'enquête. Rapidement, un jeune homme taciturne est arrêté sur une aire d'autoroute. Mais Alex Jones n'avoue rien et reste muet à propos des deux enfants. Persuadé de la culpabilité de Johns, Keller va alors commettre l’innommable tandis que Loki s'enfonce au coeur d'un labyrinthe sinistre...Seconde réalisation du réalisateur canadien Denis Villeneuve, Prisoners a bénéficié d'un buzz très positif au fil de ses présentations en festival. Révélé en 2011 par l'éblouissant Incendies (Qu'il vous FAUT voir), il revient cette fois avec un casting prestigieux alignant les stars US telles que Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis ou encore le trop rare Paul Dano. Sans grande surprise, Prisoners parle de cruauté et du monstre humain, un peu comme l'avait fait si brillamment Incendies auparavant. Seulement, le long-métrage va loin dans la noirceur, très loin.En choisissant de rapidement planter son décor - deux familles, deux petite filles, un jeune à l'allure étrange - Denis Villeneuve veut clairement en venir rapidement au coeur de son sujet. Prisoners ne fait pas dans l’esbroufe, jamais. Beaucoup d'éléments du film se voient ainsi reléguer hors-champ au moyen de fondus au noir/ellipses bienvenue. Villeneuve ne montrera pas l'enlèvement, ni la captivité, il ne montrera en fait que le point de vue de Keller et celui de l'inspecteur Loki. Ce dépouillement reste salutaire puisqu'il produit une chape de plomb constante sur le spectateur, bien aidé par la musique minimaliste mais très noire. Villeneuve s'intéresse surtout à Keller en réalité après nous avoir exposer succinctement la souffrance des quatre parents. Incarné par l'excellentissime Hugh Jackman, Keller suscite autant d'empathie que de dégoût. Le réalisateur canadien choisit d'entretenir le doute sur le personnage jusqu'à la toute fin. Pourtant, en écartant l'intrigue elle-même et la résolution de l'enlèvement, c'est bien les actes de Keller et la torture de Johns qui monopolisent quasiment le propos du film. On y retrouve un homme qui, poussé par le désespoir, devient un monstre abject. On assiste, impuissant et écumant, à la perte d'une humanité quasi-totale. A l'instar du destin d'Abou Tarek dans Incendies, Keller, par la fatalité et l'horreur de sa situation, perd ce qui faisait de lui un homme et devient l'incarnation du mal. Sa descente dans les affres de la déshumanisation fait froid dans le dos. C'est là que Prisoners se révèle d'une noirceur insondable, une noirceur qu'on avait pas connu depuis The Road ou Seven.Pour renforcer son propos, Villeneuve peut compter sur sa réalisation véritablement impressionnante. Chaque plan ou presque nous montre un environnement froid ou vide. Quand le réalisateur rentre dans une Eglise, c'est pour finir dans un sous-sol poussiéreux où se terre les morts, quand il nous emmène dehors, c'est sous un ciel froid et gris quand il ne pleut pas à torrent. Chaque bâtisse visitée bénéficie d'un soucis du détail impressionnant. Comme Seven en son temps, dès que l'on pénètre quelque part, la lumière fuit le cadre, la poussière envahit les meubles, les pièces se trouvent abandonnés.Il en ressort un puissant sentiment de froideur clinique, en accord parfait avec l'ambiance du film. De même, on croise des personnages secondaires qui renforcent cette idée de contamination par l'horreur, par le désespoir. L'exemple le plus probant en restera certainement le psychopathe enlevé lorsqu'il était jeune et qui perpétue en quelque sorte la folie qu'on lui a imposé.Bien évidemment, on ne saurait que louer encore et encore la prestation des acteurs. Si Davis et Howard impressionnent, c'est réellement le trio Dano/Jackman/Gyllenhaal qui fait merveille. Ce dernier, plutôt discret ces dernier temps, incarne un flic avec toutes les failles humaines que cela implique mais aussi avec tout le courage et la persévérance qui vont avec. Enfin, c'est encore une fois l'extraordinaire Paul Dano qui épate la galerie. Même avec un bout de son visage éclairé, il fait des merveilles, même le visage défoncé, il crève l'écran. Le jeune prêtre de There Will Be Blood n'a rien perdu de son insolent talent et l'on espère le revoir plus rapidement encore.Recentrons nous enfin sur l'intrigue elle-même, menée d'une main de maître, sinueuse et complexe, aussi traîtresse qu'un labyrinthe sans issue, elle permet à Villeneuve de montrer son talent pour bâtir une histoire forte en brouillant les pistes. Même si la fin apparaît à un certain moment inéluctable et en somme prévisible, elle s’inscrit dans une logique implacable et terrible. En oubliant l'incohérence de toute fin, le cheminement de Prisoners reste brillant à bien des égards et trompe longtemps son monde entre schizophrénie et jeu sadique, et même si l'on reste un cran en dessous de Incendies niveau surprise, le cinéma de Villeneuve semble gagner en maturité et en profondeur. Prisoners confirme d'abord que le thriller/policier n'est pas mort en Amérique, mais aussi qu'il existe encore des réalisateurs qui osent une noirceur que l'on espérait plus dans un film de ce type. Loin des derniers polars calibrés, le long-métrage de Denis Villeneuve s'affirme comme un très grand film et un des immanquables de l'année.A vous faire perdre foi en l'Homme.