Il ouvrit enfin les yeux, et ça reflua vers les coins de la chambre, où rien ne le forçait à regarder directement. Très bien, reste là et laisse-moi tranquille, dit-il silencieusement.

On lui avait offert de terrasser la Bête de l'Apocalypse, et lui, trop timoré, trop sentimental, avait reculé devant la divine requête. Au lieu de Samuel pourfendant l'ennemi de Dieu, me voici Saül, une chiffe, incapable de tuer celui dont le seigneur a ordonné la mort.

Leurs pensées étaient étonnamment similaires tandis qu'ils travaillaient tous deux en silence. Voilà ce que je veux toujours faire, se disaient-ils l'un et l'autre. Me lever matin, venir au moulin et travailler toute la journée avec lui auprès de moi. Tant pis si ce souhait est illusoire. Tant pis s'ils risquaient de ne jamais plus se revoir, une fois le garçon repartis vers le village où il était né, pour y suivre son apprentissage. Ça ne faisait qu'ajouter à la douceur de l'instant, qui ne serait bientôt plus qu'un souvenir, bientôt plus qu'un rêve.