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par patrice louinet
Istar
Jamis lu de Ehart, donc je ne peux rien dire dessus.Je déteste le terme "sword and sorcery", et tout juste un peu moins "heroic-fantasy". Le premier est une étiquette à deux balles sensée définir un genre. Il y a une épée, de la sorcellerie, pan, c'est la sword and sorcery. C'est en terme de contenu et d'originlité dans la démarche qu'il faut raisonner à mon sens. C'est Howard qui a donné naissance à ce courant. Il y avait de la Fantasy avant lui, mais elle était de tradition européenne (même si c'étaient des Américains qui l'écrivaient); on y retrouvait les obsessions classiques du genre: contrées merveilleuses, destin hors-normes, pucelles en danger, dragon, etc, dans un climat enchanté. Howard a fait exploser tout ça. Chez lui, brusquement, quand on tue quelqu'un, les tripes giclent par terre. Quand une fille est capturée, elle va être torturée et violée. Le héros n'a rien à foutre de sa destinée royale. Il n'aime pas la noblesse, la méprise, parce que la classe dirigeante est vécue comme oppressante. L'arme n'est pas un moyen de conquérir, mais de rester libre. En clair, il a américanisé un genre européen. C'est ce qu'avait fait Dasheill Hammett avant lui pour le roman policier. La distinction reste d'ailleurs valable aujourd'hui. Un auteur de polars descend soit de A. Chrisitie/Conan Doyle/ E. Poe, soit de Hammett. Cassure similaire avec le western hollywoodien plus tard, mais plus avec Sam Peckinpah qui brise les codes fordiens pour les réactualiser, que Sergio Leone, qui lui fait au genre un enterrement de première classe en le mythifiant. J'adore, et je le répète, j'adore Léone, mais ses westerns ne sont pas réalistes, alors que je peux me fader vingt fois le final de la Horde Sauvage, j'en ressortirai toujours vidé, et en me disant que ce type avait une vision des choses assez proches de Howard. Parenthèse pour terminer: les marchés de pulps de western étaient hyper-codifiés à l'époque, mais Howard a tout de même écrit un western atypique, "The Vultures of Wahpeton", qu'il mit deux ans à vendre pour une bouchée de pain. Un western absolument génial, aussi long que "les Clous Rouges", et qui est d'une modernité époustouflante. Sans conteste l'un des dix meilleurs textes de sa carrière. Je suis sûr que si Howard avait vécu, il aurait fait des scenarios de western à Hollywood dans les années 40.Pff, ce que je peux causer...