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par lambertine
Elbakinien d'Or
Je me permets de remonter le sujet...Je suis assez étonnée des commentaires plutôt négatifs concernant la Belgariade et la Mallorée (je viens de les terminer et je n'ai pas encore lu les autres oeuvres des Eddings) qui m'ont fait passer quelques nuits blanches. J'ai pourtant lu quelques autres auteurs et cycles de Fantasy, et je dois reconnaître que cette décalogie m'a beaucoup plu. On me rétorquera son "manque d'originalité". Je répondrai : et alors ? Bien sûr, le cycle est bourré d'archétypes. Je dirais même qu'il est un ramassis d'archétypes : le vieux sorcier, la princesse pourrie gâtée, le héros prince caché, le guerrier bien bourrin, le méchant dieu endormi, le joyau "magique", l'épée ancestrale, la "bataille qui fait diversion", le peuple de méchants-très-méchants etc... Mais il me semble qu'Eddings l'assume, joue avec ces archétypes, et, par delà, en fait une oeuvre très personnelle, rafraîchissante, drôle, émouvante. Contrairement à d'autres, j'ai beaucoup apprécié le duel Garion/Torak. Et moi, les happy end ne me dérangent pas. Pourquoi diable une histoire devrait-elle se terminer tragiquement pour être bonne ? Je sais que c'est bien vu de le dire, mais pour moi, le fait qu'une histoire ait une chute dramatique n'est pas un gage de qualité.J'ai aussi beaucoup apprécié les personnages. A commencé par Garion-pourquoi-moi. Sincèrement, ses doutes et ses réticences le rendent humain, le Garion. Je connais peu de gens qui frétilleraient d'aisance en se découvrant roi et Elu-tueur-de-dieu-potentiel. Ce'Nedra est au premier abord la princesse tête à claques dans toute sa splendeur, mais elle est aussi une femme aux multiples facettes, qui vont de la mère-poule au chef de guerre, en passant par l'amoureuse. Polgara ne m'ennerve pas. Elle est à la fois protectrice et déterminée. Silk, n'en parlons pas, d'autres ont fait son panégyrique plus haut. Mandorallen est l'archétype même du chevalier-sans-peur-et-sans-reproche. Relg et Taïba ont une relation qui m'amuse beaucoup, elle jouant de sa séduction, lui voyant le péché partout... Barak est un guerrier bourrin bien bourrin, mais au coeur sensible. Belgarath un vieux bonhomme aussi drôle, joueur, buveur... dragueur, que puissant et nostalgique. Durnik, aux pieds bien sur terre, et au coeur dans les nuages, pourtant, amoureux transi et dévoué, incarne le bon sens du groupe. Hettar est troublant, pétri de haine pour les Murgos... et d'amour pour les chevaux. Lelldorin... qui a dit qu'il était insignifiant ? Il me touche, moi, ce gamin, pas très fûté et victime de son éducation, qui se rend compte qu'il avait "tout faux" sur bien des points.Les personnages secondaires sont bien torchés, eux aussi. Que ce soit la douce Adara, Varana le militaire, le capitaine Greldig et sa bière...Par contre, je ne dirais pas les personnages sont "manichéens". Le cycle l'est. Au sens strict, il me semble, avec l'affrontement des deux prophéties. Pas les gens. Un des grands méchants de la Belgariade, Zedar, a au départ agi pour contrer Torak. Il s'est laissé corrompre parce que la volonté du dieu était plus forte que la sienne, c'est tout.Et, dans la Mallorée, on voit qu'un "méchant" comme Zakath est en fait un homme blessé, qui a plus que des bons côtés. Quant aux "gentils", et bien, ils sont pétris de défauts, dont le mondre n'est pas le fanatisme (Hettar et sa haine des Murgos, Relg et son obsession du péché, Lelldorin et - au début - ses ressentiments anti-mimbraïques). Silk a beau être super-sympa, c'est quand même un homme d'affaires très peu scrupuleux avec lequel je préférerais ne pas traiter.Alors, la Belgariade ou la Mallorée ? Je prends les deux, et j'en redemande.