J'ai vu le film en VF (et en 2D) hier soir, et j'ai été totalement conquis! C'est sans doute la meilleure surprise de cette année, voire de la décennie au cinéma pour moi. :)Je ne suis pas un fan absolu de Harry Potter à la base : je n'ai pas lu les livres, seulement vu les films, que j'ai beaucoup appréciés.Du coup, je me suis rendu dans la salle de cinéma sans grande attente particulière autre que de passer un bon moment de détente, m'étant déjà préparé mentalement à l'éventualité que ces créatures fantastiques ne soient que le spin-off pompe à fric d'une license culte.Sachant en plus que la source d'inspiration du film était un bestiaire, je ne m'attendais pas à des étincelles (et oui, je l'avoue, le mot "Pokémon" résonnait sporadiquement à la lisière de mon subconscient).Et pourtant, étincelles il y a bien eu, dans une proportion que je n'attendais vraiment pas! Tout d'abord, l'histoire de ces "créatures fantastiques" s'affranchit selon moi pleinement de la saga Harry Potter, tout en élargissant et en renforçant énormément l'univers développé par J.K.Rowling (et qui me fait décidément de plus en plus penser au futur du jeu de rôles Ars Magica, s'il y a dans la salle des rôlistes intéressés par une adaptation de cet univers sur table). On découvre ainsi l'organisation américaine (et New-Yorkaise) du monde des sorciers des années 30, avec un très bel équilibre trouvé entre "le monde des sorciers" et "le New York des années 30", qui sont tous deux bien développés et "réalistes" sans que l'un n'empiète trop sur l'autre.La reconstitution de l'époque est particulièrement réussie, avec de nombreux détails d'ambiance qui en accentuent la profondeur et la crédibilité. Le monde des sorciers lui-même gagne énormément en maturité et en richesse grâce à ce contexte : si les mignonnes créatures poursuivies par Norbert et le monde féérique qui les entoure donnent au film la touche de magie et de poésie qui raviront les plus jeunes, l'organisation bureaucratique du monde des sorciers et les thèmes extrêmement sombres et durs qui sont abordés en filigrane (de façon suffisamment subtile pour que cela ne heurte pas le jeune public, mais suffisamment claire pour qu'un adulte comprenne qu'elle est probablement la véritable thématique du film, et de ses suites
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à savoir le racisme, la xénophobie l'extrémisme sous toutes leurs formes, que l'on retrouve chez les sorciers mais aussi chez les moldus, en témoignent l'organisation de Salem, le sénateur Shaw -qui évoque brièvement la prohibition), Graves et ses partisans-collabos-kapos, et même Norbert lorsqu'il évoque la façon dont sont perçues et traitées les créatures fantastiques qu'il protège
) place définitivement cette saga dans un registre adulte, rompant ainsi avec le monde enchanté du petit sorcier à lunettes (qui s'assombrit et se fissure à la fin, mais pas suffisamment longtemps pour en faire l'ambiance dominante de la série à mon sens).C'est bien simple, à certains moments je pensais davantage à Lovecraft qu'à Harry Potter, et ce malgré la présence de l'adorable ornythorinque kleptomane...Bref, du très bon, qui augure du sombre et du pesant pour la suite, bien loin de l'univers douillet et protégé du Poudlard que l'on connaît.
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A vrai dire, je m'attends à ce que la suite aborde pleinement la seconde guerre mondiale, l'occupation, le blitz, l'antisémitisme, le nazisme et les camps de concentration version "sorciers". Cela me fait d'ailleurs penser que cela donnera probablement à J.K.Rowling l'occasion d'aborder plus en profondeur une ambiance qu'elle n'avait fait qu'esquisser dans Harry Potter : la fin de la saga -correspondant au 7e film-, qui voit Harry, Ron et Hermione être livrés à eux-mêmes dans un monde des sorciers occupé par Voldemort et ses sbires extrémistes, avait déjà de forts accents de résistance au cours de la seconde guerre mondiale. Mais dans le monde de Harry Potter, cet épisode n'aura duré que quelques semaines, et les forces de résistance de Poudlard auront su rester suffisamment unies et nombreuses pour que cet épisode ne soit pas trop pesant.(après tout, ce sont des ados évoluant dans une période de paix et un milieu protégé qui sont formés à sauver le monde depuis leur plus tendre enfance : cette conclusion est donc logique, et totalement en phase avec le thème développé) Mais dans le contexte que dessine ces créatures fantastiques, avec un monde d'adultes aux prises avec des bureaucraties gangrenées par le racisme, le tout dans le début des années 30 (c'est à dire qu'il y a encore toute la montée des extrémismes et les cinq ans de guerre mondiale à couvrir), il y a fort à parier que la suite se révèle beaucoup plus dure.Par ailleurs, comme deux des personnages principaux s'appellent Goldstein, ce qui laisse supposer des origines juives, j'anticipe déjà leur enfermement -voire leur mort- dans des camps de concentration Allemands. Tout comme j'imagine assez Grindelwald diriger la section occulte des SS ou de la Gestapo (J.K. va-t-elle aller jusqu'à intégrer le culte de Thulé dans son histoire?)
Enfin, un dernier petit mot sur le personnage de Kowalski, brillamment utilisé (un sidekick moldu à priori ridicule qui devient finalement l'un des plus grands héros de cette histoire, cela me rappelle un peu Sam Gamegie, ce qui est un énorme compliment) et interprété :
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Je me demande s'il ne s'agit pas en réalité d'un sorcier dont les pouvoirs latents ne se sont pas encore révélés. Je le retrouverais en tous cas avec plaisir dans les opus suivants, s'il devait y figurer.
Bref, et en conclusion : j'ai trouvé ce film vraiment génial, mais je ne m'attends clairement pas à ce que la suite soit tous publics.
