102
C'est un très bel objet. Les illustrations sont correctes sans rien d'extraordinaire non plus : ça passerait sans problème dans un Thorgal (en noir et blanc). C'est assez générique.
Je remets ci-dessous le commentaire que j'avais initialement posté sur le sujet général à Gemmell puisqu'il ne concerne que Troie.
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Voici d'après moi pourquoi Troie est un horrible roman historique et pourquoi il ne faut surtout pas le lire :
Si Gemmell avait fait comme pour Rigante en s'inspirant de faits réels mais en changeant les noms (et en incluant un peu de magie) ou comme dans Le Lion de Macédoine où il a conservé les noms mais inclut beaucoup de magie (et s'est beaucoup mieux documenté), cette seconde critique serait sans objet : dans le cadre de la Fantasy, je me fiche de savoir si l'auteur respecte ou non l'histoire mais les seuls éléments surnaturels de Troie sont les dons de prescience de certains. C'est beaucoup trop léger et me fait donc classer Troie dans la catégorie romans historiques.
Introduction
Beaucoup de gens l’ignorent mais l’Iliade ne raconte pas la guerre de Troie : elle en raconte une toute petite partie à savoir du moment où Achille décide de ne plus se battre à celui où il tue Hector en combat singulier. On est à ce moment-là dans la dixième et dernière année de la guerre et le reste du conflit (l’origine, les neuf premières années, la chute de Troie et ses conséquences) sont couverts par d’autres poèmes épiques qui forment ensemble le Cycle troyen formé de 8 parties dont seulement deux nous sont parvenues : l’Iliade donc et l’Odyssée. Pour le reste, nous devons nous contenter de résumés d’auteurs postérieurs mais cela nous donne tout de même une petite idée du contenu.
Deux options s’offrent à l’écrivain qui voudrait écrire un roman historique sur Troie :
1° Reprendre fidèlement l’Iliade (et les quelques éléments mentionnés dans l’Odyssée) puis lire les résumés des autres livres et broder à partir de là pour remplir les trous.
2° Partir du principe que l’Iliade est une œuvre de fiction inspirée de faits réels et tenter d’imaginer les faits en question en restituant du mieux possible la Mer Égée de la deuxième moitié du IIe millénaire avant Jésus-Christ. Bref, gommer toute la partie intervention divine du récit pour ne retenir que le conflit et ses implications géopolitiques. Cela demande une grande connaissance de l’histoire et de la civilisation grecque.
Gemmell a choisi une troisième option : cracher à la gueule d’Homère – et au passage de Clio – , prendre dans son œuvre ce qui l’intéresse (à savoir l’idée d’un conflit entre Mycènes et Troie et les noms des personnages) et jeter tout le reste à la poubelle.
Son histoire n’a strictement rien à voir avec l’Iliade (ou ce que l’on sait de la guerre de Troie via d’autres sources), il fait ce qu’il veut des personnages et du déroulement des événements et, à part une ou deux bonnes idées (Ulysse et Cassandre), c’est calamiteux. La ruse du Cheval de Troie aurait pu être astucieuse si elle n’avait été à ce point téléphonée. On avait compris depuis le premier tome que ça passerait par eux. Le combat entre Hector et Achille est une véritable honte. Et je ne parle pas de sa manière (ou celle de sa femme) toujours aussi lamentable de décrire un combat à l’arme blanche : « X bondit » « X attaqua à une vitesse stupéfiante » « X, déséquilibré, para et contre d’un vicieux coup en direction du visage ». Je parle de son incapacité à finir le duel proprement. Visiblement, c’est pour lui inconcevable qu’un héros en tue un autre et donc les deux sont tués par traîtrise. C’est grotesque, irrespectueux et lâche. Et il nous refait le coup avec Ajax et Banoclès…
Des anachronismes comme s’il en pleuvait
Si l’histoire de l’antiquité ne vous intéresse guère vous n’y aurez probablement vu que du feu mais Troie est rempli à ras bord d’anachronismes de deux types : soit il mentionne des choses qui n’existent tout simplement pas à l’époque ou qui ne cadrent pas avec la culture/mentalité grecque de l’époque, soit il fait coïncider des événements qui ont eu lieu à des siècles d’intervalle.
Voici une petite liste non exhaustive de ces anachronismes :
-Énée/Hélicon utilise le feu grégeois sur son navire le « Xanthos », feu grégeois qui ne sera pas inventé par les Byzantins avant plus de 2000 ans. C’est comme si j’écrivais un roman historique sur la guerre des Gaules et que j’incluais des tanks et des missiles balistiques dedans.
-Il est dit que les Mycéniens utilisent la Phalange au combat or elle ne sera pas mise au point avant 3-4 sièclles
-Il est dit que l’armée Mycénienne est forte de 70 000 hommes au moment de l’invasion et il faut ajouter des dizaines de milliers de soldats tués en Thrace ou dans le sud. Même à l’époque classique, presque 1000 ans plus tard, des effectifs pareils auraient été absolument impossible. Vers 1350-1150 av JC c’est tout simplement du délire. Voici les effectifs des plus grandes batailles de l’antiquité grecque pour vous en convaincre : à Platée (479) 40 000 (estimation), à Mantinée (418) : 20 000 soldats (10 000 dans chaque camps), Chéronée (338) :65 000 dont 30 000 Macédoniens, Gaugamèles (331) : 40 000 (majorité de Macédoniens)
-Saviez-vous que Rome avait été fondée par le roi Énée de Dardannie, meilleur ami du prince troyen Hector, lui-même héros de la bataille de Qadesh où il a repoussé les armées de Ramsès II, que le second d’Énée était Moïse, frère adoptif de Ramsès II, et que la guerre de Troie s’est conclue par l’invention du fer et l’explosion du super-volcan Santorin ?
Non ? C’est normal puisqu’absolument rien de tout cela n’est vrai (hormis l’amitié entre Hector et Énée). Gemmell a pris des événements s’étant déroulés à des siècles d’intervalle et les a tous inclus dans son roman historique au mépris de l’histoire. Fait coïncider la bataille de Qadesh et Troie dans le tome 1 je trouvais cela assez astucieux. Il y a une grosse incertitude sur l’époque de la guerre de Troie et elle aurait effectivement pu coïncider avec le règne de Ramsès II. Mais tout le reste n’est qu’une vaste fumisterie. On ignore à quelle époque la sortie d’Égypte a eu lieu (ni même si elle a eu lieu) mais très probablement pas sous le règne de Ramsès II (loin s’en faut). Rome ne sera pas fondée avant des siècles et des siècles, le volcan de Santorin a explosé 400 ans plus tôt et l’âge du fer ne commencera qu’un siècle plus tard en même temps que les invasions doriennes.
-Explosion du volcan de Santorin : 16e siècle
-Bataille de Qadesh : vers 1280-1270
-Guerre de Troie : les auteurs antiques la situent entre 1350 et 1150 avec un léger consensus pour le début du 12e siècle (donc un siècle avec Qadesh)
Ahmosis (Moïse) : n’a vraisemblablement pas vécu à l’époque de Ramsès II/Qadesh. Son règne est le mieux documenté de l’Égypte pharaonique et on sait que la Palestine était sous le contrôle de l’Égypte sous son règne (et bien après). On le saurait si un événement aussi marquant que la sortie d’Égypte était survenu.
-Début de l’âge du fer en Grèce : 12e siècle (l’inventeur du feu grégeois invente aussi le fer forgé...)
-Invasions doriennes : 12e siècle (dans la fin du récit on nous dit que des barbares venus du nord vont tout détruire). Premièrement on n’est pas certain qu’il y ait réellement eu une invasion et ensuite les Doriens n’étaient pas des barbares (terme réservé à ceux qui ne parlent pas Grecs, encore une fois Gemmell ne comprend rien à la culture grecque) mais des Grecs.
-Rome : Fondée en 753 (selon la légende, il y avait déjà des habitants dans les 7 collines avant mais ils n’ont rien de Grecs)
-Les Sicules : pas vraiment un anachronisme mais ça a sa place au rayon des erreurs : dans l’épilogue on nous dit qu’Énée a combattu les Sicules. Pourquoi ? On les trouve dans le centre de la Sicile, pas en Italie continentale.
-Phalange : premières traces vers le 8e siècle
-Feu grégeois : Fin 7e siècle APRÈS JC
En situant son récit vers le début du 12e siècle, Gemmell aurait pu faire coïncider quelques uns de ces éléments mais il a choisi de le faire coïncider avec Qadesh pour pouvoir inclure Moïse (croyant, après avoir vu le dessin animé, que Moïse était un contemporain de Ramsès II) ce qui fausse du coup absolument tout. Rien ne correspond à la réalité dans Troie.
Moins de romans, plus de recherches svp !
Au delà de cela, Gemmell n’a rien compris à la civilisation grecque (qu’elle soit de l’âge du Bronze ou du Fer). Il ne s’est visiblement pas ou peu documenté car tout sonne faux dans son récit. Je ne vais pas disséquer tout puisqu’on n’y serait encore dans 3 jours mais je vais me contenter d’un aspect que je connais plutôt bien puisque c’était mon sujet de mémoire à l’université : la piraterie antique.
Gemmell nous décrit une mer Égée où les pirates pullulent et menacent le commerce régional. Il y a parmi eux de vrais pirates mais aussi des corsaires mycéniens ne s’attaquant qu’aux navires troyens (Gemmell ne distingue pas alors que la différence est fondamentale). Or, hormis durant de rares périodes où les pouvoirs locaux s’étaient effondrés, la piraterie n’a jamais été endémique en mer Égée. La piraterie n’a été, pendant pratiquement toute l’antiquité, pas une activité à plein temps mais une affaire d’opportunité. Vous croisez un bateau plus petit dans des eaux désertes ? Qui saura que vous l’avez coulé ? Les gens vous achèterons aussi volontiers de la cargaison volée que celle que vous avez achetée légalement en chemin. La prise d’Ithaque par une coalition de pirates est du grand n’importe quoi et n’est même pas cohérente au sein de son récit. Quel homme serait assez fou pour aller attaquer un allié des Mycéniens quand ceux-ci ont des flottes de plusieurs centaines de navires et une armée de 70 000 hommes ? …
Gemmell, écrivain très chrétien
Le plus fou c’est que la guerre de Troie était taillée pour Gemmell : on parle d’un siège de 10 ans. 10 ans, rendez-vous compte. Le roi du siège aurait pu en écrire des défenses de remparts désespérées lui qui aime tant ça.
Et, surtout, la guerre de Troie est une guerre à petit échelle. C’est parce que très peu de soldats sont alignés par les deux camps que les héros ont autant de poids dans les événements. Troie n’est pas à la tête d’un empire mais est une petite cité prospère mais isolée. Les rois achéens n’alignent pas des armées de métier fortes de dizaines de milliers d’individus mais de petites bandes de quelques centaines de soldats au maximum. Au lieu de cela, Gemmell étale encore son inculture militaire en décrivant des batailles en rase campagne tout bonnement grotesque. Ses figures héroïques sont des sortes de super-héros capables de vaincre à eux seuls des armées grâce à leur vitesse stupéfiante et à leur courage (pas un seul, hormis le gros Antiphonès, n’est tué durant une bataille).
Pourquoi Gemmell n’a-t-il pas repris fidèlement l’Iliade avec sa cohorte de héros hauts en couleurs ?
Lui seul le sait mais j’ai une hypothèse : Les Dieux sont omniprésents dans l’Iliade or Gemmell est tellement bigot qu’il n’a pas supporté d’écrire un récit où les dieux passent leur temps à intervenir et où les hommes passent leur temps à les invoquer. Il n’a pas réussi à caser La Source dans son récit et nous décrit donc une Grèce antique virtuellement athée. Oh oui, on parle de dieux ici et là mais personne n’y croit vraiment. Et il n’a pas supporté non plus d’écrire des héros tuant d’autres héros d’où le fait qu’ils soient tous épargnés de manière rocambolesques ou tués par traîtrise. De la lâcheté…
Conclusion
Vous l’aurez compris en lisant tout cela : je ne saurais trop vous déconseiller la lecture de Troie. Ce cycle est une véritable honte et n’aurait jamais dû être publié. Gemmell saccage allègrement l’histoire et l’Histoire pour produire un récit médiocre et peu réaliste, de bien moins bonne qualité en tout cas que le matériau d’origine. Si la guerre de Troie vous intéresse, passez votre chemin et allez lire l’Iliade.
Je remets ci-dessous le commentaire que j'avais initialement posté sur le sujet général à Gemmell puisqu'il ne concerne que Troie.
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Voici d'après moi pourquoi Troie est un horrible roman historique et pourquoi il ne faut surtout pas le lire :
Si Gemmell avait fait comme pour Rigante en s'inspirant de faits réels mais en changeant les noms (et en incluant un peu de magie) ou comme dans Le Lion de Macédoine où il a conservé les noms mais inclut beaucoup de magie (et s'est beaucoup mieux documenté), cette seconde critique serait sans objet : dans le cadre de la Fantasy, je me fiche de savoir si l'auteur respecte ou non l'histoire mais les seuls éléments surnaturels de Troie sont les dons de prescience de certains. C'est beaucoup trop léger et me fait donc classer Troie dans la catégorie romans historiques.
Introduction
Beaucoup de gens l’ignorent mais l’Iliade ne raconte pas la guerre de Troie : elle en raconte une toute petite partie à savoir du moment où Achille décide de ne plus se battre à celui où il tue Hector en combat singulier. On est à ce moment-là dans la dixième et dernière année de la guerre et le reste du conflit (l’origine, les neuf premières années, la chute de Troie et ses conséquences) sont couverts par d’autres poèmes épiques qui forment ensemble le Cycle troyen formé de 8 parties dont seulement deux nous sont parvenues : l’Iliade donc et l’Odyssée. Pour le reste, nous devons nous contenter de résumés d’auteurs postérieurs mais cela nous donne tout de même une petite idée du contenu.
Deux options s’offrent à l’écrivain qui voudrait écrire un roman historique sur Troie :
1° Reprendre fidèlement l’Iliade (et les quelques éléments mentionnés dans l’Odyssée) puis lire les résumés des autres livres et broder à partir de là pour remplir les trous.
2° Partir du principe que l’Iliade est une œuvre de fiction inspirée de faits réels et tenter d’imaginer les faits en question en restituant du mieux possible la Mer Égée de la deuxième moitié du IIe millénaire avant Jésus-Christ. Bref, gommer toute la partie intervention divine du récit pour ne retenir que le conflit et ses implications géopolitiques. Cela demande une grande connaissance de l’histoire et de la civilisation grecque.
Gemmell a choisi une troisième option : cracher à la gueule d’Homère – et au passage de Clio – , prendre dans son œuvre ce qui l’intéresse (à savoir l’idée d’un conflit entre Mycènes et Troie et les noms des personnages) et jeter tout le reste à la poubelle.
Son histoire n’a strictement rien à voir avec l’Iliade (ou ce que l’on sait de la guerre de Troie via d’autres sources), il fait ce qu’il veut des personnages et du déroulement des événements et, à part une ou deux bonnes idées (Ulysse et Cassandre), c’est calamiteux. La ruse du Cheval de Troie aurait pu être astucieuse si elle n’avait été à ce point téléphonée. On avait compris depuis le premier tome que ça passerait par eux. Le combat entre Hector et Achille est une véritable honte. Et je ne parle pas de sa manière (ou celle de sa femme) toujours aussi lamentable de décrire un combat à l’arme blanche : « X bondit » « X attaqua à une vitesse stupéfiante » « X, déséquilibré, para et contre d’un vicieux coup en direction du visage ». Je parle de son incapacité à finir le duel proprement. Visiblement, c’est pour lui inconcevable qu’un héros en tue un autre et donc les deux sont tués par traîtrise. C’est grotesque, irrespectueux et lâche. Et il nous refait le coup avec Ajax et Banoclès…
Des anachronismes comme s’il en pleuvait
Si l’histoire de l’antiquité ne vous intéresse guère vous n’y aurez probablement vu que du feu mais Troie est rempli à ras bord d’anachronismes de deux types : soit il mentionne des choses qui n’existent tout simplement pas à l’époque ou qui ne cadrent pas avec la culture/mentalité grecque de l’époque, soit il fait coïncider des événements qui ont eu lieu à des siècles d’intervalle.
Voici une petite liste non exhaustive de ces anachronismes :
-Énée/Hélicon utilise le feu grégeois sur son navire le « Xanthos », feu grégeois qui ne sera pas inventé par les Byzantins avant plus de 2000 ans. C’est comme si j’écrivais un roman historique sur la guerre des Gaules et que j’incluais des tanks et des missiles balistiques dedans.
-Il est dit que les Mycéniens utilisent la Phalange au combat or elle ne sera pas mise au point avant 3-4 sièclles
-Il est dit que l’armée Mycénienne est forte de 70 000 hommes au moment de l’invasion et il faut ajouter des dizaines de milliers de soldats tués en Thrace ou dans le sud. Même à l’époque classique, presque 1000 ans plus tard, des effectifs pareils auraient été absolument impossible. Vers 1350-1150 av JC c’est tout simplement du délire. Voici les effectifs des plus grandes batailles de l’antiquité grecque pour vous en convaincre : à Platée (479) 40 000 (estimation), à Mantinée (418) : 20 000 soldats (10 000 dans chaque camps), Chéronée (338) :65 000 dont 30 000 Macédoniens, Gaugamèles (331) : 40 000 (majorité de Macédoniens)
-Saviez-vous que Rome avait été fondée par le roi Énée de Dardannie, meilleur ami du prince troyen Hector, lui-même héros de la bataille de Qadesh où il a repoussé les armées de Ramsès II, que le second d’Énée était Moïse, frère adoptif de Ramsès II, et que la guerre de Troie s’est conclue par l’invention du fer et l’explosion du super-volcan Santorin ?
Non ? C’est normal puisqu’absolument rien de tout cela n’est vrai (hormis l’amitié entre Hector et Énée). Gemmell a pris des événements s’étant déroulés à des siècles d’intervalle et les a tous inclus dans son roman historique au mépris de l’histoire. Fait coïncider la bataille de Qadesh et Troie dans le tome 1 je trouvais cela assez astucieux. Il y a une grosse incertitude sur l’époque de la guerre de Troie et elle aurait effectivement pu coïncider avec le règne de Ramsès II. Mais tout le reste n’est qu’une vaste fumisterie. On ignore à quelle époque la sortie d’Égypte a eu lieu (ni même si elle a eu lieu) mais très probablement pas sous le règne de Ramsès II (loin s’en faut). Rome ne sera pas fondée avant des siècles et des siècles, le volcan de Santorin a explosé 400 ans plus tôt et l’âge du fer ne commencera qu’un siècle plus tard en même temps que les invasions doriennes.
-Explosion du volcan de Santorin : 16e siècle
-Bataille de Qadesh : vers 1280-1270
-Guerre de Troie : les auteurs antiques la situent entre 1350 et 1150 avec un léger consensus pour le début du 12e siècle (donc un siècle avec Qadesh)
Ahmosis (Moïse) : n’a vraisemblablement pas vécu à l’époque de Ramsès II/Qadesh. Son règne est le mieux documenté de l’Égypte pharaonique et on sait que la Palestine était sous le contrôle de l’Égypte sous son règne (et bien après). On le saurait si un événement aussi marquant que la sortie d’Égypte était survenu.
-Début de l’âge du fer en Grèce : 12e siècle (l’inventeur du feu grégeois invente aussi le fer forgé...)
-Invasions doriennes : 12e siècle (dans la fin du récit on nous dit que des barbares venus du nord vont tout détruire). Premièrement on n’est pas certain qu’il y ait réellement eu une invasion et ensuite les Doriens n’étaient pas des barbares (terme réservé à ceux qui ne parlent pas Grecs, encore une fois Gemmell ne comprend rien à la culture grecque) mais des Grecs.
-Rome : Fondée en 753 (selon la légende, il y avait déjà des habitants dans les 7 collines avant mais ils n’ont rien de Grecs)
-Les Sicules : pas vraiment un anachronisme mais ça a sa place au rayon des erreurs : dans l’épilogue on nous dit qu’Énée a combattu les Sicules. Pourquoi ? On les trouve dans le centre de la Sicile, pas en Italie continentale.
-Phalange : premières traces vers le 8e siècle
-Feu grégeois : Fin 7e siècle APRÈS JC
En situant son récit vers le début du 12e siècle, Gemmell aurait pu faire coïncider quelques uns de ces éléments mais il a choisi de le faire coïncider avec Qadesh pour pouvoir inclure Moïse (croyant, après avoir vu le dessin animé, que Moïse était un contemporain de Ramsès II) ce qui fausse du coup absolument tout. Rien ne correspond à la réalité dans Troie.
Moins de romans, plus de recherches svp !
Au delà de cela, Gemmell n’a rien compris à la civilisation grecque (qu’elle soit de l’âge du Bronze ou du Fer). Il ne s’est visiblement pas ou peu documenté car tout sonne faux dans son récit. Je ne vais pas disséquer tout puisqu’on n’y serait encore dans 3 jours mais je vais me contenter d’un aspect que je connais plutôt bien puisque c’était mon sujet de mémoire à l’université : la piraterie antique.
Gemmell nous décrit une mer Égée où les pirates pullulent et menacent le commerce régional. Il y a parmi eux de vrais pirates mais aussi des corsaires mycéniens ne s’attaquant qu’aux navires troyens (Gemmell ne distingue pas alors que la différence est fondamentale). Or, hormis durant de rares périodes où les pouvoirs locaux s’étaient effondrés, la piraterie n’a jamais été endémique en mer Égée. La piraterie n’a été, pendant pratiquement toute l’antiquité, pas une activité à plein temps mais une affaire d’opportunité. Vous croisez un bateau plus petit dans des eaux désertes ? Qui saura que vous l’avez coulé ? Les gens vous achèterons aussi volontiers de la cargaison volée que celle que vous avez achetée légalement en chemin. La prise d’Ithaque par une coalition de pirates est du grand n’importe quoi et n’est même pas cohérente au sein de son récit. Quel homme serait assez fou pour aller attaquer un allié des Mycéniens quand ceux-ci ont des flottes de plusieurs centaines de navires et une armée de 70 000 hommes ? …
Gemmell, écrivain très chrétien
Le plus fou c’est que la guerre de Troie était taillée pour Gemmell : on parle d’un siège de 10 ans. 10 ans, rendez-vous compte. Le roi du siège aurait pu en écrire des défenses de remparts désespérées lui qui aime tant ça.
Et, surtout, la guerre de Troie est une guerre à petit échelle. C’est parce que très peu de soldats sont alignés par les deux camps que les héros ont autant de poids dans les événements. Troie n’est pas à la tête d’un empire mais est une petite cité prospère mais isolée. Les rois achéens n’alignent pas des armées de métier fortes de dizaines de milliers d’individus mais de petites bandes de quelques centaines de soldats au maximum. Au lieu de cela, Gemmell étale encore son inculture militaire en décrivant des batailles en rase campagne tout bonnement grotesque. Ses figures héroïques sont des sortes de super-héros capables de vaincre à eux seuls des armées grâce à leur vitesse stupéfiante et à leur courage (pas un seul, hormis le gros Antiphonès, n’est tué durant une bataille).
Pourquoi Gemmell n’a-t-il pas repris fidèlement l’Iliade avec sa cohorte de héros hauts en couleurs ?
Lui seul le sait mais j’ai une hypothèse : Les Dieux sont omniprésents dans l’Iliade or Gemmell est tellement bigot qu’il n’a pas supporté d’écrire un récit où les dieux passent leur temps à intervenir et où les hommes passent leur temps à les invoquer. Il n’a pas réussi à caser La Source dans son récit et nous décrit donc une Grèce antique virtuellement athée. Oh oui, on parle de dieux ici et là mais personne n’y croit vraiment. Et il n’a pas supporté non plus d’écrire des héros tuant d’autres héros d’où le fait qu’ils soient tous épargnés de manière rocambolesques ou tués par traîtrise. De la lâcheté…
Conclusion
Vous l’aurez compris en lisant tout cela : je ne saurais trop vous déconseiller la lecture de Troie. Ce cycle est une véritable honte et n’aurait jamais dû être publié. Gemmell saccage allègrement l’histoire et l’Histoire pour produire un récit médiocre et peu réaliste, de bien moins bonne qualité en tout cas que le matériau d’origine. Si la guerre de Troie vous intéresse, passez votre chemin et allez lire l’Iliade.
103
Pour ma part je viens de finir la trilogie.
J'avais quasi enchainé les deux premiers que j'avais adoré mais j'ai mis du temps à attaquer le troisième, que j'ai moins apprécié (est-ce à cause d'une réelle baisse de qualité ou de mauvaise période je ne suis pas certaine).
Globalement j'ai adoré cette revisite du mythe, comment les éléments qu'on connait sont adaptée à cette histoire pour les rendre réalistes. J'ai aussi adoré les personnages secondaires comme Ulysse, Andromaque (même si elle me semble moins attachante dans le dernier tome), Hector, Callidès, Achille et en fait la plupart des personnages en dehors de Hellicon qui m'a laissé de marbre .Certains passages sont tout à fait remarquables comme le combat Achille/Hector et j'ai globalement passé un excellent moment à la lecture des trois tomes malgré une légère déception sur la fin.
L'inventivité de Gemmell, son style efficace et ses personnages très bien écrits ne me font que recommander cette triloge.
J'avais quasi enchainé les deux premiers que j'avais adoré mais j'ai mis du temps à attaquer le troisième, que j'ai moins apprécié (est-ce à cause d'une réelle baisse de qualité ou de mauvaise période je ne suis pas certaine).
Globalement j'ai adoré cette revisite du mythe, comment les éléments qu'on connait sont adaptée à cette histoire pour les rendre réalistes. J'ai aussi adoré les personnages secondaires comme Ulysse, Andromaque (même si elle me semble moins attachante dans le dernier tome), Hector, Callidès, Achille et en fait la plupart des personnages en dehors de Hellicon qui m'a laissé de marbre .Certains passages sont tout à fait remarquables comme le combat Achille/Hector et j'ai globalement passé un excellent moment à la lecture des trois tomes malgré une légère déception sur la fin.
L'inventivité de Gemmell, son style efficace et ses personnages très bien écrits ne me font que recommander cette triloge.