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La Terre a été prise "en photo" depuis l'espace. Les visiteurs sont-ils sur cet artefact découvert dans notre système solaire? Le vaisseau Thésée part en mission. A son bord, cinq membres d'équipage recrutés avec soin : une linguiste aux personnalités multiples, un biologiste qui s'interface aux machines, une militaire pacifiste et un observateur, Siri Keeton, synesthésiste. Leur commandant est peut-être le plus étrange : c'est un homo vampiris, autrement dit un vampire aux facultés intellectuelles remarquables. Pourtant, malgré leurs aptitudes exceptionnelles, rien ne peut les préparer à ce qu'ils vont découvrir lors de ce voyage terrifiant...Hasard du calendrier ou volonté inconsciente de lire des romans sur les premiers contacts aliens, je ne sais pas. Toujours est-il que juste après Points chauds de Laurent Genefort, je me suis attaqué à Vision Aveugle de Peter Watts.Bien m'en a pris, ce roman est une incontestable réussite. Sous une fine couche d'enrobage hard science pour le côté acidulé de la friandise, se trouve un cœur de psychologie totalement délicieux.Mais comme Peter Watts ne voulait pas faire comme tout le monde (et c'est tant mieux), il a choisi d'aller à l'encontre de ce qu'on a l'habitude de voir dans les récits de rencontres du troisième type. Non seulement les extra-terrestres sont biologiquement très différents des schémas habituels mais ils le sont surtout mentalement. Leur organisation sociale, leurs objectifs, leur mode de pensée sont radicalement opposés à ceux de l'être humain, et l'auteur parviens vraiment à faire transparaître cela dans les interactions entre l'équipage du Thésée et les "visiteurs". Les efforts des protagonistes pour se détacher des systèmes de pensée terriens (pas seulement humains, animaux également) sont réellement bluffants de réalisme. Cette équipe complétement improbable chargée d'entrer en contact avec les aliens est aussi véritablement l'occasion pour Peter Watts de démontrer sa maestria dans la description des psychologies les plus complexes. Aucun des passagers n'est un humain "normal" (si cela existe). Ils ont tous des particularités suffisamment incroyables pour rendre leur psychisme exceptionnel. Pourtant, on rentre parfaitement dans l'intimité de l'espace confiné du Thésée et même dans celui, plus inaccessible encore qu'un vaisseau spatial, de l'esprit de chacun des voyageurs. Les livres capables de transmettre aussi bien les angoisses, les aspirations, les doutes, les désirs ou les sentiments de leurs personnages sont rares. Alors ceux qui permettent de se glisser dans la peaux d'être phénoménaux, de véritables phénomènes de foires (sic)...D'ailleurs la volonté de l'auteur de nous mettre à la place des acteurs de l'histoire n'est même pas cachée. Le nombre très élevé d’occurrences des locutions du type "si vous étiez [inserer le nom d'un personnage]" est là pour le prouver. Pourtant cela ne démonte pas du tout l'effet de substitution. Au contraire, cela nous force même à essayer de penser différemment et finalement nous aide à devenir quelqu'un d'autres, quelqu'un d'exceptionnel.Franchement, pour un tel résultat, on ne peut que remercier l'auteur. Il nous procure une véritable évasion, du rêve éveillé (peut-être un peu sombre, peu être un peu angoissant, mais rêve quand même). Un autre oxymore qui va comme un gant à ce Vision Aveugle9/10

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Ata tu m'énerves !!!! ;) Comme si ma liste de cadeau pour noël n'était pas assez longue :lol: Merci quand même, pour ta critique, elle donne très envie.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Désolé ;)Celui-ci est en poche, pas besoin de le mettre sur la liste des cadeaux. C'est achat compulsif direct, non ? :DUn petit truc quand même : ceux qui sont totalement allergiques aux termes scientifiques (il y en a un peu même si on n'a pas ici un véritable livre de hard science pur jus), il y a deux solutions :1) ne vous braquez pas, l'aspect hard science est vraiment juste là pour le décor et parce que Peter Watts va au bout de tout ce qu'il fait. Du coup, il détaille tout. Mais comprendre la totalité de ces aspects techniques n'est pas du tout indispensable.2) passez votre chemin, mais vous allez rater un véritable phénomène ;)

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Lu il y a très longtemps, je vous remet la critique de l'époque :Les Lucioles sont tombées sur la Terre. Ces choses venues des étoiles ont pris l'humanité en "photo", elles l'ont cartographié. Sans que quiconque puisse le prévoir ni l'arrêter. En 2087, Siri Keeton, un "observateur", ainsi qu'un équipage des plus singuliers, embarquent à bord du Thésée. Au cœur de ce vaisseau, ils vont devoir trouver l'origine des Lucioles et leurs mystérieux créateurs. Mais dans l'ombre de cet immense curiosité spatiale qu'est Big Ben, Siri Keeton, l'équipage et le sinistre vampire Sarasti les commandant, vont devoir sonder les profondeurs du Rorschach, le terrifiant vaisseau qui gravite autour de l'artefact...Peter Watts est un auteur inconnu en France. Pourtant bien établi outre-Atlantique avec la trilogie "Rifters" et une dizaine de nouvelles, Fleuve Noir lui offre enfin l'honneur d'une publication sous nos latitudes. Vision aveugle est un livre de science-fiction pure et dure, que l'on pourrait facilement qualifier de Hard-SF. Nominé au prix Hugo 2007, le roman de Peter Watts est l'occasion de retrouver une SF forte, intelligente et diablement stimulante.Tout commence donc par un flash-back. Ceux-ci seront nombreux au cours du récit permettant une meilleure compréhension des événements et des personnages embarqués à bord du Thésée. Ce premier retour en arrière se fait autour du personnage principal de l'histoire, Siri Keeton. Celui-ci est un "synthétiste" ou observateur, qui a subit une hémisphèrectomie (on lui a enlevé la moitié de l'encéphale) du fait de crise convulsives très graves dans sa jeunesse. De ce fait, il se trouve presque incapable de ressentir des émotions mais peut décrypter le langage corporel de tous les autres humains, devinant leur moindre pensée et émotion. Personnage au destin aussi tragique que fascinant, Siri Keeton n'est pourtant pas le seul être stupéfiant qui hante les couloirs du Thésée. Mais il est peut-être celui dont on se sent le plus proche et par lequel l'auteur échafaude et discute ses théories les plus brillantes. Développant parallèlement à l'histoire, le passé de l'observateur, Watts insuffle une composante émotive forte et prenante autant que psychologique à son récit. Bien qu'on puisse reprocher parfois la construction et l'alternance flash-back / trame principale, le canadien fait preuve d'assez de génie dans le reste de ses idées pour effacer ce bémol.Car si Keeton est le narrateur de Vision aveugle, l'équipage du Thésée n'en est pas moins une attraction délicieuse. On y trouve tout d'abord Susan James, une linguiste aux personnalités multiples (elle héberge 4 entités en elle) qui permet à l'auteur de disserter longuement sur les notions de langage (un des thèmes central du roman) mais aussi sur le psychisme. A celle-ci s'ajoute le personnage d'Amanda Bates, une militaire "pacifiste" aux méthodes peu conventionnelles et au passif terrifiant ainsi que Isaac Szpindel un biologiste dont le corps est interfacé à toutes sortes de machines et d'appareillages... Enfin, le dernier membre d'équipage et commandant du Thésée est l'être le plus fascinant du livre : Jukka Sarasti, un Homo vampiris ou "vampire". Jamais vraiment cerné et peu présent physiquement, ce sont les commentaires et le ressenti de Siri Keeton qui font prendre toute sa consistance au personnage, le rendant plus effrayant mais aussi beaucoup plus intéressant. Ôtez-vous immédiatement l'image du vampire made in Twilight au look tectonik, beau gosse et végétarien, ici Peter Watts choisi de reprendre le mythe du vampire et de se le réapproprier par le prisme scientifique. Dès lors, nous sommes dans un tout autre niveau que les minables inventions de Stephenie Meyer. Présumant un contexte d'apparition ancestrale de cette race désormais ressuscitée par les hommes et la génétique pour certaines capacités uniques, l'homo vampiris de Vision aveugle est un monstre froid, tueur compulsif qui ne voit en l'homme que du bétail et dont la principale épreuve est de contrôler ses pulsions. Doté d'une intelligence et de processus cognitifs spectaculaires, ces vampires sont pourtant sensibles aux croix...Une faille dans le développement de l'espèce rendue avec tant de crédibilité par l'auteur qu'on en reste pantois. Pour enfoncer le clou (ou le pieu, c'est selon), Peter Watts reviendra sur cette idée d'Homo vampiris dans ses excellentes annexes où il explique ses choix et cite les articles scientifiques auxquels il s'est référé. Une relecture impeccable d'un mythe malmené de nos jours et un emploi intelligent et non juste pour appâter le client, bravo à l'auteur.On comprend donc très vite que l'aspect scientifique du livre sera prépondérant, sans pour autant tomber dans une assommante masse de données qui pourrait anéantir toute envie de lecture. Au contraire. La galerie de personnages de Vision aveugle sert de pilier autour des principales idées du récit.Watts parlera pêle-mêle des vampires et des processus cognitifs humains, du langage et des formes biologiques xénos possibles. Il parlera surtout longuement de cette notion capitale : Le premier contact avec l'autre. Le récit de ce premier contact n'est pas sans évoquer le livre de Richard Paul Russo, La Nef des fous et partage parfois une même ambiance glauque et horrifique. Pourtant, nous n'aurons pas droit à un livre d'horreur qui finirait en Alien puisque ce n'est nullement l'objectif du canadien. On aurait surement aimer plus d'exploration du terrifiant Rorschach mais cela aurait certainement amoindri l'impact des autres évènements du roman.Puisque c'est avant tout de l'humanité et de l'évolution que Peter Watts va nous parler, ceci par le biais d'une phénomène appelé Vision Aveugle. Ce processus permet à une personne privé du sens de la vue ou qui en semble privé, de pouvoir "voir" en passant outre le cortex cérébral. Celui-ci serait court-circuiter par le tronc cérébral qui "sentirait" et donc donnerait une sensation de vue. Dès lors, il faut s'interroger sur le rôle de notre cerveau et surtout sur les notions d'intelligence et d'évolution ! Celui qui semble le plus intelligent n'est peut-être pas celui que l'on pense...Ce qu'il faut aussi noter sur Vision aveugle, c'est cette volonté pour l'auteur non seulement de coller au plus près des théories scientifiques mais de reprendre aussi un terrain science-fictif connu qu'il va manipuler avec brio. Vaisseau Spatial, entités extra-terrestres, artefact, naine brune ou encore machines de Von Neumann, l'écrivain canadien a de quoi séduire les passionnés de l'espace, de son exploration et de ses mystères. En mêlant à part égale technologie, théories scientifiques, psychologie et exploration, Peter Watts offre un cocktail détonnant encore plus passionnant qu'un Spin. Il faut encore insister sur l'immense travail abattu par l'auteur et que celui-ci développe dans les annexes du livre, citant des tonnes d'articles. Un travail de titan qui prouve que la SF hard-science de haute volée n'est pas morte, bien au contraire.Roman sur un premier contact, sur l'homme, sur des personnalités fortes et marquantes et sur de nombreux thèmes scientifiques, Vision aveugle est une brillante réussite à peine occultée par quelques lacunes dans sa construction globale. Il n'en faut pas moins pour recommander très chaudement ce livre dont l'auteur, Peter Watts, possède un sacré talent. Un indispensable pour tous les amateurs de science-fiction ! Espérons au plus vite la traduction de ses autres ouvrages...D'ailleurs, enchaînes sur La Nef des Fous, tu auras fait un triplé SF de haut vol :p

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Mince, j'ai raté le triplé alors. Car depuis, j'ai terminé le T3 des Chroniques de Tramorée, Omale, le premier roman (qui est assez sympathique au passage) et je suis en train de terminer le T2 de l'intégrale de Nephilim. Oui j'ai mis pas mal de temps avant de rédiger mon avis sur Vision Aveugle)Notons aussi que depuis, la trilogie Rifter de Peter Watts est aussi passée par la case VF (toujours grâce au Fleuve Noir). Le T1 est même dispo en poche tandis que le T3 arrive bientôt (en grand format).D'après les échos que j'en ai, c'est une nouvelle fois du tout bon !

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J'ai déjà lu le Tome 1 de Rifters, j'ai le deux sur ma pile à lire, c’est un bon roman (pas du même niveau que Blind Sight) mais après il me semble que c'était son premier roman donc ça va ^^Pour la Nef des Fous, je te conseillais ça parce que si tu as aimé l'exploration du Rorschah qui est bien flippant dans mon souvenir, tu retrouve le même sentiment dans l'exploration du monde puis du gigantesque vaisseau de la Nef, en remplaçant les questions technologiques par des questions philosophiques sur l'homme, la religion et Dieu. Bon par contre... pas de vampire ^^