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Je vois trois situations différentes :*Traduire un texte qui ne l'a jamais été dans cette langue.*Revisiter une traduction déjà existante.*Faire une toute nouvelle traduction d'un texte ayant déjà été traduit.Les deuxièmes et troisièmes cas de figure m'intéressent car j'imagine que la démarche du traducteur est différente et cela entraine, surtout dans le troisième cas, un certain nombre de difficultés selon l'importance du texte en question (voir les débats concernant les textes religieux ou dans un domaine nous touchant plus, la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux ou encore celle de la roue du temps)*Un quatrième cas me semble particulier, celui du changement de traducteur dans une série (Songeons aux discussions intenses concernant le remplacement de Jean Sola par Patrick Marcel) avec les difficultés que cela engendre parfois. *Cela permet d'évoquer aussi la difficulté qu'il y a à traduire certaines œuvres (humour, références culturelles... voyons les soucis de Patrick Couton face à Accrocs du Rock) et d'évoquer l'importance majeure de la traduction dans la réussite de certains auteurs. (cf. Terry Pratchett). Rappelons d'ailleurs que le traducteur en question ajoute des traits d'esprits à des endroits où il n'y en a pas dans le texte originel.(Carpe Jugulum, "j'imagine mal cette bouffie contre les vampires...")*Un point non négligeable, pensons à Beaudelaire traduisant Poe ou Sola face à Martin, c'est la question de la belle infidèle, la traduction qui change, modifie, le style de l'auteur, pour des raisons multiples, tenant parfois à des différences de vocabulaire (le fameux sword de Martin) et provoquant des réactions évidemment contrastées. (Le style de Martin en V.O. me tombe des mains tandis que je suis sous le charme de Sola malgré quelques rares erreurs connues et toujours citées.)*Cela me fait embrayer sur les difficultés spécifiques dans le traitement des noms propres; traduire? ne pas traduire? Tout le monde n'ayant pas accompli ce qu'a fait J.R.R. Tolkien avec ses recommandations pour les traducteurs. En cas de nouvelle traduction il s'agit d'ailleurs du point qui cristallise le plus les tensions, pour des raisons affectives aisées à cerner. *Un point concernant certaines langues un peu plus rares. Est-il parfois difficile pour certaines langues de trouver de bons traducteurs acceptant de traduire de la fantasy, (Ou en mode putassier : la traduction a priori foireuse du sorceleur, c'est un manque de traducteur compétent en polonais acceptant ce genre de travail ou c'est juste un raté éditorial?)*Pour le reste (salaires, contrats, temps consacré...) j'imagine que cela sera aussi évoqué.Pour le moment ce sera tout :sifflote:

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1/ Comment gérer les jeux de mots et certains néologismes ? Par exemple, Wallace qui deviens Murfès en VF dans L'assassin Royal ?2/ Comment gérer un "vieux" texte (Abraham Merritt, Robert E. Howard, ...) : le moderniser au risque de le dénaturer ou essayer de retranscrire le plus fidèlement possible quitte à obtenir un langage complétement désuet ?!3/ Ces traducteurs qui semble détester les livres de genre... (vu sur le forum que les traduction de : "Le glaive de shannara" dans son édition J'ai lu ainsi que l'édition Pocket de "La Roue du temps" était plus que discutable, mais j'en manque sans doute beaucoup !)et une petite dernière :4/ Jean-Claude Mallé prend-il des antidépresseurs dès qu'il entend le mot "soudard" :P :lol:

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Une traduction, comment ça se passe ?Combien de fois un traducteur lit le livre ?Une première fois en V.O.Une 2ème, pour le traduireUne 3ème, pour le relire en VF?Comment organiser le découpage de la traduction : Chapitre par chapitre ? ou d'une traite ?

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Eolan a écrit :Une traduction, comment ça se passe ?Combien de fois un traducteur lit le livre ?Une première fois en V.O.Une 2ème, pour le traduireUne 3ème, pour le relire en VF?Comment organiser le découpage de la traduction : Chapitre par chapitre ? ou d'une traite ?
Sur ce point cela dépend clairement du traducteur. je me souviens de Couton disant que pour Pratchett il ne faisait plus de première lecture en v.o. pour ne pas être découragé et traduisait directement au fur et à mesure. Pour ce qui est du découpage par chapitre.. encore faut-il qu'ils existent! Cela dépend principalement, manifestement, de la vitesse de chacun, de la facilité ou de la difficulté de la tâche, du temps que l'on peut y consacrer etc.

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Non seulement ça varie effectivement d'un traducteur à l'autre mais ça peut évoluer avec le temps et l'expérience. Comme Patrick Couton, j'ai arrêté de lire en VO avant quand je connais déjà l'auteur (on relit déjà assez le bouquin au cours du processus) et je connais pas mal d'autres traducteurs dont c'est le cas.Pour ce qui est du découpage par chapitres je n'ai jamais entendu parler de traducteurs qui le fassent mais c'est sans doute une méthode possible.Pour le reste, on réserve des réponses pour le podcast. ^^

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Quelques questions sur ce sujet:- Comment un traducteur commence sa carrière? Est-ce qu'il doit démarcher des éditeurs, fournir des preuves de ses compétences? Quels diplômes sont exigés?- Est-ce que le traducteur peut se faire enfermer dans un genre, voire un sous-genre?- Quelles sont les marges de manœuvre d'un traducteur sur un texte? Qui le cadre le cas échéant?- Faut-il que le traducteur apprécie un tant soit peu l’œuvre qu'il traduit pour être efficace?- Quid de la pertinence de plusieurs traducteurs sur un même auteur (cas de Clark Ashton Smith dans le cadre de la traduction de ses écrits fantasy/fantastiques)?Bref, vivement ce podcast des plus intéressants!

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Sujet très intéressant, la plupart des points ont été soulevés ci-dessus, mais je voulais savoir pour ma part si vous préfériez pour les noms propres des traductions littérales ou plus poétiques/plaisantes (ex : Treebeard/Barbebois ou Sylvebarbe ; Soulcatcher -> Volesprit). J'imagine que l'auteur à son mot à dire, mais quand ce n'est pas le cas quelle démarche adopter ?

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Très bon sujet, j'aurais une question sur les traductions : quand on fait une trad, a fortiori dans la littérature de genres, on la fait pour quel public? Quand Mélanie traduit du Sanderson (par exemple), est-ce qu'elle essaie d'utiliser plutôt des termes neutres pour rester accessible au public le plus large possible ou des termes spécialisés pour montrer qu'elle s'adresse à des connaisseurs en Fantasy? Et aussi, c'est plus sensible mais bon : quand est-ce qu'on passe la frontière entre traduction et réecriture? Est-ce qu'il y a des limites à ne pas dépasser dans l'interprétation?

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De retour après quelques vacances et une très longue coupure Internet, je vais essayer d'apporter ma pierre à la construction, bien que presque tout ait été déjà dit.Deux questions. La première est d'ordre général. Pourquoi les auteurs francophones qui maîtrisent bien une seconde langue n'écrivent-ils pas directement un doublon de leurs livres ? Un exemple récent : Gillossen. Bien sûr, il faut déjà être prophète en son pays et justifier de quelques ventes. Suffisamment je pense pour qu'un éditeur étranger soit appâté. À partir de là, pour cet éditeur étranger, il y aurait un gain de temps et d'argent. Si cette pratique se généralisait, verrait-on plus de romans français de Fantasy présents à l'international ?La deuxième question est plus personnelle. Comment se positionner par rapport à une série qu'on a découverte en français et dont la traduction et l'édition ont été abandonnées ? Ou encore une série qui s'étire en longueur et dont on sait que la traduction va venir un an en moyenne après l'édition originale ? :sifflote:Si cela ne pose pas problème à la majorité des gens de traduire le tutoriel d'un logiciel (lui-même traduit en anglais à partir du chinois par exemple), ce n'est pas la même chose avec une œuvre littéraire. Les jeux de mots, les particularismes d'une langue, tout cela passe à la trappe pour le lecteur basique. :(D'où l'importance du traducteur. Et je pense qu'il vaut mieux un traducteur moyen que pas de traducteur du tout. Il y a, ici même, des initiatives pour reprendre en main tout ce qui a été délaissé par les éditeurs. Mais avant d'apercevoir leur aboutissement, il faut se lancer sur l'autoroute de la VF pour aboutir sur des sentiers que le GPS ignore…Alors s'il existe des auteurs étrangers qui maîtrisent bien notre langue, ne pourrait-on pas leur suggérer de faire des doublons en français ? En même temps, pas sûr que cette activité soit vraiment rentable pour eux… :wacko:

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Maintenant que le podcast est dans la boîte, je voulais rebondir sur une question qu'on n'y a pas abordée :
Gilthanas a écrit :Pourquoi tant de traducteurs passent à l'écriture ? ;)
Je ne sais pas trop s'il y avait une référence, clin d’œil ou autre derrière la question, ou si c'était une interrogation plus générale ? Ce n'est pas la première fois que j'entends parler de traducteurs qui se mettent à l'écriture mais je crois que je ne connais que le cas inverse : des auteurs qui passent à la traduction pour des raisons qui sont parfois très terre-à-terre, c'est-à-dire financières (on peut gagner sa vie avec la traduction alors que c'est beaucoup plus dur avec l'écriture). Si vous avez des contre-exemples, ça m'intéresse.En tout cas merci pour l'invitation, c'était très agréable de participer à ce podcast.

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Et je rebondis sur celle-ci parce qu'on ne l'a pas développée non plus :
Magnus a écrit :Très bon sujet, j'aurais une question sur les traductions : quand on fait une trad, a fortiori dans la littérature de genres, on la fait pour quel public? Quand Mélanie traduit du Sanderson (par exemple), est-ce qu'elle essaie d'utiliser plutôt des termes neutres pour rester accessible au public le plus large possible ou des termes spécialisés pour montrer qu'elle s'adresse à des connaisseurs en Fantasy?
Comme pour mal d'autres aspects (dont certains seront développés dans le podcast), c'est le livre lui-même qui indique la direction à prendre. Si par exemple on me donne à traduire un livre de SF hyper pointu dans le domaine scientifique, je vais suivre cette ligne et ne pas m'amuser à simplifier pour le lecteur néophyte, puisque ce n'est pas ce que fait le texte d'origine. Si je traduis un livre pour la jeunesse qui est beaucoup plus simple et clair dans sa narration, je vais garder en tête que je m'adresse à un lectorat plus jeune et que cet effort de clarté est important. Chez Sanderson, la question ne se pose pas vraiment : il y a beaucoup de néologismes, souvent assez transparents pour le lecteur, mais pas tellement de termes spécialisés ni de références s'adressant à des connaisseurs. J'ai eu quelques références à des termes de SF existants dans "Coeur d'Acier" ("Gauss gun" notamment dont j'ai utilisé une traduction existante apparue dans d'autres livres, jeux vidéos, etc) mais c'est à peu près tout. Ses séries de fantasy ne nécessitent pas forcément une grande connaissance du genre, donc je suppose que la traduction le reflète.

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Ah, et puis ça aussi :
Temin-olt a écrit :- Faut-il que le traducteur apprécie un tant soit peu l’œuvre qu'il traduit pour être efficace?
C'est évidemment préférable, je crois qu'on ne travaille jamais aussi bien que quand on a un lien très fort avec le livre et l'auteur, qu'on se sent en osmose avec son écriture. Après, on a tous été amenés à traduire des livres qu'on n'appréciait pas plus que ça (voire parfois qu'on détestait carrément), parce qu'on ne nous propose pas mieux à ce moment-là et qu'il faut bien payer les factures. Dans ces moments-là, on serre les dents et on essaie de faire son boulot au mieux malgré le peu d'affinité avec le bouquin.Je laisse de côté les questions qui touchent à des sujets développés dans le podcast lui-même, on pourra en reparler après diffusion.

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Question surement idiote (du fait de mon ignorance) : qu'en est il de la traduction "inversé" ?je veux dire traduire du français vers une autre langue (anglais principalement) Des français bilingue s'en chargent-ils parfois ? Ou bien c'est dans le pays demandeur de la traduction que sont recherché exclusivement les potentiels traducteurs ?

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Qwarrock a écrit :Question surement idiote (du fait de mon ignorance) : qu'en est il de la traduction "inversé" ?je veux dire traduire du français vers une autre langue (anglais principalement) Des français bilingue s'en chargent-ils parfois ? Ou bien c'est dans le pays demandeur de la traduction que sont recherché exclusivement les potentiels traducteurs ?
De manière générale, on ne traduit que vers sa langue maternelle (point qui sera développé dans le podcast). Bien maîtriser une langue étrangère n'est pas suffisant pour traduire vers elle, c'est plus complexe que ça.Dans la plupart des pays, ça se passe comme en France et ce sont les éditeurs étrangers qui achètent et font traduire les livres. Le cas du marché anglo-saxon est différent, et un peu compliqué à expliquer, mais en gros, ils n'ont pas autant la culture de la traduction, et dans une grande majorité des cas (hors best-sellers, disons), il faut leur soumettre des textes déjà traduits en anglais, ce qui complique beaucoup les choses. J'en ai fait l'expérience avec quelques nouvelles que j'ai publiées en anglais : je n'ai pas eu beaucoup de mal à les faire publier, mais il a fallu les faire traduire en anglais avant de les soumettre.