Voilà une très bonne surprise à laquelle je ne m’attendais pas.
Avec
Les neuf princes d’Ambre, je pensais avoir une lecture sympathique et récréative, sans prétention mais bien troussée (comme l’un des livres de Mars de Leigh Brackett, par exemple). Un roman de transition entre deux lectures plus grosses.
C’est exactement pour ça que je l’avais pris (venant d’achever
le Fléau de King).
Je pensais aussi y trouver de la sf matinée de fantasy ou du space opéra n’ayant réellement de sf que ses apparats technologiques.
Tout faux !
Non seulement c’est à mon sens de la pure fantasy (j’ai vraiment du mal à voir pour le moment en quoi on peut classer cette série en SF) ! Mais surtout, j’ai adoré ce livre, qui s’est révélé pour moi être bien plus qu’un sympathique divertissement !
C’est divertissant, certes. Bourré de péripéties et de rebondissements. D’autant que le principe du narrateur amnésique fonctionne très bien comme moteur pour donner envie de toujours lire une page de plus et de découvrir le fin mot de l’histoire.
Mais c’est surtout bourré d’idées qui, tout en partant dans tous les sens, arrivent à construire un univers cohérent, basé sur des imaginaires pré-existants, tout en étant original (d’autant plus pour un livre qui a 50 ans).
L’idée du tarot familial et des pouvoirs qui y sont associés, la marelle, la façon dont les personnages voyagent à travers les ombres, les personnalités des membres de la famille, sont autant d’éléments qui confèrent à l’ensemble une saveur unique.
J’aime beaucoup l’idée qu’Ambre est le monde originel, dont tous les autres ne sont que les reflets
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(y compris la Terre).
Les personnages, que ce soit Corwin ou ses frères et sœurs sont vraiment l’un des points forts du livre. Pour ainsi dire des divinités, ils se détestent presque tous et sont plus complexes, ambigus et retors les uns que les autres. Zelazny arrive à les différencier dans notre esprit (du moins, ceux que nous croisons), tout en réussissant à nous faire ressentir qu’ils partagent des traits familiaux. La narration à la première personne par Corwin, qui n’hésite pas à faire régulièrement son introspection ou à commenter les faits, est d’ailleurs très bien utilisée à ce niveau.
Le personnage est bourré de contradictions, qu’il assume et interroge, étant tour à tour romantique ou cynique, héroïque ou cruelle et égoïste. Et c’est notamment cette narration, les états d’âme et les considérations de Corwin, qui font tout le sel du livre.
L’univers et ses personnages m’ont aussi pas mal fait penser à Sandman (que j’adore également) et je me demande s’il ne s’agit pas là d’une des inspirations de Neil Gaiman.
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Sur ce premier tome, je retiens tout particulièrement la scène de découverte du tarot, le voyage en voiture à travers les ombres avec Random, la traversée de la Marelle dans Erbma, l’épique bataille de l’escalier menant à Ambre et cette superbe dernière partie que je n’avais vraiment pas vu venir (où Corwin se fait crever les yeux pour être jeter dans un cachot pendant des années), ainsi que ce bel épilogue dans le phare.
Mon seul vrai bémol concerne la longue bataille menant jusqu'à Ambre, un peu trop survolée et à distance à mon goût (du coup c'est un chapitre où l'on s'ennuie un peu, alors que le reste est très bien mené).
Enfin, c’est sans bout de gras, sans pour autant donner la sensation de survoler ni son récit, ni son univers, ni ses personnages.
Un vrai coup de cœur ! D’autant plus plaisant que par surprise.
J’ai d’ailleurs aimé ce premier livre à tel point que j’ai enchaîné directement avec le second que j’avais également dans ma bibliothèque.
Tout aussi bon que le premier, il complexifie encore l’univers
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avec la route noire issue de la malédiction de Corwin, une opposition au chaos rappelant Elric se dessinant
, nous permet de rencontrer d’autres membres mémorables de la famille et met en place ce qui me paraît être l’intrigue/l’enjeu de fond du cycle. Et, là encore, le livre arrive à surprendre dans son déroulé (n’allant pas forcément là où on s’y attendrait).
Maintenant, il faut que je mette la main sur les tomes suivants !
