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par Roland Vartogue
Vala
Alien 3 c'est une vieille histoire. Le public américain a adoré Aliens de James Cameron à l'époque et en a fait le nouvel étalon de qualité de cette saga. Pour voir ce que je pense de celui-là, voir la discussion sur Prometheus dans la section Science-fiction. Mais disons que je ne partage pas vraiment l'enthousiasme général.Quoi qu'il en soit, le fait que le film soit parti dans une direction radicalement différente de celle de Cameron a été vu comme un crime impardonnable (notamment parce que Fincher ne souhaitait pas s'encombrer de personnages comme Hicks ou Newt la petite fille et qu'il les a virés vite fait). Depuis lors, le film se coltine une réputation de pétard mouillé qu'il ne mérite certainement pas. Dans le même ordre d'idée, Alien résurrection a été fusillé à sa sortie alors que je le trouve tout à fait excellent. La saga Alien a toujours engendré des réactions assez contrastées...Pour rentrer dans les clous, ce pauvre Indiana Jones ne mérite pas d'être la plus grosse déception de tous les temps, ça c'est certain. Le film est inégal, on est tous d'accord pour le dire, et il manque de rythme, mais ça reste tout à fait regardable, bien plus que les adaptations lamentables comme Transformers, GI Joe ou Battleship qu'on nous sert à toutes les sauces. Le personnage d'Indy, même sur le retour, est infiniment plus charismatique que la grande majorité des héros de film.Chaque fois qu'on veut expliquer le problème du film, on brandit l'élément extraterrestre comme la cause principal de tous les maux du film. Franchement, je pense pas que ce soit là que le bât blesse. On aurait pu faire une aventure traditionnelle d'Indy dans laquelle l'artefact crâne de crystal était une relique d'une civilisation non-humaine sans pour autant que les gens trouvent ça hors de propos. Non, je crois que le film manque juste de fun tout simplement. Régulièrement, on entrevoit des bouts de scènes qui fonctionnent mais ça ne décolle jamais vraiment. Un exemple type me semble la scène de poursuite en moto. Elle commence plutôt bien, voir très bien. La bagarre dans le bar était amenée de façon amusante et le côté 50's était intelligemment utilisé. Là dessus, on a droit à quelques acrobaties plutôt bien trouvées. A toute berzingue, Indy se bat depuis la moto de Mutt avec les types dans la voiture, puis il rentre dans la voiture et distribue quelques coups avant de revenir sur la moto tant bien que mal, glissant sur la chaussée façon ski nautique. Mutt donne un coup de frein qui le fait remonter en selle façon saute-mouton tandis que le fameux thème héroïque se fait entendre. Voilà un échantillon de scène qui est du pur Indiana Jones, parfaitement exploité.Mais après ça, la poursuite se perd en détours inutiles et l'intérêt du spectateur retombe, insensiblement. Pour finir, cela s'achève par un gag improbable lorsque la moto et ses deux passagers finissent dans la bibliothèque de l'université bousculant tables et étudiants sur leur passage, et que l'un des étudiant pose une question au professeur Jones sur un de ses cours comme si de rien était. On comprend que Spielberg essaie de nous faire une scène décalée, jouant sur la double personnalité d'Indy - universitaire et aventurier - mais le gag tombe un peu à plat. Ca résume un peu tout le problème de ce quatrième Indiana Jones pour moi. Le film a de bonnes bases scénaristiques, mais il lui manque un peu de travail au dernier stade de l'écriture pour trouver son souffle.Et il y a autre chose. Les enjeux dramatiques sont aussi moins forts parce que Indy lui-même n'a plus l'occasion de jouer les aventuriers durs à cuire. Ce n'est pas que la question de l'âge en fait. C'est plutôt le fait qu'il ne tue, pour ainsi dire, personne de tout le film. Les morts des méchants sont toutes accidentelles, ou indirectes. On a un peu de mal à croire que c'est le même type qui abattait froidement un gars sur une place du Caire juste parce qu'il était venu le défier avec son sabre. Indy doit être "dangereux". Ça fait partie de son personnage, un peu comme James Bond. Là, force est de constater qu'il ne l'est plus trop, hélas.