A mon tour de donner mon avis sur
Acacia, et je peux dire que cette lecture m'ayant particulièrement enchanté

. Nous avons affaire là à un bel ouvrage, ambitieux et réaliste. Je peux avouer que la première partie ne m'avait pas convaincu outre mesure, c'était bien fait et bien mené, mais sans qualité particulière… Je commençais à éprouver quelques craintes quant au rythme du récit, et à son originalité, malgré les indéniables qualités de l'auteur pour camper une ambiance, un personnage et une perspective historique.Joie, arrivé dans le deuxième tiers, le la narration se densifie, gagne en profondeur, perd le peu de manichéisme qu'elle pouvait avoir, et la mise en place du grand dessein de l'auteur peut se poursuivre. Et c'est là l'une des grandes qualités de cet ouvrage : pas d'indices cachés, de retournements de situation improbables, on perçoit par exemple rapidement que :
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la guerre entre le Mein et Acacia n'est qu'un grand préambule, le fond de l'histoire, c'est la Ligue et l'extérieur du Monde Connu ou qu'il existe une différence très sensible entre Corinn et le reste de la fratrie
Bref, on n'a pas l'impression d'être mené en bateau, ou à l'aveuglette, l'auteur sait où il va, et nous donne au fur et à mesure les éléments nécessaires à la compréhension la plus claire du Monde Connu.Les personnages, fort classiques au demeurant, n'en sont pas moins excessivement attachants et s'intègrent à merveille dans la grande fresque. Aliver, Mena, Dariel, Hanish, Meander, le chancelier ou encore Leodan sont crédibles, individualisés et cohérents. Aliver par exemple, assez agaçant au départ, et qui rassemblait sur sa pauvre tête un nombre prohibitifs des poncifs usuels du genre "jeune prince dans le doute qui va devenir
the roi, brillant épéiste, thaumaturge, blabla, blabla…", passe brillamment l'épreuve du lecteur blasé pour devenir un personnage très intéressant et émouvant :
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sa mise à mort de l'antok est superbe ! et la façon dont il se fait sortir du récit par Meander, même si je le supposais (craignais), est magnifique. Au passage d'ailleurs, l'incohérence mentionnée par Belgarion à propos des faiblesses de ces bestioles m'a moi aussi assez irrité

Et je ne parle même pas de Mena…:wub: Pour l'instant, seul Dariel reste dans la droite ligne du rôle attribué, celui du petit frère, brillant et émotif.Bref, vous l'aurez compris, je suis conquis. Conquis par le fait qu'avec tous ces éléments standards du genre – en vrac fratrie, vengeance, trahisons, prophétie, vieille magie disparue et redécouverte, amour coupable, etc. – Durham arrive à nous tenir en haleine, arrive à nous surprendre, arrive à nous émouvoir… Conquis surtout par le fait que si les petits cochons ne le mangent pas, cet auteur va produire à mon avis une histoire majeure de la fantasy contemporaine, en renouvelant largement ce qui est pourtant l'un des plus anciens rameaux de l'auguste genre. J'ai l'intuition – je serais moins prétentieux je dirais l'espoir – que ce premier tome n'est qu'une magnifique mise en bouche, et que le plat de résistance est à venir.J'entends tout à fait les réserves émises par SA_Avenger, sur le côté un peu "propret" notamment, mais j'apparente cela pour ma part à une volonté de l'auteur de construire un récit réaliste (absence de manichéisme, possibilité de propension martinienne à faire disparaître des personnages majeurs…) en gardant la dimension "fresque historique", un peu lissée donc… (je sais, on a les arguments qu'on peut).Vous l'aurez compris, pour moi, c'est un bon 9 pour la note, avec une forte attente pour la suite, et l'ombre d'un acacia plane désormais sur mon petit top 10 personnel

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