"Sauf que le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale a eu impact sur la littérature populaire" : Aucune personne sensée (ni même moi

) ne peut le nier. Qu'une certaine littérature dite "populaire" ait suivi le mouvement, même sur le plan de l'imaginaire, on peut aisément le comprendre. Comme on peut comprendre que le lectorat qui sortait d'années de carnage tous azimuts en ait eu un peu marre des pulps, nouvelles et romans où on se foutait sur la tronche à chaque paragraphe. En revanche, et hormis le fait que je ne prends pas Jean d'Ormesson pour un spécialiste de la fantasy, j'ai un peu de mal à accepter la théorie selon laquelle des écrits récréatifs "d'avant-guerre", "d'aventure et violents" aient conduit à la Deuxième Guerre mondiale. Là, et pour le coup (gag), le raccourci me paraît un peu brutal (re-gag). Il me semble que quelques autres facteurs un peu plus importants ont mené au conflit, et que cette production littéraire n'a fait qu'accompagner (sans le vouloir, bien souvent) un mouvement civilisationnel un tantinet plus vaste et profond. Qu'une partie de cette production ait servi, sciemment ou pas, à la propagande des puissances montantes en bisbille, ça, je veux bien le croire, mais que des romans et nouvelles aient constitué l'étincelle qui a fait débordé le vase (ou la goutte d'eau qui a mis le feu aux poudres, n'importe), là, j'ai quand même un gros doute... Pour ce qui est des influences après la guerre, on peut aisément retourner ta démonstration : en URSS, on glorifie d'abord les héros de la guerre avec un tas de films de héros magnifiques (comme aux USa, comme en France où tous les Français deviennent des résistants, actifs ou passifs), mais les soldats soviétiques revenus d'Europe occidentale rêvent d'une vie à l'occidentale, voire à l'américaine. Le Plan Marshall qui va imposer la culture et les standards américains va submerger l'Europe et menacer l'Empire Soviétique. Staline et Beria font le ménage, ensuite le Rideau de Fer. Raté : les Soviétiques et singulièrement les Russes bavent devant le modèle occidental. La production cinématographique russe va copier pendant 20 ans les comédies musicales américaines, parce que ça les fait rêver, mais avec juste le zeste de patriotisme communiste qu'il faut pour que ça passe.A la fin de la guerre et juste après, le Vatican qui n'a jamais condamné moralement et fortement le régime nazi, exfiltre à tout-va un tas de pontes du régime hitlérien vers les USA et l'Amérique Latine, avec l'aide très active des Américains qui y trouvent leur compte. Bref, l'Eglise Catholique et l'Amérique de Hoover sont main dans la main pour lutter contre la menace communiste.Dans le domaine de la science-fiction, parce que là, à l'époque on est dans le dur et qu'il faut des histoires fortes de civilisations qui se foutent sur la gueule (la bonne contre la mauvaise), les USA deviennent le terreau d'une production pléthorique de films et de bouquins où l'ennemi vient d'ailleurs, représente un danger parce qu'on ne le connaît pas (quand on y réfléchit un peu, ce concept bien binaire vise quand même le cerveau primaire du public) et on aboutit au maccarthysme qui utilise les mêmes ressorts que ceux développés par tous les régimes totalitaires : l'ennemi c'est l'autre, ton voisin est peut-être pas blanc-bleu, communiste, franc-maçon, alien ?De l'autre côté du Mur, on applique les même méthodes : méfiez-vous, restez chez vous, ne faites confiance à personne.Alors Fabien, la mainmise des communiste sur la pensée "culturelle" française (j'imagine que t'es pas un spécialiste de la pensée culturelle islandaise, tout comme moi), ça sent un peu le moisi, je trouve.Bon.Après cet exposé magistralement bordélique que je viens de vous imposer, et si vous êtes assez maso pour l'avoir lu jusqu'au bout, qu'en est-il de la fantasy ? En gros, au regard de la situation actuelle de la fantasy, comment expliquer cet engouement pour ce genre actuellement, alors qu'il y a 50 ans la SF , réac ou déjantée, tenait le haut du pavé ?MMh ?Bon, j'ai un petit creux, je vais bouffer.