J'ai profité de l'été pour lire ce cycle dont j'avais assez peu entendu parler. Et le peu que j'avais entendu, prêtait à la curiosité : un anti-Tarzan, un Conan noir...N'ayant rien lu de Burroughs, je ne peux rien dire pour ce premier qualificatif. En revanche la qualification de "Conan noir" est assez réductrice. J'adore le personnage de Howard, mais affirmé qu'Imaro est juste un énième sous-Conan est injuste pour l'un comme pour l'autre. Conan traverse l'existence (presque) sans souci du lendemain, désabusé par l'absurdité de la vie, faisant assez peu de cas de son passé, menant une existence chaotique, marquée par une intense liberté, matérialisée par le désordre des nouvelles de Howard. Alors qu'Imaro porte le poids de ses errances, de son éducation, de son enfance, et même
► Afficher le texte
de sa conception.
C'est un personnage marqué et tourmenté, part intégrante du monde qui l'entoure, et catalyseur d'événements.La continuité de son histoire le détache, à mon humble avis, de la figure du Cimmérien, même s'il y a en effet une filiation entre les deux.J'ai beaucoup aimé ce cycle, avec une petite retenue d'ordre matériel. Certes c'est un long cycle, qui nécessite un intégrale lourd, mais là, les pages sont vraiment chargés. Rien d'insurmontable, mais il ne faut pas se mettre à la lecture les yeux fatigués.Le souffle épique traverse le livre de part en part, et l'Afrique fantasmée de Saunders prend vie et consistance sous nos yeux. J'ai été assez surpris de retrouver au final autant, sinon plus, d'allusion à l'Histoire récente de l'Afrique, qu'aux folklores et mythes africain (même si c'est logique, celui voulant se targuer de reprendre toute la matière africaine dans un livre, risques d'avoir à en écrire plusieurs centaines de ce volume là...). Saunders revendique clairement ses opinions, mais sans faire d'ombre à son histoire. Sa narration est nerveuse, mais s'amplifie d'un livre sur l'autre, faisant passer l'histoire du récit d'aventure individuelle, à l'épopée de tout un continent. Je trouve en ça, que ce cycle est une claire illustration des fameux "deux branches" de la fantasy, souvent disputées : les premiers récits sont clairement de "l'heroic fantasy", centré sur Imaro, et ses péripéties, alors que le final nous conte un conflit d'ampleur quasi cosmique. Sans pour autant dure qu'une branche soit plus "noble" que l'autre. C'est une distinction, c'est tout. Et le plus fort, c'est que les livres s'enchainent avec logique, sans sentir de brutale rupture (surtout avec les explications données dans la postface, sur les réécritures, de passages entiers, suite aux événements africains). Imaro évolue avec ses aventures, et ses malheurs, sans se trahir pour autant.Les personnages sont variés et attachants, à une exception pour moi : Tanisha. Ca faisait longtemps que je n'avais pas rencontré au gré de mes lectures un personnage féminin aussi fade et énervante. Résultat :
► Afficher le texte
Son enlèvement et son absence durant la plus grande part du dernier livre m'ont profondément satisfait.
J'ai adoré dès ses premiers dialogues Pomphis, en effet, comme souligné dans la postface, il m'a tout de suite évoqué notre ami Tyrion Lannister.Certes, le cycle n'est pas exempt de défauts : surpuissance d'Imaro, Tanisha, quelques lenteurs, des évènements assez prévisibles, un univers certes très riches, mais avec quelques oublis,
► Afficher le texte
J'aurais bien aimé revoir les Ilyassai, sensé être un peuple de guerrier suprême, et pourtant absent de conflit final...
Mais rien de quoi gâcher le plaisir de la lecture. Un très bon cycle donc, une histoire dramatique, et un héros tourmenté, sur lequel le sort s'acharne, mais qui, Dieu merci, ne s’apitoie qu'en cas très extrême sur son destin. L'action est menée tambour battant, dans un univers à la fois attachants et hostile, aux enjeux à la fois personnels, et cosmiques.