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Milieuterrien a écrit :Bref, quand l'adaptation se situe à trois kilomètres du modèle original, peu importe que le modèle soit une grue cendrée ou une cendre de grutier.
Parfaitement d'accord.
Mais ça, c'était Avant. Avant le DVD. Avant l'arrêt sur image grâce auquel, quand on voit un bouton doré briller au loin sur le bras du personnage d'une vaste foule et qu'on zoome, on voit que le bouton doré est gravé aux initiales du personnage dont le nom est cité fugacement à la page 257 et dont on sait qu'il s'est fait chiper le bouton par le personnage dont on apprend à la page 478 que son clan entier monte la garde sur la tour Ouest filmée une demi-seconde durant avant que tombe le crépuscule de la grande bataille.
La meilleure technique du monde ne transforme pas un scenario écrit sous LSD.
J'ai sursauté quand j'ai vu Bilbo commencer son bouquin d'un "Au commencement était un trou de hobbit", car normalement celui qui écrit cette phrase est Tolkien et non pas Bilbo.
Fallait pas être surpris, mais c'est vrai que ce n'est pas évident pour ceux qui ne lisent pas les prologues et avant-propos des livres : dans l'histoire que Tolkien signe, il se présente comme historien et traducteur des mémoires de Bilbo et Frodo, ce qui indique qu'il peut savoir des choses, avec le recul du point de vue externe, et qu'il n'est pas omniscient (Princess Bride -le livre- a une présentation dans le même esprit)

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Euh, tu crois vraiment, Foradan, que P Jackson, F Walsh et P Boyens ont écrit le scénario sous LSD ?Tu me dirais ça de Boorman années 70 avec sa Galadriel jouant à Pic et Pic et Colegram pour savoir avec quel membre de la Communauté montrant ses muscles ou pas elle va dévoiler les richesses de son monde, ou avec son Gimli battu jusqu'au Nain Ancien pour trouver la formule magique qui va faire entrer toute la Communauté dans la cave, je ne serais pas aussi sceptique, mais là, j'avoue que... :rolleyes:

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Milieuterrien a écrit :Ah mais Druss, si le reproche que tu adresses au film est de ne pas valoir 19/20, il faut le dire tout de suite !Parce que si je décompte la proportion des critiques que tu lui adresses de la proportion des louanges que tu lui concèdes, on est loin loin loin des 13 sur 20 !
Comment peux-tu savoir ce que je pense réellement ou complètement du film, puisque je n'ai jamais donné mon avis complet sur ce forum, que je ne fais que réagir à des posts (les tiens essentiellement, mais passons).
Witch, la compétence dont il est question, ce n'est pas un pouvoir magique (j'en ai, rassure-toi ! Sauf que je n'en connais pas la recette), c'est juste la tolérance acceptable par une approximation. J'ai vu dernièrement à Loches l'oeuvre d'un paysagiste du XIXè siècle dégageant une extraordinaire impression de fidélité et de précision dans ses représentations panoramiques. Mais quand on regarde de près les silhouettes qui peuplent son décor, la plupart sont réduites à une point-virgule de peinture et ne ressemblent à rien sous la loupe.
Le problème c'est que le film n'est même pas fidèle de loin :D
Quand la photographie est arrivée, ces peintres-là ont peu à peu disparu au profit d'autres qui ont fait fortune en ne peignant qu'UN point-virgule sur TOUTE la toile, et en se vantant d'avoir accompli une révolution copernicienne en mettant leur point-virgule à l'envers. Leur truc ? Réussir à faire croire au spectateur que la beauté du tableau est dans son regard et que s'il ne la voit pas, c'était qu'il a des toiles d'araignée sous la paupière. C'est avec cette farce que les banquiers et vendeurs de frigos américains ont réussi à vider les domiciles européens de plusieurs siècles de toiles de maîtres et à remplir leurs propres galeries en y mettant autre chose que de la toile de jute. Le Pot de Chambre de Duchamp célébré à New-York ? Juste un poing brandi contre cette grandiose arnaque. Les carrés ton sur ton qui pullulent sur les murs de nos musées de province ? Juste l'industrialisation de cette arnaque.
C'est beau tout cette culture, je me sens moi-même illuminé par tant de science sans aucun rapport avec le sujet qui nous réunit ici.
Bref, quand l'adaptation se situe à trois kilomètres du modèle original, peu importe que le modèle soit une grue cendrée ou une cendre de grutier.
Oui donc finalement, c'est bien ce que je dis. Peu importe qu'il ait pris pour modèle une grue cendrée, puisqu'il voulait dessiner une cendre de grutier (quoique ça puisse être, je n'ai pas compris l'analogie), mais alors qu'il n'appelle pas ça une grue cendrée...
Si on regarde de près le Hobbit, on s'aperçoit bien souvent que ce qu'on croit être des trahisons sont en réalité des fidélités ou des raccourcis ingénieux.
Au moins tout ça.
Je vais donner un exemple parmi cent : J'ai sursauté quand j'ai vu Bilbo commencer son bouquin d'un "Au commencement était un trou de hobbit", car normalement celui qui écrit cette phrase est Tolkien et non pas Bilbo.
Oui donc en somme, pour argumenter sur la fidélité, tu prends le seul exemple qui n'est pas une erreur. Joli. Pour rappel, le Hobbit et le SdA ont été écrit par Tolkien comme s'il était un éditeur, qu'il se fait le porte-plume du texte de Bilbo... mais bon encore faut-il avoir lu le SdA :sifflote:J'attends de voir les justifications aussi éclairées sur la présence surnaturelle d'un orque mort (par exemple et pour ne prendre qu'un GROS morceau parmi les GROS morceaux d'infidélité du film).

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Encore une fois, quel rapport avec Boorman ou les autres idées pointées dans l'article ? Si vous pouviez éviter de toujours tout ramener aux films de Peter Jackson, comme s'il n'y avait pas assez de sujets pour ça. :rolleyes:

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J'ai un peu de mal avec le concept d'adaptation qui s'écarte trop de l'histoire d'origine. Pourquoi vouloir faire une adaptation si c'est pour déformer l'histoire ? Autant soit écrire une histoire parallèle dans le même univers, mais avec des personnages ou des lieux légèrement différents, soit carrrément créer un nouvel univers original. Je conçois que cela puisse donner de belles oeuvres, mais il y a quand même quelque chose qui me dérange quand on s'éloigne trop de l'oeuvre d'origine.
Milieuterrien a écrit :Non Eldermê, pas tout à fait vice-versa,
Ce n'était pas tout à fait à prendre au premier degré.J'interviens très peu sur le forum (mais j'apprécie de le lire régulièrement), aussi cette remarque paraitra peut-être déplacée, mais je trouve dommage qu'actuellement quasiment tous les sujets concernant l'oeuvre de Tolkien tournent (en rond) en débat "pour ou contre l'adaptation de Peter Jackson".

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Milieuterrien a écrit :Euh, tu crois vraiment, Foradan, que P Jackson, F Walsh et P Boyens ont écrit le scénario sous LSD ?Tu me dirais ça de Boorman années 70 avec sa Galadriel jouant à Pic et Pic et Colegram pour savoir avec quel membre de la Communauté montrant ses muscles ou pas elle va dévoiler les richesses de son monde, ou avec son Gimli battu jusqu'au Nain Ancien pour trouver la formule magique qui va faire entrer toute la Communauté dans la cave, je ne serais pas aussi sceptique, mais là, j'avoue que... :rolleyes:
Stop avec PJ.Je ne parlais pas de lui, lis toutes mes phrases et remet en contexte avec le sujet et en lien avec la brève qui l'a remonté : autant certains des points farfelus que ce que les Beatles auraient pu faire, voilà mon propos.l'histoire, elle existe déjà, il n'y a pas besoin de sur-inventer, autant faire une création authentique.

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Euh, avant de lire toutes tes phrases et de remettre en contexte avec le sujet et en lien avec la brève qui l'a remonté pour deviner que c'était des Beatles que tu parlais, j'ai juste présumé Foradan que ton commentaire s'adressait à l'extrait de mes propos que tu venais de citer juste au-dessus de ton allusion au LSD...... extrait où il était question de comparer une façon de filmer qui met un point d'honneur à glisser partout dans le film des éléments concrets et des liens issus du livre (celle de PJ notamment), et la façon de Boorman, qui s'annonçait, c'est un euphémisme de le dire, un peu plus désinhibée sur ce genre de détails.Jusqu'à plus ample informé, quand je parle de Boorman années 70, je parle de Boorman, non ?D'ailleurs les interprétations de Boorman me semblent intéressantes même si elles sont baroques et j'ai déjà commencé à parler sur ce fil de chacune d'elles.

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Je trouve également que Boorman s'écarte tellement du SdA qu'il aurait mieux fait de partir sur une histoire et des personnages inédits, quitte à signaler que son inspiration de base était le SdA. A quoi ça rime de déformer autant le matériau original? Une adaptation se doit de différer de l'original (différence de média oblige, etc) mais à ce point, ça devient grotesque. Enfin, à mes yeux en tout cas.

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Eldermê a écrit :Pourquoi vouloir faire une adaptation si c'est pour déformer l'histoire ?
C'est effectivement la question qui se pose avec cette version exotique de Boorman.Les raisons ne manquent pas : - La première est d'essayer de gagner de l'argent en adaptant une oeuvre populaire de son temps, simplement parce que les oeuvres populaires attirent du monde. Même si l'histoire elle-même n'a pas été écrite dans un but mercantile.- La seconde est d'essayer d'aiguiller par ce moyen les nombreux spectateurs qui sont attirés par le thème ou le mythe traité, vers des interprétations du mythe qui correspondent aux vues du réalisateur ou de la production.Aux USA par exemple, il est assez habituel que le cinéma, quel que soit le thème traité, Ivanhoé ou la Guerre des Etoiles, finisse en exaltation des valeurs éternelles de l'Uncle Sam à la sauce du moment.- La troisième, plus prosaïque, est souvent de trouver un prétexte pour aller filmer sur des plages en s'entourant de danseuses du ventre aux frais du cinéspectateur. D'où le Colégram de Galadriel. Il fallait bien ça pour Boorman, car chez Tolkien, les danseuses du ventre ce n'est pas ce qui court les coursives. Les trolls, les gobelins, les gollums, ça, tant qu'on veut.En résumé, je suis tenté de dire que ces détournements sont même tellement habituels à Hollywood qu'on s'y demanderait plutôt : "Pourquoi vouloir faire une adaptation si c'est seulement pour être fidèle à l'histoire ?" :D