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Non, une très mauvaise traduction en vérité. Je vais reprendre ce que j'ai dit ailleurs :"Ouais, sauf que la traduction est largement, largement, largement inférieure aux anciennes. Visiblement, la direction prise a été : coller au plus près du texte, mais de manière si excessive ça se fait au détriment de la forme - et de la fidélité à la forme, ce qui est aberrant quand on connaît Smith : c'est un peu le style qui fait tout l'intérêt de ses meilleurs textes. Et même sans cela, les "choix" de langage sont loin d'être aussi bons à la comparaison.Résultat (même si ceux qui n'ont connu que cette nouvelle traduction ne s'en apercevront pas), on ne se retrouve pas du tout avec un équivalent du style de Smith en français, pas du tout avec un équivalent de sa poésie, comme c'était (au moins la plupart du temps) le cas à l'époque. Ou encore comme c'est le cas dans la traduction de ses poèmes en prose par Philippe Gindre. Grande, énorme, ultime déception, et il aurait sans doute mieux valu que [...] s'en charge. Beurk.""On nous a vendu des experts de Smith, mais visiblement personne dans l'équipe n'avait ouvert les précédentes traductions de Smith depuis... l'adolescence?, ni même n'a dû le faire après-coup, pour pouvoir au moins réaliser qu'ils faisaient fausse route, que leur version était médiocre à côté. C'est ce que j'appelle du travail non fait.Et je trouve ça franchement dramatique pour la réception présente et future de Smith en France. La plupart des nouveaux lecteurs ne l'ont jamais lu (ou il y a plus ou moins longtemps, et ces rares personnes prendront-elles la peine de faire la comparaison?), et viennent dire que la traduction est bonne. Sans avoir idée de ce que peut être la traduction de Smith, qui est censé avoir un style à part. Pour moi il est incontestable que ça ne donne pas une idée acceptable de son style, de son talent, de sa valeur, de sa distinction dans le paysage de la fantasy. De même, on peut craindre que la prochaine génération se base sur ces traductions et se dise "ah c'est comme ça". Non, vraiment, je trouve ça dramatique pour la réception de Smith en France. Mais comme pas grand-monde ne le connaît, ni ne s'en soucie à ce jour, qui sera donc là pour dire ces choses? Ben à peu près personne visiblement."De même votre critique dit : "Quelques différences stylistiques sont constatées entre les ouvrages mais il est difficile au non anglophone de déterminer la part qui en revient à la traduction et celle liée à la volonté même de l’auteur." Eh bien ces différences ne sont pas dûes à la volonté de l'auteur, mais bien aux traducteurs qui sont très inégaux.C'est là qu'on la voit l'échec et la limite de vos critiques : vous n'avez pas idée de ce qu'était l'ancienne traduction, ni à quel point cette nouvelle traduction est inférieure tant elle échoue à rendre ce style, cette forme en "longs poèmes en prose" qui distingue tant le style de Smith, qui fait toute la saveur de ses meilleurs textes, jusqu'à donner presque l'impression d'un auteur lambda. Les cycles d'Hyperborée et de Poséidonis sont un particulier WTF de ce point de ce vue, et si quelqu'un a des anciennes versions même d'une poignée de ces textes, je l'invite à vérifier mes dires. Bref, je le répète ça ne donne pas un équivalent de Smith en français, et il serait temps que quelqu'un s'exprime pour dire que non, c'est un raté royal, avant de laisser durablement une fausse idée de l'oeuvre smithienne en France.

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J'aurais tendance à te répondre la même chose que Nébal sur le site du Bélial. Les échos des précédentes traductions n'étaient pas exceptionnels, loin s'en faut, avec le lot de critiques négatives. Je reconnais volontiers les limites des critiques : elles portent souvent, comme en de nombreux endroits, sur les versions françaises par des personnes n'ayant pas lu la langue d'origine et ce quelque soit cette langue. Le massacre, si il existe, ne m'a pas semblé visible, notamment sur Zothique ou Averoigne mais je serais intéressé par des éléments de comparaison entre un extrait de l'ancienne traduction et un extrait de la nouvelle.

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J'ai mis quelques extraits là-bas, ainsi que ce que pense Philippe Gindre de cette décision d'être très (trop) près du texte pour du Smith (ce qui contribue entre autres à une moindre poésie, car moindre adaptation à la langue d'arrivée) :"Par contre, j'avais été étonné, lors de la présentation, d'entendre mettre en avant le fait qu'il était nécessaire d'être "près du texte". C'est parfois indispensable, notamment lorsque des auteurs traitent de spécifiques à la langue qu'ils emploient et où il est difficile, même en l'absence des fameux jeux de mots intraduisibles, de "faire comme si" le texte avait été écrit en français. S'agissant de Smith, j'ai toujours eu l'impression qu'il était possible de se laisser aller, toutes proportions gardées, de tendre vers quelque chose que Smith lui-même aurait écrit s'il s'était exprimé en français. C'est toujours illusoire, bien sûr: si le hasard l'avait fait naître dans un pays francophone il aurait écrit autre chose, et n'aurait peut-être pas écrit du tout, mais disons que lorsqu'un auteur touche à des choses aussi universelles, et lorsqu'il les exprime par le biais de la nouvelle ou du poèmes en prose, sous des formes proches de ce qui existe en Français, on peut essayer de se rapprocher d'une écriture idiomatique et "faire semblant d'y croire"."Je ne sais ce que tu entends par "éléments de comparaison", mais il y a eu plusieurs exemples de tournures qui ne vont pas pour une telle prose sur les commentaires du projet, et vu le résultat je me garderai bien de disséquer des passages entiers "là c'est mieux, là c'est mieux", le fait est qu'il faut déjà avoir une idée assez précise du style qui convient.

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Le coffret trônait fièrement au milieu de ma bibliothèque sans que je n'ose ouvrir l'un des ouvrages. C'est chose réparée pour ce très bel objet-livre. Les moyens du financement ont été merveilleusement bien employés pour nous fournir un livre qui n'a rien à envier aux grandes maisons d'édition. Sur le contenu en lui-même, comme pour chaque recueil de nouvelles, c'est assez inégale. Zothique dispose d'une ambiance très sombre, d'un monde en perdition alors qu'Averoigne, bien que la préface nous l'explique clairement, m'a énormément fait pensé aux contes et récits moyenâgeux. On se retrouve avec un folklore très présent et prenant. L'écriture, et la traduction, est assez soutenue mais très fluide. Cela se lit plus ou moins vite en fonction de l'intérêt de la nouvelle. J'ai été ravi de découvrir cette plume. Elle est agréable, fluide, enchanteresse. On comprend la volonté de Mnémos de traduire cet auteur et de le publier, c'est de la très bonne fantasy.

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Toujours aussi enjoué par la plume de C.A Smith à la lecture de ce second tome. C'est toujours aussi poétique, toujours aussi prenant et captivant dans son introspection de la nature humaine. Comme pour chaque recueil de nouvelles, je note une nouvelle fois que la lecture dépend énormément de la sensibilité que l'on porte à la nouvelle. J'ai été happé par le poème introduisant Hyperborée, enjoué par ceux clôturant Poséidonis notamment. Pour le reste, c'était plaisant mais moins marquant que les mondes de Zothique et Averoigne, peut-être parce que l'ambiance en elle-même me plaisait moins dès le départ. Je note juste les deux nouvelles autour du Malygiris - notamment celui sur sa mort qui est très prenant pour Poséidonis. Concernant Hyperborée, la nouvelle "La Sybille Blanche" a été l'un de mes coups de coeur sur l'ensemble de l'oeuvre de Smith lu actuellement. Le récit dispose d'une force de pénétration dans l'imaginaire et son déroulement est, à mon sens, le mieux maîtrisé par l'auteur. A noté, une nouvelle fois, l'excellent travail des éditions Mnémos pour l'objet-livre qui est de toute beauté. Les illustrations sont sublimes, notamment celle concernant la nouvelle des deux frères. La lecture du troisième et dernier tome ne saurait tarder.

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Personnellement, tout ça me donne très envie de lire Smith... en anglais. Y aurait-il des gens par ici qui auraient cherché des éditions en VO ? Est-ce qu'il y a de bonnes intégrales des différents univers de Smith, équivalentes à ce qui a été fait en français ?

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J'ai lu la flamme chantante l'année dernière et j'avais été totalement séduite. J'accroche énormément au style d'écriture, très évocateur, recherché, poétique (et apparemment c'est encore mieux en VO à vous lire, il faudrait peut-être que je me lance). Le mystère qui entoure le monde découvert par le premier protagoniste, cette attraction inéluctable, la description de cette cité inconnue, me restent toujours en tête. Une nouvelle qui serait très intéressante à analyser en profondeur.

Par contre, je pensais bêtement que c'était du fantastique, et pas de la fantasy, je vais aller réviser mes catégories

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Sanne a écrit :Par contre, je pensais bêtement que c'était du fantastique, et pas de la fantasy, je vais aller réviser mes catégories

Je n'ai pas lu la nouvelle en question, mais je peux t'apporter une ou deux précisions générales : le mot anglais "fantasy" est plus large que ce qu'on désigne généralement sous ce terme en français. Les Américains n'ont pas la même distinction que nous entre le fantastique et la fantasy, ou en tout cas ils n'en avaient pas à l'époque de Clark Ashton Smith. Alors qu'en France, et plus généralement en Europe, le genre du fantastique était constitué dès la première moitié du XIXe siècle avec ses propres codes, et aux yeux de la critique littéraire française la fantasy correspond - en général - à la catégorie française du merveilleux (à savoir tout récit où la magie existe et est acceptée sans difficulté par les protagonistes).

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Je viens de finir Zothique et j'ai vraiment bien aimé l'ambiance de décadence qui s'en dégageait. C'est effectivement assez poétique mais je suis un poil déçu. Je m'attendais à quelque chose de plus halluciné et sombre. Et il faut reconnaître que la grande majorité des nouvelles mettent en scène soit des nécromants avides de pouvoir soit des rois décadents (soit de rois-nécromants décadents :P).

J'ai entamé Averoigne dans la foulée et pour l'instant je préfère cette ambiance plus celtique, plus tournée vers la nature.

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Les trois superbes volumes de l'intégrale de Clark Ashton Smith fraîchement terminés, la première impression est rare sont les récits que je n'ai pas trouvés intéressants.

Même si comme je l'ai dit sur Zothique, on retrouve des thèmes, des ambiances et des récits parfois très semblables, on est soufflé par la puissance évocatrice de l'ensemble de l'oeuvre. L'auteur navigue allégrement entre le fantastique, la fantasy et parfois même la SF ("Les caveaux de Yoh-Vombis" qui fait penser à Alien, "Le Monstre de la prophétie" qui lorgne du côté du planet-opera).

À consommer par petits bouts, par cycle ou entier pour peu que l'on sache où on met les pieds: dans une sorte de mausolée à moitié détruits remplie de joyaux sous la garde de créatures antédiluviennes ou d'esprits malfaisants.

Je mettrais même 9/10.