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Tout est dit ou presque dans les précédentes interventions et dans les trois premières lignes de la lettre à laquelle Gillo fait référence dans son commentaire, avec sa verve habituelle et bienvenue quand il s'agit de défendre ce qu'il aime *.La première phrase est : Hello from the William Marrow Marketing Team !On peut au moins reconnaître à cet éditeur qu'il ne cache pas ce qui l'intéresse dans ses rapports avec les bénévoles des sites spécialisés.La deuxième phrase du premier paragraphe remercie les blogueurs de participer aux opérations marketing de HarperCollins.A tout le moins, on peut reconnaître à cet éditeur une certaine constance dans le propos.Ensuite il déroule son argumentaire : "Coco, on t'adore et t'auras désormais le droit de choisir trois bouquins GRATOS en pré-lecture parmi ceux qu'on va sortir à chaque service, d'après les résumés qu'on t'aura envoyés et tes propres goûts. Tu nous publieras obligatoirement sur ton site une critique des trois bouquins concernés dans le mois suivant réception du colis. Comme tu les auras choisis, ça veut dire qu'ils t'intéressent, donc tes chroniques devraient être plutôt positives, et dans ce cas on continuera à te dire que tu fais un boulot formidable. Et si tu ne respectes pas ces conditions, on te coupe le robinet à bouquins-GRATOS-que-t'avais-envie-de-lire-de-toute-façon." Il n'ajoute pas : "Tête-de-Noeud" à la fin, mais c'est tout comme. :rolleyes:Le problème de Guillaume Demain (traduction libre de William Morrow, un tic bête, scusez), c'est qu'il n'a pas compris comment fonctionne le Net aujourd'hui. Ou plutôt, tout un pan du Net : celui des sites entretenus par des bénévoles. Là, il se tire carrément une balle dans le pied, et par en dessous (cf. Les Experts pour la découverte du suicide en fin d'épisode), ce qui risque de lui remonter en plein dans le portefeuille, son organe le plus sensible : les passionné(e)s qui critiquent bénévolement les dernières parutions n'aiment pas trop les diktats et les ultimatums. Au besoin, ils sont même prêts à acheter sur leurs propres deniers les sorties qui les intéressent. (voir le post #35 de Publivore **). Je ne sais pas si ce genre de menace marchera dans le monde anglo-saxon, y compris pour d'autres domaines (voir le renvoi du post #36 de Merwin, à propos des sorties cinéma ***), mais je crois et j'espère qu'en France ça se planterait si ça se produisait. Et dru. :DPlus ça va et plus j'ai le sentiment qu'une partie d'Internet échappe complètement aux groupes de pression divers. Peut-être que je me plante, et j'espère que non, et si je ne me plante pas, ben... je trouverai ça très rassurant. :D:D:D* @ Gillo : Le prix habituel.** @ Publivore : Vois avec Gillo : je sais, il ajoute sa commission, mais le business, hein...*** @ Merwin : Je sais, Publi t'escroque, mais sois patient, bientôt peut-être j'aurai mieux pour toi, je vais en parler à Gillo...

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Ok. Je trouvai juste que le deal "on vous envoie trois livres gratos, qui a priori sont censés vous plaire, et en échange vous publiez vos chro dans le mois" ne me semblait pas hors de propos. Par contre, il est vrai, comme vous le dites, que cela peut entrainer un effet pervers comme je l'ai évoqué précedemment : les chroniqueurs peuvent être amenés à choisir des livres qui a priori leur plaisent, et donc auront une plus grande facilité à mettre des notes positives. Et c'est peut-être l'idée qu'à derrière la tête cet éditeur. Dans l'univers du marketing, ça n'aurait rien d'étonnant. On en revient donc au problème du manque d'indépendance face aux éditeurs. Au final, je me dis aussi que l'éditeur en question n'a pas été très habile dans cette lettre, où disons qu'effectivement il a pris les chroniqueurs du web pour des pros et leur a proposé un contrat privé. Je pense qu'il aurait du utiliser des termes plus légers, du genre "on vous envoie 3 livres que vous choissisez, blablabla, nous espérons en échange que vous publirez vos chroniques dans un délai de deux mois, dans la mesure du possible etc....". Et en cas d'abus (trop de bouquins non chroniqués), on coupe les vivres. Toujours par rapport à mes comparaisons sur le monde de la musique, il y a quelques années certains chroniqueurs de webzine abusaient du système : ils se faisaient envoyer des cd promos de la part des labels et ne les chroniquaient jamais, obtenaient des pass pour aller aux hellfest et ne faisaient aucune live-report en retour etc...du coup les webmasters ont du resserer les boulons et sur le site sur lequel je bossais on a du opter pour des méthodes de recrutement assez poussé.

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Toujours par rapport à mes comparaisons sur le monde de la musique, il y a quelques années certains chroniqueurs de webzine abusaient du système :
De ce côté-là, à part une invitation à un salon, ce n'est pas aussi rock'n roll que le Hellfest. ;)
Je trouvai juste que le deal "on vous envoie trois livres gratos, qui a priori sont censés vous plaire, et en échange vous publiez vos chro dans le mois" ne me semblait pas hors de propos.
De toute façon, tacitement, c'est un peu ça. Puisqu'en toute logique, on "devrait" pouvoir passer d'un mois à l'autre en ayant épuisé sa pile.

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Je ne sais pas si c'est ce que Steven Erikson pense, mais ce n'est pas l'avis le plus fouillé qui soit. Si dès qu'une œuvre est appréciée d'une personne, il n'était plus possible de le critiquer sans être taxé de "créer des règles sans prendre en compte l'appréciation des gens" alors tout se vaudrait et on ne pourrais plus rien critiquer.D'ailleurs si il faut poursuivre vite fait sur ce sujet, je ne pense pas que l'appréciation critique d'une œuvre doive se calquer sur l'appréciation du public, d'une part parce que le succès auprès du public doit souvent une part non négligeable à l'aspect purement marketing de la mise en vente du livre (ne serait-ce que parce que le public ne peut pas tout lire et que dans sa sélection il va s'orienter en partie, plus si il ne connait pas le rayon ou il prend un bouquin, par les balises marketing) et d'autre part parce qu’on peut très bien apprécier un livre duquel on ferait une critique sévère si on en avait les moyens (parce que c'est le premier polar/bouquin de fantasy qu'on lit et donc on a pas le baguage de l'expérience et on le sait, ou alors parce que sans nous estomaquer et tout en étant basique le livre passe bien le temps tout en étant facile d'accès.)D'ailleurs si on voulait mesurer la qualité d'un livre au nombre de personne qui l'ont apprécié (ce que ne propose pas le perso de Steven Erikson) les bouquins d'Erikson devraient être regardés comme pas terrible, ce qu'ils ne sont nullement. En l’occurrence, leurs succès est plus critique que public. Du coup si il pense comme son perso, il a le courage de penser un truc qui n'est pas dans son intérêt, c'est pas mal ^^ .Mais on ne peut pas faire de reproche à la critique sur la seule base du fait qu'elle peut être négative, ni accuser sans aucune explication les critiques de vouloir contrôler les goût des gens, à mon avis (mais bon si Steven Erikson pense vraiment ça et si il le pouvait, il développerait surement : à ce niveau là, vu le monument volumique que représente le livre Malazéen des glorieux défunts, j'ai la plus totale confiance en lui ^^ ).

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Gardons cependant à l'esprit que l'avis de son personnage est aussi dépendant du contexte auquel il est attaché. Les aspects marketing, on peut les oublier dans cet univers, ou presque. D'ailleurs, l'artiste en question crée des œuvres d'art. Des pièces uniques. L'aspect vente au public ne peut être pris en compte. D'ailleurs y a-t-il des gens dont le métier était critique d'art dans ce monde ? J'en doute.L'extrapolation vers le romancier, ses livres, la diffusion auprès du grand public et les avis des critiques n'est pas si simple finalement.Voilà comment je vois le truc. Un personnage illustre donne un avis négatif sur une pièce issue des travaux de l'artiste. Du coup, personne ne se présente pour l'acquérir ou devenir Mécène. Peut-être de peur de froisser l'orgueil dudit illustre personnage.Dans ce cas, son avis pourrait bien avoir été "imposé" aux autres...Mais bon là c'est pure imagination :D

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Ça me fait penser à l'échelle de valeurs que mon libraire met en avant lorsqu'il parle de certains blogs de critiques littéraires : "les verdicts vont d'excellent à coup de cœur... Et il n'y a pas d'intermédiaire"

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Sauf que le problème est peut-être, et tout simplement : le rythme de la symphonie n'est plus défini par ceux qui jouent, "anciens" ou "modernes", mais par les instruments. Or même les "modernes" ont appris à jouer selon les partitions des "anciens"...Euh... K.Dick n'aurait pas écrit une nouvelle en partant de ce thème ? ;)

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Pour K. Dick je sais pas mais pour être bien sûre de pouvoir comprendre ta superbe métaphore pourrais tu me dire ce que sont les instruments ? A condition que j'ai bien compris que les "anciens" sont les critiques pro et les "modernes" les blogueurs. Parce que si j'ai même pas compris ça laisse tomber j'ai pas le niveau :D

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Les instruments ce sont les média utilisés. Papier vs internet.Mais ce pourrait aussi être la forme et le contenu de la critique. Au lieu d'écrire un simple "c'est de la bebom", on va analyser, comme les "anciens" ?Me trompe-je, Ethan?

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Bon, je reconnais que je n'ai pas été très clair. Imaginez le tableau (comme je le vois, évidemment) :Les instruments sont les médias utilisés, comme l'a dit Atanaheim, mais pas Papier vs Internet, non : tous les médias. Et surtout, étape que j'avais sautée pour faire joli : les instrumentistes croient toujours maîtriser leur instrument.Les "anciens" et les "modernes", comme le dit Witch et en rapport avec le ton de l'article cité, ce sont les critiques "traditionnels" des médias "installés", et ceux des nouveaux médias.Le problème, c'est que tous ont suivi peu ou prou la même formation au Conservatoire. Or les instruments commencent à prendre le pouvoir, et "Anciens" comme "Modernes" se rendent peu à peu compte qu'ils ne jouent plus juste. Ils croyaient connaître la Symphonie sur le bout des doigts, et comment l'interpréter au mieux, or ce sont les instruments qui désormais dictent peu à peu la Mélodie. Pas la Symphonie, la Mélodie. Problème.Ou quand la Création échappe à ses Créateurs, qu'ils soient "anciens" ou "modernes", comme on dit, alors qu'ils sont sûrs d'en avoir tous les codes.Donc je pense que dans son article Peter Stothard a une vision très étriquée de ce qu'il fait, et que cette vision peut aisément et à juste titre rendre hilares ou ulcérer les personnes adeptes des "nouveaux" médias. Et que celles-ci ne se rendent pas compte qu'elles-mêmes sont déjà dépassées, non par les avancées technologiques, mais par le fait que les médias et leurs effets ne sont déjà plus maîtrisables par ceux qui les ont créés (et non, je ne le joue pas remake cheap de Terminator). :pBref, et pour reprendre l'analogie première, la Symphonie commence à se détacher de la Composition, créant sa propre Mélodie à partir des sons que produisent des instrumentistes certains de connaître tout de la Musique, qu'ils soient allés au Conservatoire il y a 50 ans avec le violon de la famille ou qu'ils soient jeunes autodidactes ayant saigné du bout des doigts sur une copie japonaise de Strato pourrave.Sur ce, je prie les mânes de Philip K. Dick de me pardonner, mais l'occasion était trop belle, même sans remontée intempestive. :DD'autant qu'il le sait comme Moi, Mon dieu auquel je ne crois pas me pardonnera, parce qu'il M'aime bien, à la fin des fins. :lol:

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Puisque le mensonge régit notre société actuelle... ça ne m'étonne guère. Et puis les avis "mytho" sur Amazon sont légion, j'espère que tout le monde le sait. Pour cette raison, les seuls avis que je regarde sont ceux qui sont (très) négatifs.Et puis, pour la lecture, ils n'ont qu'à passer sur Elbakin... ;)