41
Bon déjà, je suis d'accord avec vous, chacun a suivi son chemin qui l'a amené à la Fantasy, etc. Mais, ça ne règle pas le problème statistique auquel on est arrivé (même si la question première était plutôt individuelle) :) Je me pose la question... Ces enfants élevés dans les Cévennes leurs parents apiculteurs (du miel de bruyère et de sapin :) ) , dont tu parles, à l'écart des pressions et/ou ouvertures de l'ère de l'information, moi je ne les voit pas moins attirés par la fantasy que d'autres. Par contre, un mousquetaire du XVIè siècle, je le vois me rire au nez quand je lui parle de fées et d'épées magiques ! Quelqu'un peut m'expliquer ça ? A moins que je me trompe complètement... C'est pourquoi finalement, je ne pense pas que ça soit tellement lié que ça à un besoin d'évasion spécifique au monde matériel d'aujourd'hui (ont été cités la société de consommation, la science, le technique...), mais plutôt une sorte de phénomène de société beaucoup moins cernable, je sais pas trop... On peut peut-être retourner la question et regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé, à votre avis quel est l'avenir de la Fantasy ? Est-ce qu'elle va s'éssouffler, continuer à se diversifier, devenir inutile et dépassée ? Evidemment, c'est que des conjectures, mais ça peut éclairer le bignou.. Et autre chose, quand vous prenez un bouquin de fantasy entre vos mains, êtres vous dans un état d'esprit particulier ("raah j'en ai marre de ce monde faut que je m'évade, vite, vite !!" :) ) Parce que si c'est le cas, ça expliquerait bien des choses ! Et je parle par opposition à d'autres bouquins, Eolle tu dois être bien placée pour répondre :p Personnellement, même si lire c'est quand même en premier lieu un loisir et un plaisir, ça m'étonnerait pas de me rendre compte qu'il y a un peu -- quand même -- de ça... Mais, c'est surtout parce que je rentre à fond dans les bouquins, et "trouver" de nouveaux trucs, je sais pas si vous voyez ce que je veux dire par là :) Pour la religion, ça m'étonne qu'il y en ait pas plus... C'est tabou à ce point là ? Pas pour toi Eolle en tt cas :) J'ai un exemple dans les portes de la mort : les Guèges en adoration devant la Bougonne-Batte. :)

42
Moi aussi, je suivrais les traces d'Halbarad, je pense. Ce qu'il décrit me plait assez, et surtout, propose une vision, disons, globale. Car Zébulon, je crois que tu perds un peu de vue tous les auteurs qui écrivent de la Fantasy dans un cadre comtemporain ! En dernier lieu, je prendrais l'exemple d'Eoin Colfer pour Artemis Fowl. Le monde de ces aventures est le notre, avec souvent des soucis très terre-à-terre, et on ne peut pas dire que la Fantasy soit alors un " refuge " de valeurs égarées, plutôt que dire perdues au passage. Enfin, bref, je viens seulement de me lever, il ne faut pas trop m'en demander. ;)

43
d'une vision globale c'est que même si elle est séduisante elle a tendance à simplifier un problème qui est par nature complexe...tout ça pour dire qu'ici comme ailleurs, il y a du vrai aussi bien dans les arguments de Zébulon que d'Halbarad. D'ailleurs je ne les trouve pas contradictoires du tout ! J'ai un point de vue qui pourra sembler un peu "mystique" mais en lequel je crois profondément. Je crois totalement en la vision qu'un certain nombre d'auteurs de Fantasy (Tolkien le premier) ont de l'homme, vision qui ne date d'ailleurs pas d'eux. Je crois que l'homme est une créature fondamentalement "en mouvement", au sens où il ne se satisfera jamais de son état, quelque soit son degré d'avancement dans n'importe quel domaine. L'homme a toujours cherché à dominer, c'est sa tendance principale. Comme l'a bien résumé Zébulon, ça a commencé avec les mythes, puis la religion, et aujourd'hui la science. Cet aspect n'est pas "mauvais" comme certains nostalgiques d'un âge d'or mythique ont tendance à l'affirmer. Il est amoral, c'est une caractéristique. Il est aussi bien à l'origine de choses terribles (la guerre, l'exploitation forcenée des ressources naturelles, l'extermination de certaines espèces...) que de choses magnifiques (les sciences, l'exploration, la civilisation même...). Mais l'homme a CONSCIENCE de cela, et c'est pourquoi il s'interroge sans cesse sur ces choses là, au lieu de les faire tout simplement. C'est là je crois l'origine de l'art, de la philosophie : le questionnement. En fantasy, je perçois tout cela fort clairement à travers les différentes races peuplant ces mondes imaginaires. Avez vous remarqué qu'à chaque fois l'homme y est caractérisé par ces choses dont je parle, alors que les autres races incarnent souvent des traits plus "conservateurs"? C'est toujours l'homme qui est à l'origine des changements du monde, de son évolution (en bien ou en mal). Je crois donc que la fantasy représente aussi cela : un moyen moderne de s'interroger sur toutes ces choses, un moyen qui trouve un bon écho aujourd'hui, à la fois pour les raisons que vous avez déjà évoquées, mais aussi parce que ce cadre "intemporel" et "idéal" fait balance avec un monde qui change très vite. (Imaginez la somme d'évènements de ce siècle comparé à d'autres !) C'est donc un moyen de dire houlà stop ! Ca va vite, on se calme j'ai toujours besoin de me poser des questions mais là c'est plus possible ! Ca ne sous-entend pas que cette accélération est "bonne" ou "mauvaise", mais que l'homme moderne, entraîné par son mouvement, n'a plus le temps d'assimiler tout ce qui arrive, et qu'il trouve des moyens pour essayer d'y parvenir malgré tout. Je ne crois donc pas, Zébulon, que la fantasy ne soit qu'une manifestation de la nostalgie d'un âge d'or, elle s'inscrit aussi dans un cadre moderne. Je ne crois pas non plus, Halbarad, qu'elle ne soit qu'une évasion dans un monde trop compliqué : elle se nourrit de ce monde tout autant que d'autres genres littéraires. Mais il y a bien sûr du vrai dans toutes ces approches...et la mienne est sans doute trop idéaliste, mais c'est l'écho de ma conception de notre espèce...:) :) :)

44
On a évoqué Dieu plus haut. Mais bizarrement il ne joue aucun rôle dans la fantasy. La religion est quasi absente de la fantasy. Tolkien a crée Eru, et pourtant il n'y a de cultes ni d'Eglise dans les terres du milieu. Etant donné le besoin de spiritualité de L'Homme je trouve ça plutôt surprenant. Rares sont les oeuvres parlant religions : Eddings, Williams (Je parle d'oeuvres pas d'ADD ;) ) Est-ce à dire que Dieu n'a pas sa place, avec les fées et les dragons ?

45
...a-t-il justement sa place "un peu partout"...comme les anciens Dieux...l'Unique se retrouve très bien dans les dieux de la Nature, des Eléments...! :)

47
J'ai franchement envie de dire : et alors ? :) Là, je trouve que c'est pinailler un peu... ;) Pas de culte ? Bon... Je ne crois qu'il y ait une motivation volontaire des auteurs d'occulter cela. C'est plus sans doute une affaire de facilité pour son récit. Mais dans le Peuple Turquoise, il y a bien une église et de fortes croyances. Moi-même, désolé, j'ai incorporé des temples et tout ce qui va avec, ;) mais plus par un souci de réalisme par rapport au côté " culte à la romaine " qu'autre chose. Non, je pense sincèrement que c'est une affaire de goût, pas de croyances religieuses, si c'est vers cela que tu voulais tendre.

48
C'est un peu comme pour le héros orphelin ;) Beaucoup de trucs s'expliquent quand même tout simplement par les besoin narratifs des auteurs... Il ne peut y avoir un fond en toute chose.

49
mais ds les terres du milieu, il ya quand même le silmarion, et puis quand les elfes meurt c assez mystique. JE trouve que ds le crepuscule des elfes on a un peu que la religion des hommes remplace la magie, non ,

50
Mais le ou les Dieux sont "vraiment absents" en Fantasy ? C'est bizarre, je n'avais jamais fait l'observation. Mais pourtant il y a pas souvent des histoires de Dieux anciens qui se seraient fâchés ou bien de résidus de présence de Dieu sur terre, des trucs comme ça ? Disons que leur présence n'est pas soutenue par un culte omniprésent, mais elle est quand même là. Il ya peut-être là en effet un "copier/coller" de notre vision moderne. Cependant, toutes les légendes et prophéties qui construisent parfois l'intrigue en fantasy (type l'élu, la destruction finale etc...) ce n'est pas justement lié à la croyance et donc, d'une manière sous-jaçante, à une présence divine ? Ou du moins d'une force ou d'un esprit, supérieur à l'entendement humain ? Le seule vraie différence étant qu'en Fantasy, le miracle, et donc la volonté supérieure, se voit et pas dans notre monde à nous ? En plus, du fait que nous sommes dans le domaine "magique", je repensais à l'histoire de "Harry" brulé par une paroisse américaine pour "sorcellerie". Dans notre monde, la magie est une forme d'hérésie en comparaison à une religion. Mais en Fantasy, les sources mêmes de la magie peuvent donner lieu à un culte... Etrange, non ?

52
Toute cette discussion est franchement intéressante, je regrette d'y arriver si tardivement ;) Je ne vais pas tout reprendre, mais je partage notamment l'avis d'Eolle pour ne pas m'intéresser à la fantasy avant tout comme "moyen d'évasion". S'il y a une libération, ce n'est pas une fuite pour autant. En fait, comme le dit bob rpg, j'aime la fantasy car elle apprend à regarder les choses autrement. La littérature dite traditionnelle se déroule en règle générale dans notre monde : l'histoire peut être imaginée, mais le cadre reste habituel. Lorsqu'un personnage se saisit d'un verre, on ne prête pas attention à cet objet car il nous est familier. Au contraire, dans la fantasy, tout est à découvrir : l'objet le plus banal peut cacher un profond mystère. La fantasy apprend à se libérer de la familiarité trompeuse du quotidien. Ce n'est pas une fuite de la réalité, mais une prise de distance pour mieux y revenir. Pour mieux voir un tableau, il est parfois préférable de prendre un peu de recul pour mieux l'apprécier, au lieu d'avoir le nez collé dessus. Certes, l'art en général remplit cette fonction de nous apprendre à voir autrement la réalité (c'est pourquoi nous sommes nombreux à ne pas nous en tenir à ce seul genre), mais la fantasy va plus loin en dépassant le présupposé habituel d'un monde familier. L'étonnement est permanent. Pour répondre à l'une des (nombreuses) questions de Zébulon, la fantasy me semble mieux jouer ce rôle que la science-fiction car elle revient aux choses mêmes. La science-fiction, au contraire, développe l'environnement techniciste qui est le nôtre. Cela n'implique pas pour autant que l'amateur de fantasy soit un inadapté au monde actuel. Aimer voir les choses autrement ne signifie pas que l'on ne peut pas les accepter telles quelles, ni vivre avec. Ce n'est pas incompatible. S'il fallait poursuivre cette réduction, ce serait l'art en entier qui vacillerait. L'alternative n'est pas binaire : d'un côté les inadaptés sociaux qui aimeraient la fantasy, de l'autre côté les adaptés sociaux incapables de lire de la fantasy. La palette est plus large. Regarder la réalité différemment ne s'identifie pas avec le fait de vouloir vivre dans une réalité différente. Si j'osais, je dirais même que c'est celui qui ne s'en tient qu'à son quotidien qui est le plus dans l'illusion ;) Il s'imagine que tout ce qu'il voit est la réalité même, que "c'est du concret". Or on n'a pas accès directement à cette réalité dite "objective". La fantasy, comme la philosophie notamment, dénonce ces fausses évidences familières, celle-ci par la raison, celle-là par l'imagination. Fangorn, qui arrive en retard

53
.......en tant que nouveau je n'ai pas encore donné mon avis sur cette question. en ce qui me concerne la fantasy n'est qu'un autre domaine de ce que je préfère : les romans "historiques" traitant plus ou moins du moyen-age. j'ai d'abord commencé par des livres plus réalistes, se passant dans notre monde sans éléments fantastiques. (Ken Follett - les piliers de la terre est un bon exemple). puis je suis passé à la touche fantastique avec les celtes et les druides, ainsi qu'avec la légende arthurienne. Les romans originaux comme des versions modernes, mais toutes du même domaine. enfin j'ai changé de monde et je suis passé à la fantasy. la on ne parle plus de l'angleterre ou de l'europe, (ou si peu) et d'office il y a de la magie et l'on se retrouve dans une époque pseudi-moyenageuse. j'ai continué par chercher des légendes nordiques mais elles sont bcp plus rares en versions romancées. si vous pouvez m'aider j'en serais ravi. ce cheminement révelle d'une passion pour le passé, mais pas n'importe lequel. l'antiquité ne me plait pas, et par exemple je viens de commencer vengeance, de F. Colin, et les noms latinisés (Tirius, Nédème, Polonius) dans un environnement plus sec et aride me fait penser plutot à l'antiquité et du coup j'accroche déjà bcp moins. "Ma" fantasy doit plutot se passer dans le nord, sous la bruine ou la neige, dans des chateaux froids et humides, dans des forets denses et mystérieuses.... L'automne, l'hiver (si souvent repris dans la fantasy comme l'action du mal - je pense à Williams) et les montagnes ou les marches du nord sont des éléments essentiels pour que j'apprécie vraiment..... Je voulais mettre mon avis car il fait rentrer la fantasy dans un cadre bcp plus général dont nombre d'entre vous doivent certainement apprécier aussi. un cadre qui fait écho à une profonde attirance vers le passé et vers la magie. raf

54
Tiens, c'est marrant, je suis de plus en plus attiré par une Fantasy tournée sur l'Antiquité, plus originale... :) En tous cas, il y a un sujet sur Vengeance, si jamais un jour il te dit de donner ton avis après lecture. :)

55
promis gillo, des que j'ai fini je remonte le sujet.... je peux déjà dire que ca risque de parler justement de l'époque à laquelle se réfere l'auteur, si ca se justifie encore à la fin, et du climat.... éléments importants de la Fantasy je trouve !! en fait ce truc me rumine assez et tout comme toi, je suppose, je me suis dis "tiens, si je voulais découvrir un truc plus original je prendrai de la fantasy qui fait référence à l'antiquité plutot qu'au moyen-age" mais voila, j'accroche pas trop..... enfin, colin n'est pas le sujet ici. Combien d'entre-vous aiment la Fantasy entre-autre parce qu'elle rentre dans ce shéma "nordique-moyen-ageux" ?

56
Personnellement je n'ai jamais vraiment été attiré par le moyen-âge (les chevaliers, Lancelot, le roi Arthur, etc...), et je ne me suis jamais interressé aux légendes dites "nordiques" donc je n'y connais rien... Et pourtant, j'adore la Fantasy. Je suis entièrement de l'avis de Fangorn, dans le sens où la Fantasy peut, si elle le souhaite, revenir à des notions plutôt vierges et en quelque sorte isolées des aléas du quotidien (aussi bien la sagesse que des trucs hyper simples, tout à l'heure encore je lisais T.Williams et j'était tout heureux de la façon dont il décrit les escapades du gars dans le château... Même si ça tend un peut trop vers Pug l'Apprenti pour le moment, j'espère que j'ai bien fait d'écarter mes préjugés comme... mais là, je m'égare :) ). Evidemment, on pourrait croire qu'en disant ça j'exprime mon dégout de ce qu'est devenu le monde aujourd'hui et de son impureté, mais c'est pas ça du tout... On peut très bien situer un récit dans le plus pur courant "Fantasy" et qui a pourtant lieu de nos jours ou presque (Artemis Fowl il me semble, ainsi qu'Archi dans une certaine mesure). Donc bref, non, je ne relie pas moyennagerie et Fantasy....

57
Tout d'abord, je dois dire que la Fantasy est peut-être mon genre préferré (je dis peut-être car comme Eolle, je ne passe pas la totalité de mon temps à cela, dernièrement je me suis lancé dans Hamlet en vieil anglais (c'est relativement dur mais je trouve ca assez génial, c'est parfois aussi épique que de la Fantasy moderne...), donc je ne suis pas un "fantasiesque" pur). Mais je dois dire que la Fantasy a quand même un petit quelque chose de plus que les autres genres selon moi (cela ne sous-entend pas que les autre genres soient nuls bien sûr). Si je devais définir ce petit quelque chose, je pense que cela concernerait le décor ou encore l'histoire mais cela ne fait tout à mon avis, c'est juste une partie d'un tout comme l'invention de races (qui representent nos bons et nos mauvais cotés, regardez les elfes et les orcs dans le SDA, les uns protègent la nature tandis que les autres la polluent, un petit parrallèle avec aujourd'hui : on pollue et on souhaiterait que cela aille mieux...), mais ce peut-être également de nouvelles langues... Bon cela reste quand même assez indéfinissable comme sentiment, une partie du charme vient de là, je pense...

59
C'te question... Sinon, j'aime la Fantasy pour les mêmes raisons que j'aime la SF, les mythes, les autres cultures, etc. : ses différences. D'autres mondes, d'autres situations, d'autres réalités... Et puis, n'est ce pas agréable de chercher des Elfes en forêt? Même si, raisonnablement, on sait qu'il n'y en a pas... Et si... ??? "Le mystère est le meilleur artisant du merveilleux" ;)