

C'est sûr ! :)Par contre, il est un peu dur à trouver. :(J'ai cependant trouvé un extrait sur le site de France Loisirs, histoire de se donner une idée :PS: Et puis 8, c'est une note quand même plus qu'honorable
Extrait de l'oeuvre L'arrivée du vaisseauUn parfum étrange s'exhalait de la pierre en une volute dont la caresse effleurait le visage de Kenton comme une main câline. Ce parfum, dont l'odeur insolite et mystérieusement troublante évoquait des images furtives et jamais vues, des arabesques de pensées qui s'évanouissaient avant d'être appréhendées, il l'avait senti dès l'instant où il avait sorti de sa caisse l'objet que Forsyth, le vieil archéologue, avait exhumé du linceul de sable recouvrant l'antique Babylone et lui avait expédié.Une fois encore, Kenton examina le bloc. Un mètre vingt de long, une hauteur un peu supérieure, une largeur imperceptiblement inférieure. Il était d'un jaune éteint et le poids des siècles lui était un voile presque visible. Une seule de ses faces portait une inscription d'une douzaine de lignes parallèles, des cunéiformes archaïques gravés sous le règne de Sargon d'Akkad quelque six mille ans plus tôt si les déductions de Forsyth étaient exactes. La surface de la pierre était crevassée, grêlée et les caractères aigus à demi effacés.Kenton se pencha davantage au-dessus du monolithe et les arabesques parfumées l'enserrèrent plus étroitement, s'accrochant à lui comme un buisson de vrilles, comme de minuscules doigts nostalgiques et suppliants, des doigts qui imploraient...Imploraient qu'on les délivre !Quelle absurdité était-il en train de rêver ? Kenton se redressa. Il y avait un marteau à portée de sa main. Il le leva et en frappa le bloc avec irritation.Et le bloc répondit !Par un murmure. Un murmure qui s'amplifia, s'amplifia encore, accompagné d'un faible tintement que l'on eût dit produit par de lointaines clochettes de jade. Le murmure cessa et il n'y eut plus que ce carillon sonore et mélodieux de clochettes de plus en plus cristallines, de plus en plus proches qui retentissaient à travers les corridors infinis du temps.Un craquement sec éclata et le bloc de pierre se fendit. De la fissure jaillit une luminescence rose et nacrée, palpitante, et des bouffées de parfum en rangs serrés. Les effluves n'étaient plus quémandeurs, n'étaient plus ni nostalgiques ni suppliants.Ils étaient maintenant exultants ! Triomphants !Il y avait quelque chose à l'intérieur du bloc ! Quelque chose qui y était resté tapi pendant six mille ans ! Depuis le règne de Saigon d'Akkad.Les carillons de jade tintèrent à nouveau en une sonnerie argentine pour refluer et se perdre dans les corridors du temps d'où ils étaient venus. Ils moururent et, comme le son s'affadissait, le bloc de pierre s'abolit, se désintégra en un nuage de poussière scintillante tournoyant lentement.L'étincelant et vaporeux tourbillon disparut à son tour comme un rideau qu'on tire.Et là où se trouvait la pierre, il y avait à présent... un vaisseau !Un vaisseau voguant sur des vagues taillées dans du lapis-lazuli et couronnées d'une écume de cristal laiteux. Sa coque de cristal était opaline et légèrement lumineuse. Sa proue se recourbait comme un mince cimeterre sous la pointe incurvée duquel se dressait une cabine dont les parois latérales étaient constituées par le renflement du bossoir à la manière d'un galion. À l'endroit où la coque se redressait pour former le château avant, le cristal s'opacifiait à mesure que les flancs se soulevaient pour acquérir un éclat tel qu'il métamorphosait la cabine en un rose bijou.Au centre du vaisseau s'ouvrait une fosse qui occupait le tiers de sa longueur. De la proue à son bastingage courait un pont d'ivoire en pente. Le pont de poupe, symétrique, était d'un noir de jais. Il y avait à l'arrière une autre cabine, plus grande que celle de proue, mais trapue et de la couleur de l'ébène. Les deux ponts étaient reliés par de larges plates-formes de part et d'autre de la fosse. Le pont d'ivoire et le pont noir se rejoignaient au milieu du navire, suggérant bizarrement des forces antagonistes s'affrontant. Ils ne s'intégraient pas l'un à l'autre mais s'interrompaient brutalement, bord à bord. Hostiles.De la fosse s'élevait un haut mât vert et effilé tel le noyau d'une gigantesque émeraude. À ses vergues était fixée une ample voile irisée comme une soie tissée d'opales de feu. Au mât et aux vergues s'arrimaient des haubans en nattes d'or bruni. De part et d'autre du vaisseau s'alignaient sept longues rames dont les pelles écarlates plongeaient dans les vagues de lapis couronnées de perles d'écume.Et le vaisseau orfévré avait un équipage ! Kenton se demanda pourquoi il n'avait pas encore remarqué les minuscules silhouettes sur le pont. On eût cru qu'elles venaient à l'instant même de se lever... une femme était sortie de la cabine rose dont elle n'avait pas fini de refermer la porte... et il y avait d'autres silhouettes féminines sur le pont ivoire, trois femmes accroupies, la tête penchée. Deux d'entre elles étreignaient des harpes, la troisième tenait une flûte double.De toutes petites silhouettes qui ne mesuraient pas plus de cinq centimètres...Des jouets !Chose singulière, Kenton ne discernait ni leurs visages ni les détails de leurs costumes. Les figurines étaient indistinctes, floues, comme s'il les voyait à travers un voile. Sans doute était-ce la faute de ses yeux. Il les ferma un instant.Quand il les ouvrit, il regarda la noire cabine, les écarquillant avec une perplexité grandissante. Lorsque le vaisseau était apparu, le pont noir était désert, il l'aurait juré. Or, il y avait maintenant quatre petits personnages groupés près du bord de la fosse !Et le déconcertant brouillard qui enveloppait ces homoncules était plus épais. C'étaient certainement ses yeux qui lui jouaient un mauvais tour. De quoi aurait-il pu s'agir d'autre ? Il allait s'étendre un moment pour les reposer.Kenton se retourna à contrecœur et se dirigea lentement vers la porte devant laquelle il s'arrêta avec incertitude pour regarder une fois encore le chatoyant mystère.Derrière le vaisseau, la pièce était cachée par le brouillard !Le rugissement strident d'une armée de tempêtes lui frappa les oreilles. C'était la voix de légions de typhons, un chaos assourdissant comme le déferlement de puissants aquilons.La pièce vola en éclats, se volatilisa et, à travers la clameur, il perçut distinctement un timbre... un... deux... tr...Il connaissait ce timbre. C'était la pendule qui sonnait 6 heures. Le troisième coup s'interrompit net. Le plancher se dématérialisa et Kenton se retrouva flottant dans l'espace, un espace rempli de brumes d'argent.Les brumes se dissipèrent. Kenton entraperçut un vaste océan bleu ondulant de vagues. Il eut à nouveau la vision fugitive du pont d'un vaisseau cinq mètres au-dessous de lui.Il y eut soudain un choc qui l'étourdit. Un coup sur la tempe. Des éclairs déchiquetés déchirèrent les ténèbres qui engloutissaient la mer et le navire.
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