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Il y a une paresse des lecteurs qui préfèrent prendre un livre anglo-saxon médiocre plutôt que de chercher un bon titre français.

J'y crois pas un instant. Je pense que les lecteurs de SFF sont des lecteurs qui prennent le temps de se renseigner, de fouiller, chercher, découvrir. Notre implication ne suffit peut-être pas à satisfaire les besoins des éditeurs mais je pense que dans notre majorité, nous sommes un public de passionnés.

« Il faut des auteurs exceptionnels »

Est-ce que ça ne serait pas ça le problème ? Admettre que les auteurs français ne sont pas à la hauteur. Je peux faire un parallèle un peu facile mais c'est exactement la même situation dans la musique rock/heavy/metal: combien de groupes d’anthologies chez les anglo par rapport à chez nous ?

Il y a plusieurs mois de cela, j'ai enchainé les auteurs français de fantasy: Estelle Faye, Marie Pavlenko, Manon Fargetton, Fabien Cerutti, Paul Beorn etc. C'est sympa (ou pas) mais ça n'a rien d'exceptionnel.

Peut-être que le Français est fait pour autre chose: j'y connais rien en littérature chian générale mais est-ce qu'on trouve des auteurs style Modiano, Houellbecq, Le Clezio, Foenkinos chez les anglo-saxons ? L'article aurait pu aborder ce sujet histoire que l'on puisse comparer: qu'est-ce qui se vend le plus US ? Les autres pays européens connaissent-ils le même problème: quid de la fantasy allemande, italienne, espagnole ?

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Fabien Lyraud a écrit :
Je renvoie à ce sujet (celui du temps passé) à l'ancien mais passionnant Chasseurs de chimères, publié en Omnibus

On était dans la SF ancienne, là. Mais je suis prêt à parier qu'il y a eu à la même époque quelques œuvres relevant de la fantasy mais qu'il faudrait aller rechercher. Callidor a prévu quelques surprises dans le domaine.


Mais c'est justement mon argument : que la frontière entre les genres n'existait pas vraiment jusqu'à l'arrivée de la production anglo-saxonne. Dans l'Omnibus en question, des textes (superbes, au demeurant) comme Les dieux rouges, de Jean d'Esme, paru en 1922, ou Le peseur d'âmes, d'André Maurois (eh oui !), paru en 1931, ne seraient classés par personne en SF, aujourd'hui.

Et si on doit citer les auteurs français talentueux, j'aimerais bien qu'on n'oublie pas les autrices : Sylvie Denis, Catherine Dufour, Estelle Faye, Nathalie Henneberg (dont Les dieux verts a été publié pour la 1ère fois en 1961), Sylvie Lainé, Lea Silhol, pour ne citer qu'elles, ont un vrai talent et un style très personnel. Et ce n'est pas que j'oublie Jeanne-A Desbats ou Christine Renard, mais elles écrivent ou ont écrit plutôt de la SF, ou du fantastique, comme d'ailleurs Anne Duguël.

Si on élargit à l'espace francophone, en sortant de l'Hexagone, ce serait aussi dommage d'oublier Esther Rochon ou Elisabeth Vonarburg.

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que la frontière entre les genres n'existait pas vraiment jusqu'à l'arrivée de la production anglo-saxonne.

La frontière était entre littérature populaire et littérature lettrée. La plupart des textes de proto-SF était en littérature populaire.

Mais il ne faut pas oublier que Régis Messac juste avant la guerre a tenté de créer un collection spécialisée en SF, Hypermonde. C'est lui qui a fondé cette séparation. Et qui a traduit les premiers anglo-saxons.

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Merci, Lisbei, pour les autrices.
Il est vrai qu’étrangement, et notoirement en fantasy française, les « talents » cités, les « personnalités exceptionnelles », relèvent d’un genre bien homogène, et assez viril.

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Joxer007 a écrit :
qui n'ont pas les clés en fantasy

Quelles sont les clés en fantasy ?

Ben connement des sites/forums comme ici. Franchement je raterai un nombre incalculable de truc sans. Et je ne suis pas sûr qu'il soit forcément connu du plus grand nombre chez les jeunes lecteurs ou non lecteurs de genre, qui (il me semble) passent par d'autre type de prescripteurs (blogs, youtube).
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Mais c'est justement mon argument : que la frontière entre les genres n'existait pas vraiment jusqu'à l'arrivée de la production anglo-saxonne. Dans l'Omnibus en question, des textes (superbes, au demeurant) comme Les dieux rouges, de Jean d'Esme, paru en 1922, ou Le peseur d'âmes, d'André Maurois (eh oui !), paru en 1931, ne seraient classés par personne en SF, aujourd'hui.

Ce n'est pas un hasard que les collection de SF apparaissent quand la littérature d'aventure devient infréquentable (à cause de la décolonisation).. La première collection moderne durable c'est Anticipation en 51.
La SF plus littéraire apparaît plus tard avec Présence du Futur.

Les littératures de l'imaginaire sont apparus chez nous comme substitut du roman d'aventure devenu politiquement incorrect. On a malheureusement un peu oublié ça.

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Pour ceux qui ont Twitter (ce n'est pas mon cas mais on m'a filé l'info) le thread de Samantha Bailly est intéressant à ce sujet ICI. Il y a des choses dont je n'avait pas idée j'avoue.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Gwendal a écrit :Pour ceux qui ont Twitter (ce n'est pas mon cas mais on m'a filé l'info) le thread de Samantha Bailly est intéressant à ce sujet ICI. Il y a des choses dont je n'avait pas idée j'avoue.

Si j'ai bien compris son point de vue :

- ils sont sous-payé

- les maisons d'édition n'emploient pas les grands moyens pour les promouvoir


mais est-ce vraiment la seule raison pour laquelle ils ne trouvent pas leur publique ? se vendent moins.

Tous les auteurs Anglo-saxons n'ont pas des cachets de nabab à leurs débuts j'imagine avec une serie télé tiré de leur oeuvre.

Elle parle de communication de la maison d'édition mais tous les auteurs anglo-saxons ayant du succès ont-ils des des campagnes de communication en France ?

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Le point soulevé est effectivement très intéressant: la faible rémunération des auteurs ne favorise pas les prises de risques. Devant l'incertitude financière qu'ils vont devoir affronter, de très bons écrivains n'oseraient pas se lancer.

Ça n'invalide pas ce qui a pu être mis en avant dans l'article cela dit: on peut ne pas trouver la production française fantasy d'aujourd'hui extra et, de fait, favoriser les auteurs étrangers (majoritairement anglophones).

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Tous les auteurs Anglo-saxons n'ont pas des cachets de nabab à leurs débuts j'imagine avec une serie télé tiré de leur oeuvre.

Les anglo-saxons sont sous le régime du copyright. Les éditeurs achètent les droits de l'œuvres.
En France c'est le droit d'auteur. Les auteurs ont des droits versé selon les ventes. On peut leur verser des avances sur droit. Mais ça nécessite d'être sûr d'avoir un bon niveau de vente. Le moindre ratage c'est faillite. Donc c'est risqué de verser des à valoir élevés.

Quant au marketing. Il faut comprendre qu'un éditeur comme Bragelonne est minuscule en matière de trésorerie face aux géants américains comme Tor. On ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable. Et bien souvent les éditeurs anglo-saxons ont une activité financière pour dégager des fonds pour alimenter l'achat des droits de copie des auteurs.
Donc si l'on veut que les auteurs vivent mieux il faut accepter une financiarisation de l'édition et je ne sais pas si c'est souhaitable.

Quand on parle de frais marketing à 100 000 € pour lancer un roman. Seul de très gros éditeurs peuvent payer ça. Et souvent dans le domaine culturel, le marketing ça ne marche pas. Des bouquins qui vont avoir un gros bouche à oreille alors que l'éditeur n'a pas misé dessus et qui se mettent à bien marcher ce n'est pas rare. Donc je ne vois pas de corrélation entre des auteurs mal payés et des œuvres qui se vendent mal. Après tout Balzac était couvert de dettes, Zola était journaliste.
Aujourd'hui en polar un auteur de best sellers comme Franck Thilliez a choisi de conserver son travail alors qu'il touche d'assez gros droits. Ce n'est pas parce que l'on écrit à plein temps qu'on va vendre plus et parce que l'on a un travail à côté que l'on va vendre moins.

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Arckhangelos a écrit :D'autre part, même s'il y a un risque, je pense que traduire un auteur étranger à succès, il est moindre qu'un auteur maison pour la raison simple que tu sais que cela a déjà marché ailleurs et le travail en amont de la publication (tous les aller-retour éditeur/auteur) sont plus limités (il y en a quand même entre le traducteur et l'éditeur). Ca coûte peut-être plus, mais c'est rattrapé par le risque. D'autre part, la rémunération de la traduction, il me semble se fait au forfait et non à la quantité de vente.

C'est un point majeur pour moi, tu as une première sélection sur le marché étranger et le terrain est déjà préparer sur la présence médiatique vue que le titre existe déjà. Il y a une certaine "facilité éditoriale".

Pour ce qui est du niveau des auteurs/autrices Françaises ou de la réflexion sur le style "Européen", c'est de la belle connerie. Des écrivains/écrivaines talentueux/talentueuses ont en a...

Et si on doit citer les auteurs français talentueux, j'aimerais bien qu'on n'oublie pas les autrices : Sylvie Denis, Catherine Dufour, Estelle Faye, Nathalie Henneberg (dont Les dieux verts a été publié pour la 1ère fois en 1961), Sylvie Lainé, Lea Silhol, pour ne citer qu'elles, ont un vrai talent et un style très personnel. Et ce n'est pas que j'oublie Jeanne-A Desbats ou Christine Renard, mais elles écrivent ou ont écrit plutôt de la SF, ou du fantastique, comme d'ailleurs Anne Duguël.

Et Aurélie Wellenstein ! :)

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Et si on doit citer les auteurs français talentueux, j'aimerais bien qu'on n'oublie pas les autrices : Sylvie Denis, Catherine Dufour, Estelle Faye, Nathalie Henneberg (dont Les dieux verts a été publié pour la 1ère fois en 1961), Sylvie Lainé, Lea Silhol, pour ne citer qu'elles, ont un vrai talent et un style très personnel. Et ce n'est pas que j'oublie Jeanne-A Desbats ou Christine Renard, mais elles écrivent ou ont écrit plutôt de la SF, ou du fantastique, comme d'ailleurs Anne Duguël.

Nathalie Dau, Elie Darco, Emilie Quebalec, Catherine Loiseau.

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Pour ce qui est du niveau des auteurs/autrices françaises ou de la réflexion sur le « style Européen », c’est de la belle connerie.

Oui, un mélange consternant de prétention dans le jugement et de généralités aussi naïves qu’absurdes, pour l’une comme pour l’autre littérature. J’attribuerais cela à un manque de culture et/ou d’ouverture d’esprit.

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de la réflexion sur le « style Européen », c’est de la belle connerie.

Malheureusement c'est aussi cette volonté d'élargir le lectorat vers le public de la blanche qui pousse aussi à ça. On veut inscrire la fantasy dans le modèle littéraire européens. Mais c'est oublier que les littératures populaires s'inscrivent en porte à faux par rapport à ce modèle, en rupture voire en combat.

Se rapprocher du style feuilleton qui existait au début du 20éme siècle serait une meilleure marque de fabrique puisque ce serait inscrire la fantasy dans la littérature populaire française. Il y a des auteurs qui y arrivent très bien comme Marge Nantel dont le "Dans l'ombre des miroirs" est un hommage assumé à la littérature populaire française mêlant l'hommage aux mousquetaires de Dumas à des clins d'œil à Arsène Lupin le tout extrêmement bien écrit.

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Il y a des auteurs qui y arrivent très bien comme Marge Nantel dont le "Dans l'ombre des miroirs" est un hommage assumé à la littérature populaire française mêlant l'hommage aux mousquetaires de Dumas à des clins d'œil à Arsène Lupin le tout extrêmement bien écrit.

Bien écrire devrait être la norme mais surtout faire montre d'originalité.

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Vaste sujet que celui-ci,

Je pense que toutes les raisons évoquées sont les bonnes, et qu'elles forment un tout qui sert de "bouchon" à la fantasy.

- Il y a un manque d'information du public
- Les éditeurs frilleux n'osent pas trop se mouiller pour mettre très en avant la fantasy française
- C'est mal payé
- Il n'y a pas (peu) de séries / Jeux videos / films qui offrent pourtant énormément de visibilité aux oeuvres
- "Littérature de niche pour un public de niche", si ce n'est pas tout à fait vrai, ce n'est pas non plus tout à fait faux.
- Sans revenir sur le talent de nos auteurs, le fait qu'ils ne se vendent pas autant que leurs confrères anglo saxons les prive d'un effet "boule de neige" qui pourrait sans doute ouvrir la route pour les suivants. Un genre de tête de file qui n'aurait pas la prétention d'être le meilleur (ça restera toujours subjectif), mais d'ouvrir la voie, un peu comme Tolkien l'a fait à son époque, serait bénéfique je pense.


Comme Fabien Lyraud, je pense que la meilleure chose à faire pour nous donner de la visibilité, c'est multiplier les événements à grande ou petite échelles (Imaginales ou utopiales d'une part, séances de dédicaces ou présentation de nouveau ouvrages de l'autre) afin de nous dévoiler un peu plus. C'est, comme pour tout, un travail de tout le monde ; il vaut mieux 10 000 amateurs qui font un petit geste que 100 passionnés qui en font un seul gros. (enfin je vois les choses comme ça)


Sinon pour la réflexion sur amazone et les achats en ligne, personnellement même si je comprends leur utilité pour des personnes isolées, si le choix se présente je préfère toujours aller en librairie acheter mes livres. Rien que pour voir ce qui est mis en avant et comparer avec ce que je découvre sur internet, le plaisir de sortir avec mon livre sous le bras, pouvoir comparer les objets-livres entre eux, etc. Pour les conseils des vendeurs, il est clair que dans une immense libraire genre Fnac ou Furet du Nord, ce sera peu pertinent (surement des exceptions, mais j'ai été bien déçu la plupart du temps)... Mais si vous avez la chance de trouver une petite librairie spécialisée genre Legendarium à Arras pas trop loin de chez vous... À tous les niveaux, ça vaut le déplacement et c'est bieeeen plus gratifiant qu'une commande par internet.

Après, une fois de plus... C'est que mon avis :-)

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Benedick a écrit :Pour ce qui est du niveau des auteurs/autrices Françaises c'est de la belle connerie.

Je ne vois pas en quoi c'est de la connerie que de ne pas trouver son compte dans la production fantasy française. Comme tout le monde, je n'ai ni un budget ni un temps illimité en ce qui concerne la lecture. Et quand tu as lu plus d'une dizaine d'auteurs français différents et que tu n'accroches qu'à deux bouquins, tu commences à modifier ta façon d'effectuer tes achats. A plus forte raison quand en face tu as des Gavriel Kay, Erikson, Rothfuss etc.

Si ce choix est basé sur son propre ressenti, il n'y aucune raison pour qu'il relève de la "connerie".

la réflexion sur le style "Européen"

Là, par contre, je suis tout à fait d'accord: Orson Scott Card est un peu à côté de ses pompes en affirmant que la littérature européenne est axée philosophie et qu'elle s'inscrit en opposition avec celle de l’Amérique du nord.

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Tarann a écrit :Si ce choix est basé sur son propre ressenti, il n'y aucune raison pour qu'il relève de la "connerie".

Toute généralisation est une connerie, quelque soit le ressenti.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Il faut voir aussi que les éditeurs sont assez frileux à l'idée de publier des séries longues. Quand un auteur annonce travailler sur une décalogie aujourd'hui l'éditeur lui demande si tous les tomes sont rédigés. Tout ça pour éviter le syndrome Martin.
Dommage parce que je pense qu'on pourrait avoir de bonnes surprises.