Eh bien, j'ai fini ma lecture de "Un soupçon de haine" et quel plaisir ! Surtout après les premiers chapitres de remise dans le bain, j'ai eu du mal à le lâcher. (Ces premiers chapitres étant enlevés aussi, ce n'est en rien de la remise en contexte rébarbative ; je suis simplement un diesel pour rentrer dans une fiction.)
Honnêtement, je pense même qu'il peut se lire sans avoir rien lu d'autres de l'auteur. On arrive à bien resituer les évènements selon moi, même si une carte aurait pu être appréciable (pas indispensable, cependant)
Je me suis rendu compte que je ne me souvenais pas tant que ça des détails de la Première Loi : ça avait été le style et les personnages qui m'avaient marqué, et non l'intrigue, et celle-ci n'est pas réexpliquée plus que ça sans que ça gêne. Par exemple le point d'intrigue particulier évoqué ici plus haut en spoiler m'a pris au dépourvu, je ne m'y attendais pas. C'est quand un personnage révèle les faits que ceux-ci me sont revenus en tête. Du coup banco pour l'effet de surprise, je me suis pris une bonne petite claque.
A mon avis, il faut se laisser faire par le livre : ok, je ne comprends pas bien la situation politique au début, mais les explications par la suite permettent de se faire une bonne idée de l'état des lieux du monde. La situation politique n'est pas si complexe, on peut bien la resituer, sans même parler de certains évènements qui peuvent faire écho à ce qu'on a connu ces derniers temps.
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Comme les Casseurs/Gliltes jeunes

Je trouve que l'auteur distribue bien ses "bonbons", c'est-à-dire qu'on peut lire le roman indépendamment, oui, mais si on a lu les autres, il offre plein de petits clins d'oeil complices qui sont un plaisir à chaque fois. LE chocolat sur l'oreiller à l'hôtel. Pas de chocolat, on peut quand même toujours dormir, ce pour quoi on est venus, mais s'il y a le p'tit chocolat, c'est quand même plus sympa.
Une fois de plus, j'ai bien apprécié les personnages. J'aime bien sa façon de dépeindre des gens, tout simplement, avec leurs qualités et leurs défauts. Mention particulière à Orso, Savine et Rikke que j'ai trouvés vraiment attachants. Leo aussi est un bon perso, mais il m'est a paru moins sympa sans que ça ait un lien avec sa qualité d'écriture, vraiment simplement sur sa façon d'être. (je serais pote sans mal avec un Orso, pas avec un Leo) Et Quatre-Feuilles, ah ! quel perso ! hâte de voir la suite en ce qui le concerne, il m'intrigue beaucoup, bien plus complexe qu'il ne le laisse paraître.
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Je trouve que Quatre-Feuilles casse la figure du vieux sage débonnaire. Il a ce côté nonchalant et tranquille très sympathique, du recul sur les choses. Et pourtant, il a la lame légère quand il s'agit de tuer pour ses propres intérêts. Je trouve que ça le rend particulièrement dangereux, illustrant "se méfier de l'eau qui dort".
La construction en alternance de points de vue, tout procédé classique et attendu que ça soit devenu, fonctionne bien : ça permet de passer d'une intrigue à l'autre, a priori sans lien, et maintenir le plaisir de lecture. Par exemple, l'arc de Rikke m'intéressait moins pour de pures questions de goûts persos, et donc basculer par exemple sur Savine m'a permis de resté accroché (ce qui reste un grand mot, vu que même si l'arc m'intéressait moins, ça restait accrocheur. C'est simplement que j'ai plus d'intérêt pour ce qu'on pourrait peut-être qualifier de fantasy urbaine)
Sur cette alternance de points de vue :
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Le chapitre qui concerne l'émeute et la fuite éperdue de Savine : on bascule de points de vue en points de vue, parfois avec des persos de l'intrigue, parfois avec celui d'anonymes : j'ai trouvé le procédé très intéressant et bien mené, illustrant bien le chaos général
Niveau rythme, je trouve aussi que le tout est bien dosé et se boucle bien sur ses intrigues propres à ce tome 1, puis s'ouvre de façon intrigante pour le tome suivant : les derniers chapitres sont trépidants pour cette ouverture, et me voilà bien emm...embêté de ne pas avoir la suite immédiatement.
Niveau recommandation, je dirais à la lectrice ou lecteur potentiel de ne pas avoir peur d'un langage cru et de situations vraiment pas glamour. Moi, ça me va parce que je jure comme un charretier au quotidien, mais quelqu'un d'un peu prude risque de ne pas apprécier. (sans jugement aucun, chacun sa sensibilité)
Je ferai un bémol aussi niveau traduction. Attention, elle est loin d'être à jeter ! Mais j'ai du mal à comprendre certaines décisions de garder certains noms en anglais et pas d'autres. il y a aussi quelques traductions littérales qui n'ont pas trop de sens en français (je voulais en noter pour illustrer, j'ai oublié...) Un choix de vocabulaire, aussi, parfois étrange avec des mots très contemporains (mec, black-out et autres) en opposition avec des termes très vieillots parfois (minette, et non, on ne parle pas vraiment de chat) Rien de catastrophique, loin de là, mais comme ça m'a un peu chiffonné, je voulais le mentionner.
En conclusion, je le recommande chaudement. Je suis vraiment content d'avoir découvert cet auteur il y a quelques années, et je trouve que sa plume s'est nettement bonifiée : plus de nuances, un rythme plus enlevé... Il a gardé ses qualités et a bien gommé ses défauts.