La première tentative de lecture d'Autrefois les Ténèbres, lors de la sortie poche, fut un échec. Après une centaine de pages, j'ai abandonné, un peu penaude et très secouée de ce livre que je voulais comprendre mais sans m'en sentir capable pour le moment.
Début août, rangement de bibliothèque, je retrouve ce premier tome et décide de m'y remettre. Cette fois-ci, j'arrive jusqu'au bout et j'en garde un sentiment de violence.
Violence parce que le bras de fer avec l'ouvrage ne souffrait d'aucun répit. L'écriture est belle, la traduction d'une grande qualité et les dialogues et confrontations sont ciselés avec une force peu commune. J'étais en guerre pour lire ce livre, pas contre l'ouvrage mais contre moi-même comme lors d'une exploit physique ou d'une séance de sport où, si l'on abandonne, ce n'est pas à cause du terrain mais de nous-même.
Les chapitres sont complexes, les noms ont quelque chose de rugueux, d'insaisissable et peinent à se retenir mais lorsqu'on les relit, on comprend de qu'ils sont, qui ils sont tellement l'auteur maîtrise son univers.
Les personnages, et c'est un autre coup de maître, ne sont pas là pour qu'on s'y accroche par l'empathie. Kellhus me sidère pour ce qu'il représente et ce que cela demande de maîtrise d'écriture, de scénario, de psychologie et de philosophie. Ca donne le tournis, c'est presque indescriptible...
Si je devrais avoir un préféré, ce serait Cnaür parce qu'il représente tout ce que je déteste lire d'habitude. Proyas et Conphas tirent également leur épingle du jeu...
Enfin, les femmes...C'est peut-être par elles que le choix du manque d'empathie montre ses limites. Leur donner des fonctions se réduisant au corps et à la chair va tout à fait avec le ton du roman, elles ont également de bons moments et des dialogues très beaux, mais parfois c'était juste trop tellement je pouvais me sentir dédaigneuse à leur égard.
► Afficher le texte
l'Imperatrice, cela ne me choque pas, mais Seswë.. avec elle, il y a toujours le champs lexical des geignements et des pleurs, et l'entendre déclarer son amour à Kellhus m'a un peu sorti du truc comme ci cela était trop classique par rapport au reste. Esmenet par contre, est vraiment un beau personnage... Bon en fait sans Seswë, je n'aurai rien relevé de négatif.
Et puis, la Foi. Le face à face entre Akka et
► Afficher le texte
Proyas
m'a fait dresser les cheveux sur la tête tellement il est porteur de beaucoup de choses et de l'opposition de deux sortes de Foi
► Afficher le texte
celle de la Dague et celle, plus tordue, des prémonitions de l'Apocalypse de retour
ainsi que ce que cela signifie d'être blessé dans nos croyances.
L'engouement décrit pour la Guerre Sainte est également hypnotique. Bakker semble bien plus à l'aise pour les sentiments collectifs que les sentiments individuels d'ailleurs...
En refermant le livre je me demandais si j'allais en rester là pour ce cycle, être fière de ma petite bataille personnelle et puis voilà. A la rédaction de la critique, je suis prête à reprendre les armes finalement...