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Cela fait un petit moment maintenant que j'ai lu Kushiel. Le dernier en anglais because l'irrésistible compulsion. Lors de sa parution en français, je l'ai "re"lu because 1/ Nom d'Elua, ce traducteur. C'est un bon. 2/ quand la beauté du texte s'impose à nous, se priver de relire l'oeuvre au prétexte que a) on l'a déjà lu b) le banquier est réticent, c'est :boude: 3/ je "revenais" à l'anglais et je ne me faisais pas confiance.Alors, en vrac.Les couvertures anglaises comme françaises pour moi sont anachroniques. Ok, il n'y a pas d'ancrage dans une/des périodes historiques définies mais les références sont bel et bien là. Ok, notre division de l'Histoire en périodes selon l'axe chronologique académique ne s'applique pas à l'histoire de Carey qui pratique avec brio le syncrétisme et la synchronie. Plus exactement, elles sont décalées, elles sont cheap, de mauvais goût, cliché et -crime de lèse-sainteté- les angelines y sont moches, le gars Imriel : bof. AMHA.Heureusement, les emballages...Quand j'ai découvert le 1er tome de Kushiel, j'ai eu, au bout de quelques lignes à peine, une sorte de certitude. Comme avec Salammbô.Celle d'avoir trouvé une oeuvre. On galvaude un peu trop le sens des mots, communication oblige. Je lis des livres, beaucoup ; je lis moins souvent des oeuvres.Ok, le traducteur est un amoureux de la langue française, il est cultivé et cela se sent et cela sert Carey. Non, je ne connais pas le traducteur personnellement. Mais, les alchimistes qui transforment la ... en or, ce n'est qu'en pays de fantasy qu'on en rencontre. Carey a une plume, un univers propre, le sens du récit. Son verbe est luxuriant, son imagination foisonnante. Jadis les épopées étaient affaires de poète. Carey en est.Je n'avais jamais lu un truc pareil. Bien sûr, j'ai en tête des auteurs en litt. blanche ou fantasy dont elle est, pour moi, la petite soeur, à un titre ou un autre, mais elle est unique. Elle a créé un monde inédit et pourtant si familier. Je préfère les aventures de Phèdre à celle d'Imriel. Je crois que cela tient tout simplement à ce petit choc amoureux que j'ai ressenti dès le premier tome. Je crois que les tomes consacrés à Imriel égalent les trois premiers mais que je suis encore sous le coup de cette émotion première. Dès que je m'efforce de trouver ce qui fonde la qualité de chacun des trois tomes d'Imriel, je trouve. Immédiatement et abondamment. Cependant, il faut d'abord que je me m'efforce et force ma mémoire. Quelque chose comme émotion contre intellect. Et pourtant, Phèdre parle à mon intellect et Imriel est riche d'émotions.Bref, Carey fait partie de mes écrivains préférés toutes catégories confondues. Que dire de plus? J'ai abondé dans le dithyrambe ; plus, ce serait trop. :sifflote:

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Kushiel (premier tome) est un livre important dans ma bibliothèque! ... C'est le seul bouquin de de fantasy que je n'ai pas réussi à lire jusqu'au bout!J'ai abandonné au moment où
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si je me souviens bien.En cause? Les scènes de sexe à répétition! A priori, j'abordais ce livre comme un vieux macho, la bave au coin de la bouche. Je ne m'attendais pas à être rebuté par cet aspect-là justement! Voir l'intrigue interrompue et ralentie toutes les dix pages (je caricature un peu) pour une partie de jambe en l'air a eu raison de ma patience (et pourtant j'en ai beaucoup!)Enfin, d'un côté c'est le fondement même de l'histoire qui me déplait, c'est comme si je reprochais au Seigneur des Anneaux d'avoir recours à un "anneau pour tous les lier".:lol:J'ai lu beaucoup de comparaison avec les intrigues politiques du Trône de Fer dans les posts précédents, de mon côté je préfère celles de G.R.R. Martin, qui sont plus rythmées à mon avis (et pourtant, Martin n'est pas avare en interludes charnels). On entre en tout cas plus vite dans le vif du sujet (je compare les tomes 1 respectifs).Bref, c'est vraiment se sentiment de rythme saccadé qui m'a dérangé.Maintenant je dois dire que je n'ai pas non plus accroché aux personnages, notamment Joscelin, dont le caractère est tellement opposé à celui de Phèdre que ça en devient "artificiel" (c'est parfait d'avoir des personnages aux caractères opposés, ça met de la tension entre les personnages mais là, ils sont à deux extrêmes, le duo est très "manichéen".)

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Bonsoir.Les personnages évoluent. Il faut leur laisser le temps. Manichéens? Je ne me souviens pas d'une répartition bien/mal tranchée. Chez aucun des personnages d'ailleurs. Même ceux qu'on identifie un temps comme étant le méchant ou le bon changent de catégorie. Derrière Phèdre et Joscelin, il y a Kushiel et Cassiel qui sont, selon moi, de tout le "panthéon" angelin les plus proches car les plus exigeants, les plus âpres, les plus "terribles". Quant aux scènes de sexe, aucune n'est gratuite. L'amour décliné sous tous ses aspects, ou tous ses avatars, y compris le sexe rude est le postulat de base de cette civilisation qui l'a érigé en religion. Alors, évidemment, si ça coince à ce niveau-là, tu t'es effectivement trompé d'univers. Pour moi, l'oeuvre de Carey n'est pas érotique parce qu'elle ne se résume pas aux seules mais multiples manifestations de l'amour. En revanche, sa plume relève du sensuel jusque dans les descriptions de paysages. Ce n'est pas facile d'écrire une belle scène de sexe. J'ai lu Sade, Masoch et d'autres encore. J'ai souvent, comme toi, été dégoutée. Ce n'était pas toujours ni beau, ni sensuel. On nous annonce une déferlante (en litt. générale) d'ouvrages d'érotisés à pornographiques suite au colossal succès de qqchose Grey. J'espère sincèrement qu'il y aura des perles, qu'on ne verra pas les censeurs réclamer des autodafés, qu'il n'y aura pas non plus d'amalgames dont les écrivains, comme Carey, pourraient souffrir.

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J'ai utilisé le terme "manichéen" de manière un peu malheureuse, je voulais souligner le fait que Phèdre et Joscelin étaient l'opposé l'un de l'autre, je ne faisais pas référence à la répartition bien/mal (il était tard, je ne trouvais pas d'autres mots :rouge: )Ce qui m'ennuyait à la base, dans leur opposition, c'est qu'elle était vraiment extrême, c'était le blanc et le noir. Si Joscelin avait été un peu teinté de gris, je l'aurais accepté plus facilement. Maintenant je ne me prononce pas sur leur évolution, je n'ai pas été assez loin pour ça.C'est vrai également que ce n'est pas un livre vers lequel j'aurais été de moi-même. Un ami l'avait offert à mon frère, j'en ai profité.

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Demisev a écrit :J'ai utilisé le terme "manichéen" de manière un peu malheureuse, je voulais souligner le fait que Phèdre et Joscelin étaient l'opposé l'un de l'autre, je ne faisais pas référence à la répartition bien/mal (il était tard, je ne trouvais pas d'autres mots :rouge: )Ce qui m'ennuyait à la base, dans leur opposition, c'est qu'elle était vraiment extrême, c'était le blanc et le noir. Si Joscelin avait été un peu teinté de gris, je l'aurais accepté plus facilement. Maintenant je ne me prononce pas sur leur évolution, je n'ai pas été assez loin pour ça.C'est vrai également que ce n'est pas un livre vers lequel j'aurais été de moi-même. Un ami l'avait offert à mon frère, j'en ai profité.
oui ces personnages sont très antagonistes au début.Je me dis aussi que c'est difficile de ressembler à une anguissette. Le personnage de Phèdre est assez particulier.C'est dommage d epas avoir poussé la lecture plus loin, l'ambiance change, le décor aussi après ce passage, peut être que tu n'aurais plu cette impression de rythme saccadé ... J'ai souvent eu envie d'arrêter Kushiel, au début, je me suis dit : mais pourquoi ils ont aimé ce livre ??? et puis je me suis laissée mebarquer par l'écriture de Carey, ses personnages ... contente que ce topic vive. :)

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Bonjour.Comme toi Denisev "ce n'est pas un livre vers lequel j'aurais été de moi-même" si je n'avais dépassé la 1ère de couverture et même la 4ème* pour feuilleter quelque peu le livre. Même alors, cela relevait encore du pari.*Ah les argumentaires aguichants ;)Quant aux M/manichéismes -j'y ai repensé, grâce à toi- il y a sans doute un moment dans Kushiel où Carey le repense, le refond comme elle le fait d'ailleurs de toutes les religions et mythes. C'est dans le tome 3 avec un personnage et même un territoire que personne n'ose évoquer sans se liquéfier (=vomir) genre "celui dont il ne faut pas prononcer le nom" -à savoir :
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Je le refais sans spoiler et sans rigoler surtout parce qu'en vain on ne prononce son nom... Voldemort, Y...é. Ni ne l'écrit. :sifflote: Ce n'est sans doute pas en vain qu'il est question dans le titre français comme anglais d'Avatar avec majuscule. Et, c'est bien une mise en abyme qui peut donner le tournis à force de temps de génial syncrétisme, peu importe le nom qu'on donne aux dieux uniques -ou non- et à leurs multiples avatars ; et c'est bien pour Phèdre, Elue de Kushiel pourtant, une descente dans l'abîme.Ah la question du nom dans Kushiel! Extraordinaire ressort de l'histoire que cette quête de type onomastique qui nous amène à repenser la question de la Création. Celle qu'offrent les Livres des Merveilles. http://expositions.bnf.fr/parole/index.htm. avec cet épisode de la Génèse où créer, c'est nommer. Celle, littéraire, qu'offre Carey et... sa création mérite, selon moi, la majuscule.Alors, ce tome 3, tu vois il te cligne de l'oeil. ;)

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Je viens de lire Kushiel's avatar.J'ai surtout trouvé le livre... très long.Je lis assez souvent des gros pavés, il y en a pas mal en fantasy, mais j'apprécie aussi des livres courts. Et ici, pendant un bon moment, j'ai trouvé que l'aventure n'avançait pas assez vite.Ensuite, pour
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, j'ai trouvé que c'était chercher un peu trop dans la méchanceté et la surenchère. Vu les livres précédents, il faut encore pire.Peut-être aussi que je cela ne m'a pas convenue car dans ma vie personnelle, j'aurais aimé un peu de réconfort que je n'ai pas forcément eu.Par contre, je me suis un peu réconciliée avec l'histoire sur la fin. Les résumés des livres sur Imriel m'attirent, mais les notes semblent un peu moins bonnes... A moins que je m’intéresse d'abord à The sundering...En tous cas, je vais continuer à lire des livres de cette auteure, mais dans quelques temps, et en espérant trouver des histoires qui me plaisent.

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Je l'ai acheté hier et j'en suis bientôt à la moitié.C'trop bien! Carey à une écriture que je qualifierais de...ciselée, c'est soigné, joli, vraiment superbe!J'aime l'histoire, les personnages, ce monde, j'ai été conquise :)Le seul reproche que je pourrais lui faire c'est le nom de "Jean-Louis", c'est le nom de mon oncle! Ça m'a fait sortir du livre d'un coup!Sinon je retourne à ma lecture, et je remercie Elbakin.net qui m'a fait connaitre un livre que je n'aurais certainement jamais osé acheté ;)

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Ravie que ça te plaise :) Bon ma mémoire doit me faire défaut : y'a un Jean-Louis ? Bon en même temps Terre d'Ange étant une France alternative, pas plus étonnant que ça dans le choix des prénoms ;)

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Ouais, c'est pendant
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s’appelle Jean-Louis.

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Un peu d'archéologie ...A force d'entendre dans vos podcasts Witch dire que Kushiel c'est vachement bien j'ai craqué, et il se trouve qu'elle a raison :)Au début je dois avouer que je n'étais pas des masses convaincue, pendant plusieurs chapitres j'ai eu l'impression de relire Geisha de Golden, la formation d'une courtisane avec une particularité (les yeux aussi en plus) ... Le récit décolle vraiment quand on comprend où Delaunay veut en venir et que l'histoire prend une tournure "magouilles politiques et manipulations en Terre d'Ange" et que l'on s'interroge sur l'avenir de Phèdre. L'auteur a une très jolie plume (et le traducteur aussi) et je me suis vite attachée aux personnages principaux, dépeints tout en nuances.J'attaque la suite bien vite en tout cas!
Bon en même temps Terre d'Ange étant une France alternative, pas plus étonnant que ça dans le choix des prénoms
Aaaaaahhhh. Erf.J'ai passé tout le livre à me dire "tiens c'est sympa, eux on dirait un peuple plutôt écossais, eux là ce sont des peuples germaniques, voir scandinaves, mais diable c'est quoi l'inspiration derrière les d'angelins?"Comme quoi, quand ça veut pas comprendre, ça comprend pas ^^(et ça m'apprendra à pas regarder les cartes)

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Ravie, ravie, ravie que cela te plaise :bisoumain:Tu n'es pas la première à citer Geisha (pas forcément de façon positive d'ailleurs :) ) Pour moi toute la différence avec la description de cet univers particulier et existant tient en l'existence des divinités de l'univers de Carey.Si tu ne reçois pas
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pas question d'envisager les Maisons de la Cour de Nuit. Ce qui donne quand même une autre "légitimité" au commerce qui s'y pratique, il me semble. Pour la traduction, j'en parlais à quelqu'un ce week-end, puisque j'ai eu le plaisir de recroiser Frédéric Le Berre, pour vanter à nouveau l'impressionnante qualité de son travail.

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La comparaison avec Geisha (pour moi en tout cas) n'est pas forcément positive effectivement ^^ Pas que ce soit un mauvais livre, mais le fait de retrouver des ficelles similaires au début m'a perturbée.Il est certain que la question du libre choix à la fois des membres de la Cour et des clients est central à l'univers.
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Par contre, en cas d'élus, appelés et autres choisis, peut-être que le choix n'est plus si libre :)
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Quand je lis sa biblio sur wiki j'ai l'impression de voir Feist (c'est pas un compliment :) ).Les différentes trilogies sont elles complètement dissociables ou se suivent elles ? J'ai tellement de cycles en "pause forcée" que je commence plus un livre sans être sur que sa rédaction est terminée :DMerci

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Muhyidin a écrit :Quand je lis sa biblio sur wiki j'ai l'impression de voir Feist (c'est pas un compliment :) ).
:huh: <_< Avec "seulement" trois trilogies dans le même univers, en quoi est-ce ressemblant avec Feist ? Parce que dans ce cas les pages wiki de Martin (un seul univers 15 tomes) , Hobb (7 cycles dont quatre je crois dans le même univers) Eddings (deux fois 5 tomes dans le même univers), McCaffrey (plus de 15 tomes, répartis en 4 cycles au moins), MZ Bradley (plus de 20 tomes univers unique) et j'en passe, sont aussi assez proches :rolleyes: Ou tu voulais parler de leur biographie ? Bref j'ai pas bien compris le sens de ta comparaison :D
Les différentes trilogies sont elles complètement dissociables ou se suivent elles ? J'ai tellement de cycles en "pause forcée" que je commence plus un livre sans être sur que sa rédaction est terminée :DMerci
Les deux trilogies Kushiel et Imriel sont liées : pas trop possible de lire la deuxième sans avoir lu la 1ère mais pas d'obligation de poursuivre après le tome 3 de la première. La trilogie non traduite de Moirin se passe longtemps après les deux premières. Pas nécessaire d'avoir lu les deux premières mais pas mal de nuances et d'informations sur le fonctionnement de l'univers risquent de manquer. Et sinon :arrow: Jacqueline Carey avec liens vers les critiques des deux trilogies et celle de sa duologie hors Kushiel, c'est encore mieux pour savoir que tout est écrit :pDe rien :)

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Avec "seulement" trois trilogies dans le même univers, en quoi est-ce ressemblant avec Feist ?
Peut-être tout simplement parce que Feist est le roi des trilogies dans un même univers ? ;)

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J'ai trouvé le premier tome sympa et j'ai enchaîné direct sur le deuxième. Mais je n'ai pas pu lire toute de suite le troisième, donc j'ai lu d'autres choses... C'est sans doute pour ça que je me suis ennuyée en lisant Avatar. C'est répétitif :
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.En fait, je n'aime pas les passages de sexe aussi explicite. C'est mon côté prude ou fille coincée mais pour moi, le sexe relève de l'intime, du personnel. Et comme je ne suis pas sadique, les détails des séances de Phèdre me dérangent.Mais je reconnais que, ça mis de côté, les bouquins se lisent facilement et le monde créé par Carey n'est pas sans intérêt. Il a au moins le mérite de m'avoir fait réfléchir sur l'utilité des scènes de sexe dans la littérature, sur la liberté des individus à aimer comme ils le veulent et sur le sado-masochisme en particulier.

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En passant ... :)Fini la trilogie il y a une semaine ou deux (ah le train) et je reste sur mon sentiment premier, c'est fort agréable, un peu étonnant quand on est habitué à de plus chastes lectures mais rien d'alarmant. En général j'ai trouvé les scènes de sexe justifiées par la trame de l'histoire, à part peut-être dans le dernier tome où mon imagination se serait passé de la description
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mais ça reste du pinaillage.Je suis restée attachée à Phèdre tout au long de la lecture, au point d'être dans la situation inconfortable où je lui souhaite une vie tranquille de château avec une pile de bouquins, un garde du corps blond et plein d'amis, tout en me faisant la réflexion que ce serait quand même barbant comme aventure.Imriel vient en tout cas de faire son entrée sur ma PAL, donc à suivre :)