@ Foradan : Ce qui est assez fascinant, c’est que si, en effet, l’approche de Saint-Gelais permet d’aborder l’autre grand genre de l’imaginaire contemporain – ainsi que d’autres encore –, elle montre à quel point la SF fonctionne de façon différente de la fantasy. Non qu’elles ne se développent pas sur des prémisses fictionnelles similaires, que de contraire… mais elles le font de manière très différente. Ce qui n’empêche pas les rencontres, puisque, rappelle Saint-Gelais, il n’existe aucun « essence » normative d’un genre.L’énorme avantage de l’Empire du Pseudo, c’est de laisser tomber les définitions normatives, thématiques… qui font florès en fantasy aussi d’ailleurs, pour se concentrer sur le discours et les processus lecturaux qui fondent sa spécificité. D’autant plus génial donc que quand on lit son bouquin, on se trouve en train de réfléchir à notre façon de lire. Il serait passionnant de voir comment ça marche en fantasy, comme le suggère Saint Gelais à plusieurs reprises.@ Tous: Notre sorcière nous dit « Arrf me sens toute petite devant ce genre d'ouvrages (…) Le titre laisse entrevoir un certain humour de la part de l'auteur mais est-ce qu'on le retrouve dans l'ouvrage ou bien est-ce vraiment sérieux et analytique sans boutade ? »Le travail de Saint-Gelais a ceci de merveilleux qu’il traite les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux. Un Québécois, en somme

. Saint-Gelais propose certains termes techniques, mais jamais superflus, et toujours recouvrant une réalité passionnante, et illustrée (de Star Trek à Dick, de Verne à Vonarburg...). Les touches d’humour sont présentes, les extraits toujours bien choisis. En fait, on sent l’auteur passionné (il l’est) et désireux de nous entraîner dans « les coulisses » de la SF. Non seulement cet ouvrage est abordable, mais en plus il n’est pas vulgarisant : il permet à chaque lecteur, même novice, d’entrer dans la complexité du genre et d’en sortir enrichi. Par exemple, l’ouvrage qu’a consacré Irène Langlet à la S-F, s’il est utile au chercheur, est avant tout un discours sur la SF, c’est-à-dire l’application de grilles de lecture scientifiques au genre, ce qui procure très peu de plaisir de lecture à la personne « simplement » fan de SF. L’ouvrage de Saint-Gelais, c’est presque un ouvrage de SF

. C’est un moniteur de plongée en SF qui nous invite à découvrir la richesse du genre, le fonctionnement de la lecture science-fictionnelle (expliquant au passage pourquoi certains ne rentrent pas dans les littératures de l’imaginaire), les paradoxes de l’écriture d’un monde qui se veut vrai mais ne peut l’être, les détails qui trahissent un auteur qui veut s'effacer (ex : pourquoi les habitants de l'an 3550 font-ils des comparaisons par rapport à 2010, si ce n'est parce qu'ils trahissent leur fictionnalité ancrée en cette année

) etc. Je vous propose de jeter un œil (bon, c’est une vraie conférence, le ton est assez sérieux, mais l’esprit est là) à cette vidéo gratuite de Saint-Gelais. Juste les dix premières minutes si vous ne supportez pas

. Mais voilà, détaillé, un point abordé de façon agréable dans l’Empire du Pseudo (cete vidéo est d’autant plus importante qu’elle contient le point de vue de Saint-Gelais sur la SF ainsi qu’un merveilleux « analyse sociologique, et là l’image de l’adolescent attardé surgit dans bien des esprits » )…
http://www.diffusion.ens.fr/index.php?r ... conf=1265#vous pouvez écoutez, enregistrer, visualiser (c’est mieux

)Pour ce qui est du titre, qui possède sa touche d’humour en effet, il trouve tout son sens dans le livre, entre les lignes, au fil des pages. Car la SF n’est-elle pas ce genre qui nous donne à lire des mondes vrais inventés, des « châteaux de pages », pour reprendre le titre de l’ouvrage précédent de Saint-Gelais ? Dont le paradoxal et merveilleux objectif est de créer d'autres mondes tout en empêchant de montrer qu'on simule? A moins qu'au contraire on assume la fictionnalité pour la manipuler?@John Doe merci à toi

. En effet, je recommande chaleureusement cet ouvrage :-)