And Midnight Tides is over. Il m'aura fallu beaucoup trop de temps pour le finir, la faute à une vie pro aux amplitudes horaires chronophage, principalement.J'ai aimé, beaucoup, beaucoup. Et je vais m'en rappeler longtemps. J'étais au courant avant la lecture du livre qu'il s'agissait d'un roman "à part" au sens où sa storyline se passait avant les événements narrés dans les 4 premiers tomes, donc ça ne m'a pas trop dérangé une fois que j'ai pu prendre mes marques avec l'univers.Cette histoire au contexte en apparence simple (2 peuples en situation de guerre froide, un oppresseur et un oppressé) a le mérite de dérouler son intrigue et ses multiples ramifications de manière si structurées qu'il est aisé de suivre le déroulé de plus en plus complexe, jusqu'au final proprement dantesque, je crois que je ne m'y ferai jamais tout à fait.La majorité des personnages possède un background et une personnalité qui les rendent uniques et quasiment tous fascinants à suivre. Ils ont tous un agenda, un ou plusieurs objectifs convergents ou divergents et qui amènent avec eux leur lot de conflit en tout genre. L'idée des deux fratries Sengar pour les Tiste Edur et Beddict pour les Letherii permet à Erikson des réflexions d'explorer les différentes facettes de ces deux races, si opposées en apparence, mais au final relativement similaires. Midnight Tides s'articule principalement autour du thème de l’enchaînement que l'on retrouve très présent chez les Tiste Edur avec l'esclavagisme, mais aussi chez les Letherii avec la notion plus subtile de l'endettement. Et c'est l'une des forces du livre, montrer au travers des Letherii, peuple se considérant plus avancé que les Edur, que l'esclavage au travers de la monnaie et de la cupidité est bel et bien présent. Et qui de mieux pour incarner cet enchaînement que Rhulad Sengar ? Lui qui ne rêvait que d'être accepté et reconnu par ses pairs
► Afficher le texte
devient l'esclave du Crippled God, condamné à mourir et revivre autant de fois que son nouveau maitre le décidera, le tout recouvert d'or ? Face à la souffrance lié à un destin qui ne lui appartient plus, Rhulad sombre peu à peu dans la folie et la seule chose capable de le ramener à la raison est sa relation avec l'esclave Uudinas, esclave qui ne lui doit rien et à qui il ne doit rien, mais comme c'est beau mes aïeux

Comme je le disais plus haut, l'histoire est rondement menée, on ne s'ennuie que rarement (sauf peut-être certains passages avec Seren Pedac auxquels j'ai eu un peu de mal à accrocher, du moins jusqu'à sa rencontre avec Iron fucking Bars

) et hormis quelques passages hallucinés proprement eriksoniens comme les rêves d'Uudinas au début, globalement ce qui touche à la Tour de l'Azath
► Afficher le texte
d'ailleurs, on va nous expliquer d'où viennent ces 5 dieux Toblakai ou alors j'ai manqué un épisode ?
on est pris dans cette tragique fuite en avant, cette tragique montée des eaux que dis-je, qui emporte avec elle tous les protagonistes et les recrache morts ou transformés, en tous les cas aucun n'est véritablement indemne à la fin. Et c'est beau. :wub:Bon et puis il y a les classiques moments épiques de la mort avec dès le départ une gros démon quasiment invincible, une grosse épée qui te rend immortel, des gros sorts qui transforment en hachis parmentier la moitié d'une armée, des gros démons avec des grosses armes, la Crimson Guard et Iron Bars

, le final de la mort de ouf avec
Pour ajouter un peu de bémol à ma critique, je ne serai pas complètement dithyrambique cependant car certaines petites choses m'ont fait tiquer dans ce livre. Certains personnages m'auront laissé très froid, à l'image de Hull Beddict que je trouve sous-utilisé et pour le coup très monochrome dans son comportement. Hull wants revenge, point barre.En second lieu, je trouve que
► Afficher le texte
l'inversion du rapport de force entre les deux factions évolue trop rapidement pour donner véritablement au lecteur cette impression de fin de règne chez les Letherii
En troisième lieu, soit je suis complètement teubé, soit je n'ai pas pipé grand chose au méga plan de Teholl et Bugg.

Ils veulent acheter des iles et reloger les non-letherii dessus, ok, et ? En quoi ceci a t-il une incidence pour l'histoire ? Perso je n'en ai pas vu.Pour conclure, chaque fin de lecture d'un tome d'Erikson me laisse un peu plus fébrile, un peu plus éprouvé. Il est difficile de décrire le maelstrom émotionnel que chaque tome peut procurer au travers de sa lecture, si bien que j'aurai eu toutes les peines du monde à écrire cette critique face à cette histoire dont les personnages vivent encore de manière très présente dans ma mémoire. Ce drame de 950 pages conté d'une main experte, tour à tour tragique, poétique et épique confine au génie par sa maîtrise.
Je n'ai rien lu de mieux, en fantasy, de ma vie. Je n'ai rien lu de mieux tout court.