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Mr Whiskers a écrit :Si on parle du sens de la répartie de Benvenuto et de son humour caustique, oui, ça colle parfaitement. Par contre, c'est un peu étonnant qu'un spadassin ai un vocabulaire d'une richesse digne d'un universitaire. ;)

Vu le cadre très Renaissance italienne de Gagner la guerre, ce n'est pas pousser le bouchon trop loin que d'associer Benvenuto à un condottiere plus qu'à un simple homme de main. Les condottieri étaient sans doute bien des choses, mais je ne pense pas qu'un seul d'entre eux ait été ignare. ;)

922
Ok. Merci à tous pour ces éclaircissements.
Encore une fois, je suis très loin d'avoir trouvé le roman sans intérêt (même moi n'ai pas assez de mauvaise foi pour affirmer une chose aussi grotesque).
Je donnerais volontiers une seconde chance à l'auteur avec Même pas mort.
Mais pas de suite, ma PAL est déjà bien garnie (comme nous tous, j'imagine).

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L'avantage de Janua Vera, c'est que tu retrouveras Benvenuto et que ça te permettra de comprendre un peu mieux le personnage. Les thèmes sont également un peu plus variés.
Je te recommande également Comment Blandin fut perdu, une nouvelle disponible dans un livre à part, qui m'a clairement mis un poing dans la tronche.

D'autres personnes auront peut-être un avis différent du mien.

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À propos d'avis différent, je me dis que si le style te dérange, "même pas mort" te parlera peut être plus car si on garde une narration en "je", le style est vraiment très différent ! :-)

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Janua Vera est amplement supérieur au Sentiment du Fer. Si chacun des deux recueils propose des récits variés, ceux de Janua Vera dégagent chacun une ambiance bien particulière, avec une intrigue travaillée, Mauvaise Donne et Au Service des Dames en tête.
The age of kings is dead, and I have killed it

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Temliw a écrit :À propos d'avis différent, je me dis que si le style te dérange, "même pas mort" te parlera peut être plus car si on garde une narration en "je", le style est vraiment très différent ! :-)

C'est noté, merci beaucoup.

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Vous ne lisez pas Janua Vera avant Gagner la Guerre ? Perso c'est ce que j'ai fait, et chronologiquement c'est plus logique non ?

Il y a aussi Comment Blandin fut perdu à lire sinon... :)

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C'est ce que j'ai fait: commencer par lire Janua Vera. Mais je n'ai pas accroché à ce livre.
J'ai mis donc très longtemps avant d'essayer d’ouvrir Gagner la guerre, que j'ai au contraire bien apprécié.
Mais je n'ai aucun souvenir d'avoir vu Benvenuto dans des nouvelles de Janua Vera, elles ne m'ont pas marquée, à part quelque peu la première.
A lire vos avis, j'ai du passer à côté de l’intérêt de ce livre.

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J'ai lu "Gagner la guerre" avant tout simplement parce que je ne connaissais pas Jaworski et qu'on m'en avait dit du bien :-)

Pour ce qui est de l'intérêt d'un sens ou de l'autre, je ne sais pas ; Lire d'abord Gagner la guerre donne un contexte aux nouvelles de JV dont de nombreux personnages apparaissent à un moment ou l'autre dans le roman.

L'inverse donne la bonne chronologie de l'histoire de Benvenutto, mais dévoile le podestat et le sapientissime d'une manière qui, je trouve, gâche leur apparition dans le roman.

Après, c'est très personnel.

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Ne suivant pas cette émission, j'étais complètement passée à côté ! Merci pour cette piqûre de rappel, c'est toujours un plaisir d'entendre Jaworski parler de son travail, de sa conception de son histoire... :)

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Ayant adoré Rois du monde que j'ai découvert l'an passé, je viens d'enchaîner en quelques jours Janua Vera, Gagner la guerre et le Sentiment du fer.

Verdict : bon voire très bon mais en dessous de l'autre saga selon moi. Ces trois ouvrages m'ont conforté dans mon idée que Jaworski était la meilleure plume de la fantasy française, ses personnages sont saisissants de réalisme et l'intrigue de Gagner la guerre est vraiment haletante (j'ai lu le dernier tiers d'un coup, chose qui ne m'arrive plus aussi souvent que quand j'étais ados) mais j'ai quelques réserves sur le World Building. Pour moi, on voit clairement que ça vient du jeu de rôle à la base.

Le Vieux Royaume c'est l'Europe (et ses alentours) médiévale en version simplifiée ce qui ne serait pas un problème en soi si tous les autres aspects de l’œuvre ne tendaient pas vers un genre de réalisme historique. L'absence de carte ne suffit pas à masquer le fait que les différents éléments de ce monde sont davantage des archétypes au service d'un récit que les composantes d'un tout bien construit.

Ce ne serait pas un problème en soi si tous ses éléments étaient aussi brillants que Ciudalia mais, autant j'ai adoré Gagner la guerre et les nouvelles se passant dans la cité-état, autant le versant plus "médiéval-fantastique" du Vieux Royaume m'a laissé complètement de marbre. Et passe encore la partie purement humaine qui manque juste pour moi d'originalité (sauf peut-être pour le culte du Desséché que j'ai trouvé assez intéressant). Ce qui m'a vraiment laissé perplexe c'est la partie purement fantasy de l’œuvre. Les elfes je veux encore bien mais les nains, gnomes, gobelins et autres n'ont selon moi rien à faire dans le même univers que Ciudalia qui devrait se cantonner aux humains. On dirait un improbable cross-over entre Guy Gavriel Kay et Warhammer.

Enfin bon je pinaille : Jana Vera était très bon dans l'ensemble (avec une ou deux nouvelles plus faibles) et le Sentiment du fer bon quoiqu'un peu court et moins intéressant. Vu le peu de profondeur du reste de son univers, j'aurais juste préféré que Jaworski se concentre presque uniquement sur Ciudalia. L'annonce que le prochain livre serait un ouvrage de chevalerie pure jus m'a d'ailleurs un peu déçu mais je l'achèterai certainement le jour de sa sortie et, qui sait, il me montrera peut-être que j'avais tort et que tout ce qu'il manquait au versant plus médiéval de l'univers c'était un roman plus pansu.

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J'ai une requête un peu inhabituelle à adresser aux lectrices de Gagner la guerre. Que pensez-vous du personnage de Benvenuto ?

Je vais faire un parallèle très foireux et j'ai tout à fait conscience que les deux oeuvres n'ont pas grand chose en commun mais je repensais l'autre jour à Benvenuto et au fait que, si on analyse uniquement ses actions, c'est quand même un salopard indéfendable mais que l'auteur parvient à nous faire ressentir de l'empathie pour lui grâce à sa Maestria.

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Visiblement ce point de vue est partagée par une bonne partie du lectorat (masculin ?) mais qu'en est-il du lectorat féminin ?

Le livre qui m'a le plus marqué dans ma vie est Lolita de Nabokov. Vers la fin du livre, j'ai ressenti un tel dégout de moi-même quand j'ai réalisé que j'avais eu durant tout le bouquin de l'empathie pour un tel monstre que j'en ai été physiquement malade. À peine la dernière page tournée, j'ai relu intégralement le bouquin en une nuit pour voir comment j'avais pu à ce point me laisser berner par l'auteur et finir par trouver le pédophile sympathique et sa proie insupportable. Et si tout le monde n'a pas été touché à ce point par l’œuvre, je sais qu'une bonne partie des lecteurs masculins applaudissent le tour de force. Je me suis rendu compte bien plus tard que le livre faisait nettement moins l'unanimité auprès du lectorat féminin et que beaucoup n'avaient absolu pas réussi à ressentir de l'empathie pour Humbert.

On est bien entendu très loin de Lolita avec Gagner la guerre (la pédophilie n'est absolument pas le propos de Jaworski et la plupart des victimes de Benvenuto sont des hommes) mais il me semble tout de même qu'il y a quelques parallèles à faire au niveau du traitement. Il s'agit dans les deux cas de monstres indéfendables que l'auteur parvient à nous rendre sympathique.

Mais est-ce aussi l'avis de ces dames ou bien est-ce que la scène mentionnée en spoiler (ou d'autres éléments) les poussent davantage à éprouver du dégout pour le personnage ?

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Me concernant, j'ai détesté le roman de Jaworski pour le personnage de Benvenuto, peu importe ses actions. Que ce soit son caractère, sa façon de réagir ou de prendre part aux évènements, je n'ai simplement jamais eu d'empathie, rien.
De fait, la scène que tu cites en spoiler m'a encore plus refroidi, surtout avec sa manière de se souvenir de cet événement à la toute fin du roman. Je n'ai toujours pas rouvert de livre de l'auteur depuis, ça viendra peut-être un jour...

Bien évidemment, je n'accuse pas l'auteur de quoi que ce soit ;)
On parle là de choses concernant son personnage et dont les actions, répréhensibles ou non, visent à en illustrer le caractère, le faire évoluer, etc... Qui plus est, je n'attend pas de lui un état d'esprit moderne devant certaines situations.
Enfin, de départ, les personnages comme Benvenuto ne sont pas ceux qui m'intéressent. Malheureusement, ça ne s'est pas arrangé de tout le roman.
En revanche, j'ai vu des lectrices particulièrement enthousiastes sur ce personnage, notamment parce qu'l dénotait avec ce qu'elles avaient pu lire avant.

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Merci, Shalmy, de poser la question, je n’avais jamais osé ouvrir le débat là-dessus.
J’ai lu le livre il y a quatre ans, et déjà le passage en question m’avait donné la nausée, comme du reste toute la relation de Benvenuto avec cette toute jeune fille. Je ne suis ni prude ni fermée à l’érotisme dans les romans, bien au contraire (je suis fan de tout J. Carey). J’ai lu Lolita à seize ans, même malaise, moins prononcé et conscient à l’époque cependant et clairement aussi selon moi les deux auteurs ne jouent pas dans la même catégorie.
Pour le reste... On dira que c’est de la bien pensance, de la censure, qu’on ne peut plus rien dire ou écrire. Il y a la manière de l’écrire, il y a une sensibilité aux émotions de la personne violée, il y a la personne qui écrit, avec quels mots, quelles intentions, qui le reçoit, avec son vécu aussi. Bien des interprétations et manières de réagir donc. Pour celles qui l’ont vécu, lire ça, écrit ainsi, c’est terrible. Pour moi, le malaise vient de ce que je l’ai lu (et que je l’ai trouvé raconté) comme l’expression d’un fantasme masculin.
Par ailleurs je n’ai pas détesté le roman, loin de là, mais je ne crie pas au génie non plus. Il y a de bons passages, Benvenuto et son père notamment, d’autres très ennuyeux. Je ne cherche pas l’empathie avec les personnages, mais celui de Benvenuto m’a semblé des plus classiques comme anti-héros. Pas sympathique non plus, en tout cas.
Tu voulais l’avis d’une lectrice féminine, j’en donne un.

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Merci pour vos témoignages, c'est bien ce que je craignais.

Pour moi, le malaise vient de ce que je l’ai lu (et que je l’ai trouvé raconté) comme l’expression d’un fantasme masculin.

Je ne suis bien entendu pas dans la tête de l'auteur mais dans une interview il a mentionné qu'il voulait que cette scène soit la plus crue possible pour rappeler aux lecteurs qui s'étaient un peu trop attaché à lui que Benvenuto était une ordure de la pire espèce.