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Un nouveau extrait, LONG. Si vous avez des remarques, je suis preneur. Sans trop en dire, c'est une scène test pour moi et surtout pour mes... contacts, donc, j'aimerais autant des avis pour la peaufiner. Merci d'avance à ceux qui se donneront la peine.
Elbakin revint vers le petit groupe. Apparemment, la situation était sans danger pour eux. Le campement à moins d’une lieue de l’endroit où le carrosse et les mercenaires l’attendaient en compagnie de Malgath appartenait à de simples musiciens. « Tu crois que c’est vraiment une bonne idée ? lui demanda son acolyte en le prenant à part. Nous ferions mieux de partir de notre côté. — C’est un peu tard désormais, rétorqua le Demi-Elfe en haussant les épaules. Nous nous sommes engagés à les aider pour la nuit.— Nous ? Tu as pris cette décision sans me consulter, lui rappela Malgath. Je vois bien où tu veux en venir…— Cesse donc de sourire bêtement, tu m’agaces. Si tu veux tant faire des boniments, vas donc nous annoncer auprès de ces troubadours. Et essaie de ne pas leur faire peur ! »Le géant noir répondit à cette dernière pique d’un geste obscène, sans se retourner, prenant la direction de la petite assemblée de roulottes. Ce qu’Elbakin pouvait être agaçant par moments ! La plupart du temps, il ne donnait jamais les vraies raisons de ses volontés, même lorsque celles-ci étaient évidentes. Pour l’heure, il était criant que la vision de la jeune beauté que protégeaient les mercenaires l’intriguait. Après les avoir de prime abord confondu avec leurs agresseurs, cette bande de soldats aguerris leur avait fait bon accueil, mais ils demeuraient eux aussi on ne pouvait plus secrets. Certes, ils avaient admis à demi-mots que cette jeune fille était une personnalité importante, du moins, qu’elle le deviendrait s’il ne lui arrivait rien de fâcheux, et qu’ils avaient été grassement payés pour la conduire à Oldoban. S’ils y parvenaient sans encombres, ils devaient même pouvoir compter sur une solde supplémentaire. Mais pour cela, il fallait qu’ils ne prennent pas de retard. Aussi avaient-ils proposé aux deux serviteurs d’Albédion de leur donner un coup de main et de partager avec eux leur prime en échange. Malgath sourit pour lui-même tout en cheminant. Sans doute les mercenaires avaient-ils été impressionnés par la manière dont ils s’étaient défendus tous les deux le temps de leur méprise. Il y avait de quoi. Quand bien même ils étaient fourbus, le Demi-Elfe et lui-même pouvaient en rabattre à n’importe quel adversaire en ce bas monde, Humain ou Elfe. Quoiqu’au sujet des Elfes, le géant noir se dit qu’une petite séance de remise à niveau n’aurait peut-être pas été de trop. Plus fluets que les Humains, les parias exilés sur l’Ile du Dragon étaient pourtant d’une constitution plus robuste et surtout d’une vivacité sans égale. Malgath se sentait un peu rouillé par moments. Bien évidemment, des morts-vivants ensorcelés constituaient toujours des adversaires intéressants, mais un peu plus de variété ne lui aurait pas déplu… Le géant noir se distinguait parfois par certaines opinions étranges…Elbakin observait son camarade s’éloigner à pas lents de leur convoi, mais il se retourna bien vite vers l’attelage. La bande des mercenaires avaient mis pied à terre, mais ils paraissaient tous prêts à remonter en selle dans l’instant. La tension qui transitait de l’un à l’autre était évidente. Des coups d’œil échangés frénétiquement la bouche pincée, des gestes qui se voulaient secs et précis mais qui laissaient entrevoir des tremblements, de longs silences pesants, une fatigue de plus en plus apparente au fil des minutes…A l’intérieur de son carrosse, la jeune fille était tout du moins préservée de tout cela. Il secoua la tête. Est-ce qu’il la connaissait ou pas ? Il n’avait fait que l’apercevoir, mais le temps de croiser brièvement son regard, et… Un nom était remonté de sa mémoire. Lofra. Etait-il possible qu’elle fusse la petite fille de son enfance ? Mais c’était utopique, elle devait être morte. Morte par sa faute lorsqu’il s’était vengé de ce village et de tous ses habitants… Il était certain que la petite fille n’avait pas échappé à sa colère destructrice… C’était précisément à cause de tout cela qu’il s’était ensuite donné la mort. Elbakin réfléchissait à tout cela un peu à l’écart des mercenaires lorsque son compagnon d’infortune revint, tout sourire. « C’est d’accord, nous pouvons partager le campement avec eux ! Ils sont fort aimables. Venez donc ! »L’attelage s’ébranla immédiatement. Deux hommes au-devant du carrosse, un sur chaque flanc, et deux autres pour assurer les arrières, les mercenaires connaissaient bien leur mission. Pendant ce temps, Elbakin et Malgath s’étaient retrouvés tous les deux, sur l’initiative du géant noir qui paraissait décidé à poursuivre leur conversation interrompue un peu plus tôt. Il n’aimait pas se voir cacher des choses, futiles ou non. Mais ce fut le Demi-Elfe qui réagit le plus vite comme pour l’entraver dans ses visées.« Alors, tu ne les as pas effrayés, avec ta carrure et ton grand cimeterre ?— Ah, tu es si drôle ! Eh bien non, figure-toi ! Ils étaient en train de préparer leur feu pour leur repas de ce soir, et alors qu’ils me croyaient seuls, ils m’invitaient déjà à le partager. — Tu ne trouves pas cela étrange ? murmura Elbakin, soudain suspicieux. — Parce que se sont montrés familiers ? Ce sont des musiciens comme tu l’as toi-même rapporté, c’est une grande famille ! Ne te fais pas de souci, j’ai été aussi méfiant que toi. Je les ai bien observés. Que veux-tu qu’ils fassent ? Nous tuer d’une gigue bien sentie ? — Cela n’a rien d’amusant. — Toi non plus… »Le Demi-Elfe en eut vite assez, et se porta plus avant en talonnant vivement sa monture, revenant à la hauteur du carrosse. Voilà qui devrait aussi lui permettre d’éviter les questions de Malgath. Il s’en posait suffisamment par lui-même… Finalement, le campement des troubadours se fit tout proche, à la lueur des flammes. Il y avait là quatre caravanes, disposées en fer à cheval. Dans la pénombre, leur parois et leurs toits tout de planches bariolées n’étaient pas des plus voyantes, mais on était loin de carrioles de marchands. Elles étaient sans doute assez spacieuses pour leur permettre de vivre à l’aise lorsqu’ils étaient sur les routes. Leurs occupants les attendaient. Elbakin repéra tout de suite celui qui devait leur servir de chef, peut-être le parolier ou le chanteur. Grand, maigre, jeune, ses cheveux noirs de jais retombaient sur ses épaules, alors qu’il était vêtu très sobrement d’une longue tunique noire. Le Demi-Elfe remarqua qu’il arborait un tatouage dans le cou, mais il ne lui évoquait rien de particulier. En tous cas, pas de menace… Et il ne s’était pas trompé. Ce fut cet homme dégingandé qui prit la parole. « Bienvenue parmi nous, voyageurs… Vous devez être fourbus.— C’est fort courtois de votre part de nous accepter parmi vous pour la nuit », se répéta Malgath, se posant définitivement comme leur porte-parole. L’autre hocha lentement la tête. C’était à son tour de les examiner, l’air de rien. « Je me nomme Asvran. Mes amis et moi sommes de humbles musiciens, qui voyageons de ville en ville pour faire connaître notre répertoire… Nous comptons d’ailleurs répéter ce soir, peut-être pourrions-nous transformer cela en une représentation privée ? A voir vos mines, cela pourrait vous détendre, si vous me permettez cette remarque… »Plusieurs mercenaires manifestèrent leur accord, tandis que le géant noir les remerciait de cette attention, mais Elbakin gardait le silence. Le dénommé Asvran le surprit alors en lui adressant la parole sans crier gare. « Et vous, cela ne vous tenterait-il pas, messire ? Si c’est la question de l’argent qui vous retient, sachez que nous ne demandons rien. De toute façon, nous avions prévu de jouer. »Le Demi-Elfe préféra ne pas répondre, que son interlocuteur se moque de lui ou pas. Il choisit de réfléchir depuis l’intérieur du cercle à la disposition des roulottes, tandis que tous les autres se dispersaient. Selon ses prévisions, ils n’avaient rien à craindre cette nuit, mais il ne savait rien des poursuivants des mercenaires. « La dernière contient nos instruments. C’est celle-là qui compte le plus pour nous. » fit une voix derrière lui.Elbakin sursauta. Il n’avait pas perçu la présence du troubadour. Tous les autres s’étaient maintenant répandus dans le campement et vaquaient à leurs activités respectives. Les mercenaires s’occupaient de leurs paquetages ou pansaient leurs chevaux, Malgath avait conduit leurs propres montures avec celles des musiciens, de lourds chevaux de traits parqués entre quatre barrières de fortune. La jeune fille quant à elle n’avait toujours pas quitté son carrosse une seule fois. « Nous avons une invitée de marque ? l’interrogea Asvran, faussement désintéressé. — Cela ne vous concerne pas.— Oh, très bien, très bien. Je ne vous propose donc pas de partager notre repas ? — Non… Mais je crois que c’est déjà trop tard, conclut le Demi-Elfe en découvrant du coin de l’œil son camarade assis au coin du feu une cuisse de poulet à la main. — Dans ce cas… N’hésitez pas à vous joindre à nous, fit Asvran en disparaissant souplement. Notre dernière représentation nous a donné de quoi être généreux. »Un moment plus tard, Elbakin s’était assuré de tout ce qui pouvait bien avoir son importance quant à leur sécurité, ce dont le géant noir ne s’était nullement soucié, trop occupé à ripailler. Lorsque son camarade avait réclamé son aide, il lui avait répondu parfaitement sérieusement qu’il était occupé à détendre l’atmosphère et que cela aussi avait son intérêt après ce qu’ils avaient traversé aujourd’hui. Ce n’était pas la première fois loin de là que le Demi-Elfe avait à composer avec des réparties de ce genre, mais il n’avait pas tenté d’argumenter. Il avait eu en conséquence la possibilité de demeurer seul, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Excepté Asvran, les troubadours étaient au nombre de trois, dont une jeune femme, chose dont il n’avait jamais eu écho. L’enseignement de la musique était réservé aux mâles chez les Humains. Une ségrégation de plus… A présent, tout le monde était rassemblé autour d’un feu pétillant, qui n’était cependant plus celui que les musiciens avaient allumé en premier lieu. En effet, sur une suggestion d’Elbakin et avec l’appui des mercenaires, il avait fallu l’éteindre, car sa disposition était gênante. Ils n’avaient pas complété le cercle de roulottes avec le carrosse. Trop exposé. Au lieu de cela, ils avaient demandé à leurs hôtes avec le peu de tact dont ils étaient encore capables après leur journée de luttes et de fuite s’ils ne pouvaient pas rapprocher leurs roulottes les unes des autres en abandonnant leur disposition coutumière. C’était donc à cet instant que la jeune fille avait quitté sa retraite, pendant que les hommes chargés de la protéger jusqu’à destination poussaient le carrosse en serrant les dents, au centre du cercle ainsi formé. Elle avait tout de suite attiré les regards. Par curiosité de prime abord, par admiration ensuite. Ses cheveux couleur d’or brun descendaient librement en cascade sur ses épaules nues, car elle n’était vêtue que d’une brassière nouée dans le dos et d’un large pantalon de soie bleu océan qui soulignait délicatement le satin de sa peau brune. Des bracelets d’argent ornaient ses chevilles et ses poignets. Son visage... Son visage ovale finement ciselé était empreint d’une force limpide qui dénotait un caractère bien trempé sous des dehors dociles. Une bouche boudeuse aux lèvres mûres était remarquablement mise en valeur par des pommettes hautes et un petit menton rond. Mais s’il devait y avoir quelque chose d’étrange chez elle, c’était bien ses yeux: allongés, obliques, leur iris était si pâle qu’on l’aurait cru d’ivoire...Tout en elle n’était que courbes onctueuses et déliées... Pourtant, les mercenaires qui l’entouraient ne la côtoyaient qu’avec la plus grande réserve, comme s’ils craignaient d’être à son contact. Le plus souvent, ils détournaient les yeux lorsqu’ils avaient à lui adresser la parole, ce qui d’ailleurs était rarement le cas. Les musiciens de leur côté n’étaient pas très bavards non plus, mais plus loquaces vraisemblablement instruments en main. Mandores, guimbarde, et diverses percussions… Voilà de quoi ils jouaient, avec une certaine virtuosité, si on se fiait à ce qu’ils racontaient.« Nous sommes assez peu conventionnels, expliquait Asvran, à qui voulait l’entendre. Deïenne ici présente joue de la mandore. C’est déjà en soit surprenant, puisque vous l’aurez remarqué messieurs, c’est une charmante jeune femme, complimentait-il son amie assise à sa droite. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a modifié elle-même son instrument.— Comme c’est intéressant…, commenta Malgath aussi convaincant que possible. — Vous trouvez, vous aussi ? » lui répondit Deïenne. Selon toute apparence, la jeune femme n’aimait pas se mettre en avant, encore moins lorsqu’on ne lui demandait pas son avis. Mais ce Asvran semblait apprécier la mise en scène en toutes choses. Malheureusement pour lui, si les mercenaires étaient disposés à les écouter donner leur représentation, ils n’étaient pas d’humeur à faire la conversation, et surtout pas autour d’un sujet qu’ils devaient juger sans intérêt, en tous cas, dans leur situation présente. La jeune fille qu’ils avaient sous leur garde paraissaient nettement plus intriguée par les dires du troubadour, mais elle était également empreinte d’une grande timidité. Ce qui n’était pas le sentiment qui devait étouffer Malgath dans la façon dont il la contemplait, sans même rechercher la discrétion. Le géant au cimeterre dût sentir le regard tranchant de reproches dont son camarade le poignardait, car il cessa pour mieux s’en retourner vers leurs hôtes. « Alors, j’imagine qu’en voyageant autant que vous le faîtes, vous devez tout savoir des rumeurs qui courent de cités en cités !— Lorsque nous ne sommes pas chassés trop vite pour impudence, oui, sourit Asvran. Le souverain d’Oldoban par exemple se comporte en généreux mécène pour les artistes depuis peu…— Depuis peu ? — En effet. On dit qu’ils en a eu assez de voir la noblesse et même de riches marchands ou armateurs attirés à eux les ménestrels les plus renommés. — Vous vous rendez donc à Oldoban ? questionna l’un des mercenaires tout en incorporant une bonne rasade d’eau-de-vie à sa pitance cuisinée à la va-vite. — Non… Je ne pense pas que nous soyons très appréciés. — Parce que c’est une femme qui joue de la mandore ? crut deviner Malgath.— Ce n’est pas la raison essentielle. Je dois avouer que ce sont nos paroles qui dérangent le plus.— Vous êtes des agitateurs ? maugréa un autre mercenaire, vaguement curieux. — Tout dépend du point de vue, assura Asvran, en croisant et décroisant les jambes. Nos détracteurs ne comprennent même pas nos paroles. Nous chantons dans la langue des Elfes. »Le silence nocturne se fit un peu plus dense à ces mots. Quelques paires d’yeux prirent Elbakin pour cible. La jeune fille aussi le regarda, mais cela ne le dérangea pas autant. Peut-être certains s’attendaient-ils à un commentaire de sa part, mais il n’avait rien à dire. Il ne se sentait pas du tout concerné. Si ces jeunes imbéciles rebelles voulaient tenter la chance ainsi, qu’ils le fassent. Il était moins étonnant cependant de comprendre désormais pourquoi ils avaient été expulsés de plusieurs villes. Les Humains n’avaient jamais été très nombreux à connaître le langage de leurs ennemis ancestraux, et maintenant, moins que jamais. Comment celui-ci avait-il pu l’apprendre d’ailleurs ? Mais peut-être qu’il ne prétendait cela que pour se vanter… Personne n’aurait pu faire la différence. C’était sans importance pour Elbakin. Il resta muet une fois de plus, et se contenta de lever sa tête aux cheveux couleur de braises vers les étoiles. Mais le ciel était couvert… Lorsque les mercenaires eurent terminé leur repas sans plus chercher à discuter avec ceux qui les avaient accueilli dans ce campement, ils se préparèrent à dormir, chacun devant s’allonger cette nuit aussi près du carrosse qu’ils pouvaient l’être sans risquer de se gêner les uns les autres. Avant cela, pendant qu’ils passaient en revue leurs armes, leur équipement et leurs chevaux en prévision du départ du lendemain, les troubadours avaient quant à eux rejoint leurs appartements bohèmes, puis la roulotte où étaient rangés leurs précieux instruments. Déjà, Asvran chantonnait une sorte de berceuse, et le moins que l’on pouvait dire, était qu’il n’était pas dépourvu de talent. Deïenne avait été la première à ressortir, pour entraîner la jeune protégée des mercenaires à l’écart un moment. « Tiens, c’est bizarre que l’un de ses petits chiens ne la suivent pas à la trace, plaisantait Malgath, en s’adossant à la roulotte où le Demi-Elfe avait trouvé refuge, assis sur le marche-pied de celle-ci. — En tous cas, cela ne me plaît pas. Elles ne devraient pas s’éloigner comme ça. — Cela ne te plaît pas ? Moi je dis, cela ne nous concerne pas ! Nous ne sommes partie prenante en rien dans cette histoire, alors pourquoi nous en soucier ? Si ces mercenaires jugent bon de ne pas révéler leurs secrets et de laisser leur protégée s’éloigner dans les fourrés avec une inconnue, c’est leur problème !— Oui, mais, tout de même », essayait de se justifier Elbakin.Avant qu’il ait eu le temps de s’égarer plus avant dans son raisonnement, les deux jeunes femmes étaient réapparues dans la clairière formée par l’attelage des roulottes. Plusieurs mercenaires avaient finalement décliné la proposition du groupe de ménestrels et s’étaient déjà couchés. Les autres attendaient surtout que la jeune fille dont ils avaient la charge daigne retrouver son carrosse, le plus vite possible. Ceux-là avaient d’ores et déjà décidé de prendre la première garde, avant qu’Elbakin ne se propose spontanément. Puisqu’il lui faudrait s’en acquitter pour respecter leur engagement, il préférait s’en débarrasser tout de suite. Et peut-être qu’ainsi… Il pourrait même échanger un mot ou deux avec la jeune fille. S’il s’en était allé dormir immédiatement, ils n’auraient fait que se croiser, et rien de plus. Elbakin avait été tenté de mettre fin à sa discussion avec Malgath et de clore de cette façon toute cette agitation qui l’avait tourmenté depuis leur rencontre avec l’attelage de la jeune fille, mais il s’était ravisé. Cela n’apaiserait rien. Voilà ce qui fut décidé. Alors que les deux lunes d’Alakhebàn se croisaient dans les cieux, longtemps après que les instruments des troubadours aient rejoint leurs maîtres dans le sommeil...

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Bon, alors c'est moi qui m'y colle en premier.Tout d'abord, la forme : dans l'ensemble, on sent que tu as bossé sur le texte, car il n'y a pas de passage "maladroit" ou qui m'ont gêné à la lecture, contrairement à ce qui arrive parfois avec Archy. Quelques fautes d'orthographe subsistent par contre.Pour la forme, est-ce le sujet, l'histoire ou l'extrait, je trouve que c'est moins vivant que Shalkedror, bien que ça reste de bonne tenue. Ca manque un peu de pêche par rapport à ce que je connais du reste de ta production.J'ai eu plus de facilité à rentrer dans le monde de Shalkedror en comparaison, mais ce doit être en raison des riches descriptions de celui-ci... Mais bon, je n'ai lu qu'un seul autre extrait d'Elbakin, le dernier que tu avais posté. Ceci explique peut-être cela. Une autre chose m'interpelle : le demi-elfe s'est donné la mort, dit-il... Mais qu'est-ce-qu'il fait là, alors???? Grrrrr... Encore un extrait qui ne se suffit pas à lui-même. Ca et la jeune fille dont on ne sait rien : Teasing Master, je vous dis ;)Bon vent à Elbakin, en tous cas !

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Bon, alors c'est moi qui m'y colle en premier.Tout d'abord, la forme : dans l'ensemble, on sent que tu as bossé sur le texte, car il n'y a pas de passage "maladroit" ou qui m'ont gêné à la lecture, contrairement à ce qui arrive parfois avec Archy. Quelques fautes d'orthographe subsistent par contre.
Je veux bien que tu pointes le doigt dessus au cas où elles passeraient au travers de mes relectures. :)
Pour la forme, est-ce le sujet, l'histoire ou l'extrait, je trouve que c'est moins vivant que Shalkedror, bien que ça reste de bonne tenue. Ca manque un peu de pêche par rapport à ce que je connais du reste de ta production.
Comment ça ? Par rapport à ce qui se passe ?
Bon vent à Elbakin, en tous cas !
Merci.

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je vais pas etre totalement d'accord avec Publivore ;)j'ai trouvé des trucs qui m'ont genés, mais bon je l'ai lu en mettant mon neurone en mode "critique" donc en cherchant la petite bete et non en me laissant porter par la lecture ;)Des fautes de frappes à corriger (et pourtant je suis nul en orthographe) si elles sont réelles (car etant nul en orthographe je peux vouloir corriger des trucs sans fautes :) ) : "de humbles musiciens" = " d'humbles musiciens" ? "le geant noir les remerciait" = "le geant noir le remerciat" dans le contexte ? "repondus dans la camps" = "repandus" ? plus toutes celles que j'ai loupéesL'evocation de "l'accrochage" verbal entre Elbakin et Malgath m'a plu.Et les descriptions sont toujours aussi bonnes.Mais plus genant : dans l'ensemble j'ai eu des impressions de sauts du coq à l'ane, d'ellipses temporelles,.... :( par exemple de tete je cite :Les descriptions des caravanes ne vont pas avec la phrase d'avant, j'ai l'impression que la representation/repetition n'a pas eu lieu, l'histoire du nouveau feu qui permet de decrire le camp (j'ai pas bien compris ou etait le carosse) mais ensuite la jeune fille qui arrive comme un cheveu sur la soupe, les mercenaires qui s'allongent pour dormir le long de la caravane et dans la phrase suivante s'occupent de leurs armes et cheveaux,Les descriptions de carracteres (les deux filles timides) me semblent aussi sortir sans fondement et au contraire pour la musicienne j'aurais cru à sa question qu'elle avait pas la langue dans sa poche ?!?C'est peut etre le fait que ce soit deconnecté d'un contexte et du but de ma lecture mais je prefere largement des parties de Archy ou de Shalkedror à cet extrait, mais bon c'est que mon avis ;)

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les mercenaires qui s'allongent pour dormir le long de la caravane et dans la phrase suivante s'occupent de leurs armes et cheveaux
Corrigé !
Les descriptions de carracteres (les deux filles timides) me semblent aussi sortir sans fondement et au contraire pour la musicienne j'aurais cru à sa question qu'elle avait pas la langue dans sa poche ?!?
Euh, là, je crois que tu fais erreur. Je ne présente pas la " musicienne " comme une timide à proprement parler.

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Je suis plutôt d'accord avec Djou : l'extrait ne m'a pas emballé. Les dialogues m'ont un peu déçu (notamment entre les deux héros), beaucoup de l'action m'a paru hors phase. Les descriptions manquent de précision, par exemple j'ai mis un moment à bien comprendre la différence entre les musiciens et les mercenaires, qui était où et qui faisait quoi...mais peut être que cela passe mieux si on a le texte qui précède. Plus globalement, l'impression générale me laisse un peu froid du point de vue émotif, il n'y a pas vraiment d'intensité. Si j'ai bien compris, tu cherches dans ce passage à introduire le personnage de Lofra qui est sensé fasciner ou tout du moins intriguer Elbakin. Mais ça ne fonctionne pas trop je trouve. Je ne participe pas aux sentiments d'Elbakin, j'ai l'impression de le voir froidement évoluer sans savoir ce qui l'anime précisément. Voilà, c'est ça : on est trop éloigné des personnages je trouve, il n'y a pas d'identification. Je suis peut être dur, mais je préfère être franc, d'autant plus que tu as déjà prouvé par ailleurs que tu peux faire passer énormément d'émotion dans ton écriture. Voilà ce que je reproche à cet extrait : à aucun moment je ne me suis penché sur mon écran, à aucun moment je n'ai vibré, et je n'ai pas dit "déjà !" quand j'ai eu fini...Je viens de relire l'avis de Djou pour pouvoir conclure et j'abonde dans son sens, le tout est décousu, sans justification. Ca fait collage, il manque du lien et de l'intensité.Bon ça craint un peu, je poste plus depuis un moment et je reviens en te critiquant sévèrement, pardonne moi ! :oops: Et puis n'y a-t-il plus de sujet pour disséquer les épisodes d'Archy ? Je ne l'ai pas trouvé... :(

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Page précédente, message édité, version retouchée de l'extrait. Je n'ai pas dit définitive, mais vous voyez que je tiens compte de vos avis. :)
Les descriptions manquent de précision
Oui ?
le tout est décousu, sans justification. Ca fait collage, il manque du lien et de l'intensité.
Encore une fois, vous n'avez pas ce qui précède. Donc, dès le départ, ça fait décousu, vous débarquez comme ça dans l'histoire. Par exemple, la scène où Elbakin et Malgath tombe sur les mercenaires. Et puis, j'ai écrit ça en un après-midi... :oops:
Et puis n'y a-t-il plus de sujet pour disséquer les épisodes d'Archy ? Je ne l'ai pas trouvé... :(
Ici ! http://elbakin.suidzer0.org/viewtopic.php?t=403

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Vous êtes dur là les gars ! Certes, cet extrait n'est pas le plus fameux qu'il nous ait été donné de lire. Mais tout de même ! C'est très honorable ! L'atmosphère tendue est bien rendue, les descriptions sont toujours aussi excellentes (surtout celle des personnages féminins, comme lofra, je pense que gillo avait le modèle sous la main, parce que sinon ... :lol: ). Alors par contre, on n'a pas pu juger de la qualité des dialogues tant il y en a peu :( Mais ce qui nous a été donné de lire au début entre Malgath et Elbakin, laissent présager du meilleur. "Malgath et ses opinions étranges" :lol: Point faible, le manque de cohérence de l'ensemble. Mais comme le rappelle Gillo, on entre dans l'histoire comme ça, sans avoir lu ce qui était avant.Pour comparer à Shalkedror, je le trouve effectivement moins vivant cet extrait. Mais j'ai lu des passages d'Elbakin qui valent Shalkedror, croyez-moi ! ;)PS : dans la version que tu m'as donné Gillo, il y avait aps mal de fautes de frappes et surtout d'oubli de mot ?

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Elbakin revint vers le petit groupe. Apparemment, la situation était sans danger pour eux. Le campement à moins d’une lieue de l’endroit où le l’attendaient en compagnie de Malgath les mercenaires et le carrosse dont ils avaient la charge appartenait à de simples musiciens. « Tu crois que c’est vraiment une bonne idée ? lui demanda son acolyte en le prenant à part. Nous ferions mieux de partir de notre côté. — C’est un peu tard désormais, rétorqua le Demi-Elfe en haussant les épaules. Nous nous sommes engagés à les aider pour la nuit.— Nous ? Tu as pris cette décision sans me consulter, lui rappela Malgath. Je vois bien où tu veux en venir…— Cesse donc de sourire bêtement, tu m’agaces. Si tu veux tant faire des boniments, va donc nous annoncer auprès de ces troubadours. Et essaie de ne pas leur faire peur ! »Le géant noir répondit à cette dernière pique d’un geste obscène, sans se retourner, prenant la direction de la modeste assemblée de roulottes. Ce qu’Elbakin pouvait être agaçant par moments ! La plupart du temps, il ne donnait jamais les vraies raisons de ses volontés, même lorsque celles-ci étaient évidentes. Pour l’heure, il était criant que la vision de la jeune beauté que protégeaient les mercenaires l’intriguait. Après les avoir de prime abord confondus avec leurs agresseurs, cette bande de soldats aguerris leur avait fait bon accueil, mais ils demeuraient eux aussi on ne pouvait plus secrets. Certes, ils avaient admis à demi-mots que cette jeune fille était une personnalité importante, du moins, qu’elle le deviendrait s’il ne lui arrivait rien de fâcheux, et qu’ils avaient été grassement payés pour la conduire à Oldoban. S’ils y parvenaient sans encombres, ils devaient même pouvoir compter sur une solde supplémentaire. Mais pour cela, il fallait qu’ils ne prennent pas de retard. Aussi avaient-ils proposé aux deux serviteurs d’Albédion de leur donner un coup de main et de partager avec eux leur prime en échange. Malgath sourit pour lui-même tout en cheminant. Sans doute les mercenaires avaient-ils été impressionnés par la manière dont ils s’étaient défendus tous les deux le temps de leur méprise. Il y avait de quoi. Quand bien même ils étaient fourbus, le Demi-Elfe et lui-même pouvaient en rabattre à n’importe quel adversaire en ce bas monde, Humain ou Elfe. Quoiqu’au sujet des Elfes, le géant noir se dit qu’une petite séance de remise à niveau n’aurait peut-être pas été de trop. Plus fluets que les Humains, les parias exilés sur l’Ile du Dragon étaient pourtant d’une constitution plus robuste et surtout d’une vivacité sans égale. Malgath se sentait un peu rouillé par moments. Bien évidemment, des morts-vivants ensorcelés constituaient toujours des adversaires intéressants, mais un peu plus de variété ne lui aurait pas déplu… Le géant noir se distinguait parfois par certaines opinions étranges…Elbakin observait son camarade s’éloigner à pas lents de leur convoi, mais il se retourna bien vite vers l’attelage. La bande des mercenaires avait mis pied à terre, mais ils paraissaient tous prêts à remonter en selle dans l’instant. La tension qui transitait de l’un à l’autre était évidente. Des coups d’œil échangés frénétiquement la bouche pincée, des gestes qui se voulaient secs et précis mais qui laissaient entrevoir des tremblements, de longs silences pesants, une fatigue de plus en plus apparente au fil des minutes…A l’intérieur de son carrosse, la jeune fille était tout du moins préservée de tout cela. Il secoua la tête. Est-ce qu’il la connaissait ou pas ? Il n’avait fait que l’apercevoir, mais le temps de croiser brièvement son regard, et… Un nom était remonté de sa mémoire. Lofra. Etait-il possible qu’elle fusse la petite fille de son enfance ? Mais c’était utopique, elle devait être morte. Morte par sa faute lorsqu’il s’était vengé de ce village et de tous ses habitants… Il était certain que la petite fille n’avait pas échappé à sa colère destructrice… C’était précisément à cause de tout cela qu’il s’était ensuite donné la mort. Alors comment… Il devait se fourvoyer, c’était la solution la plus logique. Cette jeune fille devait ressembler un peu à ce que Lofra aurait pu devenir si le destin ne l’avait pas fauchée avant qu’elle n’ait eu dix ans, et rien de plus… Oui, voilà qui était plus réaliste. Qu’est-ce qu’il avait imaginé ? Cela faisait bien longtemps pourtant qu’il ne croyait plus aux merveilles. Elbakin réfléchissait à tout cela un peu à l’écart des mercenaires lorsque son compagnon d’infortune revint, tout sourire. « C’est d’accord, nous pouvons partager le campement avec eux ! Ils sont fort aimables. Venez donc ! »L’attelage s’ébranla immédiatement. Deux hommes au-devant du carrosse, un sur chaque flanc, et deux autres pour assurer les arrières, les mercenaires connaissaient bien leur mission. Pendant ce temps, Elbakin et Malgath s’étaient retrouvés tous les deux, sur l’initiative du géant noir qui paraissait décidé à poursuivre leur conversation interrompue un peu plus tôt. Il n’aimait pas se voir cacher des choses, futiles ou non. Mais ce fut le Demi-Elfe qui réagit le plus vite comme pour l’entraver dans ses visées.« Alors, tu ne les as pas effrayés, avec ta carrure et ton grand cimeterre ?— Ah, tu es si drôle ! Eh bien non, figure-toi ! Ils étaient en train de préparer un feu pour leur repas de ce soir, et alors qu’ils me croyaient seul, ils m’invitaient déjà à le partager. — Tu ne trouves pas cela étrange ? murmura Elbakin, soudain suspicieux. — Parce qu’ils se sont montrés familiers ? Ce sont des musiciens comme tu l’as toi-même rapporté, c’est une grande famille ! Ne te fais pas de souci, j’ai été aussi méfiant que toi. Je les ai bien observés. Que veux-tu qu’ils fassent ? Nous tuer d’une gigue bien sentie ? — Cela n’a rien d’amusant. — Toi non plus… »Le Demi-Elfe en eut vite assez, et se porta plus avant en talonnant vivement sa monture, revenant à la hauteur du carrosse. Voilà qui devrait aussi lui permettre d’éviter les questions de Malgath. Il s’en posait suffisamment par lui-même… Finalement, le campement des troubadours se fit tout proche, à la lueur des flammes. Il y avait là quatre caravanes, disposées en fer à cheval en épousant le pourtour d’une trouée s’ouvrant dans le bosquet de frênes qu’ils occupaient. Dans la pénombre, leur cloisons et leurs toits tout de planches bariolées n’étaient pas des plus voyantes, mais on était loin de carrioles de marchands. Elles étaient sans doute assez spacieuses pour leur permettre de vivre à l’aise lorsqu’ils étaient sur les routes, de véritables chalets montés sur roues. Leurs occupants les attendaient. Elbakin repéra tout de suite celui qui devait leur servir de chef, peut-être le parolier ou le chanteur. Grand, maigre, jeune, ses cheveux noirs de jais retombaient sur ses épaules, alors qu’il était vêtu très sobrement d’une longue tunique noire. Le Demi-Elfe remarqua qu’il arborait un tatouage dans le cou, mais il ne lui évoquait rien de particulier. En tous cas, pas de menace… Et il ne s’était pas trompé. Ce fut cet homme dégingandé qui prit la parole. « Bienvenue parmi nous, voyageurs… Vous devez être fourbus.— C’est fort courtois de votre part de nous accepter parmi vous pour la nuit », se répéta Malgath, se posant définitivement comme leur porte-parole. L’autre hocha lentement la tête. C’était à son tour de les examiner, l’air de rien. « Je me nomme Asvran. Mes amis et moi sommes d’humbles musiciens, qui voyageons de ville en ville pour faire connaître notre répertoire… Nous comptons d’ailleurs répéter ce soir, peut-être pourrions-nous transformer cela en une représentation privée ? A voir vos mines, cela pourrait vous détendre, si vous me permettez cette remarque… »Plusieurs mercenaires manifestèrent leur accord, tandis que le géant noir les remerciait de cette attention, mais Elbakin garda le silence. Le dénommé Asvran le surprit alors en lui adressant la parole sans crier gare. « Et vous, cela ne vous tenterait-il pas, messire ? Si c’est la question de l’argent qui vous retient, sachez que nous ne demandons rien. De toute façon, nous avions prévu de jouer. »Le Demi-Elfe préféra ne pas répondre, que son interlocuteur se moque de lui ou pas. Il choisit de réfléchir depuis l’intérieur du cercle à la disposition des roulottes, tandis que tous les autres se dispersaient. Selon ses prévisions, ils n’avaient rien à craindre cette nuit, mais il ne savait rien des poursuivants des mercenaires. « La dernière contient nos instruments. C’est celle-là qui compte le plus pour nous. » fit une voix derrière lui.Elbakin sursauta. Il n’avait pas perçu la présence du troubadour, tout entier immergé dans son examen. Tous les autres s’étaient maintenant répandus dans le campement et vaquaient à leurs activités respectives. Les mercenaires s’occupaient de leurs paquetages ou pansaient leurs chevaux. Malgath avait conduit leurs propres montures avec celles des musiciens, de lourds chevaux de traits parqués entre quatre barrières de fortune, dans l’intervalle séparant deux des quatre roulottes. La jeune fille quant à elle n’avait toujours pas quitté son carrosse. « Nous avons une invitée de marque ? l’interrogea Asvran, faussement désintéressé. — Cela ne vous concerne pas.— Oh, très bien, très bien. Je ne vous propose donc pas de partager notre repas ? — Non… Mais je crois que c’est déjà trop tard, conclut le Demi-Elfe en découvrant du coin de l’œil son camarade assis au coin du feu une cuisse de poulet à la main. — Dans ce cas… N’hésitez pas à vous joindre à nous, fit Asvran en disparaissant souplement. Notre dernière représentation nous a donné de quoi être généreux. »Un moment plus tard, Elbakin s’était assuré de tout ce qui pouvait bien avoir son importance quant à leur sécurité, ce dont le géant noir ne s’était nullement soucié, trop occupé à ripailler. Lorsque son camarade avait réclamé son aide, il lui avait répondu parfaitement sérieusement qu’il était occupé à détendre l’atmosphère et que cela aussi avait son intérêt après ce qu’ils avaient traversé aujourd’hui. Ce n’était pas la première fois loin de là que le Demi-Elfe avait à composer avec des réparties de ce genre, mais il n’avait pas tenté d’argumenter. Il avait eu en conséquence la possibilité de demeurer seul, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Excepté Asvran, les troubadours étaient au nombre de trois, dont une jeune femme, chose dont il n’avait jamais eu écho. L’enseignement de la musique était réservé aux mâles chez les Humains. Une ségrégation de plus… A présent, tout le monde était rassemblé autour d’un feu pétillant, qui n’était cependant plus celui que les musiciens avaient allumé en premier lieu. En effet, sur une suggestion d’Elbakin et avec l’appui des mercenaires, il avait fallu l’éteindre, car sa disposition était gênante pour ce qu’il avait mis au point. Ils n’avaient pas complété le cercle de roulottes avec le carrosse. Trop exposé. Au lieu de cela, ils avaient demandé à leurs hôtes, avec le peu de tact dont ils étaient encore capables après leur journée de luttes et de fuite, s’ils ne pouvaient pas ordonnancer leurs roulottes en anneau, pendant que les hommes chargés de protéger la jeune fille jusqu’à destination poussaient son carrosse en serrant les dents, au centre du cercle ainsi formé. C’était à cet instant qu’elle avait finalement quitté sa retraite. Avec pour conséquence de tout de suite attirer les regards. Par curiosité de prime abord, par admiration ensuite. Ses cheveux couleur d’or brun descendaient librement en cascade sur ses épaules nues, car elle n’était vêtue que d’une brassière nouée dans le dos et d’un large pantalon de soie bleu océan qui soulignait délicatement le satin de sa peau brune. Des bracelets d’argent ornaient ses chevilles et ses poignets. Son visage... Son visage ovale finement ciselé était empreint d’une force limpide qui dénotait un caractère bien trempé sous des dehors dociles. Une bouche boudeuse aux lèvres mûres était remarquablement mise en valeur par des pommettes hautes et un petit menton rond. Mais s’il devait y avoir quelque chose d’étrange chez elle, c’étaient bien ses yeux: allongés, obliques, leur iris était si pâle qu’on l’aurait cru d’ivoire...Tout en elle n’était que courbes onctueuses et déliées... Pourtant, les mercenaires qui l’entouraient ne la côtoyaient qu’avec la plus grande réserve, comme s’ils craignaient d’être à son contact. Le plus souvent, ils détournaient les yeux lorsqu’ils avaient à lui adresser la parole, ce qui d’ailleurs était rarement le cas. Les musiciens de leur côté n’étaient pas très bavards non plus, mais plus loquaces vraisemblablement instruments en main. Mandores, guimbarde, et diverses percussions… Voilà de quoi ils jouaient, avec une certaine virtuosité, si on se fiait à ce qu’ils racontaient.« Nous sommes assez peu conventionnels, expliquait Asvran, à qui voulait l’entendre, pendant qu’ils se restauraient. Deïenne ici présente joue de la mandore. C’est déjà en soit surprenant, puisque vous l’aurez remarqué messieurs, c’est une charmante jeune femme, complimentait-il son amie assise à sa droite. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a modifié elle-même son instrument.— Comme c’est intéressant…, commenta Malgath aussi convaincant que possible. — Vous trouvez, vous aussi ? » lui répondit Deïenne. Selon toute apparence, la jeune femme n’aimait pas se mettre en avant, encore moins lorsqu’on ne lui demandait pas son avis. Mais ce Asvran semblait apprécier la mise en scène en toutes choses. Malheureusement pour lui, si les mercenaires leur faisant face étaient disposés à les écouter donner leur représentation, ils n’étaient pas d’humeur à faire la conversation, et surtout pas autour d’un sujet qu’ils devaient juger sans intérêt, en tous cas, dans leur situation présente. La jeune fille qu’ils avaient sous leur garde paraissait nettement plus intriguée par les dires du troubadour, mais elle était également empreinte d’une grande timidité. Ce qui n’était pas le sentiment qui devait étouffer Malgath dans la façon dont il la contemplait, sans même rechercher la discrétion. Le géant au cimeterre dût sentir le regard tranchant de reproches dont son camarade le poignardait, car il cessa pour mieux s’en retourner vers leurs hôtes. « Alors, j’imagine qu’en voyageant autant que vous le faîtes, vous devez tout savoir des rumeurs qui courent de cités en cités !— Lorsque nous ne sommes pas chassés trop vite pour impudence, oui, sourit Asvran. Le souverain d’Oldoban par exemple se comporte en généreux mécène pour les artistes depuis peu…— Depuis peu ? — En effet. On dit qu’il en a eu assez de voir la noblesse et même de riches marchands ou armateurs attirer à eux les ménestrels les plus renommés. — Vous vous rendez donc à Oldoban ? questionna l’un des mercenaires tout en incorporant une bonne rasade d’eau-de-vie à sa pitance cuisinée à la va-vite. — Non… Je ne pense pas que nous soyons très appréciés. — Parce que c’est une femme qui joue de la mandore ? crut deviner Malgath.— Ce n’est pas la raison essentielle. Je dois avouer que ce sont nos paroles qui dérangent le plus.— Vous êtes des agitateurs ? maugréa un autre mercenaire, vaguement curieux. — Tout dépend du point de vue, assura Asvran, en croisant et décroisant les jambes. Nos détracteurs ne comprennent même pas nos paroles. Nous chantons dans la langue des Elfes. »Le silence nocturne se fit un peu plus dense à ces mots. Quelques paires d’yeux prirent Elbakin pour cible, d’autant plus naturellement qu’il était demeuré en retrait, à distance équivalente des mercenaires et des musiciens agglutinés auprès des flammes. La jeune fille aussi le regarda, mais cela ne le dérangea pas autant. Peut-être certains s’attendaient-ils à un commentaire de sa part, mais il n’avait rien à dire. Il ne se sentait pas du tout concerné. Si ces jeunes imbéciles rebelles voulaient tenter la chance ainsi, qu’ils le fassent. Il était moins étonnant cependant de comprendre désormais pourquoi ils avaient été expulsés de plusieurs villes. Les Humains n’avaient jamais été très nombreux à connaître le langage de leurs ennemis ancestraux, et maintenant, moins que jamais. Comment celui-ci avait-il pu l’apprendre d’ailleurs ? Mais peut-être qu’il ne prétendait cela que pour se vanter… Personne n’aurait pu faire la différence. C’était sans importance pour Elbakin. Il resta muet une fois de plus, et se contenta de lever sa tête aux cheveux couleur de braises vers les étoiles. Mais le ciel était couvert… Lorsque les mercenaires eurent terminé leur repas sans plus chercher à discuter avec ceux qui les avaient accueillis dans ce campement, ils se préparèrent à dormir, chacun devant s’allonger cette nuit aussi près du carrosse qu’ils pouvaient l’être sans risquer de se gêner les uns les autres. Avant cela, pendant qu’ils passaient en revue leurs armes, leur équipement et leurs chevaux en prévision du départ du lendemain à l’aube, les troubadours avaient quant à eux rejoint leurs appartements bohèmes, puis la roulotte où étaient rangés leurs précieux instruments. Déjà, Asvran chantonnait une sorte de berceuse, et le moins que l’on pouvait dire, était qu’il n’était pas dépourvu de talent. Deïenne avait été la première à ressortir, pour entraîner la jeune protégée des mercenaires à l’écart un moment. « Tiens, c’est bizarre que l’un de ses petits chiens ne la suive pas à la trace, plaisantait Malgath, en s’adossant à la roulotte où le Demi-Elfe avait trouvé refuge, assis sur le marche-pied de celle-ci. — En tous cas, cela ne me plaît pas. Elles ne devraient pas s’éloigner comme ça. — Cela ne te plaît pas ? Moi je dis, cela ne nous concerne pas ! Nous ne sommes partie prenante en rien dans cette histoire, alors pourquoi nous en soucier ? Si ces mercenaires jugent bon de ne pas révéler leurs secrets et de laisser leur protégée s’éloigner dans les fourrés avec une inconnue, c’est leur problème !— Oui, mais, tout de même », essayait de se justifier Elbakin.Avant qu’il ait eu le temps de s’égarer plus avant dans son raisonnement, les deux jeunes femmes étaient réapparues dans le cercle illuminé formé par l’attelage des roulottes. Plusieurs mercenaires avaient finalement décliné la proposition du groupe de ménestrels et s’étaient déjà couchés. Les autres attendaient surtout que la jeune fille dont ils avaient la charge daigne retrouver son carrosse, le plus vite possible. Ceux-là avaient d’ores et déjà décidé de prendre la première garde, avant qu’Elbakin ne se propose spontanément. Puisqu’il lui faudrait s’en acquitter pour respecter leur engagement, il préférait s’en débarrasser tout de suite. Et peut-être qu’ainsi… Il pourrait même échanger un mot ou deux avec la jeune fille. S’il s’en était allé dormir immédiatement, ils n’auraient fait que se croiser, et rien de plus. Elbakin avait été tenté de clore sa discussion avec Malgath et de mettre ainsi fin à toute cette agitation qui l’avait tourmenté depuis leur rencontre avec l’attelage de la jeune fille, mais il s’était ravisé. Cela n’apaiserait rien. Voilà ce qui fut décidé. Alors que les deux lunes d’Alakhebàn se croisaient dans les cieux, longtemps après que les instruments des troubadours aient rejoint leurs maîtres dans le sommeil
Version reprise ! :)

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Version bien meilleure je trouves. Beaucoup des points qui me derangeaient ont disparus. Plus de liant entre les differentes parties, d’explications, moins de passage du coq à l’ane. Les nombreux sous entendus me plaisent moi car ils donnent envies de continuer la lecture, d’en savoir plus.Les points qui m’ont derangés dans cette version (sans repeter ceux precedement donnés ;) ):La 3eme phrase « le campement… » me semble compliquée et ardue en debut d’un tel extrait. Il y a une faute de frappe dans celle ci (ou plutot un faute de correction :) avec le l’ )Le fait que les mercenaires aient proposés de partager la prime me fait penser que l’aide des heros va aller jusqu’au point final du parcours alors que auparavant il est dit que ce n’est que pour la nuit. La description de la troupe de musicien ("excepté asvran, les troubadours…") arrive encore un peu comme un cheveu sur la soupe sans liens avec avant et apres. Peut etre la mettre apres la phrase "les musiciens pas tres bavard...mais plus loquaces avec leurs instruments…"Si la musicienne est timide je mettrais un adjectif pour decrire sa reponse.La phrase "avant cela alors qu’ils passaient en revues… " me paraît maladroite.Deienne ressort d’ou ? de la caravane certes mais pas evident.Les deux dernieres phrases sont peut etre en trop. Surtout que je comprend pas l'avant derniere :(La derniere phrase est incomplete… non ??? mais bien jolie en tout cas.En tout cas bonne chance pour la presentation et le travail sur cet extrait.

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Le fait que les mercenaires aient proposés de partager la prime me fait penser que l’aide des heros va aller jusqu’au point final du parcours alors que auparavant il est dit que ce n’est que pour la nuit.
Euh... ?En tous cas, merci de l'avoir relu. :)

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Fichtre!!!Mon ordi fait des siennes alors....parfois j'ai du mal à le comprendre, j'étais sûre que mon message était passé...Bref je reposte donc : Premier extrait : j'ai mis un moment à comprendre cette phrase "Le campement à moins d’une lieue de l’endroit où le carrosse et les mercenaires l’attendaient en compagnie de Malgath appartenait à de simples musiciens." parce qu'il n'y a pas de ponctuation."mais ils demeuraient eux aussi on ne pouvait plus secrets" là je pense qu'on laisse "...on ne peut plus..."...En fait, j'ai du mal à comprendre le point de vu au début, ça passe tout d'un coup comme si c'était du point de vue de Malgath alors qu'au début on a l'impression que c'est un point de vu extérieur. Et puis après ça passe au point de vue d'Elbakin sans transition."Parce que se sont montrés familiers ? " je signale la faute de frappe mais ce n'est peut-être pas une version définitive...Je trouve le début assez flou, j'ai eu un peu de mal à comprendre qui était avec qui, si les mercenaires étaient avec les troubadours, etc, etc...Mais par la suite ça s'arrange franchement, c'est beaucoup plus clair, très lisible, j'aime beaucoup les dialogues courts mais incisifs entre Elbakin et Malgath, les descriptions sont très bien aussi, et je n'ai plus été géné par des changements de point de vue! Je trouve aussi que le chef des troubadours est rendu avec beaucoup de mystère mais sans cliché, c'est habile. La jeune femme du carrosse par contre est peut-être un peu caricaturale dans sa perfection et son mystère... Le climat de suspission est bien rendu aussi. Ce que je dis est un peu en vrac mais quand tu dis "la jeune fille" vers la fin, on ne sait pas trop s'il s'agit de la menestrel ou de celle du carrosse. Personnellement, je trouve ce texte très vivant et sans longueur, efficace...Comme quoi je ne suis d'accord avec personne visiblement, je trouve que c'est aussi vivant que Shalkedror, les phrases ne sont pas trop complexes, elles ne freinent pas la lecture (c'est quelque chose que tu fais parfois, pas taper :D ). Deuxième extrait: je ne comprends plus rien à la phrase du début :D , c'est déjà celle que j'avais eu du mal à comprendre (quand on n'est pas dans l'histoire il faut se resituer)!"se posant définitivement comme leur porte-parole. " je trouve que ça fait bizarre, je ne sais pas si ça se dit vraiment, il ne vaudrait pas mieux dire "se proposant" ou "s'imposant"?Voilà, je ne sais pas si c'est toujours très clair mais j'éspère que ça te sera utile!Thys

75
"S’ils y parvenaient sans encombres, ils devaient même pouvoir compter sur une solde supplémentaire. Mais pour cela, il fallait qu’ils ne prennent pas de retard. Aussi avaient-ils proposé aux deux serviteurs d’Albédion de leur donner un coup de main et de partager avec eux leur prime en échange"Cette phrase (citée au dessus) me fait penser que Elbakin et Malgath afin de partager la prime doivent accompagner les mercenaires et le carrosse jusqu'à Oldoban ce qui est en desaccord avec la phrase citée ci apres :"— C’est un peu tard désormais, rétorqua le Demi-Elfe en haussant les épaules. Nous nous sommes engagés à les aider pour la nuit."Voilà j’espere que ce pinaillage est un peu plus clair ;)

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"S’ils y parvenaient sans encombres, ils devaient même pouvoir compter sur une solde supplémentaire.  Mais pour cela, il fallait qu’ils ne prennent pas de retard. Aussi avaient-ils proposé aux deux serviteurs d’Albédion de leur donner un coup de main et de partager avec eux leur prime en échange"Cette phrase (citée au dessus) me fait penser que Elbakin et Malgath afin de partager la prime doivent accompagner les mercenaires et le carrosse jusqu'à Oldoban
C'est vrai qu'on peut l'interpréter comme ça, mais dans mon scénario, c'est surtout cette nuit qu'il faut passer sans problème, car ensuite, tout devrait rouler pour eux jusqu'à Oldoban.Merci d'avoir pointé le doigt dessus ! :)

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Ben tiens, pour ceux que ça intéressent, en attendant mon départ Vendredi pour mon " weekend Salon du Livre ", je laisse Archy et sa bande de côté, et je travaille sur Elbakin... :)

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ahhhhhhh :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) :) Je desesperais de voir un jour des nouvelles d'elbakin sur le site ! :) au fait tu travailles sur le volume 1 ou sur l'ensemble ???
Là, c'est sur le volume 1 uniquement. :)