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La chronique aurait dû arriver aujourd'hui, bon, ça risque d'être ce week-end, mais en attendant... ;)

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Ici les horloges tournent et ne sont jamais les mêmes. Le temps s’emballe, se règle et se dérègle d’une rue à l’autre, sous un ciel que personne n’a jamais vu. À la place, une voûte gigantesque de pure lumière, un dôme d’éclairages artificiels supprimant toute zone d’ombre, sans interruption. Bienvenue dans l’enfer de Soliade, cette ville embrasée où tous courent après les innombrables lignes temporelles.

John Nyquist, détective privé, est engagé pour retrouver Eleanor Bale, une jeune fugueuse de dix-huit ans. Dans quel recoin a-t-elle bien pu se cacher, alors qu’il n’existe aucun lieu épargné par la lumière ? Dans les ténèbres de Nocturna ou bien plus loin encore, au-delà des frontières de cette cité
double ? Pour Nyquist, il ne s’agit pas d’une affaire de routine : à ses trousses, un serial killer invisible surnommé le Vif-Argent sème la panique.

Au cours de son enquête, John Nyquist s’aventurera jusqu’au Crépuscule, cet entre-deux abominable où grouillent la menace et les silhouettes obscures,
afin de sauver Eleanor… et probablement la ville tout entière.

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J’attends impatiemment de lire ta critique. Je l’ai commencé suite à ton message et j’en suis à la moitié. Je ne sais pas encore si j’aime ou pas. Et si je vais réussir à aller au bout et si ca en vaut la peine. Je connaissais Jeff Noon de nom, et ca semble être en accord avec ce qu’il a écrit précédemment, mais je suis peut-être pas le bon public.

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Je ressors de cette lecture avec un bilan mitigé (en témoigne le fait qu'il m'ait fallu presque une semaine de plus pour arriver à boucler le roman).

Commençons avec le positif ; en écho au sujet sur les claques, j'ai bel et bien eu l'impression d'en prendre une avec ce livre. J'ai vraiment aimé la façon dont Noon structure ses phrases, comment il enfile ses mots. Ca semble bête, mais c'est très rare pour moi de m'arrêter pour relire des passages simplement parce que j'aime comment l'auteur "malmène" la langue (lu en VO) pour qu'elle se plie dans le moule qu'il veut lui donner. Ca peut vite devenir un effet de manche, mais ce n'est pas le cas ici (amha) et c'est un succès de bout en bout. Ca se double aussi d'une capacité à créer de l'émerveillement avec quelques mots. Comme je l'ai dit précédemment, c'était mon premier Noon, mais je comprends pourquoi on dit beaucoup de bien de lui.

En sus, j'ai trouvé l'ambiance et l'univers très beaux et intrigants. Ces histoires de lignes de temps différentes, cette ville totalement artificielle, vivant en dehors du rythme normal diurne / nocturne : tout simplement wouahou ! J'en ai fait des rêves, c'est pour dire. C'est déroutant, c'est visuel et épidermique. C'est vraiment le point qui a été une claque pour moi.

Par contre, quelle déception au niveau de l'intrigue et dans une moindre mesure des personnages (qui sont peu nombreux). J'avoue que le hardboiled n'est pas forcément mon genre de prédilection, mais j'ai vraiment trouvé qu'ici il y avait bien peu d'éléments à se mettre sous la dent. L'intrigue manque d'épaisseur, il y a au final que peu de péripéties et beaucoup se devinent à l'avance. C'est un peu le même problème avec les personnages : pas beaucoup de profondeur (même s'ils ne sont pas déplaisants, ni ratés), peu nombreux alors qu'ils avaient une cadre fabuleux à habiter / occuper et vraiment aucune évolution (encore une fois, c'est peut-être le genre qui veut ça).

Bref j'ai vraiment trouvé que l'histoire n'arrivait pas à avancer alors que le but du roman n'est pas, à mon avis, d'être contemplatif (en tout cas pas en premier lieu). Ca explique donc pourquoi j'ai eu autant de difficultés à arriver au bout. Je suis content de ne pas avoir à mettre une note dessus, parce que certains aspects sont vraiment fantastiques pour moi, mais d'autres au contraire sont au ras des pâquerettes. Et moyenner ne me semble pas bien représenter le livre. J'imagine assez bien certains lecteurs adorer et d'autres détester.

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Sans invocation ou pression d'une tiers-personne, je tiens à dire ici que j'ai vraiment beaucoup aimé Un Homme d'Ombres de Jeff Noon.
L'univers mis en place est vraiment excellent, c'est du weird de la meilleure facture avec une conception temporelle franchement originale et qui donne lieu à des éléments magnifiques.
L'intrigue policière, certainement en retrait, reste à mon sens efficace et bien menée, avec une galerie de personnage qui tient la route.
Bien sûr, on pourra dire que Noon est meilleur pour son univers que pour ses péripéties, mais rien que pour ça, ça mérite certainement qu'on y jette un œil.
ET comme d'hab, je développe plus dans ma critique pour les curieux.
Je retourne désormais dans ma grotte jusqu'à ce que maître Gillo m'invoque de nouveau.

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Merci messieurs, je me sens moins seul. ;)

C'est vrai que l'enquête proprement dite, bon... elle n'est pas renversante, contrairement aux jeux sur le temps, souvent très bien vus. Avec le recul, il y a un petit côté Dark City dans l'ambiance (?).

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J'ai effectivement tout de suite pensé à Dark City à la lecture du résumé, les horloges ayant aussi une certaine importance dans ce film. En attendant je risque de lire le livre très prochainement !

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Le résumé m'a directement fait penser à Dark City -que j'ai revu il y a peu via Amazon Prime, pour ceux que ça pourrait intéresser), mais on devine énormément d'influences conscientes ou inconscientes dans ce livre.

Les cinquante premières pages ont été une véritable invitation à un voyage étrange, non dénué de maladresses mais capable de faire jouer les sensations et l'imagination du lecteur. Il y a quelque chose de "too much" à cette ville recouverte d'ampoules et dont on ne peut voir le ciel, mais Jeff Noon sait trouver les images et les formulations percutantes pour nous faire comprendre son univers.
Malheureusement, ça n'a pas duré.
Il y a eu une fracture pour moi lorsque le livre est passé de la description de la ville à l'introspection brumeuse (ce qui est le cas de le dire) de son héros qui parcourt cette (et ces) ville(s).

J'aime lorsque un roman me perd et m'invite dans sa folie. Ici, et d'une certaine manière cela est en adéquation avec les thèmes de ce livre, les errances troubles et sans point de repère du héros m'ont paru factices, comme une excuse pour gagner du temps sans forcément mener quelque part jusqu'à ce qu'enfin on puisse aller au dénouement.
L'enquête policière est simple. Ce qui est tout sauf un défaut, mais la manière dont les informations, les pistes et les indices sont dilués dans le roman m'a parut nuire au rythme. Entre le début qui pose les bases et le dénouement de fin, un grand milieu avec une forte baisse de rythme. Dommage. Certaines choses sont prévisibles également et ont entaché mon ressenti de lecture.

Au final, un Homme d'ombres est une curiosité beaucoup trop sage mais non dénuée de qualités, qui mérite un coup d'oeil pour se faire son propre avis.

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Bien aimé pour ma part pour son ambiance prenante et cette idée géniale d'un "temps à géométrie variable" qui bouscule une chose aussi basique que le déroulement de la journée.
Intrigue solide, même si je rejoins Nephtys sur une baisse de rythme en milieu de roman - pour ma part elle se produit après
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Il y a quelques dizaines de pages où on tourne en rond de manière un peu molle.

Les personnages sont plutôt pas mal, petit bémol sur le détective sur lequel on en sait trop ou pas assez - j'aurai préféré soit en savoir davantage pour avoir de l'empathie avec lui, soit moins pour le réduire à sa fonction, un peu comme dans le Continental Op de Moisson rouge de Dashiell Hammett.

Excellente dernière partie, comme le dit Gillo dans sa critique, et belle conclusion.

Je serai du nombre pour la suite.:)