Posté : sam. 29 déc. 2018 15:27
Je réponds ! 
Je ne vais pas m'étendre sur la question du changement de traducteur, si ce n'est en soulignant qu'Emmanuel et moi avons essayé de développer un style aussi proche que possible en termes de construction de phrase, choix de vocabulaire etc, chacun relisant le travail de l'autre. Disons que nous avons tout fait justement pour que ce changement se voie le moins possible.
Par contre à l'époque où j'ai découvert les Portes de la Maison des Morts en VF (avec l'édition Calmann Lévy), j'ai trouvé qu'il y avait une réelle différence de style par rapport aux Jardins de la Lune. Je croyais que c'était lié là encore à un changement de traducteur (Marie-Christine Gamberini pour le 1 et Minos Hubert pour le 2 dans l'édition CL), mais en fait cette différence se retrouve également dans la VO, de façon flagrante.
Le style des Portes est parfois empesé en VO, c'est incontestable. Pour en avoir discuté avec Emmanuel, c'est un souci qui n'apparaît pas vraiment avec les Jardins de la Lune (d'ailleurs j'ai aussi lu GOTM en VO et ça ne m'a pas sauté aux yeux). Mais les deux romans ont été écrits de façon très différente. Les Jardins a mis une dizaine d'années à se faire publier, Erikson ayant été amené à remanier maintes fois son texte de sorte à pouvoir séduire (ou ne pas rebuter) les éditeurs. Les Portes, c'est tout l'inverse : il a dû l'écrire très vite, d'un seul jet, ce d'autant qu'il avait commencé par rédiger d'abord Les Souvenirs de la Glace et qu'il a perdu son texte à cause d'un plantage informatique (ou d'une disquette égarée, je ne sais plus). Du coup, démoralisé, il s'est rabattu sur l'histoire des Portes, mais ça a dû encore ajouter une contrainte de temps. C'est peut-être une explication, mais pour être honnête ça reste du domaine de l'hypothèse.
Point très important, ce style "alambiqué" (pour reprendre le terme employé par croutee) se retrouve de façon particulièrement criante au tout début du livre, sur le prologue, le chapitre 1 et jusqu'à la moitié du chapitre 2, soit jusqu'à la page 70-80 environ. Après il y a un petit "déclic" qu'à titre personnel je ne m'explique pas, mais ceux qui possèdent l'ancienne VF de chez CL pourront sans doute faire le même constat avec le texte de Minos Hubert (je l'ai fait pour ma part à l'époque). J'avoue que ça m'a bien embêté quand j'ai rendu mon texte à Leha, et j'ai signalé d'emblée ce "problème" à l'éditeur et à la correctrice. Cependant nous avons retourné la question dans tous les sens, et à part totalement trahir le texte d'origine et réécrire le début du roman, il n'était pas possible de faire autrement. Tout ça pour dire que certains trouveront peut-être le début du livre bizarrement tourné, mais ce défaut s'atténue sensiblement dès le milieu du chapitre 2.
Donc pour répondre à croutee, je te conseille vraiment de persévérer
. Certes, Erikson n'a pas un style particulièrement simple à lire, en particulier dans ce tome 2, mais il s'améliore très largement au fil des pages. En plus tu verras, l'histoire vaut vraiment le coup. Là, tu n'es pas encore entré dans le vif du sujet 
Et je voudrais finir sur cette remarque : des quatre romans que j'aie eu à traduire jusqu'ici, Les Portes de la Maison des Morts est celui qui m'a donné - et de très loin - le plus de fil à retordre. Deux raisons essentielles : un temps de travail beaucoup plus restreint (délais à tenir plus serrés), mais aussi un style - encore une fois - plus difficile à transcrire avec fluidité. Erikson s'améliore clairement dans les romans suivants : c'est criant dès les Souvenirs de la Glace qui, pour le coup, possède une narration bien plus fluide, et l'auteur s'améliore encore avec le tome 4 (La Maison des Chaînes) et surtout sur le 5 (Les Marées de Minuit). J'ai déjà eu l'occasion de le dire, mais ce n°5 est une merveille d'écriture. Bref, Erikson s'améliore très largement au fil des pages de ce tome 2, mais aussi lors des tomes suivants !

Je ne vais pas m'étendre sur la question du changement de traducteur, si ce n'est en soulignant qu'Emmanuel et moi avons essayé de développer un style aussi proche que possible en termes de construction de phrase, choix de vocabulaire etc, chacun relisant le travail de l'autre. Disons que nous avons tout fait justement pour que ce changement se voie le moins possible.
Par contre à l'époque où j'ai découvert les Portes de la Maison des Morts en VF (avec l'édition Calmann Lévy), j'ai trouvé qu'il y avait une réelle différence de style par rapport aux Jardins de la Lune. Je croyais que c'était lié là encore à un changement de traducteur (Marie-Christine Gamberini pour le 1 et Minos Hubert pour le 2 dans l'édition CL), mais en fait cette différence se retrouve également dans la VO, de façon flagrante.
Le style des Portes est parfois empesé en VO, c'est incontestable. Pour en avoir discuté avec Emmanuel, c'est un souci qui n'apparaît pas vraiment avec les Jardins de la Lune (d'ailleurs j'ai aussi lu GOTM en VO et ça ne m'a pas sauté aux yeux). Mais les deux romans ont été écrits de façon très différente. Les Jardins a mis une dizaine d'années à se faire publier, Erikson ayant été amené à remanier maintes fois son texte de sorte à pouvoir séduire (ou ne pas rebuter) les éditeurs. Les Portes, c'est tout l'inverse : il a dû l'écrire très vite, d'un seul jet, ce d'autant qu'il avait commencé par rédiger d'abord Les Souvenirs de la Glace et qu'il a perdu son texte à cause d'un plantage informatique (ou d'une disquette égarée, je ne sais plus). Du coup, démoralisé, il s'est rabattu sur l'histoire des Portes, mais ça a dû encore ajouter une contrainte de temps. C'est peut-être une explication, mais pour être honnête ça reste du domaine de l'hypothèse.
Point très important, ce style "alambiqué" (pour reprendre le terme employé par croutee) se retrouve de façon particulièrement criante au tout début du livre, sur le prologue, le chapitre 1 et jusqu'à la moitié du chapitre 2, soit jusqu'à la page 70-80 environ. Après il y a un petit "déclic" qu'à titre personnel je ne m'explique pas, mais ceux qui possèdent l'ancienne VF de chez CL pourront sans doute faire le même constat avec le texte de Minos Hubert (je l'ai fait pour ma part à l'époque). J'avoue que ça m'a bien embêté quand j'ai rendu mon texte à Leha, et j'ai signalé d'emblée ce "problème" à l'éditeur et à la correctrice. Cependant nous avons retourné la question dans tous les sens, et à part totalement trahir le texte d'origine et réécrire le début du roman, il n'était pas possible de faire autrement. Tout ça pour dire que certains trouveront peut-être le début du livre bizarrement tourné, mais ce défaut s'atténue sensiblement dès le milieu du chapitre 2.
Donc pour répondre à croutee, je te conseille vraiment de persévérer


Et je voudrais finir sur cette remarque : des quatre romans que j'aie eu à traduire jusqu'ici, Les Portes de la Maison des Morts est celui qui m'a donné - et de très loin - le plus de fil à retordre. Deux raisons essentielles : un temps de travail beaucoup plus restreint (délais à tenir plus serrés), mais aussi un style - encore une fois - plus difficile à transcrire avec fluidité. Erikson s'améliore clairement dans les romans suivants : c'est criant dès les Souvenirs de la Glace qui, pour le coup, possède une narration bien plus fluide, et l'auteur s'améliore encore avec le tome 4 (La Maison des Chaînes) et surtout sur le 5 (Les Marées de Minuit). J'ai déjà eu l'occasion de le dire, mais ce n°5 est une merveille d'écriture. Bref, Erikson s'améliore très largement au fil des pages de ce tome 2, mais aussi lors des tomes suivants !