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En substance, c'est quand même un film d'animation familial avec un monstre géant qui fait une tentative de suicide devant toute une ville et est arrêté in extremis. Il fallait oser (et ça n'est pas dans la BD pour le coup) ! Ça reste assez subtil pour que les plus jeunes ne comprennent pas toute la gravité du geste de NImona-monstre, mais ça peut vite devenir émotionnellement bouleversant pour un enfant mature ou un ado. Et ça permet d'aborder le sujet des pensées suicidaires lié au harcèlement auprès d'un jeune public, ce qui est juste génial et n'avait à ma connaissance jamais été fait dans une production animée de cette taille.

Un flashback montre Nimona il y a des années, la première fois qu'elle a pris forme humaine. Elle n'arrivait à se faire d'amis sous aucune apparence animale, jusqu'au jour où elle prend l'apparence d'une petite fille rousse et arrive à devenir très proche d'une autre jeune fille, une petite blonde qui n'a pas peur de la voir changer d'apparence. Mais un jour qu'elles jouent et que Nimona a la forme d'un ours, les autres villageois les voient et prennent peur, croyant avoir affaire à un vrai ours féroce. Nimona reprend forme humaine pour les rassurer... mais obtient l'effet inverse : elle passe pour une sorcière. Gros rejet, mouvement de foule contre elle avec fourches et torches, et dans la confusion une torche met le feu au village. La petite blonde comprend mal ce qui se passe et en rejette la faute sur Nimona, qui s'enfuit traumatisée. Or la petite blonde n'est autre que Gloreth, érigée au rang d'héroïne qui a "protégé la ville contre les monstres" à l'issue d'une déformation de la mémoire collective. Il n'y a eu aucun monstre, seulement Nimona, et Gloreth n'était pas une guerrière, mais une gamine paumée.

Après avoir été rejetée par Ballister, Nimona ne supporte plus ces rejets multipliés et elle pense quelque chose du style : "Le pire, ce n'est pas que les gens vous disent que vous ne valez rien, c'est quand vous commencez à les croire". Puis elle se change en grand monstre ténébreux. Toute la scène finale repose sur un twist tragique : les gens pensent que le monstre vient pour détruire la ville alors que cette forme de Nimona représente son désespoir : le monstre cherche en réalité à aller s'empaler sur l'épée de la statue géante de Gloreth qui trône près du bâtiment de l'Institut. Ballister comprend et grimpe sur la statue pour s'avancer debout sur l'épée. Il arrête Nimona en lui présentant ses excuses, en expliquant qu'il tient à elle et qu'elle n'est pas seule, et il parvient à la réconforter de cette façon.

Le film a été plébiscité par les jeunes trans qui se reconnaissent beaucoup dans le personnage de Nimona. Mais Nimona peut représenter n'importe quelle différence qui s'attire haine et rejet et est instrumentalisée par un pouvoir politique en quête d'un bouc émissaire.

Nimona est un être beaucoup plus ambivalent dont l'apparence de monstre géant ténébreux a l'air bien plus maléfique (ou au moins involontairement dangereux par son côté amoral)