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J'ai quelques nouvelles questions : si un personnage se remémore une discussion, comment l'écrire ? En italique avec guillemets ?

Seconde question : peut-on se permettre de modifier l'écriture d'un dialogue afin de provoquer une sensation ? Ex: dans un texte en court d'écriture, deux personnages discutent et prennent la décision d'aller vers un lieu bien précis. Sur la route, ils continuent à parler mais seulement de banalités. Celles-ci permettent de développer les personnages, de les rendre attachants et d'immiscer un brin d'humour (ils se lancent des vannes) mais je veux donner un effet de speed, comme un petit clash qui se perd dans l'immensité et brise le silence. Donc pour le moment, au lieu de faire ça en mode classique , j'ai mis , sur 2 lignes, un enchainement de répliques séparées par des guillemets.

On ne peut pas s'y perdre à la lecture car on sait qui prononce la première phrase et dans le tas, il y en a une où l'un des persos s'adresse à l'autre en stipulant son nom. De natures différentes, on ne peut pas se tromper non plus grâce à la teneur des vannes. Mais je me dis que ça ne se fait peut-être ps et qu'il faudrait que je pose ce dialogue de manière classique. Un ami me dit que les règles sont faites pour être brisées et que tant que c'est lisible et compréhensible ça peut passer et donner l'effet escompté.... J'hésite.

Je me dis que ça pourrait être intéressant une petite émission sur ce sujet : briser les règles (il faut que ce soit justifié), mise en page des analepses ou prolepses etc..

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Dakeyras a écrit :J'ai quelques nouvelles questions : si un personnage se remémore une discussion, comment l'écrire ? En italique avec guillemets ?

Pas de règle absolue mais oui par exemple, c'est une possibilité.

Dakeyras a écrit :Un ami me dit que les règles sont faites pour être brisées et que tant que c'est lisible et compréhensible ça peut passer et donner l'effet escompté....

Voilà, exactement. ;) Tout est possible du moment que c'est maîtrisé. Lionel a cité à plusieurs reprises une phrase d'Elisabeth Vonarburg qui est, de mémoire, "Avant de faire sauter une maison, il faut savoir où sont les fondations." Donc oui, on a tout a fait le droit de briser les règles, simplement ça nécessite de les connaître un minimum, et de maîtriser ses effets. La question n'est pas tant "Est-ce qu'on peut ?" mais "Est-ce que ça marche ?"

Dakeyras a écrit :Je me dis que ça pourrait être intéressant une petite émission sur ce sujet : briser les règles (il faut que ce soit justifié), mise en page des analepses ou prolepses etc..

Noté !

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Mince, je croyais que je refaisais mon retard, et là je m'aperçois que j'ai encore trois émissions à rattraper !

Du coup, j'effectue un petit retour en arrière teinté d'expérience personnelle sur le fort pertinent épisode 6. Respecter la ligne éditoriale est d'autant plus important que l'éditeur lui-même peut se fourvoyer...

C'est sans doute un cas extrême et relativement rare, mais j'ai eu la chance de voir le manuscrit de mon premier roman accepté il y a six ans par un éditeur jeunesse. Malheureusement, même si ma prose peut éventuellement s'adresser à de jeunes ados, elle est surtout destinée aux amateurs de fantasy de tout âge. Les deux premiers tomes de ma saga n'ont donc pas trouvé leur public. En effet, lorsqu'ils arrivent en magasin, les libraires les placent systématiquement en jeunesse et jamais dans le rayon des littératures de l'imaginaire. Mon éditrice n'a aucun contact avec les maisons d'édition fantasy, ni avec les circuits spécialisés de promotion ou de distribution. J'arrive maintenant avec un troisième épisode qui va être particulièrement difficile à placer, puisque les libraires commencent par regarder les ventes des tomes précédents avant de faire leur assort. La solution idéale serait de trouver un éditeur fantasy ayant une collection poche qui accepterait de reprendre les titres, mais là encore, le faible volume de vente est plutôt dissuasif. Mon éditrice reconnaît volontiers avoir fait une erreur en acceptant de me publier. elle ne m'abandonne pas pour autant, estimant que les lecteurs ayant acheté les premiers tomes de la saga ont le droit de connaître la fin, mais elle perd de l'argent avec mes bouquins. Erreur de débutant de ma part comme de la sienne. Ce qui est sûr, c'est que le jour où j'écris autre chose, je réfléchirai à deux fois au choix des éditeurs auxquels je proposerai mes textes, sans même parler de la possibilité qu'ils les refusent.

Bon, allez, assez traîné sur ce forum, je retourne procrastiner. Merci à vous trois pour cette chouette émission ! ;)

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C’est instructif et ça nous situe bien l’écart qu’il y a entre le fantasme de plusieurs millions de Français (paraît-il) et la réalité d’un petit nombre d’individus qui envisagent l’écriture comme un métier parmi d’autres (et arrivent à en vivre parfois).

De mon point de vue, je ne considère pas comme “imposteurs” celles et ceux qui ont pu publier un seul best-seller (ou même worst-seller) pas plus que ces artistes qui nous gratifient d’un seul tube. Ils n’avaient peut-être que cela à nous offrir et lorsque l’on s’attarde sur la valeur artistique de certaines “suites de” au cinéma notamment, ce n’est peut-être pas plus mal. Ceci dit, je suis d’accord avec la conclusion de l’émission.

Et je ne sais pas ce que Lionel a contre les pâtes. Il y a mille et une façons de les préparer et ça peut être un délice. ;)

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Kik a écrit :De mon point de vue, je ne considère pas comme “imposteurs” celles et ceux qui ont pu publier un seul best-seller (ou même worst-seller) pas plus que ces artistes qui nous gratifient d’un seul tube. Ils n’avaient peut-être que cela à nous offrir et lorsque l’on s’attarde sur la valeur artistique de certaines “suites de” au cinéma notamment, ce n’est peut-être pas plus mal. Ceci dit, je suis d’accord avec la conclusion de l’émission.

Juste pour repréciser, "syndrome de l'imposteur" est une expression toute faite, souvent utilisée en matière d'écriture, et il ne s'agit évidemment pas d'un jugement de notre part. Je suis la première à râler contre l'impression qu'on n'autorise pas les artistes à avoir des "périodes sans". Et il n'y a qu'à voir l'exemple de Harper Lee considérée comme une écrivaine majeure sur la foi d'un seul bouquin (et quel bouquin) pour se persuader qu'il n'y a pas de mal à publier très peu.

Kik a écrit :Et je ne sais pas ce que Lionel a contre les pâtes. Il y a mille et une façons de les préparer et ça peut être un délice. ;)

Mes gènes italiens approuvent. ^^

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Mélanie Fazi a écrit :Juste pour repréciser, "syndrome de l'imposteur" est une expression toute faite, souvent utilisée en matière d'écriture, et il ne s'agit évidemment pas d'un jugement de notre part.

Désolé, je ne l'avais pas interprété comme cela à l'écoute. En allant voir Wikipedia, c'est beaucoup plus clair et ça vous exonère de tout jugement. Je ne connaissais pas (et je ne suis peut-être pas le seul).

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Les derniers épisodes sont toujours aussi intéressants et les minutes bien remplies :)

- J'ai réécouté l'épisode sur la bêta-lecture. Il me semblait avoir lu ou entendu quelque part un conseil recommandant de préparer des questions pour les bêta-lecteurs. J'y ai repensé quand une amie à qui je fais lire un de mes textes m'a demandé de lui préparer un questionnaire... et j'ai découvert que c'était tout sauf facile à faire, surtout quand on veut en rester à un nombre raisonnable de questions (moins de dix). Ça pourrait être un sujet à aborder un jour.

- Autre question, toujours sur les bêta-lecteurs : est-ce qu'on leur donne un délai ? Est-ce qu'on les assassine s'ils traînent trop à donner leur avis ou ne donnent plus de nouvelles ? :lol:

Deux (non, trois) questions sur la longueur des textes selon leur mise en page, notamment pour Lionel Davoust et Laurent Genefort qui ont pondu de respectables pavés :
- comment évaluez-vous le probable nombre de pages de votre futur roman ? Lionel Davoust surnommait Port d'âmes son "supertanker", ce qui implique qu'il savait déjà que ce serait un très long texte. Mais long comment ? Et arrive-t-il (question pour Mélanie Fazi aussi) que vous ayez du mal à savoir quelle longueur va prendre une histoire, par exemple que vous partiez en pensant écrire une nouvelle et finissiez avec un cycle en 10 tomes ou, plus sérieusement, un roman ou une novella ?
- Dans quelle mesure adaptez-vous sciemment la longueur de vos textes en fonction du format ou des contraintes éditoriales qu'on vous donne à l'avance ? (Exemple : une nouvelle qu'on fait entrer en moins de tant de caractères pour pouvoir répondre à un appel à textes.)
- Il y a une grosse différence entre le nombre de pages d'un manuscrit qu'on tape en A4 et le même texte présenté en moyen format ou au format poche. Est-ce que ça vous pose parfois problème ? Arrive-t-il qu'un texte devienne trop long pour paraître dans un format donné en un seul tome ?

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Tybalt a écrit :Les derniers épisodes sont toujours aussi intéressants et les minutes bien remplies :)

Merci beaucoup !

Tybalt a écrit :- J'ai réécouté l'épisode sur la bêta-lecture. Il me semblait avoir lu ou entendu quelque part un conseil recommandant de préparer des questions pour les bêta-lecteurs. J'y ai repensé quand une amie à qui je fais lire un de mes textes m'a demandé de lui préparer un questionnaire... et j'ai découvert que c'était tout sauf facile à faire, surtout quand on veut en rester à un nombre raisonnable de questions (moins de dix). Ça pourrait être un sujet à aborder un jour.

Je ne suis pas sûre d'avoir déjà préparé des questions pour mes relecteurs, sauf si j'ai un doute sur un point précis, auquel cas je ne leur pose la question qu'après lecture pour ne pas les influencer. La plupart du temps, c'est plutôt leur ressenti global et spontané qui m'intéresse, mais si je veux leur retour sur un aspect en particulier (construction, personnages etc), je le mentionne dès l'envoie du texte. A titre personnel, je ne suis pas sûre de voir l'intérêt d'une liste de questions, en tout cas pas de manière systématique.

Tybalt a écrit :Autre question, toujours sur les bêta-lecteurs : est-ce qu'on leur donne un délai ? Est-ce qu'on les assassine s'ils traînent trop à donner leur avis ou ne donnent plus de nouvelles ? :lol:

Tout dépend si on a soi-même un délai serré à tenir (et dans le cas contraire, c'est vrai que c'est souvent dur de patienter). Il m'est arrivé d'écarter certains bêta-lecteurs potentiels parce que je sais qu'ils sont eux-même débordés et n'auront pas le temps. D'où l'intérêt aussi d'en avoir plusieurs : pour un moment donné, certains seront plus facilement disponibles que d'autres, et donc plus réactifs.

Tybalt a écrit :Et arrive-t-il (question pour Mélanie Fazi aussi) que vous ayez du mal à savoir quelle longueur va prendre une histoire, par exemple que vous partiez en pensant écrire une nouvelle et finissiez avec un cycle en 10 tomes ou, plus sérieusement, un roman ou une novella ?

Ça m'est arrivé à mes débuts, notamment avec deux nouvelles ou novellas qui sont devenus des romans, mais généralement le texte dicte lui-même sa propre longueur, c'est quelque chose que j'ai appris à "sentir". Mais je ne fais pas du tout partie des auteurs qui ont toujours envie de tout développer en détail, donc le problème ne se pose pas pour moi.

Tybalt a écrit :Dans quelle mesure adaptez-vous sciemment la longueur de vos textes en fonction du format ou des contraintes éditoriales qu'on vous donne à l'avance ? (Exemple : une nouvelle qu'on fait entrer en moins de tant de caractères pour pouvoir répondre à un appel à textes.)

Là encore c'est quelque chose qui se fait assez naturellement chez moi, je garde évidemment la longueur en tête, je m'interdis de trop digresser si la longueur max est un peu serrée, mais de toute manière une fois le premier jet terminé, on a la possibilité de couper si le texte est trop long. Je trouve plus facile de sentir à la relecture ce qui dépasse que de garder un œil sur le compteur de signes en cours d'écriture. Après, à partir du moment où une contrainte nous est donnée pour un appel à textes ou autres, il est bien évident qu'on se doit de la respecter, quitte à tordre un peu le texte pour l'y faire rentrer.

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Quelle rapidité ! Merci beaucoup pour ces informations et ces conseils :)

Mélanie Fazi a écrit :
Tybalt a écrit :Dans quelle mesure adaptez-vous sciemment la longueur de vos textes en fonction du format ou des contraintes éditoriales qu'on vous donne à l'avance ? (Exemple : une nouvelle qu'on fait entrer en moins de tant de caractères pour pouvoir répondre à un appel à textes.)

Là encore c'est quelque chose qui se fait assez naturellement chez moi, je garde évidemment la longueur en tête, je m'interdis de trop digresser si la longueur max est un peu serrée, mais de toute manière une fois le premier jet terminé, on a la possibilité de couper si le texte est trop long. Je trouve plus facile de sentir à la relecture ce qui dépasse que de garder un œil sur le compteur de signes en cours d'écriture. (...)

C'est vrai ! J'ai longtemps eu la hantise de digresser ou de partir dans des impasses, et de devoir ensuite sacrifier des pages entières sur lesquelles j'avais durement travaillé. Avec le temps et l'expérience, je vois que c'est inévitable, mais j'ai aussi un peu plus de recul sur mes productions, donc ça m'angoisse un peu moins. Enfin, je ne sais pas si c'est de l'angoisse ou de la paresse, la flemme de devoir réécrire des parties entières du texte. (Mais le problème est plus angoissant à l'échelle d'un roman que d'une nouvelle.)

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Ah ! Je m'en vais écouter ça de ce pas !
Toujours aussi intéressant vos podcasts.

Ça serait intéressant de vous écouter sur l'usage des expressions en SFFF.
Parfois, je me surprends à m'arrêter sur un passage lorsque j'écris car je veux utiliser une expression, un proverbe, bref quelque chose de très ancré dans notre culture orale.
Mais dans un univers imaginaire, il est impossible de calquer ces acquis linguistiques car le monde dépeint ne partage pas le même passé, la langue ne dérive pas des mêmes racines.
Étymologiquement, ça ne veut donc rien dire.

Est-ce que ce sont des problèmes que vous rencontrez ?
Est-ce qu'il vaut mieux créer un maximum de nouvelles expressions propre à l'univers concerné ? Ou s'en passer complètement ?
Ou au contraire est-ce que je cherche trop la petite bête et le lecteur saura faire la part des choses tandis que le traducteur (s'il y a :sifflote:), lui, se débrouillera pour faire passer l'idée ?

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Si je puis ajouter un mot, moi non plus je n'ai jamais fait relire un texte en lui joignant une série de questions bien précises. D'autant qu'il y a aussi le risque "d'orienter" la lecture des gens s'ils jettent un coup d’œil aux questions avant. :)
Je recherche plus des avis sur la globalité du texte (en tout cas, pour une nouvelle).

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L'émission est bien intéressante. Bizarrement, le point qui m'a le plus intéressé est le problème de parler de ses propres textes aux gens, qui revient plusieurs fois sans être au centre de ce numéro. A mon sens, c'est lui, le vrai "éléphant dans la pièce" ! En tout cas à mes yeux, si je pars de mon expérience personnelle. Cela fait de longues années que j'écris, mais je n'ai jamais été à l'aise pour parler de mes textes aux gens. Peur de passer pour prétentieux, peur d'embêter, peur que les gens n'osent pas dire s'ils n'aiment pas, etc.
Et même en dehors de ces considérations affectives, c'est très compliqué de présenter un de ses propres textes. Faut-il adopter une accroche à suspense ? Evoquer ce qu'on a voulu faire, les thèmes ou problèmes qu'on a voulu aborder l'air de rien (mais du coup, si on le dit, ça casse complètement le fait que ce sont justement des thèmes abordés de façon censément subtile) ? Etc. Je n'imaginais pas à quel point le fait que le quatrième de couverture soit fait par l'éditeur pouvait être au fond une bonne chose. (D'ailleurs... Le 4e de couverture, c'est bien l'éditeur qui le fait, c'est ça ?)
Bref, rien que ce sujet-là pourrait faire une émission à part entière !

Sur le sujet de l'émission elle-même, j'ai beaucoup apprécié les recommandations des trois auteurs sur la façon d'aborder les salons ou sur la communication via Internet.
Pour avoir animé un groupe sur Facebook consacré à la fantasy il y a quelques années, je ne compte plus les gens qui s'y sont inscrits juste pour venir poster des annonces d'(auto)publication de leurs propres écrits, sans jamais discuter sur le sujet du groupe par ailleurs... Au début, j'hésitais à les laisser, parce que sur le principe j'avais envie aussi de promouvoir les nouveaux auteurs. Puis j'en ai vu cinq, dix, vingt, toujours des gens qui ne venaient là que pour poster leur annonce et dont on n'entendait plus parler après. J'ai fini par les supprimer systématiquement tellement j'en avais assez. On manque sans doute de canaux spécialisés, forums, groupes, etc. pour accueillir ce type d'annonce, mais ça n'excuse pas le procédé, assez pénible.

Un souvenir sur un sujet voisin quoique distinct : ça me rappelle des salons où j'ai vu des auteurs autopubliés tout seuls à leur stand, entourés d'immenses bannières en couleur, de flyers, de cartes de visite, limite de toute une gamme de produits dérivés, pour leur hécatonlogie de fantasy originale sur une jeune orpheline, une prophétie et un monde à sauver. Je me demandais toujours avec gêne si ces gens avaient dépensé toutes leurs économies pour promouvoir leur bouquin et quel résultat ça donnerait. Sur le principe, c'est bien que l'autoédition existe, mais ça peut représenter un sacré gouffre financier (et une terrible blessure à l'ego à l'horizon, je le crains).

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Pour avoir animé un groupe sur Facebook consacré à la fantasy il y a quelques années, je ne compte plus les gens qui s'y sont inscrits juste pour venir poster des annonces d'(auto)publication de leurs propres écrits, sans jamais discuter sur le sujet du groupe par ailleurs... Au début, j'hésitais à les laisser, parce que sur le principe j'avais envie aussi de promouvoir les nouveaux auteurs. Puis j'en ai vu cinq, dix, vingt, toujours des gens qui ne venaient là que pour poster leur annonce et dont on n'entendait plus parler après. J'ai fini par les supprimer systématiquement tellement j'en avais assez. On manque sans doute de canaux spécialisés, forums, groupes, etc. pour accueillir ce type d'annonce, mais ça n'excuse pas le procédé, assez pénible.

Je compatis !

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Tybalt a écrit :L'émission est bien intéressante. Bizarrement, le point qui m'a le plus intéressé est le problème de parler de ses propres textes aux gens, qui revient plusieurs fois sans être au centre de ce numéro. A mon sens, c'est lui, le vrai "éléphant dans la pièce" ! En tout cas à mes yeux, si je pars de mon expérience personnelle. Cela fait de longues années que j'écris, mais je n'ai jamais été à l'aise pour parler de mes textes aux gens. Peur de passer pour prétentieux, peur d'embêter, peur que les gens n'osent pas dire s'ils n'aiment pas, etc.
Et même en dehors de ces considérations affectives, c'est très compliqué de présenter un de ses propres textes. Faut-il adopter une accroche à suspense ? Evoquer ce qu'on a voulu faire, les thèmes ou problèmes qu'on a voulu aborder l'air de rien (mais du coup, si on le dit, ça casse complètement le fait que ce sont justement des thèmes abordés de façon censément subtile) ?

En fait tout dépend du contexte dont on parle. Par exemple je n'ai aucun mal à répondre à des questions sur un livre en table ronde, rencontres scolaires, etc, mais je n'ai jamais été à l'aise pour en faire une présentation aux gens qui viennent se renseigner dans les salons ("Bonjour, je ne vous connais pas, vous pourriez me présenter votre livre ?"). Là il n'y a pa de règle, chacun fait comme il le sent et le peut, mais c'est là que je suis contente d'avoir des 4èmes de couverture où renvoyer les gens pour leur donner une première idée. (J'ai tendance à considérer, peut-être à tort, que le livre lui-même, son résumé, le style en le feuilletant, donnent une meilleure idée de ce qu'il est que toute présentation par son auteur, mais c'est personnel).

Pour en avoir discuté avec des collègues, on n'est pas tous d'accord sur l'attitude à adopter en salon (pas avec les lecteurs qui nous connaissent déjà, mais avec ceux qui viennent se renseigner). Certains sont plus pour une démarche active, saluer les gens qui passent, demander s'ils veulent qu'on leur parle du livre, ce que personnellement je me refuse à faire car j'ai toujours eu horreur de ça en tant que lectrice visitant des salons, je préfère attendre que les visiteurs manifestent un intérêt avant de répondre à leurs questions, mais chacun son approche.

Tybalt a écrit :Etc. Je n'imaginais pas à quel point le fait que le quatrième de couverture soit fait par l'éditeur pouvait être au fond une bonne chose. (D'ailleurs... Le 4e de couverture, c'est bien l'éditeur qui le fait, c'est ça ?)

La plupart du temps, oui. L'Oxymore m'avait demandé de rédiger celui de mon recueil Serpentine qui a été repris tel quel pour les rééditions, mais c'est plutôt une exception.

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Certains sont plus pour une démarche active, saluer les gens qui passent, demander s'ils veulent qu'on leur parle du livre, ce que personnellement je me refuse à faire car j'ai toujours eu horreur de ça en tant que lectrice visitant des salons, je préfère attendre que les visiteurs manifestent un intérêt avant de répondre à leurs questions, mais chacun son approche.

Ah, typiquement, je ne sais jamais quoi faire. J'imagine que c'est plus simple quand on est vraiment connu et que les gens viennent directement. :P

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Gillossen a écrit :Ah, typiquement, je ne sais jamais quoi faire. J'imagine que c'est plus simple quand on est vraiment connu et que les gens viennent directement. :P

Ou plus prosaïquement quand tu es dans un salon spécialisé SF/fantasy/fantastique où beaucoup de visiteurs sont au fait des parutions et plus susceptibles de connaître ton boulot que dans un salon généraliste. Ce sont des situations assez différentes dans mon expérience.