Je viens tout juste de le terminer, aussi vais-je réagir un peu à chaud.
Globalement, j'ai trouvé le roman moyen, au sens qu'il a des qualités évidents (l'univers, la plume fluide, du souffle, etc), et des défauts, parfois impardonnables. Malheureusement, après une première moitié assez chouette et solide, j'ai trouvé que les défauts prenaient le dessus dans la seconde.
En fait, j'ai un VRAI problème avec le traitement des personnages, et ce, dès le début. Lorsque le roman commence, j'ai eu l'impression que la plupart d'entre eux ne savaient rien d'eux-même ni des autres ni même du monde qui les entourent. Comme s'ils étaient presque tous une page blanche que le lecteur découvraient en même temps qu'eux ou que l'auteur. De fait, ils dégagent une certaine naïveté, et agissent parfois de manière décalée avec ce que la situation exigerait. Plusieurs fois, je me suis surpris à avoir envie de les secouer, ces automates qui agissent comme l'intrigue demande et pas comme ils le devraient. Alors, oui, on pourrait me rétorquer que la plupart doivent obéir à ce que la société exige d'eux - pour moi, c'est le sujet principal du livre, notamment sur le rôle des femmes, le fait de devoir enfanter, etc - ou à des ordres, mais ces personnages pourraient au moins s'interroger. Or, il y a très peu de passages réflexifs, et presque à chaque fois, la prise de conscience d'un personnage sur une situation ou le rôle qu'a joué un autre dans tel ou tel événement passe par le dialogue, alors que le lecteur l'a compris depuis très très longtemps. Franchement, mettre 400 pages à comprendre que tel personnage est un salaud alors que le lecteur l'a compris en 4 pages lorsqu'il en exile un autre... De fait, on a toujours l'impression que les personnages sont en retard sur nous, qu'ils leur suffiraient d'ouvrir un peu les yeux ou d'y réfléchir, mais non, on attend la discussion où viendra l'épiphanie pour qu'enfin l'intrigue avance - nous rattrape. C'est d'autant plus pénible qu'il y a parfois de vraies longueurs dans le roman - Sanderson n'aurait pas fait mieux.

Enfin, comme ont pu le dire d'autres elbakiniens avant moi, la fin est quelque peu précipitée. A ce titre, je trouve que la Grande Menace est tellement mise au second plan durant le roman qu'elle peine à être tangible, à être réelle, et que cela pèse sur la fin.
Bref, voilà pour mes élucubrations de lecteur, j'ai sans doute pris un peu en grippe certains tics de l'auteure, et comme je n'insiste que sur les défauts, on peut avoir l'impression que j'ai détesté. J'ai quand même été au bout des 950 pages du roman, hein, avec l'envie de savoir, de connaître la fin. L'autrice possède un vrai potentiel, j'espère juste qu'elle corrigera le tir pour ses prochains romans.
Enfin, petite remarque pour l'éditeur : si vous pouviez faire attention au niveau des veuves et des orphelines, c'est pas grand-chose, mais c'est mieux sans.

Zedd