Markus a écrit :Gwendal a écrit :J'ai vraiment l'impression que la bibliothèque n'est pas vraiment entrée dans les habitudes françaises, tu ne penses pas que ça fait aussi partie du problème Markus ?
C'est vrai qu'en terme de fréquentation (en moyenne 15% de la population) nous sommes à la traine par rapport aux pays anglo-saxons. Autant dans ces pays la bibliothèque est très bien intégrée aux habitudes de la population (lieu culturel, d'échanges et de vie) autant en France elle est perçue (et peut-être à juste titre) comme un lieu un peu ennuyeux. Il faudrait que l'on casse cette image et que l'on soit beaucoup plus proche de nos usagers et de leurs envies en abandonnant cette "image de gardiens du temple" (côté uniquement prescriptif) parfois un peu gonflante.
C'est vrai qu'il y a un travail d'image et de communication à faire là-dessus. Je me demande si, paradoxalement, le fait d'assumer l'aspect commercial du livre ne serait pas un moyen de lui ôter son aura de sévérité parfois effrayante (surtout pour les classiques). Il faudrait qu'emprunter un bouquin soit quelque chose d'aussi anodin que de louer un DVD pour la soirée.Et pour ce qui est des bibliothèques, personnellement, je suis un grand fan des livres de poche. Pour une question de prix, mais aussi de place : quand on a un petit appartement, les grands formats, c'est une plaie !
SkyBook a écrit :Personnellement, je trouve que le problème se situe dans l'enseignement ou les moyen pour donner envie de lire est beaucoup trop limité avec des enseignants pas assez formé dans les méthodes pédagogique, je dirais que les enseignants sont formé qu'apprendre à lire or, il faut donné envie de lire et sensibilisé la famille des jeunes enfants.Et c'est pareil dans l'enseignement secondaire (12-18ans) ou on donne des classiques à lire...pour donné envie de lire, c'est pas le top...
Franchement ça dépend des classiques : il y en a des plus adaptés aux lecteurs débutants que d'autres. Typiquement pour reprendre l'exemple de Haldir,
Le Mur de Sartre, c'est pas le truc à faire

Mais les contes de Voltaire, par exemple, il y en a qui sont vraiment attrayants (et très proches de la fantasy, l'allégorie en plus). L'
Odyssée d'Homère, dans une traduction bien faite (celle de Jaccottet par exemple), peut être bien aussi (c'ets plus accessible et moins vieilli que l'
Iliade). En théâtre, je me souviens d'avoir adoré les pièces de Beaumarchais (
Le Barbier de Séville,
Le Mariage de Figaro), parce que c'est drôle et parfois subversif. En poésie, je suis convaincu qu'un bon vieux Hugo ou les fulgurances d'un Rimbaud peuvent accrocher les ados sans problème. On peut aussi faire lire des romans jeunesse ou compatibles jeunesse écrits par des auteurs classiques, du genre
Vendredi ou la vie sauvage. Des poliers, du Agatha Christie typiquement. Au lycée, du Stefan Zweig (j'ai toujours été étonné - en bien - par le succès de cet auteur en France).Je ne connais pas bien la situation dans le secondaire en dehors de mes propres souvenirs. Mais pour avoir un peu enseigné le français en fac, je peux te dire que le plus difficile est de faire comprendre aux étudiants que les classiques n'appartiennent pas à une autre dimension, que ce sont des bouquins comme les autres, qu'ils peuvent se les approprier, les adorer ou les détester, en faire ce qu'ils veulent pour nourrir leur réflexion, leur sensibilité. Pour ça, à mon avis, il faut commencer par fixer le cadre ("ici c'est un cours, je ne vais pas vous obliger à aimer ce livre, je vais simplement essayer de vous le rendre accessible et de vous expliquer pourquoi tant de gens l'ont trouvé intéressant, pourquoi il est devenu un classique"). Idem pour les formes de récits : les lecteurs trop habitués aux romans anglo-saxons ont du mal à s'intéresser à autre chose qu'à des récits à suspense avec beaucoup d'action et de dialogues et peu de descriptions (la description est la terreur de ces étudiants-là...).La maîtrise de la langue est aussi un gros problème, et de plus en plus. Le problème, c'est que plus on lit des classiques, mieux on maîtrise la langue, et moins on en lit, moins on est habitué à rencontrer des mots ou des tournures qu'on ne connaît pas, plus on s'enferme dans des lectures au style "facile" avec un vocabulaire limité.Dans les deux cas, j'ai eu l'impression assez flippante que les catégories sociales des étudiants étaient affichées sur leur visage. On voit les étudiants qui n'ont pas eu droit à cette ouverture, qui sont passés à côté de ça, et qui ont tendance à considérer dès le départ que ce n'est pas pour eux, que ce n'est pas à leur niveau. C'est très compliqué de les faire changer d'avis et ça demande un effort spécifique...Pour en revenir à la fantasy, je crois que pour intéresser des non lecteurs à la lecture, la fantasy peut marcher. Si Harry Potter a pu réconcilier des gens avec les bouquins, ben, tant mieux ! Personnellement je pense à des titres comme
L'Histoire sans fin de Michael Ende (il faut dire aussi que j'avais vu le film tout petit) ou bien
Bilbo le Hobbit (que j'ai lu très jeune aussi, et qui est bien plus accessible que
Le Seigneur des Anneaux). J'ai aussi de très bons souvenirs d'excellents auteurs jeunesse en SF/fantasy comme Christian Grenier (le cycle du Multimonde,
Les Cascadeurs du temps), Jean-Pierre Andrevon, Jean-Marc Ligny, Danielle Martinigol...Je ne sais pas ce que valent les romans jeunesse qu'écrivent actuellement des auteurs reconnus comme Fabrice Colin ou Jérôme Noirez, mais, pour avoir lu et apprécié leurs textes "adultes", je trouve que les djeunz sont plutôt veinards d'avoir de telles plumes à leur service...Sinon, pour intéresser des gens déjà lecteurs à la fantasy, j'offre régulièrement à des amis mes derniers coups de coeur en fantasy francophone. Noirez, Jaworski, Beauverger... et plusieurs fois ça a été très apprécié, il faut croire que ça marche parfois
