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La couverture et le résumé : Je voulais écrire un livre sur les territoires frontaliers en un temps d’affrontement de grande ampleur entre des empires et des religions, mais avec des personnages qui ne soient pas des figures politiques ou militaires dominantes du conflit. Ce seraient plutôt des hommes et des femmes s’efforçant de façonner, voire de contrôler, leur propre existence en traversant ce conflit ou en cheminant à ses marges. Ces territoires, ce sont les Balkans de la fin du XVe siècle, vingt-trois ans après la chute de Sarance (Constantinople), le monde méditerranéen entre la République de Séresse (Venise) et Asharias (la désormais ottomane Istanbul).Il y a là Danica Gradek, fougueuse amazone de la cité pirate de Senjan ; Pero Villani, jeune artiste séressinien dépêché en Asharias pour y peindre le portrait du conquérant ; Marin Djivo, cadet d’une grande famille marchande de Dubrava ; Leonora Valeri, fille reniée de la noblesse batiare en mission d’espionnage ; et celui qu’on nomme Damaz, futur djanni dans l’infanterie d’élite du calife.Cinq personnages parmi tant d’autres, en quête de leur destinée. Leurs parcours vont se croiser, s’entrelacer, saisis dans le grand mouvement de la politique, des rivalités économiques, de la guerre et du choc des religions. Entre le hasard des rencontres et la nécessité du courant tumultueux de l’histoire, les êtres humains n’en sont que plus poignants. Nous sommes les enfants de la terre et du ciel.

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Sans connaitre le roman, je la trouve...étrange, déséquilibrée. En tout cas, pas à la hauteur de celle du Fleuve céleste.Ça ne m'empêchera pas de l'acheter cela dit.

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Bonne nouvelle cette sortie française. Je commençais à manquer de lecture. ;)Ce qui m'impressionne toujours avec GGK c'est d'une part sa capacité à recréer des cadres historiques cohérents et d'autre part sa capacité à aborder avec brio de multiples époques différentes. J'ai hâte.

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J'ai terminé enfants de la Terre et du Ciel avec le même pincement au coeur qu'en refermant la plupart des livres de GGK. La fin pleine de poésie, sur les tons doux-amers, ne me laisse jamais indifférent.Sur le livre lui-même, j'ai plongé avec passion dans cette guerre des balkans" au XVème siècle en découvrant avec délectation le style historique toujours aussi fouillé de l'auteur. Chaque détail est étudié et minutieusement vérifié pour constituer cette atmosphère particulière des romans de Kay. Les personnages sont pour la plupart réussis, avec une mention spéciale à certains (l'impressionnante impératrice Euridice, Marin, les senjans...). J'ai lu sur certains retours qu'il était reproché notamment les changements trop fréquents de point de vue ou encore la lenteur du déroulement de l'intrigue qui s'accélère sur la fin mais ça ne m'a pas gêné. Mon intérêt pour l'histoire et l'Histoire s'est maintenu de bout en bout et le livre a été dévoré en quelques jours. Quant aux changements de point de vue ils ne m'ont pas empêché de m'intéresser au destin des différents personnages.Pour ma part un livre réussi qui n'atteint pas mon top 3 des livres de l'auteur mais qui s'en approche de très près. :)

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J'ai eu une première impression étrange à la lecture du début de ce livre. Contrairement aux précédents je ne me suis pas tout de suite senti, du point de vue du style, dans un "Gavriel Kay", alors que Sarance, Arbonne ou Al-Rassan avaient sur moi une force d'immersion impressionnante et des tournures de phrase me semblant fort proches d'un livre à l'autre. L'usage fréquent, au début tout du moins, des parenthèses, m'a laissé quelque peu sceptique. Passons vite sur ces quelques remarques pour évoquer les forces de l'ouvrage évoquant un épisode de l'histoire (Senj) qui m'était inconnu. Le livre contient quelques passages particulièrement réussi et Guy Gavriel Kay parvient comme toujours à dépeindre des personnages attachants et crédibles mais il n'est toutefois pas parvenu cette fois-ci à susciter chez moi les émotions qu'ils parvenait à éveiller d'habitude. L'aspect artistique, malgré le rôle majeur du peintre, n'a pas cette fois-ci fait l'objet de pages aussi fortes qu'une chanson dans une taverne Arbonnaise ou qu'un jeu des triades dans le hall de Brynn ap Hywll. Là où la mélancolie subsistait longtemps après lectures des dernières lignes il n'est cette fois-ci que souvenir d'une belle lecture, certes de grande qualité mais n'atteignant pas à mon goût les plus belles pages de l'auteur.(Auteur qui n'a jamais écrit la tapisserie de Fionavar. Inutile d'insister, je ne veux pas l'admettre)

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J'ai achevé hier soir Les enfants de la Terre et du Ciel. Aucune déception pour moi, le livre a été lu aussi rapidement que les précédents Kay, toujours cette même force d'immersion, ce style d'une limpidité extrêmement évocatrice, et ce cadre des Balkans, c'est à la fois original, familier, prenant.

Cela dit, s'il fallait "hiérarchiser", je dirais quand même que j'ai eu plusieurs fois le sentiment d'un essoufflement par rapport à l'intensité dramatique de Sarance et les Lions. Comme les personnages sont toujours aussi réussis, ainsi que les dialogues et les scènes d'action, j'attribuerais cela (à l’inverse de la critique du site) à un léger manque de fond dans la réflexion, qui a du mal à "décoller" par rapport à des passages vraiment remarquables dans les deux autres titres cités plus haut. Bon, cela dit on est chez Kay, l'altitude est déjà tout à fait appréciable.
Dans les arcs narratifs, ma préférence va à Marin et Damaz ; j'ai trouvé Danica un peu caricaturale parfois,
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m'a furieusement fait penser à du Gemmel, sans que je sache vraiment pourquoi. Peut-être ce roman de l’auteur dont j'ai oublié le nom, où un dénommé "Daykeras", je crois, parle intérieurement avec son frère jumeau défunt, figurant une pensée schizophrénique qui permet à l'auteur de proposer une assez belle mise en perspective des limites entre la raison et la folie.
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Globalement, je trouve que les incursions de Kay dans la magie ne sont pas toujours des plus abouties. Cela m'avait déjà donné ce sentiment pour les visions du fils Belmonte dans les Lions, qui donnent souvent l'impression d'une facilité narrative pour résoudre une situation inextricable pour les héros. Je pense que les livres seraient aussi bon sans le recours explicite à la magie. Dans Sarance, toutefois, j'avais beaucoup apprécié les oiseaux mécaniques et leur voix intérieure.
Sinon, le point fort du roman, outre le cadre et les personnages, serait pour moi, précisément, l'aspect choral de la narration, parfaitement dosé, qui donne de l'ampleur sans sacrifier à la profondeur de chaque arc. Dans Sarance, j'avais trouvé la succession des points de vue parfois un peu confuse, avec trop de personnages de second plan en point de vue.
Sans être précipitée, la fin est un peu prévisible.
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J'ai malgré tout passé un très bon moment de lecture, et avec des auteurs pareils, on devient toujours plus exigeants…
Et je me réjouis d'avoir encore quelques Kay de retard !

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Fini il y a peu pour le compte de la revue Bifrost, je vous reposte mon avis dessus :

Les Éditions L'Atalante aiment Guy Gavriel Kay et continuent à le publier avec cette fois le dernier opus en date écrit par le monsieur : Enfants de la Terre et Du Ciel.
Pour les habitués de Kay, nous sommes en terrain connu, c'est à dire de l'historique camouflée en fantasy voire l'inverse, où l'on se retrouve dans la région des Balkans revue et corrigée du XVème siècle dans laquelle on suit 5 personnages entre Séresse (Venise), Asharias (Constantinople) et Dubrava (Dubrovnik) dans une époque de guerre et de chagrins.
Il y a donc Pero Villani, un peintre illustrement inconnu, Marin Djivo, un marchand de Dubrava, Danica Gradek, guerrière de la cité pirate de Senji, Leonara Valeri, fille reniée et espionne au service de Séresse et Damaz, djanni au service du calife Gurcu.
Grâce aux destins croisés de ces personnages, Guy Gavriel Kay nous plonge avec délice dans une période historique relativement peu connu mais change cette fois de perspective. Il n'y a pas d'immenses batailles dans Enfants de la Terre et du Ciel mais des escarmouches et des petits personnages qui semblent n'avoir que peu d'importance sur l'échiquier des grands de ce monde. Pourtant, Kay démontre qu'un grain de sable peut déclencher une avalanche et que la course du monde peut dévier même par le plus modeste des héros. Mélancolique et touchant, son histoire accuse certainement un didactisme exagéré (qui permet aussi au lecteur de ne jamais se perdre dans la complexité du background) mais elle laisse surtout un sentiment d'ébahissement face au talent de conteur passionné et passionnant du canadien.
Une fois de plus, voici de la fantasy de (très) haute volée qui a l'intelligence d'être une véritable réflexion sur l'humain et notre propre histoire.