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Quelle tristesse. La disparition d'un maître. Adieu, et merci pour tous ces fabuleux voyages.The Long TomorrowWitch a écrit :L'illustration et la bande dessinée perdent un grand nomMort de Jean Giraud alias Moebius
http://www.elbakin.net/fantasy/news/164 ... as-Moebius
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Fabrice Colin lui rend un bel hommage
http://fabrice-colin.over-blog.com/arti ... 48130.htmlEt des vidéos sur Sendak
http://www.elbakin.net/fantasy/news/168 ... -interview


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Pour moi, un des plus grands auteurs latino-américains du XXe, un des plus grands tout court. Un des chaînons manquants aussi - sans doute aucun- entre fantasy et "littérature avec un grand L". J'ai pleuré mardi, J'ai pleuré mercredi. Hier jeudi je les ai réuni lui et d'autres chouchous autour de moi. Sur mon chevet, il y a à présent Carpentier, Rulfo, Marquez, Lezama Lima, Borges, Fuentes. Tous sont partis, il était le dernier de son espèce. Les aztèques avaient prévu la fin du monde en 2012. A présent, j'y crois.
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La mort de Carlos Fuentes ne m'a pas du tout laissé indifférent non plus. Je n'ai pas pleuré en revanche. C'était un grand intellectuel. Je n'ai lu qu'un roman de celui-ci dans le cadre de mon cours de littérature comparée de ce semestre en L3 de lettres modernes avec pour thématique "l'écriture de la mort". J'ai eu un coup de coeur pour cet écrivain en étudiant et lisant ce roman qui est "La mort d'Artemio Cruz". J'ai lu à la fois le roman dans l'édition française en poche chez Folio et un peu en langue espagnole chez Catedra. Dans l'édition espagnole, il y a une introduction d'une centaine de pages très utile car ce roman est complexe par sa construction narrative en particulier. Le roman est constitué de 3 narrations : une à la 1ere personne du singulier au présent, une à la 2e personne du singulier au futur essentiellement et une à la 3e personne du singulier aux temps du passé. Cette construction est très travaillée puisque le lecteur a accès aux sentiments, sensations, à l'intériorité du personnage principal, à ses pensées. Ce sont, en tout cas indubitablement pour le récit en "je" et en "tu" des monologues intérieurs. Pour le récit en "il", ce sont toujours les pensées du personnage qui dominent, ses souvenirs mais celui-ci n'a pas eu accès à tous les évènements, ce qui veut dire que un autre narrateur plus traditionnel prend en charge le récit. Le roman est construit en séquences qui imbriquent les 3 récits, seul le récit en "il" est marqué chronoliquement par une date. Les séquences sont au nombre de 12 ou 13 si on tient compte des monologues en "je" et "tu" du moment présent des dernières heures de la vie du personnage même si ces narrations ponctuent chaque séquence et précèdent la 1ere séquence marquée par une date. C'est au lecteur de reconstruire la chronologie, certaines allusions ou propos s'expliquent au fur et à mesure de la lecture, parfois les dialogues brouillent l'identité des locuteurs. La dernière séquence lie la naissance et la mort du personnage alors que le début du roman commence par son réveil sur son lit de malade. Fuentes fait dans cette oeuvre un tableau de la société mexicaine, creuse la psychologie des personnages principaux, la Révolution mexicaine sur le plan historique a une importance. L'écriture est baroque par des associations particulières de termes, la construction des phrases est un peu proustienne, la ponctuation mime le chaos de pensées du personnage, il y a pas mal d'aposiopèses, des ":" à la suite les uns des autres, ce ne sont que deux exemples. C'est un roman très riche et très intéressant tant pour son contenu du point de vue de l'histoire ou des morceaux de vie du personnage principal que du point de vue littéraire et stylistique. Le personnage principal a de multiples facettes et il peut être à la fois détestable et en même temps touchant par moments. Ce roman est une méditation sur la condition humaine, le destin d'un homme. La question de l'identité est fondamentale dans ce roman. J'ai comparé certains passages étudiés en cours dans les deux langues et il y a quelques modifications dans la traduction française et même quelques ajouts ou oublis. Ce roman m'a passionné. Il est dur évidemment, pas seulement par ce qu'il relate par moments mais surtout à cause de la construction chronologique bouleversée, ses spécificités sur le plan de la narration, son style. J'ai dans ma bibliothèque les deux volumes en poche de "Terra nostra" chez Folio.