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par darkfriend
Elbakinien d'Or
Tout frais émoulu elbakiniste, j'étais à la recherche d'un bon cycle de Fantasy, mais échaudé par les nombreuses horreurs qui parsèment le genre, je voulais la crème de la crème. Et en parcourant, début 2003, les quelques critiques proposées par Elbakin, je suis tombé un peu comme ça sur Jordan et "L'oeil du monde". Hm?! Le synopsis et la critique m'ont curieusement titillé mais sans plus. En plus, le critique insistait pour que le lecteur lise l'oeuvre en VO, tant la traduction était supposée mauvaise.Quelques jours plus tard, en farfouillant dans la librairie de mon université, j'ai vu que les trois premiers tomes en anglais étaient en vente à un prix dérisoirement pathétique. A l'époque, ayant un pécule fort limité, j'ai hésité - un peu comme un vautour paranoïaque qui a horreur des soubresauts inattendus de la victime - pendant une bonne semaine avant de me décider sur un coup de folie : j'ai acheté coup sur coup, TEOTW, TGH, TDR!Très vite pris par l'histoire -tout en étant immédiatement amusé par le côté stéréotypé de certains personnages - je me trimbalais tous les jours avec le volume en anglais PLUS un dictionnaire anglais-français d'un poids conséquent.Je dois dire que l'élément qui m'a fait décider pour lire en anglais, est que je lisais trop vite en français. ça me causait des tourments épouvantables pendant la préparation de mes examens car je passais mes soirées à fuir en lisant tout ce que je trouvais sous la main en français. J'avais donc décidé de me compliquer la vie avec une règle très simple a) soit je révise mes examens b) soit je lis en anglais the Wheel of Time.A l'époque, j'étais terriblement fier de pouvoir lire en VO et de sentir que je comprenais l'histoire, les subtilités, les jeux de mots, les allusions...et mieux encore, de comprendre à quel point le critique d'Elbakin avait raison : la traduction était si atroce qu'on en perdrait la raison.Presque plus que la lecture, une fois un tome terminé, j'adorais me jeter sur les commentaire des autres fans (glânés sur Elbakin, mais aussi sur Amazon US), et sentir toute une connivence lier des lecteurs entre eux, partagé entre le souffle réellement épique de la Roue du Temps et le charisme de ses réprouvés, et ses faiblesses vestimentaires et autres, si criardes qu'elles en devenaient une marque de fabrique.Je me souviens tout particulièrement que j'étais dans un état de confusion durant la lecture de LOC, ACOS et TPOD, lu durant tout l'été 2003, qui est également celui de la grande canicule qui a frappé toute l'Europe (remember? c'était il y a dix ans!), parce que dans ces tomes également, le DO avait une fois de plus prouvé sa capacité de nuisance avec une sécheresse monumentale (The Dark One's taint on the World). Curieuse résonnance entre fiction et réalité. La seule vraie déception que j'ai eue, en tant que lecteur, c'est avec COT qui est vraiment le maillon le plus faible de toute la série, mais j'ai été émerveillé par la reprise du souffle épique dans l'avant-dernier tome (TOM). Il faut quand même dire que si cette série garde son intérêt à part, c'est en très grande partie grâce au personnage principal Rand al'Thor, le Dragon, qui est vraiment fabuleux : c'est le seul qui évolue vraiment intérieurement dans chaque tome (et il y en a 14! Rendez-vous en compte). Et quelque part c'est bon signe : si on aime une série d'abord à cause du personnage principal et non pas à cause d'un personnage secondaire censé amuser la galerie, c'est que l'auteur a vu juste.:)Pour terminer, j'aimerais juste redire MERCI à Robert Jordan pour toutes ces années passées dans son monde, avec toujours, cette tristesse qui reste en pensant à sa maladie et à son décès vraiment trop prématuré.:(P.S. : je n'y pensais même plus mais c'est bien à cause de Jordan que j'ai fini par sortir de mon anonymat et par m'inscrire sur Elbakin...le pseudo que j'ai choisi en est un témoin éclatant!;)