Bon allez hop, la critique d'
Edge of Tommorow, visible également sur le blog
Just A Word :Doug Liman n’est pas spécialement connu pour faire des films mémorables. Hormis le sympathique et défoulant Mr & Ms Smith, il est responsable du médiocre Jumper dans le genre SF où il revient aujourd’hui avec Edge of Tomorrow. Basé sur le roman d’Hiroshi Sakurazaka, All you need is kill, et déjà adapté en manga par Takeshi Obata, le long-métrage de l’américain mise sur un monde science-fictif au bord de l’apocalypse. Il embarque Tom Cruise, décidément amoureux du genre après Oblivion ou Minority Report, et la talentueuse Emily Blunt de l'excellent Looper. Contre toute attente, le film ne va pas du tout là où on l’attendait, du moins dans un premier temps, et le résultat s’avère jouissif.Les Mimics ont envahi la Terre sans prévenir. Tombés du ciel après une pluie de météorites, les aliens ont fait tomber la totalité de l’Europe sans que rien ou presque ne puisse les arrêter. Mais suite à leur victoire inespérée à Verdun, les troupes Américaines et ce qu’il reste de l’armée Européenne, améliorées par des exosquelettes révolutionnaires, se préparent à débarquer en France et à repousser l’ennemi. Le major Bill Cage, un recruteur de l’armée américaine, est envoyé à son grand désarroi en première ligne, dans les pas de l’Ange de Verdun, la terrible Rita Vrataski. Mais sur la plage, le massacre commence et le major succombe rapidement…avant de se réveiller le matin de son enrôlement forcé. Condamné à une boucle temporelle perpétuelle, Cage n’a d’autre choix que de tout tenter pour sauver sa peau et celle de sa race.Dire que l’on n’attendait pas grand-chose d’un film de Doug Liman est un doux euphémisme. Et pourtant, dès les premiers instants, le long-métrage accroche le spectateur. Sens aigu de la mise en scène, narration impeccable et dépourvue de temps morts, Edge of Tomorrow installe efficacement un univers science-fictif crédible à défaut d’être d’une grande originalité…Jusqu’à cette boucle temporelle très intelligemment gérée par Liman. Conscient qu’il s’agit là du pivot central de son film, l’américain transcende son postulat et profite à fond des possibilités offertes. La chose la plus surprenante à ce niveau, c’est bien le ton des péripéties de Cage. Car ce dernier n’est en rien un soldat expérimenté, c’est même l’archétype du planqué. Lancé en pleine guerre, c’est un vrai massacre pour lui. Écrasé par un avion, percuté par un camion, transpercé par une balle perdue…Bref notre héros provoque moults rires dans ses maladresses d’homme ordinaire jeté en plein milieu d’une bataille frénétique.On se rend compte d’ailleurs que consciemment ou non, Edge Of Tomorrow constitue une parfaite adaptation de jeu vidéo avec ses « Die and Retry » perpétuels. Sans jamais tomber dans la redite, Liman manie l’art de l’ellipse avec talent si bien que l'on ne se lasse jamais des nouvelles tentatives de Cage. A ce niveau, le film possède une impressionnante scène de bataille avec ce débarquement d’envergure sur les plages française (petit hommage lointain au débarquement de 44), et on profite largement du côté épique de la chose. C’est aussi grâce aux deux acteurs principaux que le film tire son épingle du jeu. En tête, un Tom Cruise increvable et qui semble insensible aux ans qui passent, excellent de bout en bout et parfois même touchant dans sa relation avec Rita Vrataski, incarnée par une Emily Blunt impériale, bad-ass comme pas possible et superbement traitée par Liman (Les multiples plans sur ses nombreuses morts impriment un sentiment très particulier envers elle). De même, on retrouve une galerie de seconds couteaux tout à fait investis par leurs rôles (Brendan Gleeson en tête).Le scénario en lui-même reste très convainquant dans un premier temps avec des aliens très réussis visuellement. Malheureusement, Edge of Tomorrow n’arrive pas à ses fins et Liman n’arrive pas à finir d’aussi bonne manière son long-métrage qu'il l'avait commencé. Une fois le pouvoir perdu, les trente dernières minutes du film replongent dans un classicisme décevant et le film débouche sur une série d’événements hautement prévisibles. De même, malgré la beauté du plan final (vraiment superbe), la cohérence, elle, n’est plus vraiment au rendez-vous. Dommage de sacrifier tout le reste pour une happy-end mal amenée. Evidemment, la dernière scène d’action dénote encore du soin du réalisateur pour filmer ses héros, mais le fait de savoir comment tout cela va se finir (et qui va survivre ou pas) amoindrit l’impact des événements présentés à l’écran…Edge of Tomorrow accomplit quelque chose de remarquable en soi en transcendant son postulat de boucle temporelle et en livrant un excellent divertissement. Malgré sa fin prévisible et son dernier tiers bien trop classique, le long-métrage de Liman s’avère efficace, jouissif et constitue en fin de compte un film de série B de qualité, chose que l’on n’attendait absolument pas au vu du passif de son réalisateur. A voir pour passer un bon moment entre amis.
