1
Je lance un sujet sur ce film d'animation français qui sort le 4 novembre prochain et qui m'intrigue beaucoup. C'est donc un projet porté par le dessinateur Tardi (connu pour sa série d'aventure Adèle Blanc-Sec, ses adaptations de Nestor Burma en BD, son travail sur la Première guerre mondiale Putain de guerre, etc.). Le scénario du film est co-signé par Franck Ekinci et Benjamin Legrand, lequel a notamment scénarisé Le Transperceneige (BD de science-fiction post-apocalyptique où les survivants de l'humanité voyagent perpétuellement dans un train au milieu d'une Terre devenue glaciale).A l'animation, ce sont les gens du studio Je suis bien content, qui a déjà produit Persepolis (d'après la BD de Marjane Satrapi) et Le Jour des corneilles, tous les deux très bons (le second n'a pas eu autant d'entrées en salles qu'il en méritait).Bref, ça donne envie !Le pitch est tout aussi alléchant : un univers steampunk uchronique où l'empire napoléonien s'est poursuivi jusqu'en 1941 et où la technologie est restée bloquée à l'ère de la vapeur. Pour un peu, on pourrait se croire dans La Lune seule le sait de Johan Heliot. Dans ce contexte, Avril, une jeune femme qui ne s'en laisse pas conter (un personnage comme on en trouve régulièrement chez Tardi), va partir à la recherche de ses parents, tous les deux scientifiques et tous les deux disparus pendant une vague d'enlèvements qui cible l'élite scientifique. Au programme aussi : Darwin, un chat parlant (visiblement cobaye d'une expérience impériale) ; Julius, un jeune gredin ; et le grand-père d'Avril, doublé par Jean Rochefort.Ah, et le film a remporté le Cristal du long-métrage au festival d'Annecy cette année, rien que ça !L'animation française avait déjà flirté plusieurs fois avec le steampunk : Renaissance de Christian Volckman, un polar SF en noir et blanc dont le Paris d'anticipation avait une architecture en partie steam ; Jack et la mécanique du coeur, adapté du roman et de l'album du groupe Dionysos ; et Un monstre à Paris de Bibo Bergeron, qui, sans développer un univers franchement steam, empruntait beaucoup aux romans d'aventure du XIXe siècle et comptait aussi son lot d'inventions étranges (le film avait connu un beau succès en salles). Cette fois, l'univers d'Avril et le monde truqué pourrait difficilement être plus steampunk et marche plus dans les traces de Steamboy de Katsuhiro Ōtomo. Je dois dire que j'ai assez hâte de voir le résultat. Croisons les doigts pour que ce soit réussi :)La bande annonce du film est disponible sur Youtube.Je colle ici l'avis d'Alana Chantelune sur le sujet général de cinéma :
alana chantelune a écrit :Vu "Avril et le monde truqué", qui sort en novembre.Ce dessin animé est une uchronie style steampunk, avec la particularité de reprendre la charte visuelle de l'auteur de BD Tardi.L'histoire se déroule dans un monde où Napoléon V règne sur la France dans les années 30, et où les scientifiques disparaissent tous depuis des décennies. Ni l’électricité, ni l'atome n'ont donc été découvert, laissant la planète à l'ère du charbon. Avril est la fille d'une famille de scientifique qui tente de recréer le sérum d’invincibilité sur lequel travaillaient ses parents, eux aussi disparus mystérieusement 10 ans avant.Elle espère sauver son vieux chat Darwin, qu'une expérience de son arrière-grand-père a doté de parole et de raison. Poursuivie par la police, qui traque les scientifique pour le compte du gouvernement afin de les garder en lieu sûr, Avril va trouver une piste pour retrouver sa famille, aidée d'un jeune homme des rues dont elle se méfie.J'ai adoré, j'ai passé un super-moment, c'est de l'aventure avec un grand A !On retrouve des hommage visuels à Miyazaki, un humour frais et génial, un univers qui rappelle un peu "La brigade chimérique", visuellement c'est beau, passionnant, le message sur la science, la guerre, l'écologie et les défauts de la nature humaine, tout est magnifiquement traité sans oublier le plus important, emporter le spectateur ailleurs !!!Le film a reçu le Crystal au Festival du film d'animation d'Annecy cette année, et il le mérite !!!!

3
Ici le steampunk, on en parle plutôt en fantasy, donc en Adaptations. ;) J'ai peur que le sujet soit encore moins visible ici. (Sauf s'il y a vraiment un élément clé qui fait pencher la balance pour la SF)

4
J'avais hésité et choisi "SF" parce que traditionnellement le steampunk est considéré comme une branche de la SF, mais, franchement, je n'ai pas la moindre objection à ce que tu déplaces le sujet où tu veux selon les habitudes du forum :)

6
J'ai enfin vu ce film ! Et je suis content de l'avoir vu en salles, c'est un plaisir de voir le trait de Tardi s'animer sur un grand écran. L'univers visuel complètement dans la lignée de ses BD est le principal point fort du film, ainsi que l'univers que les auteurs se sont visiblement bien amusés à concevoir : le court prologue expliquant la divergence entre l'Histoire réelle et l'univers uchronique d'Avril est un moment à la fois amusant et inquiétant (dans l'univers en question, la crise énergétique se produit encore plus vite puisque le charbon n'est jamais remplacé par d'autres énergies). Le scénario tient de l'aventure feuilletonnesque la plus débridée voire la plus foutraque, avec des poursuites, des chausse-trappes, des personnages excessifs, des inventions hautes en couleurs et des rebondissements parfois à la limite du cartoon. On est dans le "pulp" avant tout. L'univers est pourtant encore une fois assez sombre, mais l'humour régulièrement présent contrebalance cet imaginaire, parfois même un peu trop peut-être - il m'a semblé que la tension dramatique en prenait parfois un coup. Mais c'est sans doute parce que personnellement j'aurais bien aimé voir quelque chose d'un peu plus sombre et inquiétant, alors que les concepteurs du film ont pris le parti de ne jamais trop effrayer les spectateurs, ce qui rend le film regardable par des enfants.Dans le genre feuilletonnesque, le secret du fameux "monde truqué" est particulièrement improbable, au point que j'ai mis un moment à l'accepter dans la seconde moitié du film. Encore une fois, c'est une affaire de parti pris : il y a pas mal de choses dans le film qu'on ne doit surtout pas prendre comme de la "hard SF" parce qu'ils ne sont tout simplement pas vraisemblables sur le plan technologique ou physique, mais ce n'est pas du tout le but du film.Des défauts ? Des ficelles parfois un peu visibles dans les problématiques abordées et les personnages (la famille, le chat qui sert de soupape comique). On a parfois l'impression que les répliques sont calées à la minute, et il y a deux-trois longueurs à mon avis. Pourtant, le film arrive à se jouer des figures imposées pas plus mal que le blockbuster américain moyen, et avec une "patte" graphique et une fantaisie originales. Surtout, le film peut constituer une très bonne introduction au "steampunk" pour des spectateurs ne connaissant pas du tout le genre. Espérons qu'il aidera à le populariser encore en France !